On s’en doutait, c’est encore pire que prévu. La Division Centrale est bel et bien la plus relevée de la Ligue Nationale de Hockey cette saison. La faute à une grande homogénéité alors que les sept équipes peuvent encore prétendre aux playoffs. Dallas, Chicago, Minnesota et Colorado se livrent ainsi à une lutte farouche pour les places en Wild-card derrière les grosses écuries que sont Winnipeg, Nashville et St Louis. Qui pourrait sortir vainqueur de ce duel à quatre ?
Drôle de réunion que cette division Centrale. Aux prétendants historiques Chicago, St Louis et dans une certaine mesure Minnesota, se sont ajoutés le nouvel épouvantail Nashville, le revenant Dallas, la valeur montante Winnipeg et l’outsider Colorado. Des profils bien différents donc mais qui se retrouvent après une quarantaine de matchs au coude à coude.
Il est habituel de voir les équipes qualifiées en playoffs avec un différentiel de buts positifs, et celles en vacances dans le négatif. Jetez un œil au classement dans les autres divisions et vous verrez qu’on s’y retrouve… sauf dans la Centrale. La raison est que cette division cannibalise les résultats dernièrement, à tel point que samedi dernier, le différentiel total de la division était de +100 ! Les autres ? La Métropolitaine était à -5, l’Atlantique à -42 et la Pacifique à -53…
Seul Minnesota traîne un peu la patte à ce chapitre mais voir Chicago 11e de la conférence à +13 en dit long sur la hauteur des débats menés en ce moment (classement mardi matin)
Bien difficile de dire qui continuera à jouer au hockey mi-avril et qui sortira ses clubs de golf du placard. Tentons d’y voir plus clair.
Chacun ses forces et ses faiblesses
Regardons sur quelles forces s’appuient chaque membre de ce quatuor de prétendants. Il apparaît clairement que chacune possède ses propres atouts, des atouts plus rassurants que d’autres.
Dallas : Sous la houlette de Ken Hitchcock, les Stars ont développé un jeu très serré, axé sur l’imperméabilité du système défensif. Ce n’est pas très beau à regarder mais c’est étanche, surtout si Ben Bishop est dans un bon jour. À ce petit jeu-là, les Stars ont le 3e taux de possession de la ligue et sont premiers pour les buts anticipés. À 5 contre 5, Benn, Seguin and co sont bien en contrôle. Les choses se gâtent par contre en unités spéciales. Dallas a encaissé 5 buts de plus qu’ils n’en ont marqué en supériorité/infériorité numérique, soit 46% des buts, ce qui les met au 21e rang dans la ligue. Le trio Benn-Seguin-Radulov est l’un des plus redoutables de la ligue et John Klingberg trône en tête des marqueurs chez les défenseurs avec 40 points. Klingberg qui a retrouvé son allant aux côtés du jeune Esa Lindell. Enfin, la profondeur joue un grand rôle dans la domination des Stars. Les trios de Spezza et Faksa, avec Antoine Roussel, à défaut d’être très productifs, confisquent largement la rondelle à l’adversaire.
Chicago : Mal embarqués fin octobre, nous pensions que c’était le signe définitif que les Blackhawks étaient sur le déclin. Force est de constater que non. Chicago a redressé la barre en termes de possession de rondelle au point d’être 4e de la ligue à ce chapitre. Force habituelle de la troupe trois fois championne, la troupe de coach Q est de nouveau en contrôle. La défense est certes très permissive, mais personne ne décoche plus de tirs au filet en attaque que les Hawks dans la ligue. Une stratégie de la quantité typique de la franchise qui peine par contre sur la qualité des chances. Le taux de buts anticipés n’est que faiblement positif à 50,5%, mais c’était déjà le cas lors du sacre de 2015. Rappelons qu’en playoffs, la quantité impacte davantage, et il ne faudrait pas oublier les Hawks si cette attaque-là se faufilait en playoffs. Surtout que les unités spéciales sont positives et que Corey Crawford est l’un des tout meilleurs gardiens de la ligue. Blessé, l’étonnant Jeff Glass fait un travail honorable en attendant son retour. Jonathan Toews a retrouvé son compère des beaux jours Brandon Saad et, si leur ligne est déjà à son affaire dans le jeu, ils pourraient même s’inscrire davantage au pointage en deuxième partie de saison. Patrick Kane prouve encore qu’il peut jouer avec tout le monde. Le jeune Nick Schmaltz est deuxième compteur des Hawks avec 32 points à ses côtés.
Minnesota : le Wild fait encore et toujours du Bruce Boudreau. L’équipe occupe une peu enviable 31e et dernière place dans la ligue pour la possession de rondelle, s’articulant plus que jamais autour d’une structure défensive en béton, attentiste et opportuniste. Si Minnesota est 25e pour les tentatives de tirs accordés, ils sont troisièmes pour le nombre de buts anticipés concédés ! C’est dire à quel point la défense du Wild ne concède que très peu de chances dangereuses. Tire toujours, tu ne me fais pas peur… La recette est tout de même moins solide que l’an passé parce que Devan Dubnyk offre des prestations un cran en dessous, et que les attaquants ne la mettent plus autant au fond de l’autre côté. Les unités spéciales sont également dans le dur et Minnesota s’accroche ainsi à un fil, même si les performances offrent des améliorations. Et pour la première fois de la saison, l’infirmerie est vide ! Eric Staal avec Niederreiter, Koivu avec Granlund et la première paire Ryan Suter, Jared Spurgeon sont solides, mais c’est plus compliqué que prévu pour la profondeur. L’état-major sera-t-il tenté d’ajouter du renfort pour profiter des vétérans tant qu’ils sont dans le coup ?
Colorado : Personne ne les attendaient encore dans la course aux séries à la mi-saison. Le DG Joe Sakic a enfin trouvé preneur pour Matt Duchene au prix voulu, la banque de prospects est pleine et la reconstruction avance à petits pas. Depuis le début de la saison, Colorado est statistiquement la moins forte de nos quatre équipes prétendantes. La possession et surtout les buts anticipés sont largement négatifs, et il est visible que l’équipe s’accroche à la queue du peloton grâce à ses unités spéciales, qui offrent un différentiel de +7 buts, et un PDO gonflé par la réussite des tireurs, 6e de la ligue au shooting %. Mais le fait est que les Avs cognent pourtant à la porte du printemps, tiré par un Nathan MacKinnon (enfin) au sommet de son art. Ils restent sur 7 victoires consécutives tout en offrant un visage assez alléchant. Alors, mirage ? Et bien pas tant que ça. Car sur les 20 derniers matchs, Colorado a bien redressé la tête, et corrige petit à petit un début de saison statistiquement catastrophique et copié-collé de l’an dernier.
Colorado sur la bonne voie ?
Le portrait de Dallas, Chicago et Minnesota n’a pas vraiment changé sur les 20 derniers matchs, si ce n’est que les Stars montent en puissance et que eux et le Wild profitent d’un PDO élevé. L’Avalanche est, elle, devenue positive pour la possession et ses buts anticipés sont presque à 50%. Le Power play est en feu, avec 18 buts marqués en 20 matchs, et le PDO à 102,9 est le 4e de la ligue, alors que Jonathan Bernier et Semyon Varlamov fournissent enfin un goaltending au niveau.
L’amélioration du niveau de jeu est claire et les Avs maintiennent même depuis Noël un rythme largement positif pour la possession et les buts anticipés. L’association de MacKinnon-Rantanen-Landeskog est un moteur pour toute l’équipe et l’arrivée de Samuel Girard dans l’échange pour Duchene a largement amélioré la profondeur à la ligne bleue et sur la 2e vague du Power Play. Enfin, Alex Kerfoot produit lui aussi, avec 14 points en 17 matchs joués sur cette période, dont 8 points sur ce fameux Power play. Mine de rien, Colorado a peut-être beaucoup de jeunes en développement dans ses rangs, mais possède un effectif sans élément handicapant, pour rester poli. L’Avalanche a déjà plus de points au classement qu’à la fin de la saison dernière…
Quelles chances ?
Alors qui sortira de cette course ? Il ne faut pas oublier que la division Pacifique a 5 équipes encore en lice. Il se pourrait donc qu’une seule, voire aucune, de nos quatre prétendants se rende en playoffs. Que nous dit l’histoire ? Au cours des dernières saisons, 86% des équipes dans la position de Chicago et Minnesota se sont qualifiées. Cela monte à 93% pour les Stars qui sont certainement les plus solides du lot, surtout s’ils parviennent à rectifier leurs unités spéciales. Colorado n’est pas dans une position favorable avec 30% de chance, mais si la tendance positive actuelle se poursuit, il faudra en rediscuter. Bref, l’histoire nous dit qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde. Je sais, ce n’est pas vraiment une nouvelle. S’il fallait parier ? Dallas probablement, Chicago pourquoi pas.