La saison 2018-19 pointe déjà le bout de son nez et c’est donc l’heure de se pencher sur les effectifs qui entameront le calendrier début octobre. Quelles équipes peuvent prétendre aux séries ? Quelles sont les forces et faiblesses de chacune ? Premier volet: la division Atlantique.
Boston par Thibaud Chatel
Équipe un brin surprise de la saison passée, les Bruins se sont relevés des cendres de Claude Julien pour s’élever à nouveau au rang de puissance collective sous Bruce Cassidy. Peu de changements cet été pour une équipe qui compte bien être une nouvelle fois le poil à gratter des puissances de la division. John Moore remplace Adam McQuaid en défense, améliorant largement l’ensemble déjà solidement constitué de Charlie McAvoy, Zdeno Chara, Torey Krug et Brandon Carlo. Devant, Boston pourra toujours compter sur la meilleure ligne de la ligue avec Patrice Bergeron, Brad Marchand et David Pastrnak.
Le problème des Bruins est que la solidité de l’ensemble repose tout de même très largement sur les épaules du duo Bergeron-Marchand. Or, le Québécois n’est pas encore remis d’une blessure et le voir traîner la jambe au fil de la saison commence à être une mauvaise habitude. Derrière, les jeunes Danton Heinen et Jake DeBrusk vont devoir confirmer de très bons débuts de carrière. Le tout devant un Tuukka Rask ressuscité l’an passé mais qui jouait peut-être au-dessus de ses moyens.
Bref, si tout va bien, Boston peut rivaliser avec les meilleurs tant la force stratégique des Bruins est impressionnante (meilleur taux de tirs tentés/Corsi l’an passé, 3e aux buts anticipés). Mais la machine peut vite se gripper si une seule pièce s’absente.
Les + : Un premier trio fantastique, des jeunes prometteurs, un excellent coaching
Les – : Une dépendance à Bergeron, les blessures qui guettent, le risque de voir Rask replonger.
Prono : Playoffs
Buffalo par Thibaud Chatel
Est-ce enfin la bonne année pour Buffalo ? Peut-être pas, mais on avance doucement. Rasmus Dahlin est au moins venu récompenser la saison catastrophique de l’an passé. Le prodige suédois apporte un talent plus que bienvenu à une brigade défensive qui en manquait cruellement, alors que l’attaque a accueilli le gros de la reconstruction du club. Une attaque bonne dernière de la ligue l’an passé pour les tirs et les buts anticipés obtenus mais qui compte quand même sur Jack Eichel, Sam Reinhart, Jeff Skinner, Connor Sheary, le grand espoir Casey Mittelstadt et Jason Pominville, Patrik Berglund ou Kyle Okposo en soutien. À voir comment le coaching pourrait leur donner davantage de munitions, surtout que Ryan O’Reilly est parti. Lui, l’homme à tout faire, un vrai chef d’orchestre qui n’a pas été remplacé.
Dahlin sera certainement là pour accélérer le jeu mais même lui ne pourra pas faire de miracles dès sa première année. Et il devra déjà supporter un Bogosian entamé par les blessures, Rasmus Ristolainen toujours chancelant dans le jeu à 5 contre 5, Marco Scandella qui devrait être limité à une 3e paire, tout comme McCabe and co. Bref, pas l’effectif pour faire trembler les cadors de la division. Pas grave, rappelons que Buffalo a déjà trois choix de première ronde 2019 sous la main. De quoi mettre la touche finale à la reconstruction.
Les + : Du talent à regarder, Dahlin, Eichel…
Les – : Trop de trous à combler. Un Carter Hutton dans les buts qui va décevoir ?
Prono : Pas de playoffs
Détroit par Pierre Gouguet
Les Red Wings sont eux aussi en reconstruction, et ce n’est plus un secret pour personne. Ken Holland, encore en place pour 2 ans, est loin d’avoir résolu les soucis de son équipe sous à peu près tous les plans alors que Steve Yzerman vient de revenir dans la région…
Si les Wings ont du monde à regarder cette année, ils risquent de disparaître des écrans radars pendant quelques saisons, le temps de remonter un effectif durable. De plus, avec la perte de leur capitaine Henrik Zetterberg, médicalement non autorisé à poursuivre sa carrière, Jeff Blashill et sa bande vont devoir compter sur les Larkin, Mantha, Bertuzzi, Athanasiou, Nyquist, mais aussi une belle et très prometteuse jeune vague que sont les Rasmussen, Veleno et le tout nouveau venu, Filip Zadina, miraculeusement drafté par des Wings qui n’en attendaient presque pas tant.
En défense, l’ensemble reste moyen, et les soucis de gardiens n’ont sans doute que très peu de chances d’être résolus malgré le départ de Mrazek l’an dernier. L’arrivée de Jonathan Bernier peut amener un souffle nouveau dans la concurrence avec Jimmy Howard, mais “Hockeytown” ne sera pas une forteresse imprenable tout de suite.
Les + : Une ligne Rasmussen/Veleno/Zadina qui va valoir des heures de streaming
Les – : Les trous en défense
Prono : Pas de playoffs
Florida par Thibaud Chatel
Le top6 offensif est fort, voire très fort, avec un Alexander Barkov monstrueux, Vincent Trochek très offensif, Dadonov, Huberdeau, Hoffman et Bjugstad sur les ailes. Mais le trou ensuite est sévère, à la différence de Toronto ou Tampa. Et franchement, la perspective de voir Troy Brouwer, Derek MacKenzie et Colton Sceviour en 4e ligne est digne des pires cauchemars de notre enfance.
La défense suit la même logique. Aaron Ekblad, Keith Yandle et dans une moindre mesure Mike Matheson sont des top4 mais les trois autres larrons ne font guère rêver.
Une solution pour les Panthers serait d’insérer dès maintenant Henrik Borgstrom et Owen Tippett, voire Denis Malgin. Mais pourquoi signer Brouwer si c’est pour le tasser dans la foulée ? Le conservatisme du management floridien n’a plus à être expliqué…
Malgré tout, Floride aura pour arme principale de jouer dans une division Atlantique où les points seront faciles à prendre contre Ottawa, Détroit, Montréal et Buffalo. Suffisamment pour accrocher une wild-card ou lorgner sur la 3e place si Boston ne tient pas le rythme.
Les + : Une moitié de l’effectif, Luongo toujours en forme
Les – : La profondeur, un coaching moyen l’an passé
Prono : Playoffs
Montréal par Thibaud Chatel
Marc Bergevin a obtenu ce qu’il voulait, et les fans aussi d’une certaine façon : l’impression d’une page quasi-blanche à l’aube de cette nouvelle saison. Les feuilletons distractions Galchenyuk et Pacioretty ont été réglés, quel qu’en soit le prix. Si la direction refuse de parler de reconstruction, peut-être par respect pour Carey Price et Shea Weber, ou peut-être par folie de croire qu’avec Price et Weber tout est possible, le mot d’ordre est clair: obtenir le plus de jeunes espoirs et voir à moyen terme. L’analyste Elliotte Friedman a déclaré cet été que le management avait reçu pour mission de regarnir la banque d’espoirs justement et qu’ils ne devaient pas se soucier des résultats cette saison.
C’est une bonne chose car honnêtement, Montréal devrait végéter au fond du classement, le scénario idéal car la draft 2019 s’annonce très belle. Si Carey Price semble revenir en santé, les trous dans l’alignement sont plus béants que jamais. Shea Weber ne reviendra au jeu qu’en décembre, et risque donc de ne jamais trouver le rythme cette saison. Jeff Petry peut bien être au four et au moulin, il n’aura à ses côté que les jeunes Victor Mete et Noah Juulsen en plein apprentissage.
Devant, le seul vrai talent de première ligne est Brendan Gallagher, auteur de 31 buts l’an passé. Jonathan Drouin voit son potentiel limité tant qu’il jouera au centre. Mais guère de solutions en attendant l’arrivée des Kotkaniemi, Poehlin et Suzuki au centre l’an prochain ? C’est probable. Avec Domi, les Lehkonen, Hudon, Scherbak, Armia ont tous des profils de 2e-3e ligne et la saison leur donnera au moins la chance d’établir une hiérarchie.
Les + : Carey Price est capable de miracles. Des jeunes à surveiller pour les fans.
Les – : Trop peu de talent d’élite pour espérer les séries, mais ce n’est pas le plan.
Prono : pas de playoffs.
Ottawa par Thibaud Chatel
Quelle saison attendre d’Ottawa ? La dernière blague à la mode chez les fans des Sens est “vivement le prochain lock-out” (possiblement dans un an). Rarement on a vu une franchise aller autant de travers. Le feu de paille des séries 2017 s’est non seulement éteint mais a été dispersé aux quatre vents par une tornade dont le management ne peut que endosser la responsabilité.
Erik Karlsson vient de partir pour deux bouchées de pain, un seul choix de première ronde (forcément tardif) et deux espoirs de second plan. Rien pour reconstruire en échange du meilleur défenseur du monde ! Mark Stone et Matt Duchene, agents libres en fin de saison, devraient quitter Ottawa également. Pour quel retour ? Le propriétaire Eugene Melnyk s’est mis en scène dernièrement pour vendre la reconstruction du club aux fans, annonçant la présence massive de jeunes dans l’effectif ces prochaines saisons. De quoi envisager une année au fond de la cave. Problème, rappelons que le choix de 1er tour d’Ottawa cette année appartient à Colorado… qui se frotte les mains.
Ottawa qui a préféré garder son choix 2018 pour repêcher le controversé Brady Tkachuk… Tkachuk qui jouera dès cette année en NHL ? Brûlant une année de contrat dans le cadre d’une saison de misère ? Rappelons pour finir le départ fracassant de Mike Hoffman après les démêlés judiciaires de sa conjointe avec les autres compagnes de joueurs. Ou encore le soutien très douteux apporté à Randy Lee cet été (on vous laisse chercher). La saison sera longue, et tant que le management actuel sera en place, les temps seront durs pour Ottawa.
Les + : Beaucoup de jeunes pour entretenir l’espoir.
Les – : Tout ou presque
Prono : Pas de playoffs
Tampa Bay par Thibaud Chatel
Les saisons passent et la pression va monter chez les Bolts. Il reste du temps mais chaque printemps sans coupe est devenu une déception tant l’armada floridienne est impressionnante. Peu de changements cet été. Stamkos, Kucherov, Hedman, Point, Vasilevskiy, McDonagh qui a résigné… les failles sont peu nombreuses ou alors seulement en profondeur défensive. Surtout si Jon Cooper continue de vouloir la jouer conservateur en plaçant Dan Girardi dans les pattes d’Hedman.
Sergatchev peut-il déjà accompagner le grand suédois ? Quel impact aura le départ surprise de Steve Yzerman, pour raisons familiales, lorsque viendra le temps de prendre des risques? Son remplaçant Julien BriseBois est certes l’un des apprentis DG les plus prometteurs mais osera-t-il frapper fort pour donner toutes les chances à une équipe qui doit gagner maintenant? Des réponses que l’on attend en 2019, d’ici là c’est la croisière s’amuse pour les Bolts.
Les + : une première moitié d’alignement inégalée dans la ligue. Un Power play de feu.
Les – : Un fond d’alignement standard.
Prono : Playoffs
Toronto par Thibaud Chatel
Toronto est passé de l’adolescence à l’âge adulte cet été. La reconstruction menée brillamment par Brendan Shanahan porte désormais ses fruits depuis deux saisons mais les Leafs regardaient encore les cadors d’en bas. Ce ne sera plus le cas cette année avec l’arrivée de John Tavares qui signe la mise en orbite du projet à long terme de la franchise.
Tavares a laissé de l’argent sur la table pour rejoindre son club de cœur et tenter d’y gagner la coupe. Avec Auston Matthews et Nazim Kadri, le trio de centres des Leafs est certainement le meilleur de la ligue. Autour d’eux, les ailiers Mitch Marner, William Nylander and co vont pouvoir se laisser porter. Tavares a toujours su transformer des joueurs moyens en machine à buts. Qui seront ses victimes cette année?
Derrière, et malgré les critiques chafouines, Morgan Reilly et Jake Gardiner demeurent solides même si un renfort de poids à cette position est certainement la prochaine étape pour les dirigeants.
La direction, enfin, qui a elle aussi pris sa forme finale cet été avec le départ du parrain Lou Lamoriello et le couronnement de Kyle Dubas. Ces Leafs-là entament à peine leur présence dans la colonne des favoris.
Les + : un talent fou à tous les postes (n’oublions pas Andersen), Mike Babcock
Les – : une défense parfois laxiste mais c’est aussi le style de jeu voulu (à regret) par le coach
Prono : Playoffs