Une fois n’est pas coutume, l’équipe de France masculine de hockey sur glace a été totalement éclipsée par son homologue féminine cette semaine. Elle poursuit de son côté sa préparation à son championnat du monde, avec un effectif qui commence à prendre forme. En défense, Yohann Auvitu fait son grand retour, à la place du bientôt trentenaire Aziz Baazzi qui ne connaîtra donc toujours pas son premier championnat du monde.
Au centre, c’est Maurin Bouvet qui a dû céder sa place à son coéquipier angevin Nicolas Ritz. Sur les ailes, les arrivées des cadres de l’équipe que sont Valentin Claireaux, Damien Fleury et Sacha Treille ont été fatales au « grand débutant » Pierre-Charles Hordelalay, à Bastien Maia et au jeune Aurélien Dair, des joueurs à vocation plutôt offensive. La quatrième ligne Farnier-Bougro-K.Bozon a été conservée pour sa part après ses bonnes prestations face à la Lettonie. Il ne restera plus que Rech et Bertrand à intégrer pour avoir l’attaque définitive, plus éventuellement les joueurs de NHL.
Face à l’Italie, les Bleus doivent marquer des points psychologiquement car il s’agit de l’adversaire numéro 1 pour le maintien, dans leur poule à Helsinki. Les Transalpins approchent eux aussi de leur composition finale après l’arrivée des joueurs d’Asiago (champion d’Alps Hockey League). Il s’agit d’un effectif un peu plus large dont certains joueurs pourraient donc être retranchés à l’issue du week-end. Battus 1-2 la veille par la Slovénie après s’être cassé les dents sur un certain Matija Pintaric dans les cages, les Italiens sont donc motivés pour offrir une revanche au public du Frioul, région sevrée de hockey de haut niveau depuis une décennie et qui n’avait pas vu l’équipe nationale depuis quinze ans.
L’équipe de France a la volonté de pratiquer un forechecking actif mais la configuration défensive de l’Italie neutralise le jeu. Pendant un long round d’observation de neuf minutes, on ne recense qu’un seul tir cadré : un palet envoyé à la cage sans force par Guillaume Leclerc après un effort solitaire d’infiltration. Il faut attendre la deuxième pénalité de Pierre Crinon – qui a touché les patins de Dante Hannoun en se retournant – pour que Sebastian Ylönen fasse son premier arrêt, sur un lancer de la ligne bleue d’Alex Trivellato. Mais exactement comme lors du premier passage de Crinon en prison, l’avantage numérique est vite annulé par une faute en zone offensive d’Ivan De Luca, dont la crosse titille le gardien tricolore de trop près. Même à 4 contre 4, les équipes restent bien en place et contrent les palets dans les crosses adverses.
Après un quart d’heure de jeu, les Bleus se procurent quelques bonnes séquences qui naissent d’un bon travail en fond de zone de Louis Boudon puis de Guillaume Leclerc. Tout s’obtient à la sueur de son front. Jordann Bougro est l’exception qui confirme la règle, le premier à trouver des espaces en dribblant. On se dit alors que l’équipe de France est en train de prendre le dessus physiquement et techniquement… et c’est à ce moment-là qu’elle concède une contre-attaque fatale à partir d’un palet perdu par Claireaux face à Trivellato dans le coin. Le feu follet Marco Magnabosco joue dans la bande pour lui-même avec une accélération qui dépasse Jordann Perret, puis centre en retrait entre les cercles pour son capitaine Luca Frigo qui ajuste Ylönen à mi-hauteur, côté plaque (1-0). Les Bleus sont sonnés, à l’instar de Bault une minute plus tard sur une charge contre la bande de Marchetti. La pénalité n’est pas exploitée et Simon Kostner part même en contre en infériorité à la reprise.
Leur précieux but d’avance, les Italiens vont s’y cramponner. C’est autour de la mi-match que les Bleus ont un temps fort très net (seulement interrompu par la troisième pénalité de Crinon pour un cross-check sur Hannoun). Mais on revit une typologie de jeu déjà vue l’an passé quand les Français doivent faire le jeu face aux adversaires de niveau inférieur : une domination territoriale aussi nette que stérile. La circulation de palet est trop lente pour déstabiliser une défense placée, et quand une position idéale se présente enfin, comme pour Nicolas Ritz sur passe de derrière la cage de Leclerc, le dernier geste est complètement raté. Ritz se procure encore une belle occasion en dribblant Di Perna en un contre un, mais le gardien Andreas Bernard dévie avec le manche de son bâton.
L’équipe de France semble avoir consumé ses cartouches. Elle ne dérangera plus guère Bernard au troisième tiers-temps et le laissera s’auréoler d’un blanchissage. L’Italie sera bien plus proche de doubler la mise, notamment pendant une dernière supériorité numérique (cinglage de Farnier) avec alex Petan par deux fois et le Mulhousien Phil Pietroniro.
C’est tout le bloc défensif italien qui a contribué à cette victoire, peu spectaculaire mais efficace. Une chose est sûre : cet adversaire sera très pénible à jouer pour les Français au prochain championnat du monde, et il vaudra mieux éviter de compter sur des points faciles lors de ce match…
Désignés joueurs du match : Luca Frigo pour l’Italie et Damien Fleury pour la France.
Italie – France 1-0 (1-0, 0-0, 0-0)
Vendredi 29 avril 2022 à 19h00 au Palaghiaccio Claudio Vuerich de Pontebba. 480 spectateurs.
Arbitrage de Simone Lega et Omar Piniè (ITA) assistés de Matthias Cristeli et Alessio Bedana (ITA).
Pénalités : Italie 14’ (8’, 4’, 2’), France 14’ (6’, 4’, 4’).
Tirs : Italie 17 (5, 7, 5), France 24 (8, 14, 2).
Évolution du score :
1-0 à 18’15 : Frigo assisté de Magnabosco et Hannoun
Italie
Attaquants :
Matthias Mantinger – Alex Petan (2′) – Marco Sanna
Leonardo Felicetti – Simon Kostner – Michele Marchetti (2′)
Luca Frigo (C, +1) – Dante Hannoun (+1) – Marco Magnabosco (+1)
Ivan Deluca (A, 4′) – Daniel Mantenuto (2′) – Simon Berger
Hannes Kasslatter
Défenseurs :
Enrico Miglioranzi (2′) – Phil Pietroniro
Alex Trivellato (A, +1) – Dylan Di Perna (+1, 2′)
Daniel Glira – Gregorio Gios
Cam Ginnetti – Lorenzo Casetti
Gardien :
Andreas Bernard
Remplaçant : Davide Fadani (G). En réserve : Justin Fazio (G), Peter Spornberger (D), Daniel Frank, Marco Insam (ménagés car blessés), Tommaso Traversa (épaule).
France
Attaquants :
Tim Bozon – Louis Boudon – Damien Fleury (C)
Jordann Perret (-1, 2′) – Valentin Claireaux (A, -1) – Sacha Treille (A, -1)
Guillaume Leclerc – Nicolas Ritz – Peter Valier
Loïc Farnier (2′) – Fabien Colotti – Dylan Fabre
Jordann Bougro
Défenseurs :
Florian Chakiachvili – Romain Bault
Pierre Crinon (6′) – Thomas Thiry (2′)
Jules Boscq (-1) – Vincent Llorca (-1)
Hugo Gallet (2′)
Gardien :
Sebastian Ylönen [sorti à 58’30]
Remplaçant : Quentin Papillon (G). En réserve : Henri-Corentin Buysse (G), Yohann Auvitu (D), Kévin Bozon (A).