Tappara atteint la finale de la Ligue des champions pour la seconde année consécutive mais les champions de Finlande sont encore obligés de se déplacer en Suède chez leur adversaire. Cela rappelle l’importance d’amasser autant de points que possible au premier tour pour être mieux classé. Déjà vainqueur en 2015, Luleå mérite cette organisation puisqu’il est invaincu dans cette édition 2022/23 de CHL. Comme souvent, il faut attendre la finale pour que le public suédois se déplace en masse et mette l’ambiance. Le fait que tout se joue en un seul match un samedi (après-midi car la télévision suédoise a demandé que le match soit fini à 19h) contribue évidemment à mettre en valeur l’évènement, moins visible dans une formule aller-retour en semaine. Les billets ont été tous vendus depuis plus d’une semaine, et 600 supporters ont fait le déplacement depuis Tampere.
Tappara avait encaissé un but en trois minutes l’an passé. Le démarrage est très différent dans cette finale. C’est un des Finlandais de Luleå, Juhani Tyrväinen, qui prend la première pénalité (faire trébucher) après 81 secondes. Le powerplay est tout de suite installé et Kristian Tanus s’avance dans le cercle gauche en masquant bien son intention à son vis-à-vis Julius Honka pour déclencher un tir soudain (0-1). Le gardien Matteus Ward n’y a vu goutte, masqué par Seppälä. Aucun des quatre joueurs du LHF n’a été utile défensivement sur cette action.
Portés par l’euphorie de ce but précoce, les Finlandais se réinstallent aussitôt en zone offensive mais Lehterä se laisse aller à une obstruction dans le coin. L’avantage numérique suédois est annulé par un cross-check d’un Brendan Sherbinin très énervé, dans un duel le long de la bande. Luleå maintient quand même la pression pour revenir, Erik Gustafsson vient tester le gardien de près et provoque un cinglage de Kuusela. Les Suédois peuvent donc jouer une minute à 4 contre 3, mais sans plus de succès.
Déjà, Tappara semble avoir gagné le duel physique qui s’est très tôt engagé dans ce match. Les provocations bien connues du toujours inlassable Leo Komarov face à ses compatriotes ne les font pas dérailler. Les blancs ont pleinement la mainmise sur cette partie car ils font preuve de plus de mobilité et de dynamisme. Ils marquent de nouveau sur un tir soudain à mi-distance, décoché cette fois par Niko Ojamäki à la récupération d’un palet contré (0-2). La glace suédoise leur appartient. Waltteri Merelä parvient à conduire le palet jusqu’au but sur son revers mais pas à le propulser pour un véritable tir, ce qui laisse un arrêt facile à Matteus Ward. Heureusement que la hache (Tappara) n’a pas été plus tranchante car Luleå n’a pas existé dans ce premier tiers-temps.
La deuxième période reprend de la même manière, avec une nette domination territoriale de Tappara. Arrivé complètement seul face au but, Veli-Matti Savinainen manque la cible. Une crosse haute de Merelä permet à Luleå de porter enfin un peu de danger, notamment par Isac Brannström. Les Suédois remettent un peu plus d’intensité. Après la mi-match, toutefois, un tir de Tanus est détourné de justesse par Ward… sur la base du poteau. On reste donc plus près du 0-3 que du 1-2. Une action dément cette tendance : Einar Emanuelsson est servi à la ligne bleue et prend de vitesse son défenseur pour se présenter face au gardien Heljanko, qui ne se laisse pas prendre à la feinte et gagne ce face-à-face. L’occasion déclenche néanmoins des chants de nouveau enthousiastes d’un public qui ne demande qu’à reprendre espoir. Le LHF retrouve donc un peu d’élan avant de rentrer au vestiaire pour la seconde fois.
On ne sait pas si l’atmosphère était meilleure à la pause dans les rangs du LHF, mais elle ne l’est sûrement pas à la reprise. Après une minute à peine, le vétéran Jori Lehterä prend le palet à Martin Sellgren derrière la cage et revient dans le slot pour une passe du revers… déviée contre son camp par le malheureux Linus Fröberg (0-3). L’équipe locale n’arrête pas son effort mais Christian Heljanko réussit de belles parades. Son nom est scandé par les supporters finlandais en tribune. Il est même scandé deux fois plus fort après un arrêt-photo de la mitaine face à Erik Gustafsson, alors que Luleå a profité d’une pénalité simultanée pour sortir son gardien et jouer à 5 contre 4, et même à 5 contre 3 quand Lehterä part en prison à son tour. Le LHF transperce la muraille sur l’action suivante, quand Gustafsson reprend la passe de derrière la cage de Fröberg (1-3).
Le match se ranime alors. Il reste encore huit minutes aux Suédois pour revenir. Le demi-tour rapide d’Emanuelsson dans le coin de la zone offensive laisse sur place Geoff Platt, qui le fait trébucher pour l’empêcher d’aller seul à la cage. Le coach Thomas Berglund sort évidemment de nouveau son gardien, pour jouer à 6 contre 4 cette fois. Casimir Jürgens craque en infligeant un cinglage devant la cage. Jussi Tapola appelle son temps mort : son équipe est en train de se mettre en difficulté toute seule par son indiscipline. À 3 contre 6, Heljanko dévie du gant, presque par miracle, un slap de Gustafsson (qui ne quitte plus la glace et finira avec 33’33 de temps de jeu !), puis se déplace pour repousser une reprise en cage grande ouverte de Jack Connolly… Ce n’est pas fini pour autant. À 6 contre 5, Juhani Tyrväinen finit par convertir du revers un rebond à gauche de la cage à deux minutes de la fin (2-3). La remontada ira-t-elle jusqu’au bout ? Toujours sans gardien, Luleå pousse encore en faisant le siège de la zone offensive, mais cet effort finit par s’épuiser.
Les Finlandais reçoivent leurs casquettes de champions et Christian Heljanko est élu sans surprise MVP de cette édition de la CHL, après cinquante minutes d’invincibilité puis dix minutes de forte pression qui ont peut-être été encore plus impressionnantes de sa part. Tappara soulève la CHL.
L’hégémonie suédoise sur la SHL est donc encore interrompue par un club finlandais (comme avec JYP en 2018). On aurait peut-être tort d’en tirer une conséquence générale sur l’évolution des deux championnats. La Liiga est devenue plus défensive, en s’inspirant peut-être du système qui fait le succès de l’équipe nationale. Les tactiques de SHL suivent un peu le même chemin, en copiant le champion Växjö, et cela a peut-être coûté ce soir. Équipe plutôt défensive, Luleå a montré de belles ressources dans une fin de match de folie (22 tirs à 0 après le troisième but finlandais !), mais a réagi bien trop tard, une fois au pied du mur. En fait, la meilleure attaque de Liiga a très logiquement battu la moins bonne attaque de SHL. Les meilleures équipes finlandaises restent toujours aussi fortes mais la ligue suédoise est plus homogène. Luleå le sait bien qui n’est toujours pas assuré de se qualifier pour les play-offs…
Désignés joueurs du match : Leo Komarov pour Luleå et Christian Heljanko pour Tappara.
Commentaires d’après-match :
Kristian Kuusela (capitaine de Tappara, ci-contre) : « L’an passé, nous étions à la fois près et loin. Quel match ici ! Les dix dernières minutes sont les plus longues que j’ai vécues depuis longtemps. Nous avons eu un grand gardien et nous avons tous joué les uns pour les autres. Nous avons travaillé chaque jour, et c’est la clé pour la victoire. L’année dernière fut une déception, mais je suis content que nous ayons retourné la situation cette fois. »
Valtteri Kemiläinen (défenseur de Tappara) : « Les dix dernières minutes, c’était la panique. Il s’agissait juste de survie. Nous avons joué pour Kristian Kuusela. Pour lui c’était vraisemblablement la dernière chance de remporter cette compétition. C’est beau d’avoir réussi cela pour lui. »
Jussi Tapola (entraîneur de Tappara) : « Cette Champions Hockey League, c’est celle que nous poursuivions l’an passé et toute la saison. Nous avons réussi à la gagner, c’est une énorme victoire pour toute l’organisation. Dans les dix dernières minutes, nous avons commencé à prendre des pénalités et nos adversaires nous ont rendu la vie difficile. Christian Heljanko a été notre meilleur joueur ce soir. »
Christian Heljanko (gardien de Tappara) : « Dès le début, nous en voulions plus que Luleå. Quelle équipe ! Nous avions perdu l’an dernier à Rögle, nous étions proches, c’est pour ça que ça fait autant de bien, cette année on l’a fait. »
Luleå HF – Tappara Tampere 2-3 (0-2, 0-0, 2-1)
Samedi 18 février 2023 à 16h20 à la Norrbotten Arena de Luleå. 4045 spectateurs.
Arbitres : Miroslav Štolc (SVK) et André Schrader (ALL) assistés de Marius Wölzmüller (ALL) et Eric Cattaneo (SUI).
Pénalités : Luleå 10′ (4′, 0′, 6′) ; Tappara 20′ (4′, 2′, 14′).
Tirs : Luleå 36 (5, 9, 22) ; Tappara 20 (11, 8, 1).
Évolution du score :
0-1 à 01’46 : Tanus assisté de Matushkin et Levtchi (sup. num.)
0-2 à 07’06 : Ojamäki assisté de Thomas et Ikonen
0-3 à 41’00 : Lehterä assisté de Tanus et Savinainen
1-3 à 52’04 : Gustafsson assisté de Fröberg et Connolly (sup. num.)
2-3 à 57’50 : Tyrväinen assisté de Shinnimin et Connolly
Luleå HF
Attaquants :
Konstantin Komarek (-2) – Linus Fröberg (-1) – Brendan Shinnimin (-1, 2′)
Leo Komarov – Juhani Tyrväinen (+1, 2′) – Tomi Sallinen
Isac Brännström – Jack Connolly (+1) – Einar Emanuelsson
Carl Mattsson – Jonas Berglund – Joonas Rask (2′)
Niklas Olausson (4′), Olli Nikupeteri
Défenseurs :
Erik Gustafsson (C, +1) – Julius Honka
Jesper Sellgren (-2) – Jonathan Andersson (-1)
Pontus Själlin – Filip Pyrochta
Gardien :
Matteus Ward [sorti de 51’19 à 54’46 et de 55’46 à 60’00]
Remplaçant : Joel Lassinantti (G). Absents : Oscar Engsund (suspendu 4 matches y compris en CHL après une charge avec le genou en SHL), Mario Kempe (fracture de la rotule, saison terminée).
Tappara Tampere
Attaquants :
Anton Levtchi – Marcus Davidsson – Waltteri Merelä (-1, 2′)
Veli-Matti Savinainen (+1) – Jori Lehterä (+1, 4′) – Kristian Tanus (+1)
Petteri Puhakka – Juuso Ikonen (+1) – Niko Ojamäki (+1)
Philipp Granath (4′) – Geoff Platt (2′) – Kristian Kuusela (C, 2′)
Jonathan Davidsson
Défenseurs :
Veli-Matti Vittasmäki (+1) – Valtteri Kemiläinen (A, 2′)
Maksim Matushkin (+1, 2′) – Mikael Seppälä (+1)
Casimir Jürgens (-1, 2′) – Joni Tuulola (-1)
Ben Thomas
Gardien :
Christian Heljanko
Remplaçant : Niko Hovinen (G). Absents : Otto Rauhala (blessé), Patrik Virta, Sami Moilanen, Jere Henriksson.