La victoire ou la relégation : il n’y a pas d’alternative pour la France face à l’Allemagne… qui en est à peu près au même point, un peu mieux lotie avec sa seule victoire face à la Suède.
Grégory Tarlé procède à quelques ajustements, déplaçant Chloé Aurard à l’aile de Jade Barbirati et Manon Le Scodan, et passant Lore Baudrit en première ligne avec Clara Rozier et Estelle Duvin. Il fait confiance à Margaux Mameri, chassée contre la Finlande et remplacée par Caroline Lambert au deuxième match. La gardienne d’Evry stoppe le premier tir du match, du cercle.
Les Bleues reçoivent le premier jeu de puissance du soir, un cinglage de Voigt sur Duvin dans la neutre. Les jeunes sont sur la glace pour la deuxième vague et Le Scodan dévie juste devant la cage, échouant de peu à ouvrir le score.
Le palet est plus souvent dans le camp allemand avec des séquences françaises intéressantes. Mais une passe en retrait échappe à la bleue et est exploitée par Eisenschmid, qui file en échappée et échoue sur Mameri. Quelques instants plus tard pendant une pénalité différée, la jeune gardienne sort un tir dangereux de Kluge, qui avait du champ sur l’aile.
La défense tricolore se débrouille bien, et porte même le jeu de l’autre côté avec Aurard et Duvin, pour un tir. L’Allemagne s’installe ensuite et Strompf surprend presque Mameri sur un renversement derrière le but, sans réussir à la passer.
La France joue plutôt du bon hockey, solidaire en défense et appliqué à la relance. Ce qui donne quelques attaques intéressantes, par Barbirati ou Desvignes. Malheureusement, Jouanny concède une pénalité à six minutes de la pause.
L’Allemagne s’installe et finit par convertir en fin d’avantage. Mameri, masquée par trois joueuses, ne peut rien voir venir du tir ras glace de Haider (1-0).
Et les affaires ne s’arrangent pas lorsque Pélissou empêche une entrée en zone d’une crosse bien trop haute. La France s’en sort bien à l’aide d’une défense rigoureuse, et d’un arrêt de la botte de Mameri. Un but de retard à la pause, mais une prestation d’ensemble de qualité pour les Bleues.
La première présence est beaucoup moins bonne au retour sur la glace. Rozier et Duvin ne parviennent pas à sortir le palet de la zone, et Eisenschmid en profite pour expédier un tir flottant dévié devant Mameri (2-0).
Les Bleues réagissent : Baudrit, en deux temps, voit son tir frôler le but, et Rozier tente de ramener le rebond dans le slot. Ce n’est pas repris. Malgré tout, les Tricolores subissent beaucoup, ce qui finit par aboutir à une pénalité de Väänänen.
Baudrit bloque un tir et s’échappe, seule face à Abstreiter, qui referme les jambières et privent les Bleues du but tant espéré. Duvin, infiltrée dans l’axe, manque ensuite le cadre en bonne position. La capitaine, en interception, chauffe pour finir la mitaine de la gardienne d’un slap lourd.
Une grosse charge de Haider sur Quarto offre aux Bleues un jeu de puissance. Les Françaises s’installent, Rozier lance un premier tir en angle trop fermé pour surprendre Abstreiter. Puis, Quarto profite d’un écran et le rebond file à côté. Le jeu de puissance se termine mais la France insiste en zone offensive, provoque des revirements et décroche encore une supériorité lorsque Duvin est séchée entre les cercles. La nouvelle supériorité n’est pas plus efficace malgré beaucoup d’efforts et de duels gagnés. A la pause, les Françaises comptent deux buts de retard, malgré un tiers plus offensif.
Il reste vingt minutes pour y croire. Les joueuses de Grégory Tarlé s’y emploient, portant le jeu vers l’avant malgré des espaces limités. Baudrit, en tour de cage, se heurte ainsi à la gardienne.
Mais il y a aussi quelques moments plus compliqués dans leur propre zone, à l’image d’un décalage qui ouvre le chemin d’Eisenschmid, seule devant Mameri… elle tire au dessus.
L’Allemagne verrouille bien et ne laisse que des miettes. On ne trouve qu’un tir de Baudrit, servie en retrait, qui trouve la plaque. En face, Mameri reste solide sur sa ligne.
A 9’35, Aurard, à l’attaque, est renversée sans sanction des officiels. Barbirati décide de défendre sa coéquipière et sa charge illicite est, elle, sanctionnée. Il ne faut que quelques secondes au jeu de puissance allemand pour creuser l’écart d’un tir de Jobst-Smith du cercle gauche (3-0). Grégory Tarlé pose son temps mort.
Les Bleues tentent le tout pour le tout et vont passer beaucoup de temps en zone offensive. Weidenfelder concède deux minutes, puis Botthof commet une obstruction. Les tirs de ce cinq-contre-trois sont bien trop souvent bloqués et Abstreiter est peu menacée. Le chronomètre égrenne ses secondes, et la fin du match arrive trop vite.
Les Bleues ont sans doute réalisé leur meilleur match du tournoi, mais cela n’a pas suffi. L’Allemagne a su capitaliser sur ses occasions, pas la France, au cruel manque de réalisme devant la cage. La différence s’est surtout faite en supériorité numérique : deux buts allemands sur cinq tentatives, contre zéro pour quatre.
Les Françaises pourraient encore se maintenir en battant la Suède, dans le cas où la Hongrie perdrait ses deux matchs à venir contre l’Allemagne et la Finlande. Tout se jouerait alors à la différence de buts particulière :
*Hongrie -4 contre Suède, +2 contre France
*Suède +4 contre Hongrie, à venir contre la France
*France -2 contre Hongrie, à venir contre la Suède
Autrement dit, il faudrait aux Bleues gagner par trois buts d’écart. Avec seulement trois buts marqués dans le tournoi, cela parait bien difficile…
Désignées joueuses du match : Sandra Abstreiter (Allemagne) et Lucie Quarto (France)
Commentaires d’après-match
Lucie Quarto (défenseure de la France) : « Oui, je pense que c’est notre meilleur match du Mondial pour le moment. On a respecté ce qu’on s’était dit et joué en équipe. On a montré de l’orgueil, de l’agressivité, montré qui on était. Il n’a manqué que mettre le palet au fond. Nous avons eu un peu de malchance avec les rebonds. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu beaucoup de départs, que tout le monde a un nouveau rôle et il faut réussir à s’adapter. »
Betty Jouanny (attaquante de la France) : « C’est impossible de comparer avec Espoo, c’est une autre équipe. Cette année, il y a deux matchs que l’on aurait pu gagner avec un peu plus de chance. Elle n’était pas avec nous ce soir. Nous avons eu beaucoup d’occasions, mais même un but « de merde » ne rentre pas. Tout le monde a travaillé dur, soudé, mais ça ne passe pas. C’est donc difficile de rester positif. Nous n’avons pas été opportunistes, les Allemandes si, alors que nous finissons avec plus de tirs. C’est frustrant et ça fait mal. Nous avons eu de nombreuses joueuses qui ont arrêté et la moitié de l’équipe dispute son premier mondial, et en élite en plus. Elles voient la difficulté de ce niveau et ce qu’il faut travailler par la suite. Il reste un match, nous allons chercher la victoire, pour ne pas finir sur une défaite, pour le futur. »
Les réactions de Clara Rozier, Sophie Leclerc et Grégory Tarlé par nos confrères de Plan de Match :
Allemagne – France 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)
Dimanche 9 avril 2023, 19h. CAA Centre de Brampton, Ontario. 1020 spectateurs.
Arbitrage de Kelly Cooke (USA) et Shauna Neary (CAN) assistées de Zora Gottlibet (HON) et Erin Zach (CAN)
Pénalités : Allemagne 10′ (2′, 4′, 4′), France 10′ (6′, 2′, 2′)
Tirs : Allemagne 26 (8, 9, 9), France 28 (5, 10, 13)
Récapitulatif du score
1-0 à 15’49 : Haider assistée de Strobel et Feldmeier (sup. num.)
2-0 à 20’28 : Eisenschmid
3-0 à 50’39 : Jobst-Smith assistée de Kluge et Eisenschmid (sup. num.)
Allemagne
Attaquantes
Nicola Eisenschmid (+1) – Franziska Feldmeier (+1) – Marie Delarbre (+1)
Luisa Welcke – Laura Kluge (A) – Sonja Weidenfelder (2′)
Theresa Wagner – Bernadette Karpf (A) – Celina Haider (2′)
Svenja Voigt (2′) – Anne Bartsch – Nina Christof
Jule Schieffer
Défenseures
Carina Strobel (+1) – Daria Gleissner (C, +1)
Ronja Hark – Katarina Jobst-Smith
Tabea Botthof (4′) – Heidi Strompf
Charlott Schaffrath [en tenue, n’a pas joué]
Gardienne : Sandra Abstreiter
Remplaçante : Johanna May
France
Attaquantes
Clara Rozier (-1) – Estelle Duvin (A, -1) – Lore Baudrit (C, -1)
Manon le Scodan – Jade Barbirati (2′) – Chloé Aurard (A)
Lisa Cedelle (2′) – Betty Jouanny (2′) – Margot Desvignes
Anaé Simon [3 présences] – Emma Nonnenmacher [3 présences] – Shana Casanova [4 présences]
Défenseures
Lucie Quarto – Marie-Pierre Pelissou (2′)
Mia Väänänen (2′, -1) – Athena Locatelli (-1)
Sophie Leclerc – Louanne Mermier [3 présences au 1er]
Perrine Lavorel [en tenue, n’a pas joué] – Léa Berger [en tenue, n’a pas joué]
Gardienne : Margaux Mameri
Remplaçante : Caroline Lambert
Réserviste : Justine Theode-Crousy (G)