Après une victoire à domicile dans un match serré, Munich vient d’exploser son adversaire à la Saturn Arena (1-7) avec quatre buts inscrit dans les premières minutes. Ingolstadt est mené deux victoires à zéro et son entraîneur Mark French doit digérer cette défaite : « Nous avons réussi à mener 1-0, mais le changement suivant nous a fait mal avec l’égalisation rapide. Je pense que dans les vingt premières minutes, nos émotions étaient trop fortes. Nous n’avions aucun sang-froid sur le palet et produisions trop de pertes de rondelles. Nous devons grandir à partir de cette expérience, apprendre des erreurs et trouver ensemble des solutions pour le troisième match. »
Même s’il évite de mettre cette excuse en avant, French est confronté un problème dramatique de gardiens. Le titulaire Garteig est toujours blessé, sa doublure Kevin Reich a commencé le deuxième match malade et est sorti à la quatorzième minute avec quatre buts encaissés et un corps qui ne suivait plus. C’est le jeune Jonas Stettmer qui a pris la place devant les filets de l’ERC. Ce « gamin » de 20 ans est un pur produit du club, pourtant né à Straubing. Il se repose sur une saison à Ravensburg en DEL2 à 92% d’arrêts. Maintenant il est dans le grand bain, et en play-offs de surcroît. Le championnat allemand n’en finit plus de nous surprendre en mettant sur le glaçon des jeunes déjà prêts pour le haut niveau du hockey.
Stettmer n’a encore jamais commencé un match en DEL, il doit le faire pour cette troisième manche de la finale ! Ses coéquipiers envoient « du gros » dès le début avec un patinage très rapide et imposent un échec-avant intense. Il faut attendre quatre minutes pour que Munich puisse s’approcher du slot. Et déjà Stettmer effectue un double arrêt sur une tentative de Ben Street. Ingolstadt a pris le match par le bon bout, cette fois, retenant la leçon d’un départ raté en match 2. L’indispensable Stachowiak reprend en pleine course un puck gagné par Pietta dans la bande (5’04 : 0-1). Les Panther ne s’arrêtent pas en si bon chemin car ils continuent à patiner très fort.
Pourtant les Red Bulls obtiennent une mise au jeu en zone offensive. Elle est gagnée, Jonathon Blum envoie ensuite le palet à la cage et Ben Smith fait la déviation. Il profite du rebond (9’06 : 1-1). Ce but fait basculer la partie car Munich prend le jeu en main. Desousa effectue une reprise dangereuse (10’26). On sent que Munich peut faire le break et à ce moment Ingolstadt surprend une nouvelle fois tout le monde. Höfflin s’infiltre et provoque la faute d’Abeltshauser. Sur le jeu de puissance, c’est Frederik Storm qui qui dévie (15’05 : 1-2). Mais ces diables de Red Bulls n’ont pas dit leur dernier mot. Frederik Tiffels exécute un tour de cage et délivre le puck à Ryan McKiernan. Son tir à la cage est dévié du patin par Justin Schütz à… 29 secondes de la fin de la période. Les arbitres valident le but après une vérification vidéo (19’31 : 2-2). Tout est à refaire.
Le match est palpitant et chaque équipe a eu une réussite impressionnante. En deuxième ronde, Patrick Hager revient de prison et hérite d’une passe laser, à la limite du hors-jeu. Il défie le portier, le contourne, mais à la dernière seconde Stettmer bloque sa ligne de but avec la jambe qui frappe son poteau. Ce jeune gardien vient déjà d’impressionner le public (22’02). Les deux équipes sont rapides mais c’est Munich qui shoote à la cage. En face, Ty Ronning, explosif, tente de forcer la chance des visiteurs. Il s’infiltre en vitesse dans le slot, mais son palet, levé, passe au ras du poteau (26’53). Chaque équipe a son temps fort. Cet affrontement n’aura jamais été aussi indécis dans cette finale. Mais il faut une pénalité pour faire le break. McGinn part au banc pour retenir. Pas chanceux, Justin Feser perd sa crosse dans la bataille, et Matt Bodie voit le tir de Patrick Hager le percuter et rentrer dans la cage (37’09 : 3-2).
La troisième période débute par une séquence de quatre contre quatre et Ingolstadt repart fort. Un puissant lancer de Justin Feser en pleine course percute l’épaule de Niederberger (42’40). Le système et la puissance des joueurs de Don Jackson tourne à plein régime. La puissance des joueurs et la qualité de conservation du puck verrouillent toute possibilités pour les blancs. Pourtant Daniel Pietta trouve l’équerre sur son tir (44’24) et c’est tout ce que les bruyants fans d’Ingolstadt ont à se mettre sous la dent. Jonas Stettmer effectue encore de nombreux arrêts, face à un oubli défensif majeur, et tient son équipe dans la partie (47’06).
Tout semble bloqué et Ingolstadt bute sur une défense munichoise solide. On constate même de nombreuses erreurs de contrôle de palets ou de passes. Ingolstadt déjoue. Stachowiak, encore lui, débloque la situation. Il reçoit le puck, contrôle à pleine vitesse, et envoie en lucarne le palet offert par Matt Bodie (54’21 : 3-3). Pas le temps de se rassoir que Tye McGinn dévie, dans un angle ultra fermé, un palet envoyé depuis la bande par Daniel Pietta (55’03 : 3-4).
C’est la folie dans les gradins du kop des ultras d’Ingolstadt. Il a fallu quelques hésitations munichoises pour que la furie d’Ingolstadt paie. Mais Munich n’est pas mort et tente de nouvelles attaques. Don Jackson, sort son gardien, prend son temps mort et dans une ultime action incroyable, dans une forêt de joueurs, les Red Bulls sont tout près d’égaliser avec plusieurs shoots à bout portant juste devant la zone du gardien. C’est Jonas Stettmer qui sort vainqueur de cette guerre de tranchées !
Ingolstadt a réussi à faire basculer le match et peut honorer son troisième gardien de 20 ans qui a tenu le choc. D’ailleurs lui-même revient sur la glace, seul, pour aller saluer les supporters encore en train de chanter dans une patinoire quasiment vide. Nous pouvons encore conclure : quelle intensité et quelle finale !
Commentaires d’après-match :
Mark French (entraîneur-chef d’Ingolstadt) : « Nous avions une très bonne énergie dans notre jeu. Ça a fait des allers-retours pendant longtemps. On a toujours réussi à passer beaucoup de temps en zone offensive. Nous sommes restés confiants car nous nous savions forts dans le dernier tiers cette saison. Nous avons su utiliser l’élan immédiatement après l’égalisation pour marquer le but gagnant. Et bien sûr, Jonas a livré une prestation très forte. »
Jonas Stettmer (gardien d’Ingolstadt) : « Dans les vingt premières minutes, j’étais encore un peu nerveux et pas satisfait de ma performance. Mais j’ai réussi à m’en remettre au début du deuxième tiers et ma confiance en moi a grandi à chaque arrêt. Bien sûr, la joie l’emporte sur tout pour moi en ce moment, mais les choses avancent vite et nous voulons décrocher les prochaines victoires tout de suite. »
Don Jackson (entraîneur de Munich) : « Nous avons raté une belle opportunité aujourd’hui. Nous avons mené 3-2 dans le dernier tiers, mais nous avons ensuite exagéré avec l’échec-avant dans la zone offensive – et avons été contrés. Ingolstadt a obtenu des palets vers notre but, nous avons été en retard plusieurs fois et nous l’avons payé cash. Nous devons en tirer des leçons et être prêts pour le prochain duel. »
Maximilian Daubner (défenseur de Munich) : « Nous nous sommes heurtés à leurs contre-attaques et ils en ont profité froidement comme la glace. Nous voulons riposter vendredi. Nous devons à nouveau jouer plus en profondeur, garder le jeu simple, jouer rapidement par derrière, maintenir la pression sur le but et prendre beaucoup de tirs. »
Max Kastner (attaquant de Munich) : « Nous avons donné la victoire aujourd’hui parce que nous avons négligé les détails et pris les mauvaises décisions. Quand ils ont du temps et de l’espace, ils sont dangereux. Mais si nous réussissons les petites choses, ils n’auront pas ces opportunités. Nous cochons le match aujourd’hui et vendredi, ça repart à 0-0. »
Munich – Ingolstadt 3-4 (2-2, 1-0, 0-2)
Mardi 18 avril 2023 à 19h30 à la Olympia-eishalle. 5728 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Sean McFarlane (USA) assistés de Andreas Hoffer et Tobias Schwenk
Pénalités : Munich 12′ (4’, 0’,8’) – Ingolstadt 12′ (2’, 4’, 6’)
Tirs : Munich 25 (7, 8, 3) ; Ingolstadt 27 (11, 10, 6)
Évolution du score :
0-1 à 05’04 : Stachowiak assisté de Edwards et Simpson
1-1 à 09’06 : Smith assisté de Blum
1-2 à 15’28 : Storm assisté de Ronning et Bodie (sup. num.)
2-2 à 19’31 : Schütz assisté de McKiernan et Tiffels
3-2 à 37’09 : Hager assisté de Eder et Street
3-3 à 54’21 : Stachowiak assisté de Bodie
3-4 à 55’03 : McGinn assisté de Pietta
EHC Munich
Attaquants :
Chris Desousa (2’) – Patrick Hager (+1, 4’) – Max Kastner
Frederik Tiffels – Andreas Eder (+1) – Justin Schütz (2’)
Yasin Ehliz – Ben Smith – Austin Ortega (-1)
Filip Varejcka (-1) – Ben Street – Trevor Parkes
Défenseurs :
Maximilian Daubner – Daryl Boyle
Konrad Abeltshauser (-1, 2’) – Jonathon Blum
Ryan McKiernan (-1) – Emil Johansson (+1, 2’)
Maksymilian Szuber
Gardien :
Mathias Niederberger
Remplaçant : Danny Aus Den Birken (G). Absents : Zach Redmond, Julian Lutz (surnuméraires).
ERC Ingolstadt
Attaquants :
Enrico Henriquez Morales – Justin Feser (-1) – Frederik Storm (-1)
Tye McGinn (2’) – Daniel Pietta (2’) – Ty Ronning (+1)
Marko Friedrich – Wojciech Stachowiak – Charles Bertrand (-1)
Philipp Krauss (-1) – Mirko Höfflin (-1) – Wayne Simpson (+2, 2’)
Défenseurs :
Matthew Bodie (2’) – Leon Hüttl (-1)
Maury Edwards – Colton Jobke
Emil Quaas – Fabio Wagner
Stefan Matteau (+2, 4’)
Gardien :
Jonas Stettmer
Remplaçant : Kevin Reich (G). Absents : Michael Garteig (cheville), Ben Marshall (genou), Brian Gibbons (genou), Jerome Flaake.