Très indécis toute la saison, le championnat de France de division 1 a logiquement donné à des play-offs tout aussi difficiles à pronostiquer. La finale oppose donc le quatrième (Épinal) et le sixième (Tours), deux équipes qui ne s’attendaient pas forcément à en être déjà là. Les Wildcats se considèrent encore comme récemment remontés, alors que les Remparts ont déjà eu du mal à revenir dans ces play-offs, où ils ont assuré tardivement leur qualification. Cela explique aussi que les deux clubs n’aient pas déposé de dossier de montée. La présidente d’Épinal avait visé 2025 comme objectif de promotion, tandis que la nouvelle présidente de Tours évoque une structuration sous quatre ans, soit à échéance 2027. Dans cette D1 sans club dominant, tout le monde vise le moyen terme.
Cet enjeu absent n’a pas empêché le public d’affluer. Après deux rencontres à Épinal dans une ambiance surchauffée, c’est au tour de Tours (sic) de vivre le même engouement, qui a mis le serveur informatique en panne à l’ouverture de la billetterie. Mais il suffit de voir la tribune entièrement colorée de vert pour voir que les supporters vosgiens se sont aussi mobilités à l’extérieur, prenant logiquement place dans la patinoire alors que le public local est encore en train d’entrer. Les Wildcats ont remporté les deux premiers matches à domicile 5-2 et 3-2 (après avoir été mené 0-2), mais cela ne garantit pas une victoire dans une série, Grenoble peut en témoigner… Comme dans la finale de Ligue Magnus, d’ailleurs, chaque équipe avait gagné à domicile en saison régulière, ce qui augure d’un certain équilibre des forces.
Le match débute dans une certaine confusion pendant car le gardien local Sébastien Raibon a un problème d’équipement pendant la cérémonie d’avant-match. Steven Catelin doit donc s’improviser titulaire, même s’il a déjà montré sa capacité à pallier l’absence du numéro 1 y compris en play-offs. Il aurait tout de même pu prendre un but pendant son court séjour devant le filet, mais Nemcek a raté le cadre à moitié ouvert sur une belle passe de derrière la cage de Fujerik. Raibon fait son retour en douceur, avant une supériorité numérique : si une première jambe traînante n’a pas été sifflée, les arbitres ont en effet puni Tomas Nechala qui a violemment fauché la jambe de Pablo Maltas.
Tours subit ensuite aussi les foudres arbitrales : Esteban Ragot, après une double charge qui a pris Rusina en sandwich, Alexis Sansfaçon, pour une charge avec la crosse, puis Guillaume McSween, qui charge dans le dos de Nemcek, se relaient pour chauffer le banc de la prison. Sur la première séquence à 5 contre 3, Nemcek ne convertit toujours pas un service parfait de Fujerik. Sur le second passage à 5 contre 3, la seconde ligne de powerplay des Wildcats tente exactement la même passe transversale devant le but, par Anthony Rapenne, mais Sébastien Raibon ne se laisse pas avoir deux fois et la dévie avec la crosse. Le premier bloc rentre sur la mise au jeu suivante et Tomas Rusina décale Peter Hrehorcak dans le cercle droit pour un lancer gagnant à mi-hauteur (0-1).
Le match reste très physique. Maxime Martin prend beaucoup d’élan pour charger Lampron au forechecking. C’est Rusina qui est pénalisé pour obstruction sur l’action suivante, mais les Remparts n’auront pas bâti grand-chose sur leurs avantages numériques. Leur meilleure occasion arrive à 50 secondes de la pause quand Matthew Newbury arrive à percer la défense vosgienne… mais pas à tromper Antoine Bonvalot.
Les Tourangeaux partent très fort au deuxième tiers-temps, mais Mathieu Ayotte puis Peter Bourgaut du revers sur le rebond se heurtent à Bonvalot. Le dernier geste est désormais plus précis pour Épinal, mais c’est toute l’action collective qui est magnifique sur le deuxième. Après une passe aveugle en retrait de Jaroslav Markovic sur le côté droit, Anthony Rapenne feinte le lancer délivre une passe transversale splendide vers Matus Rudzan qui loge le palet avec maestria dans le haut du filet, via la transversale et le poteau (0-2). Les moments forts existent pour les Remparts mais ils s’éteignent rapidement.
On sent que la frustration monte dans l’équipe locale, maladroite dans le dernier geste. Kevan Leveque rentre au vestiaire après un choc licite mais rude face à Victor Breton. Il reste un peu de sang sur la glace contre la bande, qui ne sera nettoyé qu’après l’action suivante… qui envoie en prison Guillaume McSween pour avoir projeté Fujerik contre la balustrade. Lorsque le jeu reprend, le slap sur engagement frappe la barre transversale de Raibon ! Épinal étend son emprise sur le match et semble fermement cramponné à sa victoire.
Un souci d’éclairage retarde le démarrage de la troisième période. Des luminaires de secours s’allument et diffusent une lumière mauve et incomplète. Les joueurs s’impatientent et ont hâte de se positionner. On finit par appeler le délégué de match après une dizaine de minutes. Les palabres durent dix minutes de plus, et après avoir sollicité l’accord des entraîneurs et des gardiens, on finit enfin par se mettre à jouer. C’est Esteban Ragot, la licence bleue de Bordeaux, qui met le feu dès la deuxième minute par un débordement qui laisse le palet libre au premier poteau. Kenny Martin arrive seul pour s’en saisir face au but de Bonvalot… mais glisse cette maudite rondelle juste à côté.
Tours fait le jeu de manière plus constante que pendant les quarante premières minutes et Épinal défend moins haut en prenant très peu de risques et en employant déjà des dégagements interdits. À trop subir, les Wildcats commettent des fautes, par Fujerik à la ligne bleue (accrocher) puis Rusina derrière la cage (faire trébucher). Les Remparts peuvent jouer à 5 contre 3 pendant 1’21 et Frank Spinozzi appelle son temps mort avant de renvoyer son premier bloc. C’est donc un moment capital… et le coach canadien s’arracherait les cheveux du résultat s’il en avait. Markovic prend le premier engagement, puis Tours n’arrive jamais à se réinstaller malgré l’avantage de deux hommes ! Saluons la remarquable activité de la crosse de Matus Rudzan qui a bien aidé à tirer Épinal de cette situation fâcheuse. Ce travail défensif du Slovaque est aussi précieux à cinq contre cinq… mais la pénalité bête qu’il prend pour un mauvais coup est moins louable ! Qu’importe, Ames dégage dans le plexi et Tours n’arrive toujours pas à organiser le jeu en avantage numérique.
Anthony Rapenne ne réussit pas à porter le coup de grâce en ratant son tir sur une belle passe de Markovic à 2 contre 1 à quatre minutes de la fin. Frank Spinozzi peut donc encore abattre sa dernière carte en profitant d’une situation de 4 contre 4 pour sortir son gardien à plus de deux minutes de la fin. Matthew Newbury reprend alors dans la cage ouverte la passe d’Ayotte venue du coin opposé. Le public chante et se prend à rêver mais Newbury rate l’occasion d’égaliser. Épinal remonte alors le palet et Enzo Carry charge violemment Markovic baissé contre la balustrade. L’attaquant slovaque a le nez en sang et le jeune Bordelais prend une pénalité de match pour cette charge à la tête. Le long nettoyage du sang interrompt le dernier élan tourangeau. le but en cage vide interviendra après la sirène, ce qui n’a plus d’importance
Malgré les deux licences bleues bordelaises qui les auront aidés dans ces play-offs, les Remparts auront été un peu courts dans cette finale où ils ont affiché leurs limites techniques. Les carences dans les dernier geste étaient le défaut d’Épinal l’an passé, corrigé cette année. Les Wildcats ont vraiment mérité ce titre après de beaux play-offs. La fièvre du hockey est intacte dans les Vosges et ce bastion mérite de revenir bientôt en Ligue Magnus.
Désignés joueurs du match : Mathieu Ayotte pour Tours et Antoine Bonvalot pour Épinal.
photos de Baptiste Poulinet, prises lors du match 2
Tours – Épinal 1-2 (0-1, 0-1, 1-0)
Mercredi 19 avril 2023 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 2198 spectateurs.
Arbitres : Raphaël Rohwedder et Adrien Ernecq assistés d’Alexia Cheyroux et Yohann Creux-Beaugiraud.
Pénalités : Tours 36’ (6’, 2’, 2’+25’), Épinal 12’ (4’, 0’, 8’).
Tirs : Tours 28 (9, 8, 11), Épinal 38 (16, 16, 6).
Évolution du score :
0-1 à 09’50″ : Hrehorcak assisté de Rusina (double sup. num.)
0-2 à 24’02″ : Rusina assisté de Rapenne et Markovic
1-2 à 58’01″ : Newbury assisté d’Ayotte et Carry
Tours
Attaquants :
Enzo Carry – Mathieu Ayotte – Matthew Newbury
Peter Bourgaut (A) – David Camy-Sarty – Pablo Maltas
Fabien Métais – Quentin Jacquier – Julien Msumbu
Kevan Leveque – Kenny Martin – Esteban Ragot
Défenseurs :
Guillaume McSween (A) – Vincent Lampron
Alexis Sansfacon – Matthieu Buttin
Alexis Birolini (C) – Gabriel Belley-Pelletier
Gardien :
Steven Catelin puis à 03’57 Sébastien Raibon [sorti de 57’24 à 58’01, de 58’43 à 59’16 et de 59’51 à 60’00]
Absents : Elie Raibon (rupture du grand pectoral), Filip Hudak (blessé).
Épinal
Attaquants :
Filip Nemcek – Dominik Fujerik (A) – Peter Hrehorcak
Matus Rudzan – Jaroslav Markovic – Anthony Rapenne
Maxime Martin – Nathan Ganz – Victor Breton
Kevin Pernot – Alexandre Lubin (A) – Armand Jayat
Défenseurs :
Tomas Nechala – Tomas Rusina
Preston Ames – Maxime Ritz
Martin Charpentier (C) – Audric Donnet
Gardien :
Antoine Bonvalot
Remplaçant : Tristan Thévenot (G). Absent : Lucas Boni (blessé).