Après une prestation convaincante mais une victoire finalement étriquée (4-3), la France remet le couvert 18 heures plus tard face au même adversaire, la Slovénie. Les tribunes de Cergy sont assez clairsemées. Précisons que ces deux rencontres ont été programmées au milieu des vacances scolaires en région parisienne.
Les deux équipes ont fait tourner leur effectif. Anthony Rech fait son entrée sur une ligne inédite avec les deux « Nord-Américains » Louis Boudon et Pierrick Dubé. La Slovénie a notamment sorti le décevant Podlipnik en défense pour faire entrer le colosse Kristjan Čepon (ex-Nice). Les gardiens ont aussi changé et Sébastian Ylönen, en difficulté sur sa précédente titularisation la semaine dernière en Suisse (défaite 0-6), obtient une seconde chance de prouver qu’il a l’étoffe d’un titulaire dans cette Aren’Ice qu’il occupe à demeure toute l’année.
Malheureusement pour Ylönen, son match débute de la pire des manières. Sur le premier palet envoyé en fond de zone, le gardien des Jokers de Cergy-Pontoise se fait piéger par le pressing du capitaine slovène Jan Urbas et le fait trébucher. Cette pénalité est exploitée par un missile de Blaž Gregorc, à mi-hauteur côté mitaine, alors que Miha Verlič s’est positionné en écran devant le gardien (0-1). La réaction française porte un nom : Sacha Treille. Surmotivé par le capitanat dont il a hérité (et qui reste à valider par l’équipe), le vétéran de Grenoble est très actif avec deux bons lancers, un forechecking intense ou encore cette action où il perturbe le champ de vision du gardien pour favoriser un tir excentré de Dylan Fabre.
La Slovénie est tout de même bien mieux entrée dans le match qu’hier. Elle passe plus de temps en zone offensive… et y concède d’ailleurs une pénalité pour une charge incorrecte d’Urbas sur Boscq. À 5 contre 4, Alexandre Texier initie un beau jeu en triangle avec le relais de Sacha Treille sur la ligne de fond. La reprise de Valentin Claireaux entre les cercles est donc très bien amenée, mais Žan Us se déplace bien et réussit un arrêt décisif. La seconde unité française de supériorité numérique est aussi très menaçante autour de la cage, et Guillaume Leclerc démontre qu’il n’est pas besoin d’avoir un grand gabarit pour venir masquer le gardien, sur un tir du sniper Dubé. Néanmoins, Žan Us repousse tout et permet à son équipe de regagner le vestiaire en avance.
L’équipe de France est en difficulté en début de deuxième tiers-temps avec un long temps faible dans sa zone défensive, encadré par deux occasions provoquées par Pierrick Dubé : une action individuelle à la deuxième minute pour passer Kuralt en un contre un, et un bon centre à la cinquième minute pour Anthony Rech qui paraît presque s’excuser de recevoir un si bon palet face au but et ne plus savoir quoi en faire. Le futur Rouennais (qui vient de signer 3 ans pour les Dragons), en panne de confiance cette saison, finit cette présence en prison après avoir accroché Robert Sabolič en zone neutre. Les Bleus tuent cette pénalité grâce au sacrifice de Fabien Colotti sur un slap de Sabolič.
Le jeu à égalité numérique se maintient dans le camp tricolore, et ce n’est pas une bonne nouvelle de voir la France éprouver ses difficultés coutumières des deuxièmes tiers, même face à un adversaire assez éloigné du haut tempo international. Sans que le jeu soit très intense, les Français sont privés de palet par la solide conservation de palet des Slovènes.
Sacha Treille prend deux minutes de prison en revenant accrocher Rok Tičar parti en contre-attaque. Le seul Bleu à s’illustrer dans ce deuxième tiers-temps, c’est donc Sébastian Ylönen. Pendant ces deux minutes d’infériorité, il bloque sans rebond le slap du point d’engagement gauche de Tičar, a un bon réflexe de la botte droite sur la reprise de la ligne bleue d’Urbas puis s’interpose encore sur une déviation à bout portant de Jeglič, avant que sa bavette ne saute sur un nouveau tir d’Urbas.
Au retour à 5 contre 5, le défenseur Aljoša Crnovič se rate en essayant de capter du gant un dégagement de Louis Boudon. C’est donc Tim Bozon qui hérite du palet dans son dos et part seul face au gardien Žan Us… qui remporte ce duel. Marquer contre le cours du jeu n’aurait pas été interdit, mais à vrai dire le score vierge dans cette période médiane est plutôt flatteur pour la France. Elle le doit à Vincent Llorca, qui enlève le palet à Tičar sur un 2 contre 1 à trente-cinq secondes de la pause, mais aussi au poteau qui repousse un lancer de Sabolič dans la foulée.
L’équipe de France aborde la troisième période dans une autre dynamique. Elle n’a pourtant plus que onze attaquants car Texier et Dubé ont quitté le jeu respectivement au début et à la fin du deuxième tiers-temps. Mais dans cette rotation sans cesse modifié, les Bleus retrouvent du peps et du rythme. Ils produisent du jeu et des occasions : le tir entre les cercles de Guillaume Leclerc est repoussé par Žan Us, alors que Tim Bozon trouve pas la mire après une passe-abandon de Dylan Fabre, entré en zone grâce à un festival technique.
À 53’26, Dylan Fabre prend de vitesse Masic qui lui inflige un cinglage. Pendant la supériorité numérique qui suit, c’est aussi Fabre qui se charge de l’entrée de zone, et aussi de dévier en lucarne la passe de Valentin Claireaux (1-1, photo ci-dessous). Le jeune Grenoblois transpose ainsi sous le maillot bleu sa forme de la finale de la Ligue Magnus. Ce but réjouit et ranime un public endormi, qui manifeste sa joue et encourage enfin « les Bleus, les Bleus » par la suite.
Fabre est déchaîné à chaque présence, le voilà encore qui déborde Maver et repique derrière Magovac pour attaquer la cage. Žan Us reste très solide, y compris sur un tir en pivot de Sacha Treille à une minute de la fin. Le gardien de l’Olimpija Ljubljana – qui fit une brève pige à Épinal avec trois défaites dans sa jeunesse – arrête encore un dernier lancer de Crinon sur ou plutôt après la sirène, pour le principe.
Si on espère une prolongation enflammée sur la lancée de cette fin de match animée, c’est un peu raté. Dans le jeu à 3 contre 3, la Slovénie garde le palet dans son camp et reste sur le reculoir sans prendre aucun risque. Elle se fait punir de ce manque d’ambition sur une incompréhension rare entre deux attaquants qui jouent ensemble depuis leur prime enfance à Jesenice : Rok Tičar entre timidement en zone offensive et fait une passe-abandon pour… personne, car son ami Sabolič a bifurqué à droite et non à gauche ! Dylan Fabre dit merci du cadeau et envoie Hugo Gallet en 2 contre 1 avec Tim Bozon. Le gardien Žan Us quitte sa position en suivant Bozon qui est trop excentré mais remettre en retrait à Fabre qui propulse la rondelle dans la cage que seul l’arrière Magovac défend (2-1).
Pendant longtemps, on s’est dit que ces deux rencontres de préparation avaient beaucoup servi… à la Slovénie. Pas dans le rythme au début hier, elle a su élever son niveau de patinage au fur et à mesure pour se mettre au niveau de son adversaire. En soi, ce pourrait être un compliment pour la France, mais celle-ci a du coup donné le sentiment de jouer decrescendo. Heureusement, les Bleus se sont rachetés par un gros troisième tiers-temps aujourd’hui. C’est la dernière impression qui compte, pas seulement la première (qui était bonne hier). Ils ont donc mérité d’arracher cette seconde victoire, avec « le Jeune Fabre » qui continue de planer sur un nuage.
L’équipe de France peut donc poursuivre sa préparation dans un bon esprit, mais elle s’inquiète surtout de pouvoir compter sur tout le monde. On espère que les sorties en cours de jeu de Texier et Dubé – deux armes offensives essentielles – sont sans gravité. Les Bleus n’ont pas besoin de nouvelles incertitudes, celles pesant sur les deux défenseurs-clés Yohann Auvitu et Florian Chakiachvili étant déjà majeures. Pour ce qui est de l’attaque, Charles Bertrand doit en tout cas rejoindre le groupe en début de semaine, en attendant Jordann Perret.
Désignés joueurs du match : Dylan Fabre pour la France et Žan Us pour la Slovénie.
France – Slovénie 2-1 après prolongation (0-1, 0-0, 1-0, 1-0)
Samedi 29 avril 2023 à 16h30 à l’Aren’Ice de Cergy. 2049 spectateurs.
Arbitres : Alexandre Hauchart et Adrien Ernecq assistés de Nicolas Constantineau et Cyril Debuche (tous FRA).
Pénalités : France 6′ (2′, 4′, 0′, 0′) ; Slovénie 4′ (2′, 0′, 2′, 0′).
Tirs : France 22 (7, 5, 9, 1) ; Slovénie 13 (2, 9, 2, 0).
Évolution du score :
0-1 à 01’13 : Gregorc assisté de Jeglič (sup. num.)
1-1 à 54’28 : Fabre assisté de Claireaux et Gallet (sup. num.)
2-1 à 61’20 : Fabre assisté de T. Bozon et Gallet
France
Attaquants :
Tim Bozon (A, +1) – Valentin Claireaux – Alexandre Texier
Anthony Rech (2′) – Louis Boudon – Pierrick Dubé
Dylan Fabre (+1) – Fabien Colotti – Sacha Treille (C, 2′)
Kévin Bozon – Nicolas Ritz (A) – Guillaume Leclerc
Peter Valier
Défenseurs :
Hugo Gallet (+1) – Fabien Bourgeois
Jules Boscq – Enzo Guebey
Kevin Dusseau – [Gallet]
Pierre Crinon – Vincent Llorca
Gardien :
Sébastian Ylönen (2′)
Remplaçant : Julian Junca (G). En tribune : Quentin Papillon (G), Thomas Thiry (D), Loïc Farnier, Justin Addamo (A).
Slovénie
Attaquants :
Robert Sabolič (-1) – Rok Tičar (A, -1) – Anže Kuralt
Jan Urbas (C, 2′) – Žiga Jeglič – Miha Verlič
Jan Drozg – Blaž Tomaževic – Ken Ograjenšek
Miha Zajc – Tadej Čimžar – Miha Beričič
Luka Maver
Défenseurs :
Blaž Gregorc – Žiga Pavlin (A)
Kristjan Čepon – Bine Mašič (2′)
Aljoša Crnovič – Aleksandar Magovac (-1)
Miha Stebih
Gardien :
Žan Us
Remplaçant : Luka Gračnar (G). En tribune : Gašper Krošelj (G), Matic Podlipnik (D), Žiga Pance (A).