À la veille du début des Championnats du monde de hockey sur glace, l’équipe de France, fraichement débarquée à Tampere, en Finlande, a invité les médias à une visioconférence.
Le nouveau capitaine des Bleus, Sacha Treille, a tout d’abord répondu aux questions de nos confères de L’Équipe, Ouest-France et le Dauphiné Libéré.
« On a tous envie que ça commence. La préparation s’est bien passée, avec de bonnes choses, quelques mauvaises aussi. Le groupe est jeune, pas tant en âge, mais surtout parce que pas mal de nouveaux n’ont jamais joué un Championnat du monde. Mais ils se sont bien intégrés, ils apportent beaucoup d’envie et de fraîcheur. C’est important, et ils jouent dans de très bons championnats. »
Sacha Treille explique ensuite sa fierté de porter le « C » de capitaine :
« C’est une immense fierté ! Je suis le plus vieux de l’équipe. J’avais déjà un rôle important, de transmettre tout ce que j’ai reçu des anciens. Pour moi, il s’agit de représenter l’équipe au mieux et ça va m’aider à être irréprochable et à donner le bon exemple. »
À la question des ambitions des Bleus, le capitaine est très clair :
« C’est le même discours chaque année. Nous avons trois gros matchs d’entrée (Autriche, Danemark, Hongrie) et nous devons rester sur ce qui est le plus proche : le premier match. Nous allons jouer tout le temps pour gagner, ce qui sera évidemment très dur, mais nous devrons afficher cette volonté et y aller étape par étape. »
Sacha Treille explique sa vision de ces premiers adversaires :
« Ce sont des adversaires directs, au niveau proche du nôtre. C’est important de prendre les premiers points. Mais un Championnat du monde, c’est long, et il peut y avoir différents scénarios. Il faudra être prêt à tout ce qui peut se passer, mais avant tout se focaliser sur ce premier match. »
Ce ne sont pas les absents d’expérience (Bellemare, Auvitu, Da Costa) qui vont peser, explique-t-il :
« Les absents, on essaie de ne pas y penser. S’ils sont là c’est tout bénéfice, mais ils ne le sont pas, donc on se concentre sur le groupe qui est ensemble depuis les amicaux en Norvège. C’est ce groupe qui va jouer. »
Et l’ambiance est bonne, comme le joueur de Grenoble l’illustre :
« La finale Rouen-Grenoble… ce sont des histoires de bus avec Chak [Chakiachvili]. Je montrais une photo de moi avec la coupe, et il me dit ‘C’est quelle année ?’… C’est la bonne ambiance, on est ennemis en club pendant soixante minutes, et dès que c’est fini, on est amis et coéquipiers depuis longtemps. »
L’équipe de France 2023 est-elle différente de celle de 2022 ? Sacha Treille le pense.
« Notre équipe a beaucoup de vitesse. On en a pris conscience en Norvège. En face, c’était très rapide, et on a vu que nous pouvions nous aussi jouer comme cela, que l’on avait cet atout. »
Lorsque les déclarations de Texier l’an dernier, qui regrettait le manque d’ambitions vers les quarts, sont rappelées, le capitaine le soutient :
« Il n’y a pas beaucoup d’espace entre les quarts et le maintien. On est capables de penser à plus haut, mais attention au calendrier, avec trois gros matchs d’entrée. Il y a beaucoup de back-to-back, il faudra être intelligents dans la récupération, bien dormir car il n’y a aucun match facile. Ce début de tournoi sera très important sur ce plan. »
La vie de groupe se passe bien, l’assure le capitaine :
« Je me sens bien dans cette équipe, les jeunes me donnent de l’énergie. Je suis là pour les driver un peu s’ils sortent du droit chemin, comme en club. Je vais faire de mon mieux pour que tout se passe bien, mais je suis plus jeune que certains dans la tête ! »
Philippe Bozon suit devant la caméra de la FFHG et commence par un bilan de la préparation.
« Nous avons eu plusieurs étapes. Contre la Suisse, le but était de donner de l’expérience aux plus jeunes, ceux qui ont le talent pour un avenir international, ainsi que mettre en forme ceux qui allaient participer au Mondial. Le bilan est bon. Puis, une fois à Cergy, nous avons récupéré la majorité des joueurs. Il y a les aléas des blessures, mais c’est habituel en préparation. Le contenu est satisfaisant, nous avons gagné trois matchs de suite et même le dernier, le score (4-1) est trompeur car nous avons eu beaucoup d’occasions et dominé le troisième tiers. Avec plus de réalisme nous aurions pu égaliser, voire l’emporter. »
Sur les ambitions, Philippe Bozon est très clair :
« Je ne veux pas entendre parler des autres matchs que les trois premiers. C’est le mot d’ordre. Il faut rester concentré dessus, car la tâche sera ardue. »
Puis, le sélectionneur décrit les forces de ces trois premiers adversaires :
« L’Autriche a beaucoup progressé depuis quelques années. Ils ont des joueurs NHL maintenant, même si leur pépite est blessée [Marco Kasper]. Ils ont récupéré Marco Rossi, et ils montrent dans leurs résultats depuis deux-trois ans qu’ils peuvent accrocher les grosses nations. C’est une équipe agressive, qui va un peu dans tous les sens. Il faudra capitaliser sur leurs erreurs quand ils se lancent de partout. Ils ont montré une grosse agressivité contre les Tchèques et les Slovaques, parfois à la limite du jeu sale. Donc, il faudra rester disciplinés et ne pas tomber dans leurs provocations. »
Le Danemark sera le deuxième adversaire :
« Ils n’ont pas tous leurs joueurs NHL, et eux aussi ont perdu leur gardien n°1. C’est une équipe que nous avons du mal à battre. »
Enfin, la Hongrie se présentera mardi prochain :
« Ils ont de gros joueurs et imposent un défi physique. Nous, nous avons orienté notre jeu vers la vitesse, il faudra que l’on s’ajuste. »
Philippe Bozon décrit ensuite son plan en deux étapes :
« La vitesse, c’est la phase deux de notre projet. Nous voulons amener un jeu plus direct depuis la neutre. J’ai beaucoup aimé notre préparation, nous avons bien utilisé notre vitesse pour créer plus de danger offensif. Des joueurs comme Texier, Perret, Fabre, mais il y en a d’autres, ont beaucoup de vitesse. C’était un critère de sélection, car cela colle au projet, à l’identité de jeu voulue. Pour battre nos adversaires, il faut moins s’arrêter, jouer plus direct. L’an dernier nous avions déjà montré plus de vitesse et les équipes adverses étaient surprises. Notre première étape était de consolider le jeu défensif, notamment le jeu sans palet, une lacune en France. Maintenant, la deuxième phase s’attaque au jeu offensif, amener plus de chances de qualité. On s’en est procuré pas mal en préparation et les joueurs adhèrent bien. »
Le sélectionneur tempère ensuite les ambitions :
« Il faut surtout rester humble. Il n’y a que le maintien qui m’intéresse. On n’en parle pas, mais nous avons perdu notre gardien n°1, ce qui est énorme. Nous avons de jeunes gardiens, qui doivent prouver qu’ils peuvent assumer des matchs couperet. Nous avons aussi perdu notre meilleur défenseur, notre capitaine qui était un buteur prouvé à ce niveau. Je pensais que Pierrick Dubé serait son remplaçant, mais nous l’avons perdu lui aussi sur blessure. Pi-Éd et Stéphane Da Costa ne sont pas là, mais nous avons plus l’habitude de jouer sans eux ces dernières années. L’avenir dira si nos jeunes remplissent les chaussures des anciens… Mais il faut vraiment garder les pieds sur terre, le changement de gardien n’est pas anodin. Nous avons eu un monument dans les cages lors des batailles pour le maintien ou en quarts. Puis, Henri-Corentin Buysse a répondu présent à chaque match qu’il fallait gagner. Nos trois gardiens cette année n’ont pas cette expérience des matchs couperet. »
Et la défense ?
« Auvitu, l’an dernier, a apporté son expérience, son calme et il a changé la dynamique de la défense. Il a rendu les choses plus faciles. Ce n’est pas un hasard si Gallet a explosé, il était à ses côtés. Cette année, la pression et le rôle de chacun seront différentes. J’ai confiance dans mon groupe, mais je reste prudent. À l’image du dernier match contre ma Norvège, où nous avons eu beaucoup d’occasions, mais il faut mettre le palet au fond. Je suis sûr qu’avec Dubé le résultat aurait changé, c’est un atout en supériorité. »
Lorsqu’on lui rappelle les propos d’Alexandre Texier l’an dernier, Bozon le conforte :
« Il est dans la mentalité de ce qu’on veut faire. C’est-à-dire, jouer au maximum et chercher à gagner chaque match. On peut dire qu’on l’a fait l’an dernier, en étant compétitif à chaque match, sauf le dernier où nous avons lâché physiquement et mentalement. Nous serons dans la même optique cette année, d’être présent à chaque fois, dans un groupe relevé. »
Le sélectionneur élude la question sur le gardien titulaire et la hiérarchie à ce poste :
« Sébastien Beaulieu a pris en main le groupe et on discute beaucoup. On a plus ou moins identifié le gardien qui débutera au premier match, on va en rediscuter mais notre idée est assez claire. Pour la suite, nous n’avons pas de plan. Si le gardien est performant, il gagne sa place pour les matchs couperets, sinon nous ajusterons. »
Philippe Bozon répond ensuite à nos questions sur la défense et aux débuts de Lucien Onno :
« J’étais très content de ses matchs contre la Suisse et je lui ai dit. Il n’était pas écarté, mais j’étais obligé d’évaluer d’autres joueurs. Fabien Bourgeois s’était blessé en fin d’année mais il tenait vraiment à jouer le Mondial. Il est donc venu à Megève pour être évalué par le staff médical et nous a accompagnés à Cergy, avec le feu vert médical, car il voulait vraiment jouer sa chance. Lucien savait qu’on était contents de lui, il a la vitesse, de bonnes sorties de zone. »
Puis, le sélectionneur évoque Justin Addamo :
« J’ai beaucoup regardé ses matchs. Sa blessure était plus importante qu’annoncé, donc nous n’avons pas pris de risques alors que nous pensions au départ l’évaluer contre la Suisse ou à Cergy. Le médical a pris le dessus et une fois rétabli nous l’avons aligné en Norvège. Je voulais voir si son gabarit et son patinage allaient, voir ce qu’il nous amenait. Il va faire de la place aux autres, notamment à Texier, ouvrir des espaces. Il nous a semblé que c’était le profil qui pouvait matcher le mieux avec ces ailiers, être responsable défensivement avec deux profils offensifs. »
Enfin, le cas d’Anthony Rech, qui a connu une saison difficile, termine la conférence de presse :
« Il a vécu une saison difficile et ça se voit qu’il manque de confiance. Il a eu des occasions à chaque match. Il a fait un gros début de saison en Finlande, puis cela s’est dégradé. On essaie de le rassurer, on parle beaucoup. Tant qu’il a les occasions c’est bien, et dans l’idéal les concrétiser dès le premier match ! Il a fait toute la préparation physique avec nous, sa ligne est de qualité. On espère que le déclic va vite arriver, cela lui ferait du bien. »