Et voilà le retour d’un grand classique des quarts de finale. Tchèques et Américains s’étaient affrontés six fois en huit ans entre 2011 et 2018, en championnat du monde ou aux Jeux olympiques. Ces confrontations sont équilibrées mais les États-Unis, invaincus en première phase pour la première fois de leur histoire, n’ont peut-être jamais été autant favoris que cette année. Ils sont toutefois privés de Mikey Eyssimont, suspendu un match pour sa charge qui a blessé Rasmus Sandin au genou. Anders Bjork le remplace à l’aile gauche de la deuxième ligne.
Les Tchèques, eux, ont compté deux blessés majeurs au cours de la compétition (Chytil et Sedlák). Ils n’ont rien montré de palpitant en poule. Jiří Černoch, Tomáš Kundrátek et Daniel Voženílek, ont décidé de porter une moustache pour ce quart de finale, en rasant le bouc ou la barbe autour. L’idée vient du défenseur Kundrátek, et Černoch – en photo ci-dessous – l’a commentée ainsi : « Pourquoi pas ? J’ai déjà une femme. » Cela a fait un peu rire le vestiaire, mais est-ce que ça transformera ces trois joueurs qui ont chacun une maigre assist au compteur ? Cela ne coûte rien d’essayer.
Jusqu’à présent, les Tchèques étaient trop dépendants de deux atouts déjà connus mais plus précieux que jamais, notamment en supériorité numérique : les qualités de passeur de leur capitaine Roman Červenka et l’efficacité du tir du meilleur marqueur du tournoi Dominik Kubalík.
Des qualités qui ne percent pas lors du premier avantage numérique de ce match, quand Dylan Samberg prend une pénalité inutile en zone offensive (il a fait trébucher Špaček dans le coin). Il n’y a aucune véritable occasion de but pendant les neuf minutes précédentes. Peu après le retour à 5 contre 5, ce sont les États-Unis qui s’installent en zone offensive et ouvrent le score. Karel Vejmelka laisse un rebond sur un tir lointain de Lane Hutson et le tir en pivot de Matt Coronato ricoche alors sur deux patins tchèques à la suite dans un fameux coup de billard à deux bandes !
Ce but donne de l’élan aux Américains, qui retrouvent leur dynamisme jusqu’ici contenu par le système défensif tchèque. Conor Garland sort de derrière la cage et sa passe détournée par le patin de Sobotka arrive sur Drew O’Connor au poteau droit avec la cage ouverte, mais Michal Kempný parvient à lui soulever la crosse dans une intervention défensive très précieuse (photo ci-dessus).
Ce premier tiers-temps n’aura pas vraiment été enthousiasmant, le tout dans une ambiance lunaire. Les supporters tchèques présents à Riga n’ont pas pu organiser le détour cher et compliqué jusqu’à Tampere. Point faible de cette formule dans deux pays, la journée la plus importante se déroule dans une ambiance désolante !
Même si les Tchèques ne peuvent pas compter sur leurs fans pour les pousser en avant, il faut bien qu’ils y aillent. Leur tactique défensive ne suffira plus maintenant qu’ils sont menés au score, et ils ne peuvent plus continuer ainsi, avec seulement deux tirs cadrés en vingt minutes. Ils se montrent effectivement plus entreprenants, avec notamment un bon revers de Smejkal, mais ne renversent pas la table non plus.
Les États-Unis n’ont pas besoin de beaucoup en faire et se concentrent sur un jeu simple. Leur capitaine Nick Bonino gagne une mise au jeu en zone offensive face à Radim Zohorna puis fait un mouvement de déhanché qui n’est pas une imitation d’Elvis, mais qui avance les fesses pour ouvrir la voie au tir excentré de Nick Perbix qui passe exactement à cet endroit et file très précisément dans la lucarne proche de Vejmelka (2-0).
Kempný retient le remuant O’Connor. La seule action d’éclat consécutive à cette punition est la sortie de prison : le défenseur américain Scott Perunovich plonge de manière spectaculaire pour intercepter du gant, à la manière d’un voltigeur de baseball, la passe de Flek qui s’apprêtait à envoyer Kempný en échappée !
En fin de deuxième période, Špaček croit avoir l’occasion de réduire le score sur un rebond en angle fermé, mais le gardien Casey DeSmith vient remettre son patin sur la trajectoire. Mais les dernières salves sont américaines, avec trois tirs dans les trente dernières secondes.
Dos au mur, la Tchéquie lance bien la troisième période, avec des lignes un peu modifiées. Dès la première minute, Roman Červenka récupère un palet aérien, devance Perbix et prend un lancer croisé détourné de justesse par le bras gauche de Casey DeSmith. Mais elle en reste là. Même quand Farrell commet une faute en zone offensive en faisant trébucher Tomášek, les Tchèques hésitent trop et ne cadrent aucun tir en deux minutes.
À dix minutes de la fin, les États-Unis inscrivent leur deuxième but sur engagement. T.J. Tynan gagne son duel dans le cercle droit face à Sobotka, en retrait pour le tir foudroyant de Cutter Gauthier en pleine lucarne (3-0). Cette fin de match est déprimante pour les Tchèques qui voient Michael Špaček s’effondrer sur la glace avec une blessure musculaire qui l’empêche de patiner et de marcher. Kari Jalonen essaie bien de sortir son gardien très tôt, à trois minutes et demie de la fin.
Les Tchèques avaient annoncé vouloir imposer leur hockey, ils n’y sont pas parvenus. Ils ont maintenu les États-Unis dans le périmètre et ont concédé peu de tirs rapprochés, mais un double ricochet et deux buts sur engagement (sur des mises au jeu perdues par les deux centres remplaçants à cause des blessures) ont été fatals. Eux-mêmes ont eu très peu d’occasions. Avec la qualification allemande, la Tchéquie finit à la huitième place de ce Mondial, le pire classement de son histoire.
Les Américains ont encore réussi à éviter au maximum de jouer dans leur zone, grâce à leurs transitions rapides. Comme l’année dernière face à la Suisse, ils ont remporté leur quart de finale 3-0 en marquant après douze minutes de jeu pour ne plus être inquiétés. Ils espèrent que la suite sera meilleure cette fois et qu’ils ne finiront pas quatrièmes. Ils sont la tête de série numéro 1 et affronteront un adversaire inattendu – l’Allemagne – pour accéder à leur première finale de championnat du monde depuis 73 ans, et peut-être leur première médaille d’or depuis 90 ans…
Désignés joueurs du match : Matt Coronato pour les États-Unis et Tomáš Dvořák pour la Tchéquie.
Trois meilleurs Tchèques du tournoi selon leur entraîneur : Michal Kempný, Dominik Kubalík et Karel Vejmelka.
Commentaires d’après-match :
Michal Jordán (défenseur de la Tchéquie) : « Ce n’était sûrement pas un bon quart de finale. Nous n’avons pas bien démarré. Ce que nous nous étions dit n’a pas fonctionné. Les Américains étaient meilleurs pendant toute la première période, nous étions très passifs. J’ai juste essayé de pousser le joueur loin du but et de faire en sorte qu’il n’ait pas sa crosse sur la glace, et malheureusement le palet a rebondi sur le patin de Dvořák et sur le mien pour finir dans le but. Il faut reconnaître que les Américains poussent dans l’enclave, ce qui nous a manqué. C’est le sport parfois. Nous sommes préparés avec attention, nous voulions tout donner, mais nous étions très nerveux et nous n’avons pas joué avec précision. »
Dominik Kubalík (attaquant de la Tchéquie) : « Je pensais que ce match serait celui qui fonctionnerait pour nous, que nous nous qualifierions et que nous bâtirions là-dessus. Hélas… Nous connaissions leur vitesse, mais nous n’avons pas su l’empêcher. L’idée était de leur enlever le palet de la crosse. […] Je le prends pour moi. Je suis ici pour marquer des buts et j’ai peut-être eu un tir au but. Ce n’est pas assez. Je ne pense pas qu’on m’ait vu ce soir. Ce sont des choses que je regrette personnellement. »
États-Unis – Tchéquie 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)
Jeudi 25 mai 2023 à 16h20 à la Nokia Arena de Tampere. 7411 spectateurs.
Arbitres : Mads Frandsen (DAN) et Liam Sewell (GBR) assisté de Tarrington Wyonzek (CAN) et Emil Yletyinen (SUE).
Pénalités : États-Unis 4′ (2′, 0′, 2′) ; Tchéquie 2′ (0′, 2′, 0′).
Tirs : États-Unis 34 (11, 14, 9) ; Tchéquie 15 (2, 9, 4).
Évolution du score :
1-0 à 12’04 : Coronato assisté de Hutson et Mackey
2-0 à 28’53 : Perbix assisté de Grimaldi
3-0 à 49’57 : Gauthier assisté de Tynan
États-Unis
Attaquants :
Rocco Grimaldi (+1) – Nick Bonino (C, +1) – Alex Tuch (A, +1)
Anders Bjork – Drew O’Connor – Conor Garland (A, +1)
Cutter Gauthier (+1) – TJ Tynan (+1) – Carter Mazur (+2)
Sean Farrell (2′) – Patrick Brown – Matt Coronato (+1)
Luke Tuch
Défenseurs :
Dylan Samberg (+1, 2′) – Nick Perbix (+1)
Tyker Kleven – Scott Perunovich
Henry Thrun (+1) – Connor Mackey (+1)
Lane Hutson (+2)
Gardien :
Casey DeSmith
Remplaçant : Cal Petersen (G). Réservistes : Drew Commesso (G), Ronnie Attard (D). Suspendu : Michael Eyssimont (A). Substitué sur blessure : Sammy Walker (A, épaule)
République Tchèque
Attaquants :
Roman Červenka (C) – Vladimír Sobotka (A, -1) – Dominik Kubalík
Jakub Flek – Jiří Černoch (-1) – Ondřej Beránek
Jiří Smejkal (-3) – Radim Zohorna (-1) – Martin Kaut (-3)
Daniel Voženílek – Michael Špaček – David Tomášek
Radan Lenc
Défenseurs :
Michal Kempný (2′) – Tomáš Kundrátek (-1)
Tomáš Dvořák (-2) – Jan Košťálek (-1)
Michal Jordán (A, -2) – Jakub Zbořil
David Němeček
Gardien :
Karel Vejmelka [sorti de 56’30 à 57’21 et de 57’39 à 60’00]
Remplaçant : Marek Langhamer (G). Réservistes : Šimon Hrubec (G), Ronald Knot (D), Filip Chlapík (A). Substitués sur blessure : Lukáš Sedlák (A, os cassé sur le cou-de-pied), Filip Chytil (A, fracture de la pommette).