Les Scorpions de Mulhouse ont été officiellement liquidés ce matin. Une issue devenue inévitable ces derniers jours. Si le tour de table des partenaires pour combler la dette de 300 000 euros s’est à peu près bien passé, il restait encore à apporter les garanties pour tenir le budget lors des saisons prochaines, et c’est là que le bât a blessé.
Tout en apportant 40 000 euros de subvention exceptionnelle, comme les autres collectivités, la Ville de Mulhouse indiquait diminuer sa subvention, jusqu’ici de 300 000 euros, à 200 000 euros annuels car elle ne voulait pas assumer trop seule cette part du budget (par rapport aux autres collectivités). Une telle baisse devenait impossible à absorber, même si le club a essayé de la faire diminuer de moitié, à un niveau encore acceptable.
C’est donc la liquidation qui a été demandée et prononcée ce matin. On aura remarqué que l’administratrice judiciaire et la mandatrice judiciaire, deux personnes extérieures au hockey sur glace, ont été unanimement louées pour le travail accompli en quelques semaines, même si cela n’aura pas suffi. C’était trop tard, et la gestion du club n’était sans doute pas au même niveau. De quoi interroger sur les compétences parfois limitées autour des clubs de hockey sur glace.
L’entraîneur Kevin Hecquefeuille n’avait pas mâché ses mots la semaine dernière dans les colonnes de L’Alsace envers l’équipe du président Alain Cheval (qui était journaliste avant de prendre ce poste) : « Les dirigeants sont des bénévoles, mais j’ai l’impression que pour eux, le club est un jouet. Nous, le hockey, c’est notre boulot. […] Le côté humain a été inexistant. Comment voulez-vous constituer une équipe et travailler sereinement si les dirigeants sont aux abonnés absents quand on leur demande des informations ? »
Le mal était sans doute fait depuis longtemps. Les passages difficiles chaque été à la Commission Nationale de Suivi et de Contrôle de Gestion ont laissé des traces, de même que les mots pas très doux échangés entre cette institution et Philippe Aubertin, le président du sponsor Synerglace. Les dossiers des Scorpions n’étaient sans doute exemplaires et ces épisodes ont entretenu la défiance des partenaires.
Les perquisitions de la police judiciaire en décembre dernier (probablement sur dénonciation), qui se sont traduites par les mises en examen de Philippe Aubertin et de l’ex-président Mark Swanson, n’ont évidemment rien fait pour inspirer confiance. Or, il fallait bien être attractif pour trouver d’autres partenaires plus variés susceptibles de pallier la dépendance du budget à la ville de Mulhouse et (surtout) à Synerglace.
Mulhouse repartira en D3, comme après le titre de 2005, mais cette fois on peine à voir le club remonter un jour en Ligue Magnus tant il y a montré des limites structurelles – y compris des affluences pas folichonnes qui contrastaient avec le très bon taux de remplissage des autres patinoires.
Une pensée pour Kevin Hecquefeuille et pour les joueurs aujourd’hui sans solution : Bryan Ten Braak, Colin Delatour, Jean-Philippe Fontaine, Joachim Sonnet et Philéas Perrenoud.