C’est une finale inédite aux accents du sud des États-Unis. La finale de coupe Stanley 2023 couronnera une nouvelle franchise, un nouveau vainqueur dans la longue tradition de la NHL. Vegas et Florida ont comme point commun d’avoir déjà échoué une fois à ce stade : les Panthers en 1996, une éternité, et Vegas en 2018.
Si la présence des Golden Knights n’est pas tellement une surprise au vu de leur classement cette saison – 5e de la ligue, en tête de la conférence Ouest – ce n’est pas le cas de Florida. La franchise de Miami s’est qualifiée à l’avant-dernier match de la saison, surtout parce que Pittsburgh a perdu à domicile contre Chicago, un match largement à la portée des Penguins. Puis, les Panthers ont surpris la meilleure équipe de la saison régulière, Boston, qui menait pourtant trois victoires à une au premier tour. Mais Sergei Bobrovsky a stoppé Brad Marchand en échappée à la dernière seconde du match cinq. Et Florida n’a plus regardé en arrière, fonçant à toute vitesse à travers Toronto comme Carolina, porté par un gardien en état de grâce et un Matthew Tkachuk qui n’en finit plus d’être décisif. Ironie de l’histoire, son ancienne équipe de Calgary a fini devant Florida avec un point de plus, mais ne s’est pour autant pas qualifiée !
Le parcours de Vegas, en comparaison, fut plus facile. Un succès facile contre Winnipeg (4-1), puis un duel maîtrisé face aux Oilers de Connor McDavid et Leon Draisaitl (4-2). Et pour finir, le mental d’acier face à Dallas (4-2). Un héros surprise est apparu dans les cages : Adin Hill, dernier représentant d’une confrérie de portiers du désert pour une équipe ravagée par les pépins physiques à ce poste. Hill, comme Bobrovsky, n’était même pas titulaire au premier match de ces phases finales ! Enfin, le coach Paul Maurice dirige sa première finale depuis sa défaite en 2002 avec les Hurricanes de Carolina, face à Detroit.
C’est la finale la plus « sudiste » de l’histoire, après un carré final aux accents de la Sun Belt. Des quatre finalistes de conférence, c’était curieusement Vegas la ville la plus au nord… Las Vegas, la ville du désert ; Miami, la ville quasi tropicale : la glace n’est pas le premier mot qui vient à l’esprit de ces deux villes, mais c’est une finale qui semble valider la vision de Gary Bettman. Celle de l’expansion vers le sud des États-Unis.
Pas de départ poussif
Après neuf jours sans jouer, les Panthers seront-ils rouillés ? Ils ne reculent pas physiquement en tout cas, avec les premières mises en échec. Vegas se rapproche en premier de la cage adverse, et Josh Mahura soulève la crosse de William Karlsson dans l’enclave, privant les Knights de leur première chance. La réplique vient de la crosse de Gustav Forsling, de loin, et Hill bloque le lancer.
Bobrovsky s’illustre ensuite avec un arrêt majeur. Aaron Ekblad brise sa crosse, et cherche à dégager du patin à sa bleue, alors que son partenaire Forsling hésite à changer. Mais Ekblad redonne ainsi le disque à Mark Stone, qui lance Brett Howden seul contre le gardien… La mitaine du Russe est décisive. Il enchaîne avec deux arrêts sur la mise au jeu qui suit.
La rencontre s’ouvre, avec un jeu rapide vers l’avant dès la récupération du palet. Les défenseurs rivalisent de précision dans leur jeu à la crosse afin de repousser des attaques en surnombre. Les gardiens font le reste, à l’image d’un bel arrêt du bouclier de Hill sur un tir d’Ekblad.
L’échec-avant des Panthers, au jeu très physique, permet à Ryan Lomberg de récupérer et Anton Lundell teste Hill à nouveau. Le trio Tkachuk-Bennett-Cousins enchaîne et s’installe dans la zone bleue, à la chasse au rebond. Une échauffourée en découle, crosses au sol et mêlée générale… y compris Hill !
Un jeu de puissance est offert aux Knights pour un geste de Cousins sur le gardien, seul joueur puni dans ces festivités. Mais c’est pourtant Florida qui va piéger son adversaire. En infériorité numérique, Lundell récupère une passe en retrait ratée de Vegas et s’avance, pour fixer la défense. Il trouve Eric Staal sur sa gauche et le vétéran déborde, fixe Hill et contourne la cage (0-1). Le champion 2006 avec Carolina ouvre le score pour son 100e match de playoffs en carrière.
La supériorité continue. Zach Whitecloud trouve l’angle du but et le métal résonne, puis Bobrovsky sauve un tir. Alors que la pénalité s’achève, et en plein temps fort de Vegas, William Carrier concède deux minutes pour dureté et place les visiteurs en avantage numérique.
Tkachuk décoche en tête de cercle et trouve le poteau, sur un service de Sam Bennett. La domination territoriale qui suit ne profite pas aux joueurs de Paul Maurice. Vegas repart alors vers l’avant, subissant les mises en échec adverses. Josh Mahura est ainsi puni pour obstruction, en voulant trop en faire.
Le jeu de puissance de Vegas parvient à attirer la défense d’un côté, et Jonathan Marchessault renverse vers Mark Stone, seul devant Bobrovsky. Le gardien des Panthers ne mord pas à la feinte. Mais sur la présence suivante, Marchessault s’infiltre dans l’enclave et reprend en force et à bout portant une passe astucieuse du revers de Chandler Stephenson depuis la ligne de fond (1-1).
Le jeu part à toute vitesse de l’autre côté et Anthony Duclair manque de piéger Adin Hill, assis sur la glace après un premier arrêt. Les locaux appuient en retour, sans cadrer leurs tirs. Score nul à la pause…
Le bras de fer continue
Dès la reprise, Florida met le feu. Bennett, sur son aile gauche, trouve Brandon Montour en retrait, lequel renverse au cercle droit vers Tkachuk, tout seul. Il remise à une touche pour Nick Cousins dans le slot, cage ouverte… ou presque ! Il reste le bâton de Hill, qui sauve miraculeusement son camp, avec cet arrêt incroyable, bien aidé par la crosse de Pietrangelo qui empêche Cousins de reprendre le rebond (photo).
Le jeu continue et Vegas remonte le palet, par Ivan Barbashev, qui trouve, en pivot, Jack Eichel. L’ancien des Sabres feinte et échoue sur Bobrovsky de près.
Peu après, Mahura concède sa deuxième pénalité du match. Le jeu de puissance s’installe, cherche des écrans pour des déviations à l’image de Barbashev, sans réussite. La meilleure chance revient à Stone, juste à l’expiration de la supériorité numérique. Le capitaine des Knights, mis au sol par Tkachuk peu après, se procure en tombant une nouvelle chance.
Les contacts restent donc toujours aussi appuyés, les deux équipes ne ménageant pas leurs forces dans les bandes.
Il faut attendre la mi-match pour voir Shea Theodore réaliser un festival à la bleue offensive. Son patinage et son sens de l’équilibre mystifient Duclair, qui venait de bloquer un tir et semblait souffrir de la jambe. Le défenseur repique au centre, lance en lucarne en profitant de l’écran de Howden (2-1). C’est le premier but de cette campagne de playoffs pour Theodore.
À cinq minutes de la pause, c’est ce même joueur qui reçoit deux minutes de pénalité en accrochant Montour, monté aux avant-postes. Florida s’installe et Lundell se heurte à Hill, qui s’est bien déplacé sur sa droite.
Après une volée de Brayden McNabb bloquée par Bobrovsky, c’est le poteau qui repousse le tir d’Aleksander Barkov et sauve Hill… Les occasions pleuvent de part et d’autres : Howden, en déséquilibre, teste à nouveau le gardien des Panthers ; Forsling, de la bleue, n’a pas plus de réussite, pendant que Cousins est écrasé contre la bande par deux joueurs de Vegas, ce qui provoque une nouvelle échauffourée.
À la reprise du jeu, Montour allume de la bleue et son tir percute à nouveau le poteau, légèrement dévié par l’épaule du gardien de Vegas. Barkov remporte alors une rare mise au jeu et Duclair, du cercle, égalise au buzzer, sans même contrôler le palet, avec l’aide involontaire de la déviation de Whitecloud (2-2).
Vegas par K.O.
Le dernier tiers débute par une série de banderilles des Panthers, rapides et collectifs à travers la neutre. Les visiteurs dominent ces premières minutes et continuent à appuyer leurs attaques. Le trio Duclair-Barkov-Verhaeghe met le feu dans la défense, sans réussite. Et se fait prendre en contre. Jack Eichel décolle et sert Ivan Barbashev, qui voit son occasion repoussée par Bobrovsky. Mais l’attaquant de Vegas conserve le palet et sert en retrait Whitecloud. Le défenseur trouve la cible en profitant d’un écran malheureux de Duclair (3-2).
À la reprise, Nicolas Roy est sanctionné pour une faute sur Sam Reinhart. La défense repousse bien les tentatives, sans concéder de tir dangereux. Le jeu de puissance s’inverse lorsque Eric Staal est puni à son tour. Vegas n’en profite pas.
Mais les Knights sont dans un temps fort. Après une première chance où Stephenson cherche Stone dans le slot – Bennett parvient à contrer – le capitaine de Vegas intercepte entre les cercles, mi-hauteur, un dégagement de Florida, et ajuste la lucarne. La révision vidéo est demandée par les visiteurs afin de savoir si le palet a été joué au-dessus de la hauteur de l’épaule. Les officiels valident le but, et les Panthers reçoivent une pénalité pour ce « coaching challenge » perdu (4-2).
Bobrovsky est sous pression : sa mitaine tient le choc sur un tir de Marchessault dans l’axe après un bon jeu de passe des joueurs du coach Bruce Cassidy. La pénalité est presque tuée, lorsqu’à quelques secondes de la fin les joueurs en viennent à nouveau aux mains. S’ensuivent de longues minutes de discussions entre les arbitres, les entraîneurs et la table de marque afin de clarifier la situation. Bennett prend deux minutes, Tkachuk reçoit quatre minutes pour dureté et une méconduite. Chandler Stephenson écope de deux minutes et d’une méconduite. Il reste quatre minutes à jouer, en supériorité de Vegas.
La défense tient et une longue relance de Montour trouve Reinhart, seul devant Hill. Le gardien étire la jambière et sauve son camp d’un souffle. Bobrovsky en a profité pour laisser sa place à un attaquant, mais cela ne profite pas aux Panthers. Reilly Smith trouve la cage vide (5-2). Radko Gudas se rend coupable d’un mauvais geste sur le buteur et sort à son tour pour méconduite.
Vegas remporte donc la première manche d’une rencontre serrée, où les deux équipes se sont rendu tir pour tir, et poteau pour poteau. Le gagnant du match 1 est à 76% de victoire finale dans l’histoire de la NHL. Mais Florida en a renversées, des montagnes… Rien n’est fait avant le match 2, lundi à Vegas.
Vegas Golden Knights – Florida Panthers 5-2 (1-1, 1-1, 3-0)
Samedi 3 juin 2023, 19h. T-Mobile Arena de Vegas, 18 432 spectateurs.
Finale de la coupe Stanley, match 1. Vegas mène la série 1-0.
Arbitrage de Wes McCauley et Dan O’Rourke assistés de Jonny Murray et Scott Cherrey
Pénalités : Vegas 18′ (2′, 2′, 14′), Florida 46′ (4′, 2′, 40′)
Tirs : Vegas 34 (7, 14, 13=, Florida 35 (9, 14, 12)
Récapitulatif du score
0-1 à 09’40 : E. Staal assisté de Lundell (inf. num.)
1-1 à 17’18 : Marchessault assisté de Stephenson et Theodore (sup. num.).
2-1 à 30’54 : Theodore assisté de McNabb et Howden
2-2 à 39’49 : Duclair
3-2 à 46’59 : Whitecloud assisté de Barbashev et Eichel
4-2 à 53’41 : Stone
5-2 à 58’15 : Smith assisté de Eichel (sup. num., cage vide)
Vegas Golden Knights
Attaquants :
Ivan Barbashev – Jack Eichel (+1) – Jonathan Marchessault (+1)
Brett Howden (+1) – Chandler Stephenson (12′, +1) – Mark Stone (C, +1)
Reilly Smith (A, -1) – William Karlsson (-1) – Michael Amadio
William Carrier (2′) – Nicolas Roy (2′, -1) – Keegan Kolesar
Défenseurs :
Alec Martinez – Alex Pietrangelo (C, -1)
Brayden McNabb – Shea Theodore (2′, +1)
Nicolas Hague (+2) – Zach Whitecloud (+1)
Gardien :
Adin Hill
Remplaçant : Jonathan Quick (G). Réservistes : Brendan Brisson (A), Lukas Cormier (D), Dysin Mayo (D), Kaedan Korczak (D), Phil Kessel (A), Pavel Dorofeyev (A), Ben Hutton (D), Paul Cotter (A), Jonas Røndjberg (A), Byrson Froese (A), Teodors Blugers (A), Brayden Pachal (D), Isaiah Saville (G), Jiri Patera (G), Logan Thompson (G, bas du corps), Laurent Brossoit (G, bas du corps), Nolan Patrick (A, haut du corps), Robin Lehner (G, hanche).
Florida Panthers (2′ pour retard de jeu)
Attaquants :
Carter Verhaeghe (-1) – Aleksander Barkov (C, -1) – Anthony Duclair (-1)
Nick Cousins (2′, -1) – Sam Bennett (12′, -1) – Matthew Tkachuk (A, 14′, -1)
Ryan Lomberg – Anton Lundell (+1) – Sam Reinhart
Colin White – Eric Staal (2′, +1) – Zac Dalpe
Défenseurs :
Gustav Forsling – Aaron Ekblad (A)
Marc Staal (-1) – Brandon Montour (+1)
Josh Mahura (4′, -1) – Radko Gudas (10′, -1)
Gardien :
Sergei Bobrovsky
Remplaçant : Alex Lyon (G). Réservistes : Matt Kiersted (D), Casey Fitzgerald (D), Grigori Denisenko (A), Aleksi Heponiemi (A), Mackie Samoskevich (A), Connor Bunnaman (A), Eetu Luostarinen (A, convalescent), Lucas Carlsson (D), Patrick Giles (A), Mike Benning (D), John Ludvig (D), Givani Smith (A), Santtu Kinnunen (D), Calle Sjalin (D), Mack Guzda (G), Evan Fitzpatrick (G), Patric Hörnqvist (A, commotion), Spencer Knight (G, raisons personnelles)