Les Brûleurs de Loups ont réussi mardi l’exploit inattendu de l’emporter à Rouen (6-3) lors des ¼ de finale de la coupe de France. Une victoire qui leur permet d’espérer encore de conserver leur trophée et d’éloigner le spectre de la saison blanche après le cuisant échec de la Coupe Continentale. Grenoble recevra Amiens le 19 décembre en demi-finale avec en ligne de mire la finale de Bercy en janvier. Après cette victoire surprise en terre normande (la première face aux Dragons depuis le match 2 de la finale de la saison dernière soit depuis 6 matchs si l’on fait exception du match de préparation gagné fin août), le retour en Ligue Magnus a été difficile. Les Brûleurs de Loups se sont inclinés vendredi (3-4 après prol.) à Nice, une défaite inattendue qui montre que la santé des Isérois depuis le départ de Jyrki Aho reste fragile malgré les trois victoires précédentes.
Une réaction est attendue aujourd’hui face aux Jokers, une équipe qui rappelle des mauvais souvenirs aux Grenoblois qui lors de la première journée avaient laissé échapper une avance de 3-0 à l’Aren’Ice pour s’incliner 3-4. Une défaite qui avait fragilisé le début de saison des Brûleurs de Loups qui ont une revanche à prendre ce soir. Les Jokers restent sur une belle victoire vendredi contre Gap (6-3) après s’être inclinés il y a une semaine à Bordeaux (3-4 après prolongations). Du côté grenoblois, Adel Koudri, Charles Schmitt et Lucien Onno sont toujours à l’infirmerie.
Cette rencontre se déroule dans le cadre festif de l’anniversaire du club : les Brûleurs de Loups, fondés en 1963, fêtent leurs 60 ans cette année et arborent un maillot spécial cette saison à cette occasion. De nombreux anciens joueurs de toutes les générations ont été invités à fêter l’événement et posent pour une photo souvenir en début de rencontre.
Peu de temps après le coup d’envoi, les Brûleurs de Loups se ruent à l’assaut de la cage des visiteurs avec une première action chaude mais Cergy réagit avec un contre emmené par Gueurif qui sert Gegeris lequel prend un bon lancer dans l’axe, détourné par Stepanek.
Le ton est donné dans cette rencontre. Hardy puis Deschamps arrivent à s’approcher tout près de la cage gardée par Ylönen mais le portier de l’équipe de France ferme la porte. Le jeu est équilibré et même si les Jokers n’arrivent pas à se montrer dangereux sur la cage de Stepanek, ils contiennent assez bien les Brûleurs de Loups. Mais sur une erreur de relance de Raphaël Faure directement sur Damien Fleury, l’addition se paie cash : l’attaquant grenoblois, seul face à la cage, ouvre le score (1-0, 08’26).
Les Brûleurs de Loups n’en demandaient pas tant et ils continuent de faire le jeu en zone offensive. Un tir lointain de Dorey crée tout de même le danger sur la cage grenobloise mais Baillargeon n’arrive pas à reprendre le palet. Un bon jeu entre Farnier et Bachelet crée le danger autour du slot cergypontain. Les Grenoblois travaillent beaucoup en zone offensive. Une faute sur Rouhiainen est appelée contre Barber ce qui permet à Grenoble de faire entrer un attaquant supplémentaire sur la glace. Et après une bonne circulation du palet en zone offensive à 6 contre 5, Deschamps transmet à Lavoie qui remet sur Treille devant la slot et le capitaine grenoblois ajuste Ylönen à bout portant (2-0, 14’18).
Les Brûleurs de Loups gèrent tranquillement leur avance face à des Jokers volontaires mais qui n’arrivent pas à créer de différence. à l’inverse, les Grenoblois amènent souvent le danger près du slot, avec Farnier puis Aubin. En fin de tiers, Coulombe parvient tout de même à solliciter Stepanek sur un tir du revers mais ce sont les Grenoblois qui rentrent au vestiaire sur une avance confortable.
Olivier Richard remplace temporairement Sebastian Ylönen devant la cage cergypontaine. Une relance de Crinon pour Treille est interceptée par Barber qui s’en va battre Stepanek de près (2-1, 20’08). Les Brûleurs de Loups sont cueillis à froid et doivent repartir à l’offensive. Lavoie envoie Aurélien Dair face à Oliver Richard mais il ne parvient pas à maîtriser la rondelle. Une bonne intervention du portier remplaçant des Jokers qui laisse dans la foulée sa place à Ylönen, revenu devant la cage après un petit souci d’équipement. Cergy reste présent en attaque alors que Baillargeon hérite du palet dans l’axe et prend un bon lancer bloqué par Stepanek. Baillargeon et Racine s’accrochent dans la foulée derrière la cage grenobloise et sont envoyés en prison.
Les débats sont équilibrés en ce début de deuxième tiers. Hämäläinen s’approche de la cage mais sur un contre Aurélien Dair se présente en bonne position avant de se heurter à Ylönen. Les contre-attaques des Jokers sont redoutables également : Limtong trouve le poteau sur un 2 contre 1, l’égalisation était proche. Mais le palet va d’une cage à l’autre et sur la relance, Deschamps se présente seul face à Ylönen mais le portier cergypontain remporte le duel. Aubin récupère le palet à la limite de la ligne bleue, il part défier Ylönen mais il est accroché irrégulièrement par Coulombe. C’est la première supériorité numérique du match. Le palet circule en zone offensive, Fleury prend un lancer mais Grenoble n’arrive pas à trouver de décalage. Finalement, sur une entrée en zone rapide, Dair décale vers Treille sur la gauche lequel prend un tir croisé qui passe au-dessus de la mitaine d’Ylönen pour finir en lucarne (3-1, 28’16).
Ce beau réalisme en supériorité numérique donne de l’air aux Brûleurs de Loups. Les Grenoblois continuent d’attaquer en installant le jeu en zone offensive. Deschamps centre pour Lyubimov devant la cage qui dévie le palet avant de reprendre son propre rebond mais Ylönen réalise deux arrêts consécutifs. Les esprits s’échauffent suite à cette action avec une friction entre Lyubimov et Melin et une réaction excessive d’Ylönen envers Fleury. Cela entraîne une supériorité numérique pour Grenoble. Le power-play grenoblois, efficace jusqu’à présent, essaie de s’installer rapidement. Après une bonne circulation de palet, Farnier décale Treille qui dévie victorieusement (4-1, 30’42). C’est un triplé pour le capitaine grenoblois, en complète réussite ce soir. Et c’est aussi le troisième but marqué en supériorité numérique. Cette fois les Isérois prennent un avantage significatif au tableau d’affichage.
Les Jokers essaient de se relancer, Hämäläinen tente de s’approcher de la cage et parvient à prendre un lancer. Puis c’est au tour de Limtong de tenter sa chance. Ce temps fort de Cergy est récompensé par un but de Baillargeon, idéalement servi dans l’axe par Coulombe alors que la défense grenobloise était absente au marquage (4-2, 34’18). Aubin essaie de relancer Grenoble à l’offensive mais son tir est repoussé par Ylönen. Lamarche tente sa chance de loin, Ylönen renvoie sur Fleury qui prend le rebond, sans succès. Fleury est pénalisé pour un coup de genou. Le boxplay grenoblois souffre pendant cette première infériorité numérique, Stepanek bloque le palet sur un lancer de Coulombe. Grenoble maintient son avance au tableau d’affichage à la deuxième pause après une période fertile en buts.
Les Jokers peuvent encore espérer mais ils font face à une défense grenobloise bien présente qui tente de bloquer le jeu en zone neutre. Lamarche remonte le palet pour servir Brent Aubin dont le lancer est bloqué par Ylönen. Mais les Grenoblois tergiversent en défense sur un palet perdu entre Crinon et Rouhiainen. Les Jokers sont tout près d’inscrire le troisième but mais Stepanek plonge pour bloquer le palet. Les Isérois laissent jouer leurs visiteurs dans ce troisième tiers, un jeu dangereux. Torrel reçoit un palet devant le slot sur un très beau service de Hämäläinen mais il ne parvient pas à contrôler. Les Brûleurs de Loups essaient de retrouver la zone offensive avec Aurélien Dair. Une obstruction de Fleury qui donne l’occasion à Cergy de revenir à un but. Les Jokers installés n’arrivent pas à trouver de position de tir. Ils sont repoussés par un boxplay grenoblois très efficace. Deschamps glisse le palet à Lyubimov à la ligne rouge, ce dernier s’offre un petit festival au milieu de la défense cergypontaine en passant en revue trois joueurs pour finalement battre Ylönen (5-2, 49’27). Un petit bijou qui donne un gros bol d’air aux Grenoblois à dix minutes de la fin.
Dès lors, un retour des Jokers semble peu probable mais les deux équipes continuent de s’employer et sollicitent les gardiens, avec Torrel d’un côté puis Farnier de l’autre. Hämäläinen tente sa chance sur une grosse accélération. Une crosse haute de Treille permet à Cergy d’obtenir une nouvelle supériorité numérique. Le power-play cerypontain tente une nouvelle fois de réduire l’écart mais c’est finalement Aurélien Dair qui obtient la meilleure opportunité sur une contre-attaque. Les Grenoblois s’acheminent vers une fin de match tranquillement gérée jusqu’au coup de sirène.
Les Brûleurs de Loups fêtent leurs 60 ans avec une victoire au terme d’une rencontre maîtrisée de bout en bout. Avec deux buts d’avance à l’issue de la première période, les Grenoblois avaient fait ce qu’il fallait pour ne pas se faire de frayeurs. Encore fallait-il ne pas se faire remonter comme lors du match aller. Cela fut fait grâce à une grosse efficacité des unités spéciales qui ont fait la différence soir. On retiendra le triplé du capitaine Sacha Treille et le but exceptionnel de Roman Lyubimov qui commence de plus à plus à trouver ses marques aux côtés de Deschamps et Fleury. De bon augure avant un deuxième déplacement à Rouen en l’espace d’une semaine, cette fois pour le compte de la Ligue Magnus. Une nouvelle victoire serait souhaitable afin de continuer à grappiller des points sur Angers et Rouen, les deux leaders.
Les Jokers n’ont pu rééditer l’exploit du match aller avec une « remontada » au troisième tiers-temps. Malgré des débuts timides (seulement trois tirs cadrés au premier tiers), ils ont réussi à rester au contact en se montrant opportunistes au deuxième tiers, profitant des errements défensifs grenoblois. Mais ils ont été plombés par un jeu en infériorité numérique catastrophique et leur dernière supériorité numérique a mis fin à leurs derniers espoirs avec un but encaissé. Malgré tout, à trois lignes, les Jokers ont plutôt bien résisté à cinq contre cinq, en soutenant la comparaison avec leurs hôtes. Plutôt encourageant avant de recevoir Briançon mardi contre qui il faudra prendre des points afin de consolider leur place dans le Top 8.
Désignés meilleurs joueurs du match : Sacha Treille (Grenoble) et Alex Barber (Cergy-Pontoise)
Commentaires d’après-match :
Edo Terglav (co-entraîneur de Grenoble) : « On voulait une bonne réaction après la défaite de vendredi. C’était un match correct, on a bien joué défensivement, on n’a donné que 15 tirs mais on a laissé Nice dans le match alors qu’en première période on aurait pu marquer un ou deux buts de plus… Aujourd’hui on voulait voir encore cette implication défensive, être sérieux, faire les petites choses bien. Même aujourd’hui, on essaie de trop faire au lieu de mieux gérer le match, mais dans l’ensemble du match on a eu une bonne intensité, on a bien contrôlé le palet. On marque quand même cinq buts, c’est déjà bien. C’est une équipe qui a récupéré quelques joueurs de blessure, qui est très bonne sur les transitions donc on ne voulait pas leur donner la vitesse… Notre jeu, c’était vraiment de jouer plus vite qu’eux et d’être plus agressifs sur le porteur. On a marqué les buts sur avantage numérique, c’est ça qui nous a fait du bien. Il y a encore beaucoup de détails à corriger mais je suis satisfait de ce que les gars ont fait aujourd’hui. C’est bien pour Sacha [de marquer un triplé], il a eu un match difficile à Nice, il a perdu une dent. Il s’est fait bousculer un peu, il n’était même pas sûr de jouer aujourd’hui. Sacha, il pense vraiment en premier à l’équipe avant lui, il montre vraiment l’exemple journée après journée, il joue de la bonne façon. Les fans regardent les buts mais pour Lyubimov je regarde plus tout ce qu’il fait à côté, l’implication. Défensivement, il bloque les shoots, il est toujours à fond, il joue pour l’équipe… Quand on a gagné à Rouen, c’était lui le joueur du match et il a dit ‘ici on est une famille’. Il pense vraiment au collectif, il pense que l’équipe peut aller très loin, pas les joueurs tout seuls… Donc il a cette mentalité là et comme pour Sacha, il amène ces choses positives, il amène l’exemple. Ça nous a fait énormément de bien de l’avoir avec nous parce qu’avec son CV on pourrait se dire qu’il n’arrive en France pas avec la bonne mentalité mais lui c’est le contraire. Dans tout ce qu’il fait, il montre l’exemple. Nick et Damien commencent à être vraiment à l’aise de jouer ensemble aussi avec Roman, ils produisent à tous les matchs. La ligne de Matias Bachelet commence à se trouver aussi, à ce niveau-là, ils produisent mais ils arrivent à être plus réguliers et jouer mieux défensivement, c’est bien avec Brent qui est un peu plus vieux, le vétéran sur la ligne et Loïc. Je trouve que tout le monde trouve sa place un peu plus, son rôle. Je trouve que l’équipe va bien présentement. Tous les matchs contre Rouen ou Angers, nos adversaires directs pour le classement, sont des matchs à six points. Eux le savent, nous aussi… Là on voit qu’Angers perd 3-0 aujourd’hui et si mardi on va chercher les points, ça mélange les cartes. Et les gars le savent, c’est même eux qui l’ont dit… C’est important qu’on finisse avant la trêve de façon positive. »
Aurélien Dair (attaquant de Grenoble) : « C’était important de gagner après le revers à Nice. Et quand il y a un événement comme ça, ça fait toujours plaisir d’avoir une victoire. Je pense qu’on a été très bons défensivement, on est resté pas mal de temps en attaque. On prend un but un peu bête mais ça arrive, c’est la loi du sport. mais On a fait un match pas complet mais un très bon match quand même. C’est cool pour Sacha, après j’espérais qu’il en mette un quatrième, c’est pas grave mais je suis très content pour lui, ça fait toujours du bien au moral. À Rouen, on s’attend à une grosse réaction, surtout du public, c’est vrai que c’est toujours cool d’aller jouer là-bas parce qu’on n’est pas trop aimés donc c’est toujours vraiment une bonne ambiance… Ça va être le même match qu’en coupe de France, il va falloir aller chercher maintenant les trois points pour le championnat mais je pense qu’on sera attendus dès la première minute. C’est une patinoire où il y a beaucoup de bruit, où ça résonne beaucoup mais personne n’est invincible dans le championnat… On reste toujours dans le haut de tableau, c’est notre objectif mais la ligue commence à augmenter au niveau du hockey, c’est cool de voir des équipes comme Marseille ou Amiens qui performent, tout le monde monte en puissance et c’est plutôt cool. Avoir un championnat homogène, c’est vraiment bien. Les matchs de coupe de France, c’est la magie de ce sport… En un match tout est possible, au bout de sept matchs ce ne serait peut-être pas le même résultat mais en coupe de France, on s’en fiche de ce qui va se passer derrière, c’est 60 minutes à fond et les équipes de D1 ont pris des belles opportunités, c’est vraiment cool aussi. Je ne connais pas tous les anciens joueurs, c’est vrai qu’ils étaient beaucoup ce soir mais j’en connais deux trois de nom. Après, je ne suis pas venu beaucoup à la patinoire, j’étais plus à Chambéry… Il y a des noms qui me reviennent quand je suis venu ici vers 9-10 ans, sans plus mais c’était cool de faire connaissance avec eux. On parle la même langue, ils savent ce que c’est le hockey donc c’est plaisant ! »
(Photos de Philippe Crouzet et Emmanuel Giraudeaux)
Grenoble – Cergy-Pontoise 5-2 (2-0, 2-2, 1-0)
Dimanche 3 décembre 2023 à 15h15 à Pôle Sud. 4014 spectateurs.
Arbitrage de Benjamin Scolari et Raphaël Rohwedder assistés de Vincent Zede et Guillaume Barthe
Pénalités : Grenoble 10’ (0’, 6’, 4’), Cergy-Pontoise 8’ (0’, 8’, 0’)
Tirs : Grenoble 28 (10, 12, 6), Cergy-Pontoise 24 (3, 15, 6)
Engagements : Grenoble 31 (11, 10, 10), Cergy-Pontoise 25 (7, 8, 10)
Évolution du score :
1-0 à 08’26 : Fleury
2-0 à 14’18 : Treille assisté de Lavoie et Deschamps
2-1 à 20’08 : Barber
3-1 à 28’16 : Treille assisté de A.Dair et Rouhiainen (sup. num.)
4-1 à 30’42 : Treille assisté de Farnier et Hardy (sup. num.)
4-2 à 34’18 : Baillargeon assisté de Coulombe et Limtong
5-2 à 49’27 : Lyubimov assisté de Deschamps et Hardy (inf. num.)
Grenoble
Attaquants :
Roman Lyubimov (2’) – Nicolas Deschamps (A) – Damien Fleury (A) (4’)
Sacha Treille (C) (2’) – Alexandre Lavoie – Aurélien Dair
Loïc Farnier – Matias Bachelet – Brent Aubin
Flavian Dair – Julien Munoz
Défenseurs :
Pierre Crinon – Jere Rouhiainen
Kyle Hardy – Maxim Lamarche
Jonathan Racine (2’) – Timothée Quattrone
Gardien :
Jakub Stepanek
Remplaçant : Raphaël Garnier (G). Absents : Adel Koudri (psoas), Charles Schmitt (adducteurs), Lucien Onno (scaphoïde).
Cergy-Pontoise
Attaquants :
Gage Torrel – Aleksi Hämäläinen (A) – Alex Barber
Emils Gegeris – Robert Baillargeon (2’) – Théo Gueurif
Sayam Limtong– Tristan Crozier – Louis Petit
Défenseurs :
Patrick Coulombe (C) (2’) – Daniels Gorsanovs
Aurélien Dorey – Raphaël Faure (A)
Vincent Melin (2’) – Nikita Shalei
Gardien :
Sebastian Ylönen (2’) [Olivier Richard de 20’00 à 22’27]
Remplaçants : Tomas Pardo, Eliott Bourgoin. Absents : Philéas Perrenoud, Colin Delatour.