Pour ce dernier match de l’année 2023, le hasard du calendrier offre au public de la patinoire Charlemagne un derby entre ses protégés et les Renards de Roanne. Toujours derniers de la poule B, les Lions montrent des signes d’amélioration depuis quelques semaines. Vainqueurs de 2 de leurs 4 dernières rencontres, les hommes de Damien Raux ne sont pas passés loin d’un résultat le samedi précédent face au leader HCMP (2-2 après 40 minutes) avant de céder à leur mal depuis de le début de la saison – l’indiscipline (26 minutes de pénalité) – et de concéder le but de la victoire en infériorité numérique. La clé du succès pour les Lyonnais résidera ainsi dans leur capacité à rester à égalité numérique, face à un adversaire qui excelle dans le jeu en powerplay.
En effet, les Renards convertissent 40,5% de leurs jeux de puissance, un ratio stratosphérique supérieur de 10 points à la 2e meilleure équipe dans l’exercice (à savoir Montpellier avec 30,4%). À l’inverse, le penalty killing de Lyon n’est que le 18e (sur 20) et a déjà encaissé la bagatelle de 18 buts en infériorité, soit le plus haut total de la division…
Les artificiers lettons de Roanne se mettent rapidement en évidence. Dès la première minute de jeu, Baskatovs remporte une mise en jeu à la droite du but lyonnais et remet en arrière à Visockis qui dégaine sur réception mais Clément Ginier détourne de la botte. Sur l’attaque suivante, Visockis renverse vers Lydéric Puravet qui ajuste l’extérieur du montant de la cage. Puni pour faire trébucher, Monnier offre à Lyon sa première supériorité numérique. Elabiev se défait de son défenseur le long de la bande et renverse vers Tomko qui peut s’avancer et profiter de l’écran offert par Lamothe pour loger le palet hors de portée de Depanian (1-0, 3’14’’). Roanne réagit par l’intermédiaire de Loppatto qui décale Ouimet mais Clément Ginier pare d’un déplacement latéral. Les ligériens commencent à prendre l’ascendan. Raux adresse un tir que le portier des Lions ne peut capter. Monnier se rattrape de sa pénalité qui a coûté l’ouverture du score et capitalise sur le rebond pour l’égalisation (1-1, 7’08’’).
Roanne démontre sa rapidité à se projeter en avant, Thonnessen sert un café-crème à Szélig en contre et oblige Clément Ginier à la parade. Le gardien lyonnais est encore sollicité sur un débordement de Raux. Il faut attendre la mi-match pour voir les locaux parvenir à s’installer durablement en zone offensive. Franzino trouve Kulha, mais sa reprise de volée échoue sur Depanian. La combinaison entre Baravaglio, Vafin et Elabiev ne trouve pas meilleur sort. Très remuant en contre, Ouimet se défait de son défenseur et s’échappe seul face à Clement Ginier. Le gardien des Lions détourne d’un poke-check mais Robert est pénalisé sur la séquence. Le jeu de puissance roannais fait le siège de la cage lyonnaise avec notamment beaucoup de trafic dans l’enclave, sans pour autant trouver le fond du filet. Alors que le jeu est revenu à égalité depuis quelques secondes, Bonnefond repère Ouimet libre de tout marquage. Le Québécois ne manque pas l’occasion d’inscrire sa 9e réalisation de l’exercice (1-2, 14’14’’). La fin de tiers est un peu à l’avantage des Lions, mais ni Kulha de volée, ni Filippi à 45° ou encore Baravaglio en débordement ne parviennent à trouver la faille.
Le deuxième tiers n’est commencé que depuis quelques secondes, que Kulha déborde et centre fort devant la cage. Baravaglio pose sa crosse au bon endroit et ouvre son compteur personnel cette saison (2-2, 20’21’’). Sonnés, les Roannais encaissent le 3-2 deux minutes plus tard. Tomko envoie Kulha en contre. Le Slovaque délivre un caviar à Franzino (3-2, 22’08’’). Une minute plus tard, la défense de Roanne oublie Vafin seul dans l’enclave mais Depanian détourne de l’épaule. On retrouve l’attaquant russe peu après : il est à l’initiative d’un tir que Lamothe dévie. Depanian fait l’arrêt mais accorde le rebond, le palet reste vivant et fini par ressortir pour Elabiev qui loge le palet en hauteur (4-2, 25’56’’). Le changement de physionomie du match est total : dominés au premier tiers, les Lyonnais survolent ce début de tiers. Baskatovs se charge de secouer les siens : il récupère un palet dans sa propre zone, passe en revue toute la défense lyonnaise – qui le regarde jouer – repique vers le centre et conclue son solo en plaçant la rondelle dans la lucarne (4-3, 29’50’’).
Ce but galvanise les visiteurs qui entament un long temps fort, sans pour autant parvenir à égaliser. Pire, ils se font surprendre en contre : Vafin décale Estienne pour le 5-3 (34’21’’). Les spectateurs de Charlemagne ont à peine le temps de se rassoir qu’intervient le sixième but de leurs protégés. Filippi prend de vitesse deux Roannais pour récupérer un palet le long de la bande et s’offrir un-contre-un. Sa feinte ne trompe pas Depanian mais Petrozzi qui a bien suivi l’action marque sur le rebond (6-3, 34’43’’). Le match est décidément fou : les Lions sont laxistes au marquage et oublient Bonnefond qui expédie le palet sous le bras de Clément Ginier (6-4, 35’20’’).
La tension augmente sur la glace, un début d’altercation éclate entre Lamothe et Rama. Le défenseur roannais est puni pour deux minutes supplémentaires sur l’action laisse son équipe à court d’un homme sur la glace. Franzino et Romain Ginier mettent la table pour Vafin qui nettoie la lucarne de Depanian (7-4, 37’08’’). Incroyable scénario entre Rhône et Saône, où les Lyonnais, peu habitués aux festins offensifs depuis le début de la saison (seulement 29 buts marqués – dont 9 sur le seul match face à Montpellier – en 10 rencontres avant ce soir) ont passé 6 buts en 20 minutes au cador roannais et totalement renversé la physionomie du match. Et encore, sans deux errements défensifs qui leur ont coûté autant de buts, l’écart au tableau d’affichage aurait pu être encore plus important.
Les Lyonnais restent à la manœuvre en début de 3e tiers. Kulha travaille derrière la cage et relaie vers Baravaglio qui ne trouve pas la faille à bout portant, puis Vafin déculotte Haaser mais butte sur Depanian. Roanne réagit par une tentative lointaine de Lydéric Puravet qui échoue sur la botte de Clément Ginier. Le jeu devient plus débridé mais également plus imprécis. À la 47e minute, Baskatovs raffute Robert et part en breakaway. Il est coupé illégalement dans son élan par Petrozzi. Le jeu de puissance toannais se met en place et cherche le one-timer de Visockis depuis le point d’engagement mais la défense lyonnaise ne lui donne pas de ligne de tir. Les hommes d’Éric Sarliève se montrent plus pressants et poussent les Lions à la faute. La cinquième supériorité numérique des Renards sera la bonne : Ouimet remporte son engagement en zone offensive et décale Haaser pour réduire le score à 7-5 (52’56’’).
Le matelas de 3 buts d’avance à l’orée du dernier tiers sera-t-il suffisant pour les pensionnaires de Charlemagne ? On se met à douter tant les Lyonnais semblent émoussés par leur débauche d’efforts. Vafin part en rush, effectue un tour de cage mais c’est Haaser qui réceptionne sa passe et envoie en orbite Ouimet qui réduit l’écart (7-6, 55’21’’). Stupeur dans les rangs des spectateurs, le momentum penche clairement du côté de Roanne. La tension est à son comble lorsque Carrichon déséquilibre Baskatovs avec un moins de 3 minutes à jouer, mais Lyon tient le temps de la pénalité. Baskatovs passe proche de l’égalisation dans les dernières secondes mais c’est bien Lyon qui s’adjuge le derby et confirme son regain de forme.
Illustrations de Mathieu Weingaertner (weingaertner.photos)
Lyon – Roanne 7-6 (1-2, 6-2, 0-2)
Samedi 16 décembre 2023 à 19h30 à la patinoire Charlemagne. 1478 spectateurs.
Arbitres : Alexis Gabrit assisté de Thomas Caillot et de Timothée Maudet
Pénalités : Lyon 12’ (4’, 2’, 6’) ; Roanne 10’ (4’, 6’, 0’)
Évolution du score :
1-0 à 03’14’’ : Tomko assisté d’Elabiev et Lamothe (sup. num.)
1-1 à 07’08’’ : Lamothe assisté de Raux et Gambier
1-2 à 14’14’’ : Ouimet assisté de Bonnefond
2-2 à 20’21’’ : Baravaglio assisté de Kulha et Elabiev
3-2 à 22’08’’ : Franzino assisté de Kulha et Tomko
4-2 à 25’56’’ : Elabiev assisté de Tomko et Lamothe (sup. num.)
4-3 à 29’50’’ : Baskatovs assisté de Villand
5-3 à 34’21’’ : Estienne assisté de Vafin et R. Ginier
6-3 à 34’43’’ : Petrozzi assisté de Guennelon et Elabiev
6-4 à 35’20’’ : Bonnefond assisté de Haaser et L. Puravet
7-4 à 37’08’’ : Vafin assisté de R. Ginier et Franzino (sup. num.)
7-5 à 52’56’’ : Haaser assisté de Ouimet (sup. num.)
7-6 à 55’21’’ : Ouimet assisté de Haaser
Lyon
Attaquants :
Martin Kulha – Aloïs Franzino (-1) – Mattéo Baravaglio
Romain Ginier (-1) – Jonathan Estienne – Ranel Vafin
Léo Filippi – Hugo Petrozzi (-1) – Benjamin Robert (-1, 2’)
Défenseurs :
Slavomir Tomko (2’) – Clément Guennelon (2’)
William Lamothe (2’, +1) – Florian Portier
Xavier Carrichon (-1, 2’) – Deni Elabiev (-1)
Marcell Szélig
Gardien :
Clément Ginier
Remplaçants : Sydney David-Thivent (G), Andrea Bost, Hugo Gaillochet. Absents : Carl Månsson (malade), Lucas Chautant, Pavel Alexandre Voitik, Rémi Mouret, Maxence Dopeux (blessé)
Roanne
Défenseurs :
Lucas Turlure (-2) – Joris Rama (-2, 4’)
Lydéric Puravet (+2) – Romain Bonnefond (+3)
Sulyvan Puravet – Allan Villand
Thomas Ravanel
Gardien :
Matthieu Depanian [sorti de 59’41’’ à 60’00’’]
Remplaçant : Timothée Cachard (G). Absents : Juris Upītis, Souleymane Oulmantich