Comme chaque hiver vient le moment d’aller se plonger dans la chaleur du hockey allemand. Une balade bavaroise permet de passer par Munich, incontournable, et ensuite d’aller découvrir une très belle ville qui a gardé ou reconstruit les vestiges d’un centre médiéval de toute beauté. Nuremberg, avec plus de 500 000 habitants, est la deuxième cité de Bavière et un site historique important. Il s’agit de l’une des capitales du Saint Empire germanique bâtie autour d’une forteresse de l’an Mille. Au moyen âge, elle devient une place financière et un centre métallurgique important qui attire les armuriers et les orfèvres de toute l’Allemagne. Le développement économique continue avec l’ouverture entre Nuremberg et Fürth de la première ligne ferroviaire allemande en 1835.
Plus sombre, la cité a servi de base politique pour le régime nazi d’Hitler mais a également été le lieu de jugement de tous les crimes des dirigeants nazis en 1945. La reconstruction de la ville a été achevée en 1966.
Le hockey sur glace à Nuremberg a atteint le plus haut niveau sur le tard. Le hockey voit le jour en 1910 avec le HTC, un club de tennis, de hockey sur glace et hockey sur gazon. Entre temps, un autre club se constitue avec le HG Nuremberg en 1920 qui atteint la phase finale du tournoi national en 1937. Le club poursuit son activité commune avec le handball jusqu’en 1965, où le département hockey est cédé au nouveau SG Nuremberg.
Le SG fondé en 1959 devient la référence du hockey dans la ville en faisant partie du trio de tête dans les années 1960 dans l’Oberliga, le deuxième niveau national. La fin de parcours se situe en 1980, avec la banqueroute financière qui met fin à cette aventure. Immédiatement, d’anciens membres du SG fondent l’EHC80 en repartant au plus bas niveau en Bayernliga. La remontée se fait par étape en atteignant la deuxième Bundesliga en 1988. Le Canadien Paul Geddes marque son passage et reste comme l’un des joueurs majeurs de Nuremberg (238 matchs – 237 points). L’équipe atteint par deux fois les demi-finales de Bundesliga 2. En 1994 l’Allemagne voit la création de la DEL, la nouvelle ligue professionnelle à laquelle l’EHC 80 est intégrée. Le groupe s’appuie sur deux flèches offensives Otto Sýkora et Jiří Doležal sr. Au bout d’une saison, une société professionnelle est créée, la Nürnberg Ice Tigers Gmbh. L’EHC se consacre au hockey mineur.
Les Ice Tigers s’appuient sur le gardien Roman Turek, et Paul Geddes en particulier. La franchise atteint deux fois la finale de DEL en 1999 et 2007, deux fois perdues contre les Adler de Mannheim. C’est Patrick Reimer qui devient le joueur phare représentant l’honneur du hockey à Nuremberg. Fidèle et humain, il a préféré associer plaisir et fidélité au lieu d’aller chercher un titre dans un club majeur.
Plus en difficulté ces dernières saisons, les Ice Tigers restent une franchise compétitive et ont marqué le hockey allemand. Patrick Reimer est devenu le meilleur marqueur de tous les temps du club (591 parties – 528 points) et a pris une place importante en équipe nationale. Enfin les deux Canadiens Martin Jiranek et Steven Reinprecht ont laissé une marque historique dans l’histoire du hockey à Nuremberg.
Après la visite de la ville et l’histoire, il est temps de s’avancer vers la patinoire. Nuremberg vient de remonter (à la faveur de la chute libre de Francfort) à la dixième place au classement, la dernière qualificative en play-offs, et accueille une équipe de Mannheim en difficulté qui se retrouve à une neuvième place pas habituelle. Si les Adler sont amputés de quatre joueurs majeurs comme Matthias Plachta, Linden Vey, Kris Bennett, et enfin le suspendu David Wolf, les mauvais résultats ne sont pas dus uniquement à cela. La présidence du club a engagé un profond nettoyage de l’équipe à l’intersaison. La direction a par la suite été balayée à l’automne avec le renvoi du coach Johan Lundskog, de son assistant Jeff Hill et du manager Jan Axel Alavaara.
Dallas Eakins, le nouvel entraineur-chef américain, dont le parcours NHL n’a pas prouvé des remontées probantes de franchises, est recruté pour remettre l’équipe sur les rails. Si on a pu constater des progrès, le match précédent sur la glace de Munich a remis la réalité aux yeux de tous. De sérieux manquements ont été vus dans la vitesse, l’intensité et les largesses défensives (6-1). Yannick Proske : « Notre début s’est bien passé, mais nous avons commis trop d’erreurs au fil du match. Nous n’avons pas sorti le palet de notre propre zone et avons perdu trop de duels. Nous sommes retombés dans des comportements que nous avions en réalité abandonnés. Nous devons à nouveau garder le jeu simple, jouer dur et aller jusqu’au bout de manière cohérente. »
Nuremberg compte trois absents. Le défenseur Julius Karrer est blessé jusqu’à la mi-janvier, Dennis Lobach pour deux à quatre semaines. Kechter est encore au Mondial U20.
Mannheim arrive revanchard et les deux équipes se jettent dans la bataille. Fabrizio Pilu envoie le premier puck sur Niklas Treutle, le portier de Nuremberg (1’09). Mais c’est Nuremberg qui ouvre le bal. Danjo Leonhardt, sur un contre rapide, fait la reprise et bat Felix Brückmann d’une frappe sèche (3’15 : 1-0).
Les Franconiens resserrent la défense et s’emploient physiquement. Mannheim hérite d’une pénalité de Hayden Shaw mais manque de vitesse et Jordan Szwarz loupe le puck devant la cage (6’18). La situation se délite, les Adler subissent des contres rapides, la qualité de conservation du palet ne sont pas au mieux et le pressing avant des joueurs de Tom Rowe est agressif. Ceci provoque des ratés dans les passes. L’occasion la plus chaude pour Mannheim intervient sur un tir dévié de Stefan Loibl avec un rebond devant une cage vide inexploitée (12’14). De l’autre côté, Ribarik et Mass créent le danger. Stefan Loibl parvient, enfin, à concrétiser un rebond (15’20 : 1-1). En fin de période, une bataille perdue dans la bande permet à Nuremberg de capter le puck. Marcus Weber hérite de la rondelle et l’envoie à la cage dans une lucarne incroyable (18’07 : 2-1). C’est sur ce point positif que les Franconiens rentrent au vestiaire.
En deuxième période, Mannheim revient revanchard avec Tyler Gaudet qui conquiert le puck dans une bataille et part solo. Treutle fait l’arrêt (20’35). Cette réaction positive permet à « Korbi » d’envoyer dans le trafic. Markus Hännikäinen dévie le puck juste devant le portier (21’29 : 2-2). C’est encore le Finlandais qui réceptionne une passe laser arrivée de la zone défensive. Il part seul, mais une nouvel fois Niklas Treutle fait l’arrêt en un contre un (22’30). Brückmann est, lui aussi, décisif sur une déviation du bras lors d’un tir de Daniel Schmölz (26’15). Mais là, il s’est retrouvé bien seul dans le slot, la défense ayant eu quelques largesses.
Treutle réalise un festival, les lignes arrières sont solides et la vitesse de Nuremberg permet de gagner les courses au palet. De nouveau Mannheim subit, et ce moment fort est à nouveau concrétisé. Une nouvelle conquête de puck dans la bande permet à Jake Ustorf, oublié, de remettre la rondelle dans les filets d’un super mouvement (28’09 : 3-2). À cet instant, Adler Mannheim perd totalement le contrôle de la partie. Nuremberg gagne les duels et conserve le palet. Il n’est plus très loin qu’il y ait qu’une seule équipe sur la glace. Symptomatique, Markus Hännikäinen, pourtant totalement seul devant le gardien, shoote hors cadre (34’30). L’équipe est convalescente. Jake Ustorf rentre en zone avec de la vitesse et envoie un tir dangereux, capté de la mitaine par le portier de Mannheim (35’22). Le public pousse, Nuremberg fait le forcing et le tiers se termine sur cette sensation de domination intense.
Pour la troisième période, la domination continue, Mannheim n’est sauvé que par un power-play franconien inexistant. Et c’est au retour à cinq que Gildon, sort de prison, part avec le palet pour défier Treutle qui dit non ! Les batailles de conquêtes sont terribles de physique. Les joueurs de Dallas Eakins ne veulent rien lâcher et sont décidés à revenir. Yannick Proske s’avance, et place un palet ultra précis au-dessus du bouclier et qui termine sa course en lucarne (48’31 : 3-3). Le match bascule, Mannheim, revient de loin et retrouve espoir et énergie. Les blancs multiplient les tirs. Le jeune Noel Saffran, 19 ans, se créé une belle occasion avec un tir en pivot (51’30). Les deux équipes se projettent vite, chacune veut marquer pour conclure avant la fin du temps règlementaire. Le public pousse à fond, les batailles au palet sont tenaces. Mais le score en reste là.
Il ne faut qu’une minute pour conclure. Daniel Schmölz fonce dans la bande, déborde et transmet la rondelle à Elis Hede qui reprend victorieusement. C’est le coup de massue ! (61’06 : 4-3).
Nuremberg a montré une belle solidité, de la vitesse et du skill. Du côté de Mannheim, cette tournée bavaroise n’est pas fructueuse et surtout démontre tout de même des lacunes. Oui, les joueurs de Eakins se sont battus pour revenir mais sont encore perfectibles au haut niveau, tant en vitesse qu’en collectif. Il leur reste à conclure la tournée à Augsbourg.
S’ensuit une bataille des nerfs entre les kops de supporters. Les cinq cents Mannheimois ont par contre démontré une puissance dans les tribunes indéniables et ont garni la glace d’une pluie de gobelets. Bref, ça chauffe, ça chambre mais aucune violence à déplorer.
Commentaires d’après-match :
Yannick Proske (attaquant de Mannheim) : « Nous avons bien commencé, mais nous avons perdu trop de palets au deuxième tiers qu’il faut absolument corriger. Dans de telles situations, il faut jouer plus simplement, surtout quand on a un banc court. C’est exactement ce que nous avons fait dans la dernière période et avons eu nos occasions. C’est quand même dommage que nous n’ayons pas pu nous récompenser avec trois points malgré les opportunités. L’ambiance et le soutien des tribunes étaient incroyables, et nous en sommes très reconnaissants. »
John Gilmour (défenseur de Mannheim) : « C’était un match serré. Nous manquons de joueurs depuis quelques matchs. C’est pourquoi je suis incroyablement fier de notre réussite. Nous avons tout donné, sommes revenus trois fois et avons forcé les prolongations. En plus des nombreuses absences, nous avons aussi quelques gars qui souffrent d’une mauvaise santé. Mais tout le monde a tout donné. C’est la chose cruciale. Bien sûr, c’est extrêmement amer pour nous de ne pas avoir obtenu le point supplémentaire. Nos fans étaient formidables, nous voulions vraiment leur donner la victoire. »
Tom Rowe (entraîneur-chef de Nuremberg) : « Nous connaissions la situation de Mannheim avec de nombreuses blessures, mais ils ont quand même une bonne équipe. Niklas Treutle a réalisé quelques arrêts importants dans le dernier tiers qui nous ont permis de rester dans le match. Dans le deuxième tiers-temps, nous avons eu beaucoup d’occasions et beaucoup de possession dans le tiers-temps de Mannheim. Nos garçons n’abandonnent jamais, ils se battent tous les jours à l’entraînement et lors des matchs. Je suis également très fier de mon équipe. Nous avons joué un grand match dans un décor incroyable et aujourd’hui tout le monde rentre chez soi heureux. »
Nuremberg – Mannheim 4-3 après prolongation (2-1, 1-1, 0-1, 1-0)
Vendredi 5 janvier 2024 à 19h30 à la Nürnberg Versicherung Arena. 7672 spectateurs.
Arbitres : Marc Iwert et Sirko Hunnius assistés d’Andreas Hofer et Markus Merk.
Pénalités : Nuremberg 4′ (4’, 0’, 0’, 0’) ; Mannheim 2’ (0’, 0’, 2’, 0’)
Tirs : Nuremberg 31 ; Mannheim 28.
Évolution du score :
1-0 à 03’15 : Leonhardt assisté de Gerard et Fox
1-1 à 15’20 : Loibl assisté de Holzer et Proske
2-1 à 18’07 : Weber assisté de Leonhardt et Fox
2-2 à 21’29 : Hännikäinen assisté de Holzer et Gilmour
3-2 à 28’09 : Ustorf assisté de Ribarik et Kisslinger
3-3 à 38’31 : Proske
4-3 à 61’06 : Hede assisté de Schmölz et Fleischer
Nuremberg
Attaquants :
Dane Fox – Danjo Leonhardt (2’) – Charlie Gerard
Daniel Schmölz – Ryan Stoa – Tim Fleischer
Evan Barratt – Cole Maier – Elis Hede
Mas Kislinger – Lukas Ribarik – Jake Ustorf
Défenseurs :
Constantin Braun – Hayden Shaw (2’)
Markus Weber – Philipp Mass
Ludwig Byström – Jack Dougherty
Justus Böttner
Gardien
Niklas Treutle
Remplaçant : Leon Hungerecker (G). Absents : Julius Karrer (bas du corps), Ian Scheid (haut du corps), Roman Kechter (Mondial U20), Dennis Lobach (bas du corps)
Mannheim
Attaquants :
Yannick Proske – Jordan Szwarz – Tyler Gaudet
Simon Thiel – Stefan Loibl – Tom Kühnhackl
Markus Hännikäiken – Maximilian Eisenmenger – Daniel Fischbuch
Noel Saffran – Magnus Eisenmenger – Fabrizio Pilu
Défenseurs :
Jyrki Jokipakka – Denis Reul
John Gilmour – Max Gildon (2’)
Jordan Murray – Korbinian Holzer
Gardien
Felix Brückmann
Remplaçant : Arno Tiefensee (G). Absents : Ryan McInnis (main), Kris Bennett (muscles abdominaux), Tyler Ennis (cou), Matthias Plachta (jambe), Linden Vey (jambe), David Wolf (suspendu).