Deux gardiens se retrouvent face-à-face pour leurs grands débuts dans le hockey international. Ancien gardien de l’année en USHL, Filip Larsson avait précipité ses débuts pros après une année d’université et n’avait guère duré en AHL, dans l’organisation des Detroit Red Wings qui l’avaient ensuite prêté dans son pays et au Danemark. Il n’avait donc joué qu’en division inférieure quand Leksand l’a recruté, et après seulement quelques mois en SHL (très convaincants puisqu’il a les deuxièmes meilleures statistiques), le voilà testé en équipe nationale, à 25 ans.
Stéphane Charlin a une trajectoire plus linéaire. Formé à Genève-Servette où il n’était que le numéro 3, il a été prêté un an comme deuxième gardien à Langnau, qui l’a embauché cette saison et en a déjà fait son titulaire. Il est plus jeune que Larsson (23 ans), a moins joué dans les championnats du monde juniors, et il est un peu envoyé au casse-pipe sur ce match. La Suisse contre la Suède, c’est en effet une série en cours de 14 défaites consécutives…
Les pronostics sont donc évidents, surtout dans un tournoi joué à Karlstad, en Suède. Joakim Nygård, acclamé à l’entrée des joueurs comme les autres hockeyeurs du club local Färjestad (Linus Johansson et Victor Ejdsell), ouvre le score en battant Stéphane Charlin d’une belle feinte de corps après une longue passe intelligente du défenseur Tim Heed, qui a vu l’erreur de position… de son coéquipier à Ambrì-Piotta Dario Wüthrich (1-0). Ce sont les débutants un peu trop nombreux du week-end qui sont coupables sur es deux premiers buts. Le second vient en effet d’une perte de palet en zone défensive de Tino Kessler : Ejdsell donne alors une passe transversale au défenseur Marcus Hardegård qui a le temps d’ajuster Charlin pour marquer son premier but à son troisième match avec Tre Kronor (2-0).
Difficile d’en vouloir à Charlin qui s’est aussi illustré d’une belle mitaine et qui doit écoper pour une équipe dépassée par le rythme qui multiplie les petites erreurs et les mauvaises passes. Dans les duels, les Suisses ont un temps de retard et les Suédois sont supérieurs physiquement. Une pénalité inutile de Hofmann pour crosse haute permet à Oscar Lindberg d’enfoncer le clou à 3-0 sur un rebond juste avant le retour aux vestiaires.
On peut imaginer que Patrick Fischer y secoue les puces de son équipe en lui demandant d’être plus agressive. Marc Marchon a un peu trop intégré le message. 25 secondes après le retour au jeu, il est expulsé pour une charge au niveau du menton d’Oscar Lindberg. Le Suédois l’a vu venir et s’est un peu tourné au dernier moment pour éviter le choc frontal. Il est donc encore apte à jouer et c’est même lui qui fait la passe vers la fin des cinq d’avantage numérique, pour un revers en lucarne de Malte Strömwall (4-0)
Transparent dans son rôle théorique de leader offensif, Gregory Hoffmann coûte deux buts aux sien par ses pénalités. Deux secondes avant la fin de sa prison pour accrochage, Jesper Frödén réagit plus vite que les défenseurs sur un rebond qui traîne dans le slot. 5-0, et on est seulement à la mi-match… Gênée par le pressing suédois, la Suisse n’arrive pas à franchir la zone neutre avec le palet et se contente d’envoyer au fond.
Christian Folin charge dans la bande Attilo Biasca, qui finit heureusement par se relever. La Nati n’utilise pas ce premier jeu de puissance, mais convertit les deux suivants au troisième tiers, par Sven Senteler et Tino Kessler. Cette réussite tardive sera la seule satisfaction helvétique de la soirée, mais face à une Suède sûre depuis longtemps de sa victoire. Entre la fin des derniers championnats du monde (face à la Lettonie puis l’Allemagne) et l’Euro Hockey Tour face aux grands d’Europe, c’est la dixième défaite consécutive pour des Suisses qui montrent leurs limites.
Commentaires d’après-match
Filip Larsson (gardien de la Suède) : « C’était très fun de pouvoir débuter à domicile devant un public si nombreux. Je suis sûr qu’il y avait aussi beaucoup de gens devant leur télévision. C’était encore plus spécial car ma mère et mon grand frère ont pu prendre le train [depuis Stockholm] pour être ici. Cela veut dire beaucoup pour moi. J’étais quand même assez calme, je me sentais sûr et j’avais hâte de jouer. Je crois avoir été solide. Il n’y avait pas grand chose à faire sur le premier but, je ne vois pas le palet au début. Le deuxième but est un peu obscur, très proche de la cage. Nous étions clairement la meilleure équipe. En menant 5-0, je pense que nous avons bien fermé le match. C’est dommage d’avoir concédé deux buts au troisième tiers, peut-être surtout pour moi car cela aurait été agréable d’avoir un blanchissage, mais nous avons gagné. »
Suède – Suisse 5-2 (3-0, 2-0, 0-2)
Samedi 10 février 2024 à 16h00 à la Löfbergs Arena de Karlstad. 7503 spectateurs.
Arbitres : Jiří Ondráček (TCH) et Riku Brander (FIN) assistés de Jiří Ondráček (TCH) et Rasmus Strömberg (SUE).
Pénalités : Suède 6′ (0′, 2′, 4′) ; Suisse 33′ (4′, 2′+25′, 2′).
Tirs : Suède 23 (10, 7, 6) ; Suisse 18 (7, 5, 6).
Évolution du score :
1-0 à 05’10 : Nygård assisté de Heed
2-0 à 13’32 : Hardegård assisté d’Ejdsell
3-0 à 19’45 : Lindberg assisté d’Ejdsell et Heed (sup. num.)
4-0 à 24’45 : Strömwall assisté de Lindberg (sup. num.)
5-0 à 29’15 : Fröden assisté de Tömmernes et De la Rose (sup. num.)
5-1 à 43’39 : Senteler assisté de Moy et Scherwey (sup. num.)
5-2 à 59’30 : Kessler assisté de Schmutz et Kreis (sup. num.)
Suède
Attaquants :
Victor Ejdsell (+1) – Oscar Lindberg (+1) – Malte Strömwall (+1)
Filip Hållander – Lucas Wallmark – Marcus Sylvegård
Dennis Rasmussen – Jacob De la Rose (A, +1, 2′) – Jesper Frödén (2′)
Joakim Nygård (+1) – Linus Johansson – Marcus Sörensen (+1)
Défenseurs :
Patrik Nemeth (C) – Lukas Bengtsson
Henrik Tömmernes (A, +1) – Tim Heed (+1)
Marcus Hardegård (+1) – Christian Folin (+1, 2′)
Gabriel Carlsson
Gardien :
Filip Larsson
Remplaçant : Marcus Högberg (G). En réserve : Joel Persson (D), Max Friberg (A, malade).
Suisse (2′ pour surnombre)
Attaquants :
Grégory Hofmann (A, 4′) – Sven Senteler – Attilio Biasca
Thierry Bader (-1) – Théo Rochette (-1) – Tino Kessler (-1)
Tristan Scherwey (A) – André Heim – Marc Marchon (5’+20′)
Yannick Zehnder (-1) – Sandro Schmid (-1) – Julian Schmutz (-1)
Tyler Moy
Défenseurs :
Samuel Kreis – Andrea Glauser (C)
Lukas Frick (2′) – Michael Fora
Benoît Jecker – Sven Jung
Dario Wüthrich (-2) – Livio Stadler (-2)
Gardien :
Stéphane Charlin
Remplaçant : Connor Hughes (G). En réserve : Joren Van Pottelberghe (G), Axel Simic (A).