Cette rencontre oppose le meilleur collectif tueur de pénalités, et la meilleure défense de toute la division 2, à l’une des moins bonnes ! Si on ajoute qu’il s’agit du dauphin des Français Volants, le Hogly de la Roche sur Yon, que les Titans colmariens reçoivent ce soir, il n’est donc pas exclu que les Alsaciens passent une soirée bien frustrante, eux qui échouent fréquemment par manque de réalisme. Quand bien même, depuis le début de cette année, leur parcours a été un peu mieux récompensé, avec la première victoire ramenée d’Évry/Viry samedi dernier, l’affluence haut-rhinoise s’attend à tout sauf une partie de plaisir entre leurs favoris en noir, et les Vendéens en blanc floqué de numéros en rouge glossy, effet visuel original garanti mais pas forcément très lisible vu des tribunes.
Les Titans sont pourtant les premiers à ouvrir le score, par leur doublette russe, après une entame de match prise en main par les visiteurs. Philip Lapkov envoie son palet de près, lequel ricoche probablement sous le bras de Teddy Desvignes (1-0 à 3’56 »). Le début colmarien est prometteur, reste maintenant à tenir. Le Hogly, en réaction, presse plus haut, plus fort, plus rapidement, tout en utilisant le gabarit plus imposant de ses joueurs. C’est donc un défi physique que les Titans peinent, dans un premier temps, à relever. Colmar n’a en effet pas de gros gabarits à opposer aux Vendéens, notamment pour s’installer offensivement. Souvent acculés dans leur zone, les locaux tiennent pourtant le rang, notamment dans les batailles de coin. Colmar s’offre même quelques breaks en or, comme celui de Daniil Kulikov, qui rate pourtant son duel face à Desvignes (11’10 »). Ajoutons qu’Anatoli Sizov garde pour le moment sa ligne de but, bien aidé par son poteau lors d’une infériorité (15’34 »), ou lors d’un raid solo vendéen (17’27 »).
Le tiers médian part sur les mêmes bases. La force de projection offensive vendéenne assiège de nouveau la cage alsacienne. Rapidement, Sizov s’incline, sur un essai de près de Paul Plaideau. Le portier estonien croit avoir bloqué son palet, lequel est pourtant parti se réfugier dans un espace mal comblé (1-1 à 22’59). On commence alors à entrevoir un schéma de partie déjà maintes fois connu ici : est-ce que Colmar commence déjà à s’essouffler ? Abel Albrech ne laisse pas douter bien longtemps ses coéquipiers : sur une relance insuffisamment contenue par la défense vendéenne, le jeune Strasbourgeois s’enfonce dans la zone adverse et trompe à mi-distance Desvignes pourtant non masqué (2-1 à 25’37 »). La réalisation offre un bol d’air pour les locaux. Surtout, le Hogly commence à montrer des signes de fébrilité et de déconcentration, offrant autant de supériorités numériques aux Colmariens. Lesquels n’en profitent toutefois que peu, concentrés avant tout sur leur travail de contention du palet adverse. Le tiers, globalement à l’avantage des Vendéens, est donc âpre et tendu, même si globalement correct. Le capitaine alsacien Mathis Joly ne rentrera toutefois plus sur la glace dans le dernier vingt, pour cause d’épaule en vrac.
La partie reste âpre de part et d’autre, chaque palet en zone défensive est bataillé, mais c’est Sizov qui travaille le plus, comme sur cette mitaine bloquée à terre face à trois Vendéens (48’03 »). Curieusement, le portier ne rouspète pas contre sa défense, comme assez fréquemment cette saison. Il faut dire que ses coéquipiers contiennent le plus proprement possible devant lui, en dégageant le long des bandes et offrant peu de solutions face au but pour les visiteurs. En face, Kulikov rate un nouveau duel face à Desvignes (49’05 »). Colmar tient héroïquement durant le dernier « dix », mais à quel prix : Sizov s’emploie magistralement sur cette mauvaise relance où il se retrouve seul face à trois visiteurs (49’58 »), puis sur ces trois tirs en rafale de près (56’15 »).
On est proche du KO, mais pour qui ? Lapkov donne presque la réponse sur cette nouvelle avancée de Kulikov, qui efface son défenseur et démarque son collègue pour un tir du revers (3-1 à 57’18 »). Cela sent le bon coup pour les Titans, qui profitent d’un temps mort pour rester concentrés. La Roche sort son gardien, le surnombre opacifie la zone de Sizov, qui s’incline sur un essai de près de Bohus Farkakovsky, en bon renard des surfaces (3-2 à 58’49 »). Il reste encore une minute à jouer, tout est encore possible, et d’ailleurs les Vendéens continuent de harceler haut les Titans. Jusqu’à cette sortie de gardien mal coordonnée : Desvignes est à mi-chemin entre son but et son banc, le palet vendéen est mal négocié par les siens en entrée de zone colmarienne, Ludovic Vinals, en pointe, récupère, lance dans la cage vide et clôt définitivement le match (59’05 »).
On imagine la joie du banc colmarien devant cette belle victoire, la première en saison régulière à la maison depuis le 27 novembre 2021 (alors contre Valence), c’est dire ! Au niveau sportif, elle ne changera rien, les Colmariens étant depuis longtemps promis à la poule de relégation. Elle confirme cependant un changement notable dans leur hockey, avec beaucoup plus de patience, de concentration et de discipline, notamment devant leur gardien. Lequel a sorti le match pour fermer définitivement la porte. Cette partie ne fut pourtant pas un remake de Fort Alamo, loin de là, mais on sait que désormais, Colmar sait défendre. C’est prometteur et surtout encourageant pour la fin de saison, ne serait-ce qu’au niveau psychologique.
La Roche-sur-Yon fait ce soir une mauvaise opération, dans la course au classement pour les futurs play-offs. Curieusement, il a manqué un je ne sais quoi dans leur hockey : leur force de projection et leur placement en zone offensive étaient pourtant indéniables, ils ont probablement manqué d’encore plus de percussion, ce qui est paradoxal au vu des gabarits offensifs et surtout défensifs de l’équipe, comparée à Colmar. Peut-être plus embêtant, ils auront perdu les batailles du grattage de palet et le long des bandes, les locaux défendant becs et ongles leurs abords.
photos Sarah Pacaud
Colmar – La Roche-sur-Yon 4-2 (1-0, 1-1, 2-1)
Samedi 10 février 2024 à 19h50 à la patinoire de Colmar. 257 spectateurs.
Arbitres : Cédric Turbert assisté d’Olivier Salicio et Vincent Zede.
Pénalités : Colmar 6′ (2′, 4′, 0′) ; La Roche-sur-Yon 10′ (2′, 6′, 2′).
Tirs : Colmar 21 (8, 6, 7) ; La Roche-sur-Yon 39 (13, 12, 14).
Évolution du score
1-0 à 03’56 : Lapkov assisté de Kulikov et Dugas
1-1 à 23’00 : Plaideau assisté de Collet
2-1 à 25’37 : Albrech assisté de Wendling
3-1 à 57’18 : Lapkov assisté de Kulikov
3-2 à 58’49 : Farkakovsky assisté de Laporte et Joerger
4-2 à 59’06 : Vinals
Colmar
Attaquants :
Ludovic Vinals (A) [ou Nino Abdelali] – Philip Lapkov – Daniil Kulikov
Renaud Studer – Mathis Joly (C) [puis Abdelali à 40′] – Nathan Goncalves
Alexey Karol – Matheo Demarcy – Thimothée Manjard
Défenseurs :
Owen Dugas – Félix Rousseau (A)
Yann Quiniou – Matteo Ricou
Noah Wendling – Abel Albrech
Gardien :
Anatoli Sizov
Remplaçant : Charles Perrin (G)
La Roche-sur-Yon
Attaquants :
Bohus Farkakovsky (A) – Kamil Rajnoha – Nolan Lussault
Mathieu Joerger – Vincent Delcroix – Baptiste Caboche
Axel Clee – Valentin Jacques (C) – Samy Faure
Igor Sarma – Paul Plaideau – Thomas Collet
Défenseurs :
Aleksei Ishmametev – Simon Tagliapietra
Thomas Duval – Hugo Laporte (A)
Hugo Nerrière – Gaëtan Magne
Gardien :
Teddy Desvignes
Remplaçant : Alexis Neau (G)