On connaît le premier finaliste de cette 30e édition de la DEL. Il s’agit des Fischtown Pinguins de Bremerhaven qui ont remporté leur billet pour une finale historique. Issu des ligues régionales en 1974, le hockey dans cette ville proche de la mer du Nord a grimpé les échelons années après années. Devenu une valeur sûre de la DEL2, avec deux titres conquis en 2002 et 2014, le club a sauté le pas en 2016 pour intégrer la DEL. Avec peu de moyens, il a réussi à performer et vient d’atteindre un cap historique avec cette finale. Qui sera son adversaire ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir ce soir à Berlin.
Les Eisbären, favoris dans cette compétition, doivent faire face à la rude compétitivité des Straubing Tigers. C’est au forceps et avec un gardien hallucinant que les joueurs de la capitale ont remporté les trois premières manches (3-1 ; 3-4 ; 3-2). Mais avec leur public chaud bouillant, les Bavarois ont enfin réussi à gagner et se sont donné une nouvelle chance de continuer. De plus ils n’ont pas tout perdu en route, car grâce à l’accès en finale de Bremerhaven, Straubing devient le troisième club aemand qualifié pour la prochaine CHL.
Serge Aubin, l’entraîneur-chef de Berlin, revient sur ce match 4 perdu 3-2 : « En fait, je pense que c’était notre meilleur match de la série jusqu’à présent. Malheureusement, nous avons commis quelques erreurs dont Straubing a profité. Nous n’avons pas pu profiter de certaines opportunités. Nous savions que ce serait une série serrée. » La réussite a, cette fois, tourné du côté bavarois, à l’image du coast to coast hallucinant de Cole Fonstad pour l’ouverture du score. Cole Fonstad revient sur son exploit personnel : « Nous avons pris un bon départ et c’est exactement ce que nous voulions faire. Quand j’ai marqué mon but, j’ai pris de la vitesse depuis l’arrière et la rondelle est entrée. Une avance est évidemment une bonne chose pour nous, mais nous devons la conserver. »
Maintenant tout le monde se retrouve sur la glace de l’Uber arena située dans l’est de la ville. Les joueurs de Straubing parviendront-ils à passer « le mur » et revenir à domicile pour continuer cette aventure ? Mike Connolly est en tête des scoreurs avec 11 points et Marcel Noebels, le Berlinois, n’est pas loin avec 10 points. Au niveau des portiers, c’est Jake Hildebrand qui domine les play-offs avec 93,5 %.
Le match débute avec beaucoup de vitesse et Berlin se retrouve en infériorité sur un slashing de Morgan Ellis. Straubing en profite avec une pression maximale sur les cages de Hildebrand. Mais comme à son habitude, l’équipe des Eisbären est toujours dangereuse, même dans un temps faible ou de domination. Manuel Wiederer lance le contre depuis sa zone et son tir trouve la base du poteau (4’25). Pour le reste la partie est serrée et se résume à une succession de luttes de conquêtes. 0 à 0, tout le monde rentre au vestiaire et tout reste à faire.
Dès le début de la deuxième période, la fantastique ligne berlinoise Noebels-Boychuk-Pföderl nous gratifie d’un superbe jeu collectif qui se conclut par un tir, que Miska capte solidement de la mitaine, tout en glissade en grand écart. La pénalité de Brunnhuber est lourde de conséquence, car Marcel Noebels envoie un puissant « one timer » qui transperce Hunter Miska (23’42 : 1-0). La pression continue avec Parker Tuomie en déviation. Ensuite c’est un jeu attaque-défense qui part de tous côtés. Mais l’échec-avant berlinois est rudement solide.
Chaque équipe se crée un temps fort. Tout est possible. Samuelsson décoche un slap lointain qui traverse le trafic (30’17 : 1-1). Le danger des joueurs de « l’Est » surgit encore de Noebels, qui part avec Marcel Brandt dans les patins. Il se retourne, en pleine course, et délivre la rondelle à Jonas Müller, qui a suivi et tire (30’49). Entre temps, Lean Bergmann et Adrian Klein se sont échangé les poings et ont pris cinq minutes de pénalité. Straubing a ajusté son dispositif avec un meilleur repli défensif, pour redonner de l’étanchéité dans la zone défensive.
La troisième période repart à haute vitesse. Sur la première envolée bavaroise, la zone défensive est vidée sur une longue passe de Tuomie. Connolly, à la réception, transmet un palet à Justin Scott qui capte, contourne Hildebrand et place le puck dans la cage, tout cela avec Leo Pföderl qui s’accroche à lui (40’49 : 1-2). Mais cette équipe de Berlin est intraitable, car peu de temps après, sur une installation en zone offensive, Tobi’ Eder envoie un puissant tir, de la bleue. Au moment où Mattinen passe dans le slot, Miska est masqué (41’29 : 2-2). On ne voit pas comment le jeu va se débloquer car tous les joueurs sont au maxi pour ne rien lâcher. En fin de période, Frederik Tiffels s’échappe le long de la bande, à très haute vitesse et envoir le puck devant la cage. Tobias Eder fait la déviation devant Miska qui dévie des bottes (59’16).
Il faut en venir à la mort subite. Ce sont les joueurs de Tom Pokel qui prennent le meilleur départ avec une domination dans les tirs et les duels. Mais ces ours berlinois sont féroces. Ils savent encaisser et se projeter à l’attaque. Encore une fois, sur un des rares palets gagnés, Ty Ronning s’échappe, Josh Samanski se jette au sol pour couper la trajectoire. Mais Ronning fait le geste parfait pour l’éviter et ajuster le tir (67’00 : 3-2).
Cruelle désillusion pour les Tigres qui ont tout donné, tout tenté, et ont subi la terrible loi de l’efficacité offensive. Les Eisbären de Berlin ont dû s’employer pour se qualifier en finale, combattre à chaque instant, mais ils ont démontré une efficacité redoutable. Même si les Bavarois n’ont remporté qu’une seule partie de la série, à chaque fois il ne manquait que très peu de choses pour passer. Encore une fois, à ce niveau, tout se joue à des détails infimes. Quelle série, le combat a été fantastique.
La finale de DEL va de nouveau présenter un duel inédit. Berlin part favori mais l’équipe de Bremerhaven, avec son jeu sérieux et bien organisé, a les moyens de perturber la machine de Serge Aubin. C’est sur cette série incroyable que Sandro Schönberger met un terme à sa carrière de joueur et, en larmes, exprime ses émotions. Il referme un livre de sa vie, composée de 16 saisons sous le maillot de Straubing et 704 matchs joués.
Commentaires d’après-match :
Sandro Schönberger (attaquant de Straubing, fin de carrière) : « Ce sera difficile pour moi maintenant. Je ne peux blâmer aucun des gars. Tant de cœur et de caractère. C’est indescriptible. Je n’aurais pas pu imaginer que ma dernière saison serait meilleure que ce qu’elle a été avec l’équipe là-bas. (…) Ce qui est apparu ici ces dernières années est énorme. L’ensemble du club s’est extrêmement développé. Nous sommes un peu meilleurs que Berlin lors des trois premiers matchs. Si on gagnait là-bas, ça aurait été encore plus serré. C’est très difficile de trouver les mots justes. Tout le monde pleure dans le vestiaire. La finale, je l’aurais donnée à n’importe qui. À chacun de nous, chaque supporter, le club, la ville. Pourtant, nous pouvons sortir la tête haute. Tout Straubing peut être fier de nous. Quand on voit à quel point c’était serré, ça fait deux fois plus mal. Je n’oublierai jamais ces 16 années. Tant de moments d’émotions. »
Tom Pokel (entraîneur de Straubing) : « Félicitations à Berlin. Vous avez trouvé le chemin. Chaque match était serré. Berlin a eu l’intelligence pour marquer les buts. Je pense que nous avons eu les meilleures chances de gagner lors des matchs 1, 2 et 3. Quand on joue contre une équipe de haut niveau comme Berlin et qu’on rate ces occasions-là, alors la tâche devient difficile. Notre série a également été plus longue avec le match 7 en quart de finale. Puis le troisième match le plus long de l’histoire du DEL. Nous en sommes à 14 matchs en 26 jours. Cela coûte cher. […] Nous avions une volonté de faire des sacrifices, un dévouement au travail. Nous sommes une équipe d’énergie. Nous avons obtenu notre succès grâce au travail. Nous apprenons à atteindre les niveaux plus relevés. Nous apprenons à gagner et à optimiser la dynamique des séries éliminatoires. Et à mieux gérer la pression. La saison a été une excellente voie pour l’avenir. C’était une série très intense. Comme toute la saison. [Le manager général] Jason [Dunham] et moi allons nous revoir dans quelques jours. Ensuite, nous parlerons calmement. C’est un excellent club avec une excellente gestion. Straubing me tient beaucoup à cœur. »
Ty Ronning (attaquant de Berlin) : « Quelle série incroyable. Straubing n’a jamais abandonné. Nous savions que ce serait un combat jusqu’à la dernière minute. C’était un effort d’équipe unifié de notre part. Mais nous n’avons pas encore fini. Nous attendons avec impatience la finale. Les petites choses compteront contre Bremerhaven lors de la série finale. »
Serge Aubin (entraîneur-chef de Berlin) : « Respect aux Straubing Tigers pour cette belle série et leur bonne saison. Straubing exigeait tout de nous. Les unités spéciales ont fait la différence selon moi. Mon équipe a fait preuve d’un caractère incroyable. Chaque match était très serré. Mais nous avons trouvé des moyens de gagner les matchs. Nous nous sommes également battus dur aujourd’hui et sommes restés calmes après avoir pris du retard. Mais notre travail n’est pas encore terminé. Nous nous concentrons désormais entièrement sur la série finale. »
Eisbären Berlin – Straubing 3-2 après prolongation (0-0, 1-1, 1-1,1-0)
Mercredi 10 avril 2024 à 19h30 à l’Uber Arena. 13 192 spectateurs.
Arbitres : Sean MacFarlane (USA) et Martin Frano (TCH) assistés d’Andreas Hofer et Marius Wölzmüller.
Pénalités : Berlin 9′ (2’, 2’+5’, 0, 0’) ; Straubing 11’ (2’, 2’+5’, 2’, 0’)
Tirs : Berlin : 29 (11, 8, 9, 1) ; Straubing 30 (9, 11, 7, 3)
Évolution du score :
1-0 à 23’42 : Noebels assisté de Pföderl et Nowak (sup. num.)
1-1 à 30’17 : Samuelsson assisté de Daschner et Schönberger
1-2 à 40’49 : Scott assisté de Tuomie et Connolly
2-2 à 41’29 : T. Eder assisté de Nowak et Geibel
3-2 à 63’00 : Ronning assisté de Bergmann
Eisbären Berlin
Attaquants :
Tobias Eder (+1) – Ty Ronning (+2) – Frederik Tiffels
Leonhard Pföderl (-1) – Zachary Boychuk (-1) – Marcel Noebels (-1)
Ty Ronning – Manuel Wiederer (+2) – Lean Bergmann (5’) (+1)
Maximilian Heim (-1) – Patrice Cormier (-1) – Yannick Veilleux (-1)
Défenseurs :
Thomas Schemitsch – Julian Melchiori
Morgan Ellis (2’) (-1) – Jonas Müller
Marco Nowak (+1) – Korbinian Geibel (2’)
Eric Hördler
Gardien
Jake Hildebrand
Remplaçant : Jonas Stettmer (G). Absents : Kai Wissmann (blessé), Eric Mik, Jaedon Descheneau, Michael Bartuli, Blaine Byron.
Straubing
Attaquants :
Michael Connolly – Joshua Samanski (2’) (-1) – J.C Lipon
Tyler Sheehy (-1) – Mark Zengerle (-1) – Michael Clarke (2’)
Parker Tuomie – Justin Scott (+1) – Cole Fonstad (-1)
Cody Lampl (+1) – Tim Brunnhuber (2’) (+1) – Sandro Schönberger (+1)
Défenseurs :
Marcel Brandt – Justin Braun
Nicolas Mattinen – Adrian Klein (5’)
Stephan Daschner – Philip Samuelsson
Mario Zimmermann
Gardien
Hunter Miska
Remplaçant : Florian Bugl (G). Absents : Marcel Müller (genou), Benedikt Kohl, Matt Bradley.