Dimanche soir a eu lieu le dénouement du Mondial féminin entre les deux grandes équipes rivales, le Canada et les États-Unis.
Avant cette rencontre, la Tchéquie et la Finlande ont bataillé pour la médaille de bronze. Absentes du carré final lors des deux éditions précédentes, les Naisleijonat ont déjoué dans un match accroché la Tchéquie. Tout s’est joué lors de la séance des tirs au but, Michelle Karvinen et Petra Nieminen ont réussi leur essai tandis que Sanni Ahola a réalisé quatre arrêts sur cinq tirs. La Finlande empoche une quinzième médaille aux championnats du monde.
Ce fut ensuite l’explication entre les deux superpuissances qui règnent sans partage sur le hockey féminin. Pour la 22e fois en 23 championnats du monde, le Canada et les États-Unis s’affrontent en finale. Les Américaines étaient championnes du monde en titre en triomphant 6-3 à Brampton grâce notamment à un triplé de sa capitaine Hilary Knight. Un esprit de revanche animait donc le Canada qui a remporté pour la deuxième fois de suite la Rivalry Series… en étant mené pour la deuxième fois de suite 3 manches à 0.
Le tout était de savoir si les Canadiennes allaient être au rendez-vous de cette finale alors que leur capitaine Marie-Philip Poulin n’avait pas encore marqué de but. Depuis 2009, date à laquelle elle a disputé son premier championnat du monde, Poulin n’avait connu jusqu’ici qu’une édition (2019) sans but. Et son adversaire Aerin Frankel ne compte pas lui en offrir un. La jeune gardienne des USA et de l’équipe PWHL de Boston a établi un nouveau record aux championnats du monde avec 4 blanchissages en 5 matchs. Rappelons que la troupe américaine de John Wroblewski affiche beaucoup de jeunesse avec de nombreux jeunes talents, dont Laila Edwards qui a reçu une ovation à Utica après son hat trick en demi-finale contre la Finlande. Contrairement au Canada et ses cadres, dont certaines sont toutefois à leur meilleur comme Ann-Renée Desbiens et Natalie Spooner.
Et comme d’habitude, nulle déception, la finale va tenir ses promesses. L’invincibilité d’Aerin Frankel se brise rapidement, dès la 7e minute avec un tir lointain d’Erin Ambrose, Marie-Philip Poulin faisant écran devant la cage. À peine deux minutes plus tard, Jocelyne Larocque fait une faute en zone neutre sur Taylor Heise, pénalité différée mais le jeu se poursuit, la nouvelle star Laila Edwards égalise d’un beau tir du poignet pour les États-Unis. Elle ne le sait pas encore, mais le nouveau phénomène originaire de l’Ohio, avec 6 buts en 7 matchs, sera élue meilleure joueuse du tournoi.
Les deux équipes se rendent coup pour coup, et la seconde période ne déroge pas à la règle. Sur son aile gauche, Julia Gosling marque entre les jambières de Frankel au début du deuxième tiers. Mais à la mi-match, Megan Keller déjoue Ann-Renée Desbiens, 2-2. Et à la 37e minute, les Américaines reprennent les devants, Alex Carpenter reprenant dans le slot une passe de derrière le but de Kendall Coyne Schofield. Une avance de courte durée. « Captain clutch », celle qui est restée muette durant la compétition va se mettre en évidence, encore une fois, dans les grands moments. Marie-Philip Poulin prend un temps de réflexion côté gauche, avant d’envoyer le puck pleine lucarne, hors d’atteinte de Frankel, superbe but pour le 3-3. La seconde période s’achève sur ce score, 17-16 aux tirs pour les USA, le suspense est total.
En troisième période, le spectacle ne fléchit pas. Poulin est sanctionnée pour une charge illégale. La capitaine opposée Hilary Knight se charge de la sanction en profitant d’un rebond après une lourde frappe de Caroline Harvey. L’enchaînement hollywoodien de la retransmission, d’abord fixée sur la joie de Knight puis s’attardant sur le regard assassin de Poulin en prison, donne la chair de poule. Aucun doute, nous sommes pleinement dans l’une des grandes rivalités du hockey.
Just knew canada was gonna win after this pic.twitter.com/TPGNyIoVOJ
— mily. (@habsxmtl) April 15, 2024
Alors que Laura Stacey égalise à 4-4 après un cafouillage devant la cage américaine, Marie-Philip Poulin retourne dans la mêlée, elle tente de dévier un tir finalement repoussé et s’acharne sur le rebond brûlant à plusieurs reprises, l’icône « MPP », qui a Megan Keller sur le dos, trouve un trou de souris et redonne l’avantage au Canada 5-4. Il reste 8 minutes de jeu, le Canada va-t-il tenir ?
Les Américaines font alors le forcing, et à cinq minutes de la fin, Lacey Eden s’arrache derrière le but et remet plein champ, où surgit Caroline Harvey qui égalise à 5-5 ! La fin est tendue, Ella Shelton se retrouve même à sauver in extremis un palet contré alors que Desbiens était battue.
Pour la neuvième fois aux championnats du monde, Canadiennes et Américaines doivent se départager en temps supplémentaire.
Les États-Unis sont sanctionnés durant cette prolongation pour un surnombre. Alors que Kirsten Simms s’apprête à revenir sur la glace, à 1 seconde de la fin de la pénalité, Danielle Serdachny, dos au but, reprend le rebond d’un tir d’Erin Ambrose. Les Canadiennes sont championnes du monde !
En 2023, les Américaines étaient victorieuses à Brampton, au Canada. En 2024, les Canadiennes obtiennent leur revanche sur le sol américain, à Utica. C’est juste la routine entre deux nations qui dominent leur discpline, et qui ont produit un incroyable show, en ne lâchant rien l’une et l’autre. Un match spectaculaire qui aura ravi le public, et pas que. L’entraîneur du Canada Troy Ryan admettait après le match qu’il se serait bien vu dans les tribunes une bière à la main en savourant le spectacle. Et il a amplement raison.
Élues joueuses du match : Caroline Harvey pour les États-Unis, Marie-Philip Poulin pour le Canada
Meilleure gardienne : Sandra Abstreiter (Allemagne).
Meilleure défenseure : Renata Fast (Canada).
Meilleure attaquante : Alex Carpenter (États-Unis).
Élue meilleure joueuse du tournoi : Laila Edwards (États-Unis).
Équipe-type du tournoi : Sanni Ahola (Finlande / G) ; Renata Fast (Canada / D) – Caroline Harvey (États-Unis / D) ; Alex Carpenter (États-Unis / A) – Laila Edwards (États-Unis / A), Natálie Mlýnková (Tchéquie / A).
États-Unis – Canada 5-6 (1-1, 2-2, 2-2, 0-1)
Dimanche 14 avril 2024 à 17h00 au Adirondack Bank Center d’Utica. 4142 spectateurs.
Arbitres : Cianna Lieffers (CAN) et Amanda Tassoni (USA) assistées d’Alex Clarke (CAN) et Kristyna Hajkova (TCH).
Pénalités : États-Unis 4′ (2′, 0′, 0′, 2′), Canada 6′ (0′, 4′, 2′, 0′).
Tirs : États-Unis 24 (6, 11, 6, 1), Canada 30 (13, 3, 13, 1).
Évolution du score :
0-1 à 06’32 : Ambrose
1-1 à 08’12 : Edwards assistée de Heise
1-2 à 23’08 : J. Gosling assistée de Bourbonnais
2-2 à 30’10 : Keller assistée de Bilka et Murphy
3-2 à 36’32 : Carpenter assistée de Coyne Schofield et Curl
3-3 à 38’58 : Poulin
4-3 à 48’56 : Knight assistée de Harvey et Edwards (sup. num.)
4-4 à 50’46 : Clark assistée de Stacey
4-5 à 52’19 : Poulin assistée de Fast
5-5 à 54’58 : Harvey assistée d’Eden et Scamurra
5-6 à 65’16 : Serdachny assistée d’Ambrose et Desbiens (sup. num.)
États-Unis
Attaquantes :
Kendall Coyne Schofield (-1) – Alex Carpenter (A, -1) – Hilary Knight (C, -1)
Laila Edwards (+1) – Taylor Heise (+1) – Kirsten Simms (+1)
Hannah Bilka – Tessa Janecke (-1) – Abbey Murphy (-1)
Hayley Scamurra (-1) – Kelly Pannek (2′) – Lacey Eden
Britta Curl – Joy Dunne
Défenseures :
Megan Keller (A, -1) – Savannah Harmon (-1)
Cayla Barnes (-1) – Caroline Harvey (+1)
Rory Guilday – Haley Winn
Gardienne :
Aerin Frankel
Remplaçante : Nicole Hensley (G).
Canada
Attaquantes :
Brianne Jenner (+1) – Marie-Philip Poulin (C, +3, 2′) – Sarah Fillier (+1)
Natalie Spooner (-2) – Sarah Nurse (-2) – Emma Maltais (-1)
Emily Clark (+1) – Blayre Turnbull (A, -1) – Laura Stacey (-1)
Danielle Serdachny (+2, 2′) – Kristin O’Neill (+1) – Julia Gosling (+1)
Jamie Lee Rattray
Défenseures :
Jocelyne Larocque (+1, 2′) – Renata Fast (A, +2)
Ella Shelton (+2) – Erin Ambrose (+1)
Ashton Bell (-2) – Nicole Gosling
Jaime Bourbonnais (-2)
Gardienne :
Ann-Renée Desbiens
Remplaçante : Emerance Maschmeyer (G).