Après 13 défaites de suite, la Suisse devait impérativement mettre fin à sa série noire, devant son public à Bâle, en recevant la nation numéro 13 du classement mondial : l’équipe de France.
Dans le camp bleu, la défense enregistrait une arrivée importante avec Yohann Auvitu. En attaque, Tomas Simonsen (blessé) et Emil Tavernier (encore un peu tendre avec sa fiche de -4 pour ses deux premières sélections face à l’Italie) ont été remplacés par les expérimentés Charles Bertrand et Sacha Treille.
La sélection française ne devait comprendre aucun finaliste de Ligue Magnus, mais les premiers Bordelais, Axel Prissaint et Baptise Bruche, ont finalement rejoint l’équipe pour pallier les absences de Vincent Llorca et Dylan Fabre, pour une raison non communiquée. Ce ne sont pas les seuls forfaits. La Suisse se présente en effet de son côté avec seulement 11 attaquants alors qu’elle en avait prévu treize ! Gaëtan Haas dit ne pas savoir s’il aura la force d’aller à Prague et doit faire le point chaque semaine. André Heim sait qu’il n’ira pas au Mondial : il s’est blessé aux ligaments de la cheville gauche à l’entraînement de jeudi.
Alors qu’on pouvait craindre un temps d’adaptation au vrai rythme international, la France débute bien et se crée même deux occasions. Adel Koudri de près vient tester Philip Wüthrich qui s’impose de la mitaine. Sacha Treille, échappé mais sous pression du retour du défenseur suisse, frappe la transversale. C’est pourtant la Nati qui ouvre le score. Mike Künzle ressort de la balustrade et fait une passe transversale pour Tyler Moy. Le poteau évite le 2-0 pendant une pénalité de Melin – la seule du match pour les Français.
Après avoir concédé la première infériorité numérique des siens, David Aebischer double la mise sur une longue passe transversale de Calvin Thürkauf. Les deux buts étaient imparables pour Sebastian Ylönen qui signe une bonne fin de match pour éviter un score plus lourd.
La France a été dominée, comme prévu, elle a eu du mal à créer beaucoup de jeu, mais elle a essayé de profiter de quelques bonnes interceptions en zone neutre. La présence dans le slot de Sacha Treille est toujours précieuse. Il forme la première unité de powerplay avec Claireaux, Farnier et les deux autres nouveaux arrivants Bertrand et Auvitu.
Une configuration que Philippe Bozon a dû revoir puisque Bertrand n’est pas là ce samedi soir pour le second match. On ne saura pas quel sera le nouveau jeu de puissance… car les Suisses ne prendront aucune pénalité. Autre nouveau joueur absent ce samedi, Pierre Crinon. Les défenseurs tournent à sept, sans paire fixe, ce qui permet d’expérimenter différentes options.
La France entre encore bien dans ce deuxième match avec deux tirs dans la première minute, avant que la Suisse ne se fasse plus dangereuse. La défense locale présente quelques failles, à l’image de cette perte de palet du futur joueur de SHL Dominik Egli dans sa zone face à Loïc Farnier, qui perd ensuite face-à-face avec le gardien David Aeschlimann. La Nati a néanmoins les occasions plus nettes. En particulier, Sven Senteler déborde sur l’aile droite puis parvient à repiquer à la cage et à traverser devant Sebastian Ylönen mais, une fois arrivé au second poteau, tire juste à côté de la cage qu’il s’était relativement ouverte. Le reste du temps, Ylönen, confirmé titulaire tant que ses collègues Papillon et Junca ne sont pas arrivés, est bien en place sur les lancers.
Certes, les Suisses dominent et déploient souvent leurs qualités techniques, mais ce faisant, ils s’autorisent parfois de petites facilités dont la France peut profiter en contre-attaque. Les tricolores, eux, jouent de manière très simple et directe, active aussi au forechecking quand il le faut. Kévin Bozon va ainsi presser derrière sa cage le gardien Aeschlimann et parvient – bien que coincé dans la bande par le défenseur David Aebischer – à remettre du revers en retrait vers le slot. Le pauvre Aeschlimann tombe sur le dos en voyant la rondelle passer sous lui pendant qu’il regagne sa cage et Nicolas Ritz conclut face aux filets déserts (0-1, 12’19, photo ci-après).
La France s’offre même un deuxième but magnifique sur une contre-attaque d’école. Elle est déclenchée par une relance rapide croisée de Peter Valier vers Loïc Farnier, dont le contrôle joliment orienté efface la montée du défenseur Simon Le Coultre pour créer un 2 contre 1. Farnier signe alors un une-deux parfait avec Adel Koudri et n’a plus qu’à conclure en cage ouverte (0-2, 14’32).
La réaction suisse attendue arrive assez vite à la reprise. Yohan Coulaud n’arrive pas à capter le palet envoyé à la cage par Michael Fora, que récupère alors Andres Ambühl. Le recordman suisse des sélections remet en retrait à Calvin Thürkauf qui vient devancer Auvitu pour reprendre au premier poteau (1-2, 23’34). Ce but donne plus d’énergie à la Suisse et la France subit maintenant le jeu. Tristan Scherwey dévie un palet envoyé de la bleue par Fora puis prend son propre rebond… et frappe sur le poteau.
Il ne manque plus grand chose dans le dernier geste pour que la Nati égalise. Le buteur attitré Thürkauf hérite d’un palet dans le slot en avantage numérique mais échoue sous la botte droite d’Ylönen. Cette première pénalité (un retard de jeu de Bourgeois) est tuée, au prix d’un hématome dans la jambe de Bruche au sacrifice, mais une autre suit contre Yohan Coulaud qui fait trébucher Marchon derrière la cage française. La reprise dans le cercle gauche de Tyler Moy est absolument splendide, dans la lucarne opposée (2-2, 30’10).
L’équipe de France est clairement en difficulté. Elle semble plus fatiguée et a toujours un petit temps de retard. Même dans ses rares contre-attaques, elle n’a plus la même prise de décision rapide qu’en première période.
Le début du troisième tiers-temps est du même tonneau. La Suisse prend vite la possession de la zone offensive, avec un Tyler Moy étourdissant d’habileté technique. Tristan Scherwey se jette pour reprendre un palet dévié qui a frappé la balustrade du fond, mais son tir en angle fermé ne trouve que l’extérieur du filet. L’équipe de France est réduite à défendre, mais elle le fait bien. Mention à Axel Prissaint qui maîtrise parfaitement Mike Künzle au corps-à-corps pour l’empêcher de prendre un rebond très dangereux.
La France se procure enfin sa première occasion depuis le premier tiers, mais elle est franche.
Aurélien Dair réussit à dribbler Simon Le Coultre en un contre un avant de buter du revers sur Aeschlimann (46’32).
Une passe en sortie de zone de Melin est interceptée par Künzle, mais son partenaire défensif du moment Thomas Thiry rattrape l’erreur en détournant le tir. La Suisse a une dernière grosse occasion pendant le temps réglementaire avec une passe transversale de Tino Kessler pour Valentin Nussbaumer. Bon déplacement et superbe mitaine de Sebastian Ylönen.
La prolongation à 3 contre 3 donne encore lieu à une relative domination suisse, longtemps sans effet, notamment parce qu’Aurélien Dair se sacrifie devant un lancer d’Ambühl. L’action décisive est lancée par l’équipe de France. Téo Sarliève récupère le palet derrière sa cage, voit que Tristan Scherwey et Sven Senteler sont avancés et accélère parallèlement à Fabien Bourgeois pour un 2 contre 1… mais la reprise du défenseur de Gap bute sur le déplacement rapide du gardien Aeschlimann. Aussitôt, Senteler lance un 2 contre 1 dans l’autre sens et la belle passe levée de Scherwey est parfaitement reprise par Tobias Geisser (3-2, 63’18).
L’équipe de France s’incline donc à deux reprises, mais avec des prestations honorables grâce à un effort défensif soutenu. On espère que toutes les absences ne sont que sont momentanées et que tout le monde sera rétabli (dont Adel Koudri qui n’a pas fini le match). Les Bleus espèrent retrouver enfin un effectif plus optimal avec la présence du vétéran Pierre-Édouard Bellemare, qui rejoindra l’équipe après les deux matches de cette semaine à Cergy contre la Slovénie, où seront présents les Rouennais et les autres Bordelais. La surprise est surtout venue hier de l’annonce par Stéphane Da Costa de son arrivée chez les Bleus. De quoi alimenter les discussions dans les prochains jours entre le président de la FFHG Pierre-Yves Gerbeau et le ministère au sujet d’un joueur qui évolue en Russie (son contrat KHL à Ekaterinbourg court encore sur une saison).
La Suisse, elle, a communiqué le soir même les prochains arrivants : Reto Berra et Christoph Bertschy de Fribourg-Gottéron s’ajouteront à Herzog et Simion déjà annoncés, à Haas et au tout jeune papa Tanner Richard qui fait son retour après un congé de dix jours pour la naissance de son enfant. Les signes sont très positifs quant à l’arrivée de NHL de Nico Hischier, Jonas Siegenthaler, Akira Schmid et Philipp Kurashev.
Désignés joueurs du match : Andres Ambühl pour la Suisse et Nicolas Ritz pour la France.
Commentaires d’après-match (au micro de la RTS) :
Tristan Scherwey (capitaine de la Suisse) : « On était peut-être un peu surpris mais j’ai l’impression qu’on était prêt. La préparation était là, le coach nous a laissé faire ce qu’on avait besoin et j’avais l’impression qu’on allait pouvoir mettre le rythme dès le début. À 2-0 au premier tiers, on a su bien réagir au deuxième et on a vraiment poussé au dernier tiers. Tout le monde sait que ça faisait un petit moment qu’on n’arrivait plus à gagner. La semaine passée, on n’était pas du tout content avec la prestation en Slovaquie. Tout le monde était content de faire un match solide hier et de finir à zéro. On voulait finir en beauté ce week-end, c’était une belle semaine. Mais il y a encore beaucoup de potentiel à améliorer, tous les joueurs en sont conscients. J’ai eu deux bonnes occasions, manque de concentration, comme dit Fischi, cette dernière détermination que des fois il nous manque dans le slot. J’en ai eu deux, j’étais énervé, mais à la fin, heureusement que Geissi fait deux mètres de long et qu’il a réussi à l’avoir. »
Patrick Fischer (entraîneur de la Suisse) : « Clairement, on est content d’avoir gagné. On a bien commencé, on fait beaucoup de pression mais on a fait deux erreurs et c’est 2-0 pour la France. Le caractère toute la semaine me plaît beaucoup. On a tourné le match, compliment aux joueurs qui ont mérité ces deux victoires. Avant la série de défaites, on a gagné 8 ou 9 fois de suite. Il faut continuer à grandir en tant qu’équipe. Notre niveau va monter la semaine prochaine, l’adversaire – la Lettonie – sera plus fort que la France. »
(photos : Nicolas Jacquet)
Match 1
Suisse – France 2-0 (1-0, 1-0, 0-0)
Vendredi 19 avril 2024 à 19h30 à la Sankt Jakob Arena de Bâle. 2103 spectateurs.
Arbitres : Loïc Ruprecht et Stefan Hürlimann assistés de Michael Stalder et Nathy Bürgy (SUI).
Pénalités : Suisse 4′ (0′, 2′, 2′) ; France 2′ (2′, 0′, 0′).
Tirs : Suisse 33 (12, 14, 5) ; France 17 (5, 5, 7).
Évolution du score :
1-0 à 11’30 : Moy assisté de Künzle
2-0 à 27’56 : Aebischer assisté de Thürkauf et Marchon
Match 2
Suisse – France 3-2 après prolongation (0-2, 2-0, 0-0, 1-0)
Samedi 20 avril 2024 à 17h30 à la Sankt Jakob Arena de Bâle. 2563 spectateurs.
Arbitres : Loïc Ruprecht et Stefan Hürlimann assistés de Michael Stalder et Eric Cattaneo (SUI).
Pénalités : Suisse 0′ (0′, 0′, 0′) ; France 4′ (0′, 4′, 0′).
Tirs : Suisse 43 (13, 12, 15, 3) ; France 12 (7, 2, 2, 1).
Évolution du score :
0-1 à 12’19 : Ritz assisté de K. Bozon
0-2 à 14’32 : Farnier assisté de Koudri et Valier
1-2 à 23’54 : Thürkauf assisté d’Ambühl et Fora
2-2 à 30’10 : Moy assisté d’Egli et Senteler (sup. num.)
3-2 à 62’18 : Geisser assisté de Scherwey et Senteler
Composition des équipes
Suisse
Attaquants :
Tristan Scherwey – Sven Senteler (+1) – Marc Marchon
Calvin Thürkauf (+2) – Anders Ambühl (C, +2, 2′) – Tino Kessler [puis Lehmann au match 2]
Tyler Moy – Thierry Bader – Mike Künzle
[poste tournant] – Valentin Nussbaumer (-1) – Marco Lehmann (+1) [puis Kessler au match 2]
Défenseurs :
Sven Jung – David Aebischer (+1, 2′)
au match 1 : Samuel Kreis – Romain Loeffel (A)
au match 2 : Tim Berni (+1) – Michael Fora (+1)
Simon Le Coultre (-1) – Iñaki Baragano puis au match 2 Dominik Egli
Tobias Geisser (+1)
Gardien :
Philip Wüthrich au match 1
Sandro Aeschlimann au match 2
En réserve : Leonardo Genoni (G), Gaëtan Haas (ménagé), André Heim (cheville gauche).
France
Attaquants :
Sacha Treille (C, -3) – Valentin Claireaux (-3) – Charles Bertrand (-2) [puis Bruche au match 2]
Loïc Farnier (+1) – Adel Koudri (+1) – Peter Valier (+1)
Kévin Bozon (+1) – Nicolas Ritz (A, +1) – Aurélien Dair (+1)
Baptiste Bruche (-1) [puis Sarliève au match 2] – Robin Colomban (-1) – Jordann Bougro
Téo Sarliève (-1)
Défenseurs :
Yohann Auvitu (-1) – Lucien Onno
Yohan Coulaud (-1, 2′) – Thomas Thiry (A, +1)
Pierre Crinon [au match 1] – Axel Prissaint
Vincent Melin (2′) – Fabien Bourgeois (-2, 2′)
Gardien :
Sebastian Ylönen [sorti à 57’34 au match 1]
Gardien remplaçant : Raphaël Garnier au match 1 puis Martin Neckar au match 2