« Notre entraîneur national est malheureusement un clown. Je n’y peux rien. Je me donne cœur et âme à chaque match, mais il essaie de me rabaisser à chaque match. J’essaie de passer outre, mais je n’ai pas vraiment réussi à faire quelque chose qui lui plaise. » Ces mots de Vilmos Galló ont été prononcés en direct à la télévision hongroise. Galló n’exprimait pas seulement sa déception de la défaite contre la Roumanie (1-2), mais surtout une frustration personnelle d’avoir été relégué en troisième ligne et en dehors des unités d’avantage numérique, malgré son statut de joueur de SHL (Linköping). MacAdam renvoie la responsabilité à Galló : « Un joueur a refusé de jouer parce qu’il a été rayé du powerplay. Il a enlevé l’énergie de l’équipe. »
L’incident traduit-il un malaise général de l’équipe hongroise à l’égard de Don MacAdam (73 ans), le manager de l’équipe nationale qui a repris lui-même l’équipe en mains faute de trouver un successeur à Kevin Constantine, parti l’été dernier ? En tout cas, même le gardien Bence Bálizs avouait que l’atmosphère dans le vestiaire était mauvaise et qu’il était difficile de se préparer avec les têtes perturbées.
La fédération hongroise a sifflé la fin de la partie par un communiqué : « Les déclarations de Vilmos Galló ne sont pas dignes d’un sportif professionnel. Ce qui s’est passé mercredi avant le match dans le vestiaire est une affaire interne à l’équipe. » Galló s’est ensuite excusé par un message sur Facebook : « Nous aurions dû régler les problèmes dans le vestiaire, entre quatre murs. Comme je l’ai déjà dit, comme tous les joueurs, je voulais en faire plus pour l’équipe et je continuerai à le faire. » Il est donc toujours aligné !
Ce scandale est survenu alors que la Hongrie doit encore jouer ses deux rencontres les plus importantes contre les deux autres prétendants à la montée, l’Italie puis la Slovénie… L’affrontement est décisif car les Italiens ont un point de moins qu’elle et ne pourront plus la rattraper s’ils perdent dans le temps réglementaire.
On ne dirait pas que ce match se joue à Bolzano. Toute une tribune latérale (soit presque la moitié de la patinoire !) est occupée par des supporters hongrois qui chantent et sautent. Le premier tiers-temps est très morne. Les Italiens dominent mais se créent peu d’occasions, hormis une déviation de Mantenuto. La Hongrie est encore moins dangereuse, même pas en avantage numérique quand Spornberger retient István Sofron.
La deuxième période débute par des altercations qui envoient deux joueurs de chaque camp en prison. La domination locale se poursuit mais reste vaine. Le gardien hongrois Bence Bálizs bloque de la crosse, miraculeusement, le tir de Catenacci qui pensait bien avoir le but grand ouvert sur un rebond. Juste avant la mi-match, le Hongrie ouvre le score contre le cours du jeu : une sortie zone ratée de Dustin Gazley est exploitée par Balázs Varga qui sert István Sofron dans l’axe. Le vétéran repousse le défenseur Terrance Amorosa du bras puis du dos avant de battre du revers Damian Clara, côté mitaine (0-1). Ce duel est symptomatique. Les Hongrois, ces joueurs autrefois peu enclins au jeu physique selon leur ex-sélectionneur (italo-canadien) Pat Cortina, sont en train de malmener les défenseurs italiens par de grosses mises en échec en fond de zone.
L’Italie doit réagir, notamment dans l’aspect physique. C’est en se mettant à jouer des coudes dans l’enclave qu’elle provoque une faute de Balázs Sebők. Le tir du cercle gauche de Tommaso De Luca est alors dévié par Mantenuto, mais au-dessus. À l’instant où la pénalité se termine, Kiss charge un joueur italien qui rentre au banc et prend deux minutes de prison pour obstruction. C’est une seconde supériorité numérique de suite, et la réussite arrive : le one-timer de Phil Pietroniro rate sa cible… mais pas la jambe de Henrik Nilsson qui marque son camp (1-1). Le public de Bolzano montre que lui aussi sait hurler sa joie et sauter sur place. L’Italie enchaîne dans la dernière minute de ce deuxième tiers avec un tir puissant du cercle gauche de Mantenuto qui a volé le palet en zone neutre à Hadobas… mais aussi par une pénalité bête en zone offensive d’Ivan Deluca à douze secondes de la pause.
L’Italie va résister à cette infériorité numérique. En contrant une passe, Daniel Frank permet même à Mantenuto de se procurer deux tirs consécutifs en contre-attaque. La passe de Tamás Ortenszky est reprise entre les cercles par Ákos Mihály qui trompe Clara côté plaque. Le compteur de tirs affiche alors 32 à 9… mais le tableau d’affichage, le seul qui compte, est à 1-2. Les Azzurri n’ont pas le temps de douter. Une minute plus tard, Luca Frigo envoie la rondelle dans le slot où Daniel Frank se la décale du patin pour la propulser dans les filets (2-2).
L’Italie continue d’attaquer de toutes parts. L’action la plus spectaculaire est à mettre au crédit du feu follet Daniel Mantenuto qui élimine trois joueurs à lui seul : il déborde Hadobás en zone neutre, dribble du revers Varga entre les jambes puis fait la passe en retrait malgré Sebok vers Michele Marchetti qui seul face à la cage… C’est encore un arrêt décisif pour Bence Bálizs, du bouclier. Mais l’équipe locale reste à la merci d’une action hongroise. Heureusement pour elle, Damian Clara est enfin rassurant, de la mitaine, sur un revers de Roland Kiss infiltré dans l’enclave. Cette fin de match est plus équilibrée.
Pendant deux minutes, la prolongation à 3 contre 3 est neutralisée entre deux équipes jamais prises en défaut de position. Balázs Sebők tente bien le dribble en 1 contre 1, mais l’attaquant d’Iserlohn est bloqué avec solidité et expérience par un autre joueur de DEL, Thomas Larkin. La première occasion vient d’une accélération de Marchetti qui passe en retrait pour Daniel Catenacci dans le slot. Bence Bálizs, qui aura décidément tout fait, repousse de la tête. Les actions s’enchaînent alors : lancer de Csanád Erdély sur le poteau puis, sur la contre-attaque, tir de Larkin suivi du rebond d’Anthony Salinitri. Ce dernier ne comprend pas comment il a fait pour ne pas mettre ce rebond idéal avec le gardien couché. Il comprend encore moins quand la Hongrie marque une minute plus tard : Varga prend de la vitesse et dépose Kostner pour une entrée de zone dans l’axe, s’appuie en une-deux sur János Hári à droite pour effacer Phil Pietroniro et glisse le palet à côté de Clara (2-3, photo ci-dessous). Le but est validé après un conciliabule entre les arbitres au sujet d’un possible hors-jeu de Hári.
Le plus heureux est un spectateur bien particulier, présent en tribune avec sa tablette : Edo Terglav. Ce résultat assure en effet à sa Slovénie un retour dans l’élite mondiale. Son équipe a le destin de l’Italie entre ces mains, il faut qu’elle batte la Hongrie au dernier match pour faire une fleur aux Azzurri. Tout cela bien sûr si les Italiens battent la Corée, sinon c’est la Roumanie (!) qui tirerait les marrons du feu et irait dans l’élite mondiale !
Désignés joueurs du match : Daniel Frank pour l’Italie et István Sofron pour la Hongrie.
Commentaires d’après-match :
Daniel Frank (attaquant de l’Italie) : « Si on perd, cela ne vaut rien, nous sommes déçus. Nous avons eu tant de chances, nous en avons gâché tellement, et eux non. Nous devons penser à notre partie, donner notre meilleur et battre la Corée demain, »
Alex Trivellato (défenseur de l’Italie) : « C’est un match pour la montée pour les deux équipes. Les deux s’attendaient à ce que ce soit dur. On doit quand même jouer une partie importante demain, ce n’est pas comme si le tournoi était fini. Mais on devait la gagner aujourd’hui, c’est dommage. »
István Sofron (attaquant de la Hongrie) : « Super effort, super fans, super match. Nous sommes si heureux parce que c’est une grande victoire. C’est un peu mon côté obscur, j’essaie toujours de jouer physique, de donner une impulsion d’énergie à l’équipe. Je suis si heureux parce que c’était un travail d’équipe, tout le monde a fait le job, j’ai marqué aussi, je suis heureux. »
Italie – Hongrie 2-3 après prolongation (0-0, 1-1, 1-1, 0-1)
Vendredi 3 mai 2024 à 19h30 à la Sparkasse Arena de Bolzano. 5394 spectateurs.
Arbitres : Mike Langin (CAN) et Peter Stano (SVK) assistés de Knut Braten (NOR) et Gašper Jaka Zgonc (SLO).
Pénaités : Italie 10′ (4′, 6′, 0′, 0′) ; Hongrie 16′ (6′, 10′, 0′, 0′).
Tirs : Italie 41 (10, 20, 9, 2) ; Hongrie 21 (4, 4, 9, 4).
Évolution du score :
0-1 à 30’27’’ : Sofron assisté de Varga
1-1 à 38’56’’ : P. Pietroniro assisté de Trivellato et T. De Luca (sup. num.)
1-2 à 42’35’’ : Mihály assisté d’Ortenszky
2-2 à 43’48’’ : Frank assisté de Mantenuto et Frigo
2-3 à 63’54’’ : Varga assisté de Hári et Stipsicz
Italie
Attaquants :
Daniel Frank (A, +1, 2′) – Diego Kostner (A, -1) – Michele Marchetti
Luca Frigo – Daniel Mantenuto (+1, 2′) – Tommaso De Luca
Anthony Salinitri (-2) – Daniel Catenacci (-2) – Dustin Gazley (-2)
Matthias Mantiger – Tommy Purdeller (2′) – Ivan Deluca (2′)
Défenseurs :
Alex Trivellato (-1) – Jason Seed (-1)
Peter Spornberger (+1, 2′) – Thomas Larkin (C)
Daniel Glira – Phil Pietroniro (-1)
Terrance Amorosa (-1) – Marco Insam
Gardien :
Damian Clara
Remplaçant : Andreas Bernard (G).
Hongrie
Attaquants :
Balázs Varga (+1, 4′) – János Hári (+1) – István Sofron (2′)
Kristóf Papp – Balázs Sebők (2′) – Csanád Erdély (C)
Márton Nemes (2′) – Tamás Sárpátki – Vilmos Galló
Ákos Mihály (+1) – Kristóf Németh (+1) – István Terbócs (A, +1)
Défenseurs :
Bence Stipsicz (A, +2) – Zétény Hadobás (+1, 2′)
Roland Kiss (-1, 2′) – Henrik Nilsson (-1)
Zsombor Garát (+1, 2′) – Tamás Ortenszky (+1)
Gardien :
Bence Bálizs
Remplaçants : Dominik Horváth (G), Bence Szabó (D). Non aligné : Nándor Fejes (commotion cérébrale).