À deux jours du début des Championnats du monde de hockey sur glace, le capitaine Sacha Treille et le sélectionneur Philippe Bozon ont répondu aux questions des médias lors d’une visio-conférence.
Le capitaine Sacha Treille ouvre la conférence de presse.
Comment vous sentez-vous à deux jours du premier match [samedi 12h20 contre le Kazakhstan] ?
On est prêts. On a fait une bonne petite préparation, et s’il reste deux-trois détails à améliorer, on a hâte que ça commence samedi midi.
Que vous inspire les retours de Pierre-Édouard Bellemare et Stéphane Da Costa ?
C’est super d’avoir des joueurs avec cette expérience. C’est un plus, on connait leur valeur sur la glace, mais aussi en dehors. C’est très important pour le groupe. Cela augmente le niveau de tout le monde comme par magie. On en tire une grande énergie, tout le monde a envie de faire de son mieux à côté d’eux.
Ton avis sur l’équipe ?
On a un bon mix d’anciens et de fraicheur. Nous avons intégré beaucoup de nouveaux ces deux derniers mondiaux. Un peu moins cette fois, mais la qualité générale augmente.
Le calendrier ?
On sait que le Mondial va se construire sur les trois premiers matchs. Le premier objectif reste le maintien mais cela peut évoluer au fil du Mondial. Nous affrontons des adversaires à notre portée, avec l’idée de tout faire pour gagner chaque match, et de s’adapter selon les résultats. Par expérience, un Mondial, c’est très long, il peut y avoir beaucoup de scénarios – et nous en avons vécu de toutes sortes. Le premier match est donc très important. Le groupe est prêt pour cela.
Que t’inspire le retour de Stéphane Da Costa après ces années sans lui ?
Je me base uniquement sur la glace, le reste ce n’est pas mon rôle. C’est une grosse plus-value, il a l’expérience et le talent naturel. On adore l’avoir avec nous. C’est un joueur important sur la glace et dans le vestiaire.
Dirais-tu que l’équipe de France progresse et que cet effectif est plus fort que l’an dernier ?
On sait que le niveau élite est un gros niveau et oui, la France progresse. Mais il y a zéro match facile et il faut être prêt à chaque début de match.
Tu as joué en Tchéquie, que penses-tu de ce pays, de l’ambiance ?
C’est un grand plaisir de retourner en Tchéquie, c’est un pays complètement fou de hockey. Je crois que c’est encore le sport numéro 1 même si le foot a pris de l’ampleur. Il y a un bon engouement dans les tribunes et on s’y attend, surtout avec la Slovaquie voisine.
Justement, on a vu certaines années un public très nombreux pour l’équipe adverse, comme la Grande-Bretagne en 2019. Et là, Slovaquie et Pologne sont tout proches. Comment gérer cela ?
On a l’habitude d’avoir le public plus ou moins contre nous ! Cela nous fait toujours un coup de motivation en plus. On est prêts à cela, et on espère quand même quelques drapeaux bleu, blanc, rouge dans les tribunes !
Un mot sur le Kazakhstan ?
C’est une équipe qu’on a beaucoup joué au fil des années. On connait leurs qualités individuelles, avec beaucoup de joueurs de KHL. Ce sera un gros match. On va se donner plus qu’à fond pour réussir cette entrée. Les bons résultats de la préparation sont importants, cela permet de construire la confiance de l’équipe. Quand on doute, on peut s’appuyer sur cela, on sait mieux comment réagir. Nous avons joué des adversaires très différents, et on a su s’y adapter.
Le sélectionneur Philippe Bozon prend ensuite la parole, répondant aux questions de L’Équipe, Paris-Normandie, Ouest-France, France Bleu Isère et Hockey Archives.
Un mot sur le retour de Pierre-Édouard Bellemare et Stéphane Da Costa ?
Ce sont des mines d’or pour nos jeunes. C’est un apprentissage accéléré d’avoir des joueurs de cette trempe pour se développer. Ils sont très proches des autres, donnent des conseils, de l’aide et cela améliore le niveau de tout le monde. On l’a vu dès le premier entraînement. Ce sont des moteurs, qui tirent l’équipe vers le haut. Tout le monde veut bien faire à leurs côtés. Leur rôle est ultra important, car les joueurs voient, apprennent et absorbent. Pour les coachs aussi c’est enrichissant. On échange avec eux sur le jeu, c’est un apport pour tous.
Et comment avez-vous réagi lorsqu’ils ont annoncé leur venue ?
Un grand ouf ! Quand on a appris leur venue, nous étions sur une préparation difficile avec beaucoup d’évènements. Nous savions que Texier ne serait pas là, avec sa fin de contrat. On a ressenti un grand soulagement, d’autant que nous avions quelques blessés importants.
Justement, les absents, Texier, Dubé, Fabre… cela change quoi ?
On a une idée dans le jeu, c’est d’évoluer avec beaucoup de vitesse. Et on peut dire que ces trois-là sont les plus rapides ! Aligner Bellemare et Da Costa c’est un bon compromis, grâce à leur expérience.
Est-ce que, selon vous, c’est l’équipe de France la plus forte de ces dernières années ?
Si on a tout le monde ! Si on dispose de tout le monde dans le futur, cela me donnera des choix difficiles, et oui nous aurons un des plus beaux potentiels de l’équipe de France. Mais on sait aussi qu’il y a des aléas, entre les contrats et les blessures. Quand on est sélectionneur, on sait que la vérité est au jour le jour et on peut difficilement se projeter. Depuis deux ans, on essaie d’amener des jeunes aux préparations pour leur donner de l’expérience, pour qu’ils puissent rejoindre le groupe et performer en réponse à ce genre de situations – blessures ou autre.
Et par rapport à l’équipe 2023 ?
C’est difficile à dire car nous perdons deux joueurs très rapides, Texier et Fabre, pour deux expérimentés qui rentrent. Addamo est en stand by, tout comme Dubé même si lui est en avance dans sa série. Il faudra voir si l’on est assez armés pour marquer des buts. Les jeunes, comme Tomas Simonsen, on a vu que c’était plus dur pour eux en fin de préparation, quand le niveau s’élève et avec la répétition des matchs, ce qui va encore augmenter au Mondial. On va voir comment certains jeunes vont performer en Mondial élite avec ce niveau qui monte.
Le Mondial est hyper serré, on essaie d’avoir le plus de certitudes dans le jeu. On aurait aimé avoir Fabre et/ou Texier. Mais je ne suis pas plus ou moins confiant au final, je suis juste réaliste de la situation de l’élite.
Quels sont vos objectifs ?
Le premier match ! C’est le plus important. Nous ne sommes focus que là-dessus, être performants samedi. Cela dicte la suite. Alors oui, c’est une évidence que mardi, après le match contre la Pologne, on en saura plus. C’est le même calendrier que l’an dernier. On a justement cette expérience, d’être prêts physiquement et mentalement pour le premier match et ne pas attendre pour lancer son Mondial.
L’an dernier, les équipes spéciales ont été un peu déficientes. Comment avez-vous abordé ces deux aspects, sachant que l’absence de Tim Bozon aux deux derniers matchs vous a empêché d’aligner le power-play définitif ?
Pour le penalty-kill, on est beaucoup dessus avec Ivano. L’équipe a beaucoup progressé sur ce plan, avec l’idée de mettre beaucoup de pression sur l’adversaire avec de la vitesse. Pour le power-play, on a débuté la préparation sans les joueurs qui vont le jouer au Mondial. On a débuté le travail contre l’Allemagne et tout au long de la semaine, on essaie encore de l’améliorer. Jouer avec Bellemare et Da Costa, ça aide, on compte sur eux pour dynamiser et gagner en efficacité sur les matchs-clés au début. On sait qu’au fil de tournoi, les pourcentages ont tendance à baisser contre les grosses nations.
Un mot sur vos adversaires suivants, Lettonie et Pologne ?
On est d’abord focus sur le Kazakhstan, mais on connait ces adversaires par cœur. La Lettonie, c’est du très haut niveau, ils l’ont montré l’an dernier [médaille de bronze]. La Pologne, c’est une équipe « old school », hargneuse et physique, qui va surtout défendre et concrétiser sur nos erreurs. On va viser à imposer notre jeu et notre vitesse.
Est-ce que vous avez déjà la tête tournée vers le TQO fin août ?
Je vois cela comme une globalité. Le Championnat du monde est important, mais c’est aussi sept matchs de préparation en vue du tournoi de qualification olympique. La présence de Bellemare et Da Costa le montre, ils sont là pour transmettre ce message, cette envie de TQO. Ce Mondial est aussi une préparation, pour les lignes et combinaisons. Les aléas font que ce ne sera pas tout à fait le cas mais on est tout de même dans cette optique : sept matchs pour gagner en expérience en vue de cet événement.
Avec les échéances suivantes en ligne de mire, puisque la France est candidate pour 2028 [NDR : seule candidate, le Kazakhstan s’étant retiré ce jeudi] et organise les JO 2030…
Tout à fait, c’est une bonne nouvelle pour le hockey français. C’est le message que j’ai fait passer aux plus jeunes dès le début de saison : se fixer ces objectifs, travailler pour cela.
Quatre débutants cette année : Cantagallo, Bruche, Simonsen et Dair. Un mot sur leur préparation, pourquoi eux ?
Enzo Cantagallo, c’était indiscutable. Il n’y a même pas eu de discussion, avec tout ce qu’il a montré. L’an dernier il avait eu quelques blessures, mais il a vraiment été excellent cette année. Les autres, on verra s’ils seront là ou pas, tout peut changer avec Addamo ou Dubé.
Addamo qui est justement mené 0-3 dans sa série en ECHL. En cas de défaite vendredi soir, quand arriverait-il ?
Le plus vite possible ! J’étais encore au téléphone avec lui ce matin à 5h30, c’est pour cela que j’ai de petits yeux (rires). Il aurait aimé être là depuis une semaine, mais je n’ai pas compris le choix de son club, alors que l’expérience du Mondial est supérieure. Ils l’ont bloqué, mais dès l’élimination il prend l’avion et nous rejoint, même si ça sera sans doute trop juste pour les matchs du week-end. Dès qu’on peut on l’intègre.
Beaucoup de pénalités l’an dernier, plusieurs expulsions aussi : avez-vous fait un focus sur ce plan en préparation ?
Nous avions trois axes d’amélioration, dont la discipline. On s’est bien comportés en général tout au long de la saison. On s’améliore. Le hockey voit moins de grosses mises en échec, il faut être propres dans les duels, les gagner autrement. On a mis l’accent là-dessus dans plusieurs matchs, dès qu’on repart dans ces travers. Ce sera hyper important, notamment contre la Pologne dont le style cherche à provoquer. On a toujours une marge de progression et il faudra rester vigilant.
Côté gardiens, une hiérarchie a-t-elle été établie ?
Sebastian Ylönen a fait deux bonnes performances contre la Suisse où nous avions fait exprès de le tester en situation de back-to-back. Il performe depuis le début de la préparation, il est focus, impliqué. Julian Junca, je suis plus mitigé, il a connu un début de match difficile contre l’Allemagne mais s’est bien repris. Il a eu des sauts de performance, à l’image de sa saison, mais il a un bon potentiel.
Un mot sur Antoine Keller, qui était en préparation ?
C’est l’avenir de l’équipe de France. On aurait aimé le tester plus, il voulait venir aussi, mais son équipe a gagné le premier tour de ses playoffs alors qu’on ne les attendait pas. Il y a été très performant. Après, il fallait donner du temps de jeu aux autres. Mais c’est indéniable qu’il a un gros potentiel, c’est encourageant.
Pour finir, quelques mots sur le Kazakhstan, votre premier adversaire ? Comment faire pour se sortir de ce match-piège ?
Il faudra les déranger. Ce sont de bons techniciens, mais il n’aiment pas être bousculés. On va essayer de les agresser, dans le bon sens du terme, les déranger dans leur jeu. Il faudra rester disciplinés, car leur power-play est efficace, notamment avec Mikhailis, un bon buteur droitier. On ira avec nos armes. On a les atouts pour les déranger, en amenant de la vitesse, car je pense qu’ils sont moins rapides, surtout leur défense un peu lourde. On va mettre l’accent là-dessus.