L’avant-dernier jour de ce tour préliminaire offre traditionnellement un duel entre le septième de l’année précédente et le promu. Il a de bonnes chances d’être un « match de la mort » – comme l’an dernier Hongrie-Autriche – et c’est encore le cas en 2024.
Le promu polonais, très combatif tout au long du tournoi, n’a récolté qu’un point – face à la Lettonie dès le premier match – et manqué un match crucial contre la France. Une France que le Kazakhstan a battue d’entrée, avant de n’engranger aucun point par la suite.
Les joueurs d’Asie centrale, qui comptent 17 saisons en élite depuis l’an 2000, sont donc condamnés à cravacher contre cette accrocheuse formation polonaise, devant un public rouge et blanc – la frontière de la Pologne ne se situant qu’à une quinzaine de kilomètres… Lors de la dernière confrontation< entre les deux pays en février 2020, le Kazakhstan s'était fait surprendre chez lui en tournoi de préqualification olympique.
Le promu commence bien la partie. Une bonne sortie de zone envoie le capitaine Krystian Dziubinski à l’attaque et il lance le premier tir sur Andrey Shutov. Puis, il accélère avec Alan Lyszczarczyk, sans réussite.
Par la suite, le match entre dans un faux rythme avec deux formations très prudentes, et les occasions disparaissent. On se cantonne à des duels périphériques, des passes contrées et tirs bloqués.
Un faire trébucher de Batyrlan Muratov va-t-il changer la donne ? La Pologne n’a pas marqué le moindre but en supériorité dans ce tournoi, malgré dix-huit tentatives. Le jeu est confus, maladroit, et joue à se faire peur derrière. Pourtant, l’équipe spéciale finit enfin par s’installer. Lyszczarczyk est servi au cercle, fixe et décoche un tir à travers le trafic. Kamil Walega saute sur le rebond, en deux temps, et l’Ostravar arena entre en éruption (0-1, photo ci-dessous).
Le plus dur est fait, mais il reste du chemin et le Kazakhstan dispose sans doute d’individualités de meilleure facture. La plus dangereuse demeure Nikita Mikhailis, et l’assistant capitaine se charge de le prouver. Trois minutes après le but, il récupère le palet lors d’une mise au jeu au centre de la glace, et accélère sur la droite. Il feinte et mystifie Patryk Wajda, et son lancer du cercle droit échappe à John Murray (1-1). Il y a moins de bruit tout à coup…
Les affaires de la Pologne ne s’arrangent pas, car quelques secondes après ce but Pawel Zygmunt est sanctionné pour faire trébucher. Le Kazakhstan poursuit son temps fort : Mikhailis à la baguette avec un tir du cercle droit, un renversement vers Roman Starchenko, et un tir d’Adil Beketayev servi en retrait. Murray s’est bien repris et maintient son équipe dans la partie.
Le jeu revient à cinq contre cinq, et Lyszczarczyk, très en vue, travaille fort sur l’aile droite. Il trouve Marcin Kolusz en retrait, et le tir du défenseur échoue sur la botte de Shutov. La tension monte peu après, lors d’une attaque du Kazakhstan, ce qui vaut deux minutes à Maciej Urbanowicz et Alikhan Assetov. Plus rien ne sera marqué dans ce tiers très fermé : quatre tirs kazakhs, cinq tirs polonais.
Et il n’y a pas plus de tirs au deuxième tiers-temps : un seul cadré lors des quatre premières minutes. Le match est verrouillé par l’enjeu. Une accélération de Walega plein centre réveille un peu un public à la nervosité palpable…
La Pologne appuie doucement. Mateisz Michalski sollicite l’épaule de Shutov d’un bon lancer. Puis, c’est le Kazakhstan qui prend la main et Beketayev cherche à exploiter un écran, sans réussite. La meilleure chance revient à Grzegorz Pasiut à la mi-match, et Shutov repousse.
Le compteur de tirs ne grimpe pas, et les nerfs sont mis à rude épreuve. Murray est ainsi percuté par Shestakov derrière sa cage en voulant jouer un palet et les esprits s’échauffent. C’est un jeu de puissance polonais. Lyszczarczyk lance au but et une forêt de joueurs bataillent sur le rebond devant le but. Le même attaquant, natif du Canada, enchaine, puis Mateusz Bryk allume de la bleue. Le Kazakhstan survit, et subit une nouvelle vague au retour au complet. Le lancer de Dominik Pas frôle le cadre, alors que la Pologne appuie de plus en plus ses mises en échec.
Sur contre, Starchenko, servi latéralement, est en bonne posture, mais Murray s’impose. Les joueurs d’Asie centrale se lancent dans un petit temps fort, achevé par une crosse haute de Mikhail Rakhmanov. L’avantage numérique polonais est plus que poussif, puisque ce sont les joueurs de Galym Mambetaliev qui confisquent le palet et lancent au but ! La deuxième équipe se montre plus dangereuse, à l’image de Krzysztof Macias, et Shutov demeure impassible.
Murray fait de même sur le temps fort kazakh qui suit, captant de la mitaine un tir de Beketayev. La Pologne réplique par une double occasion en or : remise en retrait sur Dziubinski qui reprend en force, Shutov repousse… Michalski saute sur le rebond et tire en force lui aussi, arrêt ! Le gardien kazakh a conservé le score de 1-1 sur le fil.
Vingt minutes pour faire la différence… Mikhailis d’un côté, Pasiut de l’autre s’y emploient. Il n’y a aucun espace, et pas beaucoup d’occasions. Six minutes pour voir Dikhanbek lancer de la bleue… Murray repousse. Sa mitaine intervient sur un tir de Samat Daniyar, laissant échapper le disque au dessus de son but.
La Pologne recule un peu trop. À dix minutes de la fin, le défenseur Valeriy Orekhov est servi sur l’aile gauche, s’avance et expédie un slap en force, profitant de l’écran d’Assetov. Un tir gagnant (2-1).
Il faut maintenant marquer deux buts pour gagner dans le temps réglementaire et le temps défile. La Pologne, et ses supporters, ont pris un coup sur la tête. Les joueurs essaient de repartir, mais le déchet technique coûte cher. Une mauvais passe de Marcin Kolusz en zone offensive permet à Roman Starchenko d’intercepter et de partir en échappée. Le capitaine kazakh ne rate pas une telle chance et enterre les espoirs polonais (3-1).
Il reste 5’01, et Tamirlan Gaitamirov commet un retard de jeu, histoire de laisser un micro-suspense. Kolusz tire de loin, Fraszko travaille dans le slot et Shutov s’impose. La cage est vide pour un attaquant de plus, et rien ne passe. Alors que de nombreux supporters polonais quittent déjà l’arena, les joueurs essaient encore, même si le cœur n’y est plus. Mais la sirène retentit et sonne le glas de la présence polonaise en élite mondiale.
Le Kazakhstan sauve sa tête grâce à cette victoire 3-1, et passe même devant la France pour la 6e place du groupe (6 pts contre 4) avant le dernier match de celle-ci face à l’Allemagne. La Pologne descend, et espère ne pas attendre 22 ans pour remonter… Sa fédération est passée très vite à la suite puisqu’elle annonce son intention d’organiser la Division 1A l’an prochain (avec a priori la Roumanie comme candidature concurrente). Les Polonais auront montré beaucoup de bonnes choses au cours de cette quinzaine, mais manquent encore bien trop de potentiel offensif pour perturber l’élite mondiale.
Désignés joueurs du match : Nikita Mikhailis (Kazakhstan) et Kamil Walega (Pologne)
Trois meilleurs joueurs du tournoi désignés par leurs entraîneurs :
Pologne : Grzegorz Pasiut (A), Dominik Pas (A), John Murray (G)
Kazakhstan : Andrey Shutov (G), Roman Starchenko (A), Artyom Korolyov (D)
photos IIHF – Matt Zambonin
Kazakhstan – Pologne 3-1 (1-1, 0-0, 2-0)
Lundi 20 mai 2024, 20h20. Ostravar Arena, Tchéquie. 9109 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Ludvig Lundgren et Andreas Nyquist (SUE)
Pénalités : Kazakhstan 10′ (4′, 4′, 2′), Pologne 4′ (4′, 0′, 0′)
Tirs : Kazakhstan 22 (4, 11, 7), Pologne 24 (5, 10, 9)
Récapitulatif du score
0-1 à 09′11′′ : Walega assisté de Lyszczarczyk et Bryk (sup. num.)
1-1 à 12′35′′ : Mikhailis assisté de Shestakov
2-1 à 50′20′′ : Orekhov assisté de Mikhailis et Daniyar
3-1 à 54′25′′ : Starchenko
Kazakhstan
Attaquants :
Roman Starchenko (C, +1) – Alikhan Omirberkov (+1) – Yevgeni Rymarev (+1)
Nikita Mikhailis (A, +2) – Maksim Mukhametov – Kirill Panyukov
Batyrlan Muratov (2′) – Arkady Shestakov (2′, +2) – Kirill Savitskiy (+1)
Oleg Boiko – Mikhail Rakhmanov (2′) – Alikhan Assetov (2′)
Défenseurs :
Leonid Metalnikov (+1) – Adil Beketayev (+1)
Valeriy Orekhov (+2) – Samat Daniyar (A, +2)
Dmitry Breus – Madi Dikhanbek
Artyom Korolyov – Tamirlan Gaitamirov (2′)
Gardien :
Andrey Shutov
Remplaçant : Nikita Boyarkin (g). Réservistes : Nikolay Shulga (A), Maksim Musorov (A), Sergei Kudryavtsev (G)
Pologne
Attaquants :
Patryk Wronka (-2) – Grzegorz Pasiut (A, -2) – Bartosz Fraszko (-1)
Alan Lyszczarczyk (-2) – Krystian Dziubinski (C, -1) – Mateusz Michalski (-1)
Krzysztof Macias – Dominik Pas – Kamil Walega
Maciej Urbanowicz (2′) – Filip Komorski – Pawel Zygmunt (2′)
Défenseurs :
Marcin Kolusz (-2) – Jakub Wanacki (-1)
Patryk Wajda (-1) – Maciej Kruczek (-2)
Mateusz Bryk – Pawel Dronia (A)
Arkadiusz Kostek – Kamil Gorny
Gardien :
John Murray
Remplaçant : Tomas Fucik (G). Réservistes : David Zabolotny (G), Kasper Macias (D), Patryk Krezolek (A). Substitué sur blessure : Bartosz Ciura (D).