Affiche rafraîchissante entre une République Tchèque qui n’a plus joué de finale depuis leur titre de 2010 et une Suisse qui a connu les deux premières finales de son histoire en 2013 et 2019 mais n’a jamais été championne du monde. Jan Rutta a été suspendu pour son coup de coude d’hier et les Tchèques ont déclaré tardivement Jan Scotka pour compéter leur défense en « profitant » de la maladie de l’attaquant Flek pour le remplacer dans la liste.
Il aurait sans doute fallu se mouiller la nuque avant le début de ce match. Après l’ennuyeux Suède-Canada – sans vouloir manquer de respect aux deux formations – ce match est bien plus passionnant. D’entrée de jeu, le public joue son rôle de 7e homme et les deux formations, motivées par l’enjeu, se rendent coup pour coup et occasion pour occasion (02’30). Les locaux sont les premiers à connaître une phase de possession étendue. En course pour le titre de MVP, Kevin Fiala, tente de tester Lukáš Dostál d’un tir du revers à hauteur d’épaule, sans réussite (03’57). Les premières minutes s’écoulent rapidement, dans un jeu séduisant. Sedlak combine avec Kase qui envoie dans l’enclave pour Červenka… Le capitaine tchèque ne peut reprendre alors que la cage semblait grande ouverte (04’41). Les Helvètes subissent et opèrent en réaction. Leur première grande phase de possession intervient après presque six minutes de jeu. Celle-ci prend fin et Kase profite d’une sortie hasardeuse de Genoni pour tenter sa chance devant un but vide mais Dean Kukan à la crosse ferme et stoppe cette tentative. (06’33). La domination Tchèque reprend et les stars des Bruins se mettent en valeur. David Pastrňák déborde et profite d’une défense mal alignée pour chercher Pavel Zacha au second poteau : celui-ci bute sur un Genoni héroïque (09’13). Nino Niederreiter, en fond de zone, remporte son duel contre la bande, permet à Kévin Fiala de servir en retrait Nico Hischier mais le capitaine des Devils bute sur Dostál, resté attentif (09’48). D’une cage à une autre, un palet envoyé en fond de zone arrive sur Genoni qui repousse avant de se coucher sur le palet, voyant que le rebond allait lui échapper (10’19).
Petit à petit, la Nati rentre dans son match et les débats s’équilibrent. Jakub Krejcik tente sa chance de loin, c’est repoussé par le cerbère suisse (11’39). Les Tchèques, poussés par leur public, enchaînent les jeux positifs et mettent la pression sur la défense adverse. David Pastrňák, servi par Palát, tente sa chance en première intention mais la botte de Genoni lui barre la route (15’21). Mise à contribution, la défense Suisse tient bon mais ne cesse de subir les assauts adverse. Sur une sortie de zone ratée, Christoph Bertschy hérite du palet donné par Calvin Thürkauf entre les jambes de et tente sa chance mais la barre fait front (16’57). Les contacts, plus âpres minute après minute, vont rugir le public, surpris de ne voir aucune pénalité appelée. La dernière minute est disputée, Hischier et Niederreiter manquent le cadre, Červenka aussi et les deux formations se quittent dos-à-dos.
Les Tchèques embrayent pied au plancher. Leonardo Genoni doit s’employer par deux fois pour repousser les tentatives adverses (20’58). Leurs efforts paient puisque Christoph Bertschy pour une obstruction en zone offensive (21’25). Le danger rôde. Une passe de Pastrnak se dirige vers Cervenka qui aurait pu avoir la cage ouverte, mais le palet touche le patin de Marti, chanceux mais aussi réactif pour dégager très vite par la suite. Les Suisses sont à la peine mais Ondřej Palát fait obstruction sur Nico Hischier pour empêcher l’entrée de zone (22’37). À quatre contre quatre, les espaces se libèrent et les deux équipes tentent d’en profiter. Désormais en supériorité numérique, Hischier et Niederreiter combinent, tente de trouver la solution mais Dostal repousse (23’47). La crosse de Genoni signale le retour de Palát et la glace demande encore a être brisée (24’37). Une sortie discutable de Genoni sur une fixation de Pastrňák laisse le champ ouvert à Pavel Zacha qui est repris de justesse par Christian Marti devant sa cage (25’20). La Nati prend le match à son compte et les coéquipiers de Calvin Thürkauf accélèrent le rythme de cette partie, des deux côtés de la glace. Alors que les Tchèques occupent la zone offensive, Michael Fora retient Palát (29’31). En jeu de puissance, le buteur Kubalik a le temps d’armer un tir du cercle droit… qui frappe l’extérieur du poteau !
Les minutes qui suivent voient les deux équipes se disputer le contrôle du palet. Radko Gudas dégage en tribunes sous la pression de Thürkauf (34’49). C’est sous les sifflets de l’O2 Arena que se jeu de puissance se déroule. Après avoir tourné stérilement pendant plus d’une minute, le quintette trouve une opportunité et Nino Niederreiter bute de nouveau sur Dostál (36’03). Cette occasion est la seule et Gudas retrouve les siens en toute tranquillité. En fin de tiers, après un énorme de travail de Pastrňák derrière la cage, David Kämpf tire sur l’extérieur du poteau mais rien ne vient briser le verrou sur le tableau d’affichage.
Le dernier tiers de ce Mondial démarre étonnamment sur un rythme difficile à expliquer. Les deux équipes se procurent quelques grosses occasions mais le rythme de la partie a diminué. Les Tchèques poussent Genoni et sa défense dans leurs retranchements mais toujours pas de but à l’horizon (43’20). Alors qu’ils étaient dans un temps relativement faible, Michael Fora fait résonner le fer de Dostál mais le tir ne prend que l’extérieur du poteau et reste en jeu. Le chronomètre défile, les deux équipes se rendent coup pour coup tout en essayant d’empêcher l’autre de se procurer des occasions et les filets se refusent toujours aux attaquants (47’31). Ondřej Palát emboîte Andrea Glauser dans le plexiglas, celui-ci cède sous l’impact et voilà qu’une pause improvisée a lieu, le temps pour les techniciens de la patinoire de remplacer celui-ci.
La fatigue commence à se faire ressentir sur les corps de part et d’autre et sur un dégagement refusé évitable, la solution vint. David Pastrňák, timide jusqu’ici, sort de la boîte au bon moment. Servi dans le cercle gauche par Tomáš Kundrátek, il fusille Genoni et ouvre la marque (0-1 à 49’13). Le temps joue désormais contre les Helvètes qui, bien que loin d’être mauvais, semblent impuissants face à cette République Tchèque et ce public qui vient de battre son propre record d’affluence, datant de 2015. Les prises de décision de la Nati sont plus hâtives, les gestes moins maîtrisés, les passes moins précises, ce but semble avoir décidé du champion du monde. Lukáš Dostál construit un mur de fer sur son but, brisant de la botte les espoirs de Sven Andrighetto (53’00). Six minutes, puis cinq minutes, le compte à rebours fait son œuvre et presse les Suisses. Les occasions se font nombreuses de chaque côté mais personne ne compte de nouveau but. Patrick Fischer prend son temps mort et tente de trouver le schéma de jeu qui remettra les siens dans le match (57’51). Leonardo Genoni déserte son filet et l’on joue à 6 contre 5. Les Helvètes manquent cruellement de réalisme et de réussite, la défense tchèque repousse offensive après offensive et se rapproche d’un titre de championne du monde. En toute fin de match, David Kämpf s’échappe, profite d’un palet devant le filet désert et scelle l’issue du match (0-2 à 59’41). C’est du délire à Prague et la fête est partie pour durer.
Désignés joueurs du match : Andrea Glauser pour la Suisse et David Pastrňák pour la Tchéquie
Commentaires d’après-match :
David Pastrňák (attaquant de la Tchéquie) : « Nous l’avons fait à la maison. Nous attendions l’or depuis très longtemps, cela ne pouvait pas venir à un meilleur moment. Les supporters ont mis une telle ambiance depuis deux-trois semaines, nous avons pu l’étendre à ce week-end en nous battant pour les médailles. Nous sommes heureux d’avoir réussi pour eux. Je n’avais jamais joué à la maison, ma famille s’était toujours déplacée, je suis parti enfant. Il aurait été dur pour moi de dire non, franchement je ne dirai jamais non à l’équipe nationale tant que je suis en santé. Pour moi et Pavel qui sommes venus si tard, les gars nous ont rendu la chose si facile de suivre le système. Nous avons joué comme une seule unité pendant tout le tournoi. »
Jan Ščotka (défenseur de la Tchéquie) : « C’était assez précipité. Židla [l’entraîneur-adjoint chargé de la défense Marek Židlický] est venu me voir et m’a dit que je jouerais. J’étais totalement nerveux, mais heureux. Je n’ai pas joué depuis trois semaines, donc c’est très difficile. Dès la première présence, Kevin Fiala était face à moi, je serrais les fesses et je me suis dit que j’aurais l’air d’un idiot et je gâcherais tout pour l’équipe. C’était mental et physiquement, mais heureusement, ça s’est bien passé. Židla a alors peut-être senti que j’étais un peu fébrile, alors il a décru mes présences. Mais je ne blâme personne. J’avais encore la tête dans les nuages. Quiconque arrivait s’intégrait immédiatement. Je pense que c’était la chose la plus importante. Dosty [le gardien Lukáš Dostál] était absolument incroyable, mais je devrais féliciter tout le monde comme ça. Tout le monde le mérite, même les gars qui n’ont pas joué. Nous avons fait preuve d’un grand caractère. »
Patrick Fischer (entraîneur de la Suisse) : « C’est dur. Nous avons tout essayé et ça n’a pas suffi. Ils ont une grande équipe, ils on rendu beaucoup de gens heureux dans ce bâtiment. Nous avons une médaille d’argent, mais félicitations à la Tchéquie. Je suis si fier de notre équipe, nous avons eu deux super semaines. Je ne peux que leur dire merci, c’est un groupe fantastique. Mais nous n’abandonnons pas. »
Nino Niederreiter (attaquant de la Suisse) : « C’est une énorme déception. J’étais en finale pour la troisième fois et je les ai toutes perdues. Même si peu de gens peuvent prétendre avoir remporté trois fois l’argent, la déception de perdre l’or est plus grande en ce moment. Quand j’y repense, l’argent était une victoire en 2013. En 2018, il y a eu des tirs au but, mais la Suède était la meilleure équipe. Ce match-ci aurait vraiment pu basculer d’un côté ou de l’autre. C’est ce qui rend les choses si amères cette fois. Il faudra encore deux ou trois semaines avant de réaliser à quel point nous avons été bons dans ce tournoi. Le simple fait d’atteindre les quarts de finale est un exploit, qui n’est pas assez valorisé en Suisse. La route vers la finale est brutale et très rocailleuse. La déception montre définitivement le développement de notre équipe a fait. Mais la prochaine génération nous manque un peu. Cela s’amincit lentement derrière. Regardez la Norvège et leurs deux joueurs nés en 2005. Notre plus jeune est de 2002. La nouvelle génération doit pousser et c’est le grand travail qui nous attend en Suisse. Promouvoir cette génération. »
Suisse – République Tchèque 0-2 (0-0, 0-0, 0-2)
Dimanche 26 mai 2024 à l’O2 Arena de Prague. 17 413 spectateurs
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Mikael Holm (SUE) assistés de Nick Briganti (USA) et Ludvig Lundgren (SUE)
Pénalités : Suisse 4′ (0′, 4′, 0′) ; Tchéquie 4′ (0′, 4′, 0′)
Tirs : Suisse 31 (7, 10, 14) ; Tchéquie 32 (13, 10, 9)
Évolution du score :
0-1 à 49’13’’ : Pastrňák assisté de Kundrátek et Hájek
0-2 à 59’41’’ : Kämpf assisté de Kubalík et Nečas (cage vide)
Suisse
Attaquants :
Kevin Fiala (-1) – Nico Hischier (A, -1) – Nino Niederreiter (-1)
Sven Andrighetto (-1) – Calvin Thürkauf (-2) – Christoph Bertschy (-1, 2′)
Fabrice Herzog – Sven Senteler – Dario Simion
Tristan Scherwey – Gaëtan Haas – Andres Ambühl (A)
Philipp Kurashev
Défenseurs :
Roman Josi (C, -2) – Andrea Glauser
Jonas Siegenthaler – Dean Kukan
Christian Marti – Romain Loeffel (-2)
Michael Fora (2′)
Gardien :
Leonardo Genoni (30/31) [sorti de 57’51’’ à 58’54’’ puis de 59’05’’ à 60’00’’]
Remplaçant : Akira Schmid (G). En réserve : Reto Berra (G), Sven Jung (D), Ken Jäger, (A).
République Tchèque
Attaquants :
Ondřej Palát (A, +1, 2′) – Pavel Zacha (+1) – David Pastrňák (+1)
Dominik Kubalík (+1) – David Kämpf (+1) – Martin Nečas (+1)
Roman Červenka (C) – Lukáš Sedlák – Ondřej Kaše
Ondřej Beránek – David Tomášek – Matěj Stránský
Défenseurs :
Jakub Krejčík – Radko Gudas (A, +1, 2′)
Michal Kempný (+1) – David Špaček
Libor Hájek (+1) – Tomáš Kundrátek (+1)
Jan Ščotka
Gardien :
Lukáš Dostál (31/31)
Remplaçants : Petr Mrázek (G), Daniel Voženílek (A). Non équipés : Karel Vejmelka (G), Jan Rutta (suspendu), Jáchym Kondelík (A). Substitué pour raisons de santé : Jakub Flek (A, malade).