C’est une finale inédite qui se lance en ce début juin. Les Panthers de Floride, finalistes l’an dernier, cherchent à soulever leur première coupe Stanley, après les défaites de 1996 et donc 2023. Ils n’ont jamais affronté les Oilers d’Edmonton en playoffs, et la franchise canadienne n’a plus gagné depuis 1990. L’objectif pour l’équipe de l’Alberta : succéder à Montréal, dernière équipe du nord de la frontière à remporter le trophée suprême (1993).
4500 km séparent Edmonton de Miami, ce qui en fait la finale avec le plus de distance géographique. Des heures d’avion attendent les joueurs après le match 2…
Autre curiosité : les quatre premiers joueurs draftés en 2014 s’affrontent ! Tous disputent leur première finale, dix ans après leur sélection. Aaron Ekblad (1er) a été rejoint, via des échanges, par Sam Reinhart (2e) et Sam Bennett (4e), alors que Leon Draisaitl (3e) œuvre du côté des Oilers. C’est la première finale de Connor McDavid, la superstar qui vise à écrire une nouvelle page de sa légende.
Les deux formations ont maîtrisé leur sujet en playoffs. Les Oilers ont dominé offensivement, avec notamment un power-play exceptionnel où le défenseur Evan Bouchard affiche des statistiques rares. Mais l’équipe a su aussi verrouiller lorsqu’il le fallait, grâce à un penalty-kill infranchissable, et un Stuart Skinner qui a su élever son niveau contre Dallas en finale de conférence. La domination s’est aussi vue côté Florida, avec une défense élite, portée par un Gustav Forsling incroyable et le talent d’Aleksander Barkov pour museler les stars adverses. Et bien sûr, un Sergei Bobrovsky brillant dans les buts.
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La première chance revient immédiatement à Zach Hyman, meilleur buteur des playoffs (14), à la récupération d’un palet cafouillé au cercle droit. Le gardien s’impose mais les Oilers enchaînent avec une séquence de possession agressive. Le jeu retombe vite dans une série de duels physiques et de jeux à la crosse coupant les passes adverses.
À quatre minutes de jeu, les Panthers exploitent leur première occasion. Aaron Ekblad relance parfaitement vers Aleksander Barkov, qui échange avec Sam Reinhart en une-deux dans la neutre et élimine ainsi Connor McDavid. Il trouve finalement Carter Verhaeghe au deuxième poteau. Le meilleur buteur de l’histoire des Panthers en playoffs et l’un des rares joueurs à déjà avoir gagné la coupe (Tampa Bay, 2020) ouvre le score (1-0).
Bobrovsky sort tout de suite un arrêt difficile. Brett Kulak reprend de la bleue suite à une mise au jeu, et la déviation met le gardien en difficulté. Edmonton monte son intensité physique, et Adam Henrique, ancien finaliste de coupe (New Jersey, 2012) écrase Oliver Ekman-Larsson contre la bande. Le Suédois, le visage en sang, se plaint aux officiels mais aucune faute n’est sifflée.
Sur la présence suivante, McDavid accélère sur l’aile droite, efface Ekblad et attaque la cage. Le gardien des Panthers sauve son camp. Warren Foegele enchaine une minute plus tard en tour de cage, sans plus de réussite. Les duels montent d’un cran alors que les Oilers cherchent à revenir très vite : trop intense, et Matthias Ekholm fait trébucher Kyle Okposo en zone offensive, plaçant Florida en supériorité numérique.
Avec 27 buts en saison régulière dans cet exercice, Sam Reinhart apparait comme le danger numéro 1. Matthew Tkachuk le cherche entre les cercles, et le palet rebondit vers Verhaeghe. Skinner se déplace à temps et bloque le palet. Les Oilers tuent la pénalité, la 29e de suite dans ces phases finales.
Les mises en échec pleuvent des deux côtés (33 en 15 minutes!). Edmonton pousse toujours, et envoie Adam Henrique en échappée. Le vétéran reçoit la passe de Mattias Janmark et Bobrovsky étire la jambière, repoussant le revers du vétéran. Juste après, Forsling est puni, pour avoir fait trébucher McDavid.
Le meilleur jeu de puissance de la NHL se met en place, tout en technique : première chance de Leon Draisaitl, puis, après un dégagement, une chance énorme de Ryan Nugent-Hopkins, envoyé en échappée par l’Allemand. Encore, la jambière de Bobrovsky éteint l’incendie, tout comme sur un tour de cage de McDavid. Pénalité tuée, la 33e sur les 35 dernières, mais le compteur de tirs grimpe en faveur des visiteurs. Nouvel arrêt du portier russe, de la mitaine, sur un tir de Ekholm à quelques secondes de la pause : 13 tirs à 4 pour les Oilers après vingt minutes, et Florida mène 1-0… mais jouera à un de moins, sur une crosse haute de Verhaeghe sur Bouchard à huit secondes de la sirène.
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Le jeu de puissance s’installe vite, et McDavid déniche Hyman devant le slot. Il contrôle seul devant le but, mais son revers voit le cadre se dérober. Encore une fois, Florida résiste et revient au complet. La punition ne tarde pas. Bennett envoie au fond, accélère et devance Cody Ceci sur le palet. Il remise du revers devant le but où Evan Rodrigues reprend sans contrôle en lucarne (2-0). Simple et efficace, deux buts en cinq tirs !
Edmonton repart vers l’avant. Draisaitl fonce à gauche, renverse pour Dylan Holloway qui reprend. Bouchard est au rebond et Bobrovsky se déplace vite. McDavid fait de même et l’arrière échoue une nouvelle fois face au portier russe. Le jeu quitte peu la défense floridienne, qui encaisse une reprise de Henrique devant le but servi par Janmark, un tir puissant de Ceci, puis un tir de Ryan McLeod, servi en retrait par le travail de Corey Perry et Warren Foegele.
Après sept minutes, Florida sort enfin de sa boite et enchaine deux présences dangereuses. Bennett, tout d’abord, puis Vladimir Tarasenko de près échouent sur la botte de Skinner, avec un premier sacrifice de Philip Broberg au contre. Kyle Okposo, lui, ne cadre pas, et Forsling suit : les Panthers ont autant lancé en une minute trente que sur tout le début du match !
Dans cette partie physique, l’intensité ne baisse pas : on compte 34 mises en échec des Panthers à 20 pour Edmonton à la mi-match. À cet instant, une très longue passe envoie Janmark dans le dos de la défense. Accroché par Dmitry Kulikov, il parvient à lancer. Le palet est bloqué sous la botte de Bobrovsky lorsque Connor Brown vient pousser la jambière, provoquant une échauffourée. Coup de sifflet de l’officiel pour annuler ce but potentiel, et quatre joueurs envoyés en prison, deux de chaque côté… et un de plus sur l’engagement lorsque Bennett envoie Draisaitl au sol d’un coup de crosse dans le bas du dos.
La pression monte, avec Hyman dans le slot cherché à deux reprises par McDavid. Puis, Nugent-Hopkins manque le cadre sur un service au cercle gauche, alors que le gardien était hors de position. Draisaitl, McDavid essaient aussi, puis Bouchard allume de loin à son tour, et le gardien des Panthers repousse encore. Gros temps fort, et le penalty-kill tient toujours. Cela n’arrête pas les tentatives. Au retour à 5 contre 5, McLeod et Foegele obtiennent chacun une chance à quelques secondes d’écart. 24-9 au compteur de tirs, 44-25 en tentatives de tirs…
Les minutes qui suivent sont plus fermées, entrecoupées de duels dans la neutre et de coups de sifflets – hors jeux, dégagements interdits. Un jeu qui avantage les Panthers, rapides en contre à l’image de Reinhart en deux-contre-unv; Skinner s’impose. Florida mène donc 2-0 à la pause, portée par son gardien Sergei Bobrovsky et beaucoup d’opportunisme.
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Florida gère les premières minutes de la reprise avec aplomb, et un gros travail à l’échec-avant. Ce qui permet de maintenir Edmonton loin de la zone offensive… jusqu’à une énorme chance. On joue alors la cinquième minute et un jeu en triangle permet à Hyman de renverser vers McDavid. Seul devant Bobrovsky, il voit sa reprise stoppée par le déplacement rapide du gardien. En face, Tarasenko se heurte à Skinner au cercle gauche.
Les choses ne s’arrangent pas pour les Oilers car Corey Perry, malgré son expérience d’une cinquième finale pour une cinquième franchise différente, donne un coup de crosse dans le dos d’Anton Lundell qui n’échappe pas aux officiels.
Edmonton n’a pas encaissé de buts sur un jeu de puissance adverse dix matchs de suite : le meilleur penalty-kill des playoffs entre en piste, afin de garder son camp dans la partie. Les Panthers ne se procurent aucune occasion, pour la trentième pénalité tuée consécutivement.
Mais il ne reste aux visiteurs que dix minutes. Les meilleurs marqueurs sonnent la charge, avec un nouveau tir de Bouchard à la bleue, dévié par Hyman avec McDavid à la chasse au rebond. Pour autant, les occasions se font rares, des deux côtés. Après un shift de pause, les gros poissons des Oilers ressortent et campent encore dans la zone de Florida, qui effectue un bon travail pour repousser vers l’extérieur. Ekblad bloque un tir dangereux, puis Bobrovsky repousse du haut de son bâton un lancer de McDavid. Ekholm, bien décalé à gauche, ne cadre pas son tir.
Les joueurs de Kris Knoblauch insistent, à l’image d’un tour de cage de Foegele pas repris dans l’enclave. Skinner laisse sa place à un attaquant à deux minutes de la fin et les Oilers s’installent en zone offensive. Bobrovsky stoppe un essai de Nugent-Hopkins, et Edmonton pose son temps mort. Cela ne suffira pas, et Eetu Luostarinen conclut les débats cage vide à quatre secondes de la fin (3-0).
Florida remporte donc le match 1 avec beaucoup d’opportunisme, et on peut saluer la prestation défensive globale de l’équipe. Sereins et sûrs de leur jeu, les hommes de Paul Maurice entament de manière idéale, alors que les trois quarts des équipes qui ont remporté le match 1 d’une finale ont soulevé le trophée. Edmonton n’a pas fait un mauvais match et a même plutôt dominé. Il n’a manqué que le réalisme devant le but.
Florida Panthers – Edmonton Oilers 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)
Finale de la coupe Stanley, match 1. Florida mène 1-0.
Samedi 8 juin 2024, 20h25. Amerant Bank Arena, 19.543 spectateurs.
Arbitrage de Dan O’Rourke et Steve Kozari assistés de Matt MacPherson et Jonny Murray.
Pénalités : Florida 10′ (4′, 6′, 0′), Edmonton 8′ (2′, 4′, 2′)
Tirs : Florida 18 (4, 8, 6), Edmonton 32 (12, 13, 7)
Récapitulatif du score
1-0 à 03’59 : Verhaeghe assisté de Barkov et Reinhart
2-0 à 22’16 : Rodrigues assisté de Bennett et Montour
3-0 à 59’55 : Luostarinen assisté de Barkov (cage vide)
Florida Panthers
Attaquants
Carter Verhaeghe (2′, +1) – Aleksander Barkov (C, +2) – Sam Reinhart (+2)
Matthew Tkachuk (A, +1) – Sam Bennett (2′, +1) – Evan Rodrigues (+1)
Eetu Luostarinen – Anton Lundell – Vladimir Tarasenko
Steven Lorentz – Kevin Stenlund (2′) – Kyle Okposo
Défenseurs
Gustav Forsling (2′, +2) – Aaron Ekblad (A)
Niko Mikkola (+2) – Brandon Montour (+1)
Oliver Ekman-Larsson (2′, +1) – Dmitry Kulikov
Gardien
Sergei Bobrovsky
Remplaçant : Anthony Stolarz
Réservistes : Spencer Knight, Magnus Hellberg (G), Tobias Bjornfot, Matt Kiersted, Uvis Balinskis, Josh Mahura, Mike Bennng (D), Jonah Gajdovich, Nick Cousins, Justin Sourdif, Mackie Samoskevich, Patrick Giles, William Lockwood, Rasmus Asplund, Ryan Lomberg (A).
Edmonton Oilers
Attaquants
Ryan Nugent-Hopkins (A, -2) – Connor McDavid (C, -2) – Zach Hyman
Dylan Holloway – Leon Draisaitl (A, -1) – Adam Henrique
Warren Foegele – Ryan McLeod (-1) – Evander Kane (-1)
Mattias Janmark (2′) – Connor Brown (2′) – Corey Perry (2′, -1)
Défenseurs
Mattias Ekholm (2′, -1) – Evan Bouchard (-1)
Darnell Nurse (-2) – Cody Ceci (-2)
Brett Kulak – Philip Broberg
Gardien
Stuart Skinner
Remplaçant : Calvin Pickard
Réservistes : Olivier Rodrigue, Jack Campbell (G), Ben Gleason, Troy Stecher, Vincent Desharnais, Philip Kemp, Cam Dineen (D), Derek Ryan, Adam Eerne, Lane Pederson, Sam Carrick, Xavier Bourgault, Raphael Lavoie, Sam Gagner (A)