L’équipe de France entame un nouveau tournoi de qualification olympique ce jeudi à Riga. Privés de Jeux depuis Salt Lake City en 2002, les Bleus ont vécu deux de leurs trois derniers échecs en Lettonie, qui sera de nouveau leur destination…
Trois matchs pour rejoindre Milan en 2026 : la « Mission bleue » affichée sur les réseaux sociaux par la Fédération française de hockey sur glace a tout de l’opération commando. Il faut dire qu’elle a beaucoup investi sur cet événement, qui peut potentiellement lancer un cycle vertueux, avant l’organisation des Championnats du monde 2028 à Paris et Lyon, puis les Jeux olympiques 2030 dans les Alpes du sud, avec le tournoi de hockey à Nice.
Le staff a été étoffé par l’arrivée de Cristobal Huet, qui vient seconder Yorick Treille. Ce dernier a été promu sélectionneur en juin dernier en remplacement de Philippe Bozon, écarté suite aux Championnats du monde à Ostrava assez décevants. Les Bleus compteront donc sur trois adjoints – Huet, Éric Blais, et Ivano Zanatta.
Les questions abondaient avec ce changement de sélectionneur deux mois avant une échéance cruciale. L’union sacrée a été visible, puisque toutes les têtes d’affiche des Bleus sont là : Pierre-Édouard Bellemare, désigné capitaine, Alexandre Texier, Stéphane Da Costa et Yohann Auvitu – ces deux derniers assistants-capitaines – a ainsi que la relève, Louis Boudon, Justin Addamo, Dylan Fabre et un Pierrick Dubé qui disputera sa première vraie compétition avec l’équipe de France. En effet, il s’était blessé avant le Mondial 2023, et a manqué le 2024, trop occupé à soulever le trophée en AHL. La foule de prétendants à une place dans l’effectif est une nouveauté, contraignant Treille à des choix cruels.
La principale surprise de l’alignement révélé en début de semaine reste ainsi l’éviction du fidèle des Bleus Anthony Rech. Barré dans un top-6 densifié, il a vu Guillaume Leclerc lui passer devant. Le retour de Floran Douay pour la quatrième ligne, lui qui n’avait plus joué en Bleu depuis la saison 2021-2022, est l’autre décision forte du sélectionneur, qui semble envisager une ligne d’énergie de géants avec Sacha Treille et Justin Addamo.
Un autre choix fort est la disparition de Sebastian Ylönen. Déjà mis au placard par Philippe Bozon au Mondial, il n’est cette fois même pas dans la liste. Quentin Papillon semble avoir conforté sa place de numéro 1, relayé par Julian Junca, et c’est le junior Antoine Keller qui s’installe au poste d’observation en troisième gardien. Un choix pour l’avenir, car il sera sans doute candidat à des responsabilité importantes pour les grosses échéances de 2028-2030.
La préparation, toutefois, inquiète. Les Bleus ont affronté la Norvège à deux reprises quelques jours avant le début du tournoi. Le premier match a vu l’équipe de France menée 1-0 quand un centre de filou de Mats Zuccarello a visé pour la déviation de la crosse de Quentin Papillon contre son camp. Elle a mené 2-1 sur des buts de Valentin Claireaux – après une belle passe de Ritz à travers la défense et Pierrick Dubé, mais le défenseur Emil Lilleberg a signé l’égalisation tardive, puis la victoire norvégienne en prolongation. Le comportement de Papillon dans les buts fut positif, même si la transversale l’a sauvé sur un tir de Michael Brandsegg-Nygård à a mi-match. Point noir, une mauvaise chute contre la bande de Florian Chakiachvili, dont l’état de santé pose question.
https://x.com/Hockey_FRA/status/1828383203981238332
Le deuxième match, en revanche, fut un cauchemar. Laminés 9-0, avec cinq buts encaissés par Julian Junca – presque tous en hauteur côté mitaine – dès le premier tiers, les Bleus n’ont pas existé offensivement. Ils n’ont pas aidé non plus Antoine Keller, entré pour les deuxième et troisième tiers mais quelque peu abandonné par sa défense.
Trois matchs au menu pour effacer cette contre-performance, donc. L’ouverture contre l’Ukraine a tout du piège, et les Bleus se souviennent sans doute de leurs difficultés en 2013 au premier match (défaite 3-2 contre le Kazakhstan) qui avaient compliqué leur tâche pour le reste du tournoi. Ironie de l’histoire, la seule participation de l’Ukraine aux Jeux olympiques date de… 2002, où elle avait battu la France !
Puis, il faudra affronter une Slovénie qui avait piégé tous les favoris en 2016 pour se qualifier aux Jeux de Vancouver.
Et pour terminer, la Lettonie, chez elle et devant 15 000 spectateurs, elle qui n’a manqué que les Jeux de 2018. Les Baltes avaient justement battu les Français en 2021, 2-1, les Tricolores échouant à convertir une supériorité numérique dans les deux dernières minutes. Entre cette échéance de 2013 et celle de 2021 à Riga, il y avait eu aussi une courte défaite 2-1 contre la Norvège en 2016, à deux minutes de la sirène…
La « Mission bleue » permettra-t-elle aux vétérans d’atteindre enfin leur Graal ? Un échec lancerait probablement une fin de carrière internationale pour la moitié de l’effectif, et une reconstruction en vue de 2028-2030.
Commentaires d’après-match (FFHG) :
Pierre-Édouard Bellemare (capitaine de la France) : « On a pris une bonne raclée sur le deuxième match, ça nous fait une belle leçon d’humilité. Pas assez agressifs, trop lents… Cela montre que le système dans lequel on joue doit se jouer à 100%, comme le premier soir. Il faut aussi retenir le stage en entier, avec des joueurs concentrés dès le départ. J’ai vu beaucoup de sérieux, d’intensité et d’exigence sur la glace. C’est ça l’équipe de France. Tout le groupe tire la corde dans le même sens et c’est bon signe. […] J’espère qu’on sera très combatif. Il faut en avoir envie plus que les autres. On a un groupe peut-être plus complet que d’habitude. Pour preuve, on a dû faire des sélections, je crois que c’est une première. Le système du nouveau coach a l’air de plaire à tout le monde. Il y a une vraie cohésion qui j’espère va se ressentir sur la glace. […] À ma première qualification à Klagenfurt, j’avais parlé avec Cristobal après notre élimination et on se disait qu’il y en aurait d’autres. Presque 20 ans après, je le retrouve dans le staff et moi qui m’apprête à jouer mon sixième TQO, sans aucune participation aux Jeux entre temps. Je suis bien conscient que c’est ma dernière. […] J’ai fait des finales de Coupe Stanley incroyables à jouer, mais je n’ai jamais rêvé de NHL contrairement aux Jeux. J’échangerais mes 700 matchs NHL contre les JO sans problème ! En plus dans ma famille, ma sœur et ma belle-mère ont fait les Jeux Olympiques. J’ai l’impression d’être le seul qui ne les a pas faits (rires) ! Ça va être les trois matchs les plus importants de ma carrière, tout simplement. »
Match 1
Norvège – France 3-2 après prolongation (1-1, 0-0, 1-1, 1-0)
Vendredi 23 août 2024 à 18h30 au Sparta Amfi de Sarpsborg. 1594 spectateurs
Arbitres : Marcus Vardeberg Wannerstedt et Christian Bo Persson assistés de Niklas Aldar Wilhelmsen et Christopher Dehn (tous NOR)
Pénalités : Norvège 10′ (2′, 0′, 6′, 2′) ; France 12′ (2′, 4′, 4′, 2′)
Tirs : Norvège 30 (7, 10, 12, 3) ; France 24 (7, 11, 6, 0)
Évolution du score :
1-0 à 07′53′′ : Zuccarello assisté de Nørstebø et Brandsegg-Nygård (sup. num.)
1-1 à 17′06′′ : Claireaux assisté de Ritz
1-2 à 41′49′′ : Fabre assisté de Dair (inf. num.)
2-2 à 57′19′′ : Lilleberg assisté de Nørstebø et Pettersen
3-2 à 64′18′′ : Lilleberg assisté de Thoresen et E. Salsten
Match 2
Norvège – France 9-0 (5-0, 2-0, 2-0)
Samedi 24 août 2024 à 14h00 au Sparta Amfi de Sarpsborg. 1661 spectateurs
Arbitres : Marcus Vardeberg Wannerstedt et Christian Bo Persson assistés de Niklas Aldar Wilhelmsen et Christopher Dehn (tous NOR)
Pénalités : Norvège 8′ (4′, 2′, 2′) ; France 12′ (6′, 4′, 2′)
Tirs : Norvège 41 (20, 12, 9) ; France 18 (4, 7, 7)
Évolution du score :
1-0 à 03′11′′ : Zuccarello assisté de E. Salsten et Thoresen
2-0 à 05′14′′ : E. Salsten assisté de Zuccarello et Thoresen
3-0 à 11′24′′ : E. Salsten assisté de Thoresen et Lilleberg
4-0 à 12′58′′ : Brandsegg-Nygård assisté de Zuccarello et Nørstebø (sup. num.)
5-0 à 19′03′′ : T. Olsen assisté de Pettersen et Johannessen (sup. num.)
6-0 à 34′21′′ : Brandsegg-Nygård assisté de Kåsastul et Pettersen
7-0 à 36′54′′ : Vold Engebråten assisté de T. Olsen
8-0 à 41′48′′ : Vikingstad assisté de Vesterheim et Steen
9-0 à 49′18′′ : Rønnild assisté de E. Salsten et Vold Engebråten
Norvège
Attaquants :
Mats Zuccarello (+4, 2′) – Eirik Østrem Salsten (+4) – Patrick Thoresen (C, +5)
Emilio Pettersen (+3) – Petter Vesterheim (+3, 2′) – Mathias Trettenes (A, +2)
Noah Steen (+2, 2′) – Eskild Bakke Olsen (+2) – Michael Brandsegg-Nygård (+3)
Andreas Martinsen puis au match 2 Martin Rønnild (+1) – Håvard Østrem Salsten – Thomas Olsen (+1)
+ au match 2 Markus Vikingstad (+2, 2′)
Défenseurs :
Emil Lilleberg (A, +3, 4′) – Mattias Nørstebø (+4, 2′)
Johannes Johannesen (+4) – Isak Hansen (2′) puis au match 2 Sander Vold Engebråten (+4)
Max Krogdahl (+1, 2′) – Christian Kåsastul
Gardien au match 1 :
Henrik Haukeland
Gardien au match 2 :
Jonas Arntzen
France
Attaquants :
Pierrick Dubé (-3, 6′) – Pierre-Édouard Bellemare (C, -5) – Anthony Rech puis au match 2 Tim Bozon (-5)
Guillaume Leclerc (-4, 2′) – Louis Boudon (-2) – Dylan Fabre (-1)
Sacha Treille (-3, 2′) – Justin Addamo (-1) – Floran Douay (-3)
Aurélien Dair (+2, 2′) [puis Rech au match 2] – Nicolas Ritz (2′) – Valentin Claireaux (4′)
puis au match 2 Alexandre Texier (A, -3, 2′)
Défenseurs :
Yohann Auvitu (A, +1) [puis au match 2 Llorca] – Enzo Guebey (-3, 2′)
Hugo Gallet (A, -5) – Enzo Cantagallo (-3)
Pierre Crinon (-1) – Thomas Thiry (-3)
Vincent Llorca (-2) – Florian Chakiachvili puis au match 2 Lucien Onno (-2)
Gardien au match 1 :
Quentin Papillon
Gardien au match 2 :
Julian Junca puis à 20’00’’ Antoine Keller [sorti de 59’22’’ à 59’25’’]
Non arrivés : Stéphane Da Costa, Charles Bertrand, Jordann Perret [ils remplaceront Ritz, Rech et Dair]