La CHL honore sa 10e édition et un club polonais revient à la lumière à tout point de vue. L’Unia est le club de la ville d’Oswiecim, dont le nom a été germanisé en 1940 sous l’appellation d’Auschwitz. Cette cité restera à jamais gravée dans l’histoire et les mémoires pour son camp d’extermination.
Sur le plan du hockey, le club revient au sommet avec un titre de champion de Pologne remporté la saison dernière après vingt d’absence. L’Unia partage donc la glace avec l’élite du hockey européen, une expérience qu’il n’a plus partagée depuis 30 années alors que le club a atteint la 5e place de la coupe d’Europe 1993. Aucun club polonais n’a réussi cette performance depuis lors.
Le coach slovène Nik Zupančič est passionné et déterminé pour diriger son équipe en CHL : « Nous ne serons peut-être pas perçus comme la meilleure équipe de cette compétition, mais nous allons certainement rivaliser et essayer de bien représenter le hockey polonais et notre club. Chaque équipe joue un hockey légèrement différent. Je pense que le plus important pour nous sera de nous adapter à la vitesse et d’accélérer la réaction. Cela devrait être notre objectif principal. En ce qui concerne notre style, nous voulons défendre, nous voulons jouer un hockey moderne avec une transition rapide vers l’attaque et être dangereux dans la zone offensive. Tous ces éléments d’un jeu moderne. »
Pour cela, le groupe est tout de même renforcé de 7 Suédois et 6 Finlandais, en plus l’attaquant Krystian Dziubiński qui était le capitaine de l’équipe nationale polonaise au Mondial. Les Polonais ont réussi une grosse performance en ouverture en menant au score à Tampere contre Ilves, et en ne s’inclinant qu’en prolongation (4-3).
C’est donc un club historique qui reçoit pour son premier match à domicile… les Eisbären de Berlin. Tout un symbole, mais l’histoire est loin derrière. Néanmoins, les supporters polonais déploient un immense tifo pour souhaiter la « bienvenue » aux visiteurs dans la cité de leurs plus grands crimes, les « camps de la mort allemands ». L’expression est écrite aux couleurs du drapeau allemand, ce drapeau de la république de Weimar que les Nazis haïssent. C’est en soi un gros contresens historique de la part de ces Polonais voulant dénoncer une supposée falsification de l’histoire via l’expression de « camps polonais » (que la presse allemande utilise de moins en moins). Le GKS Tychy avait pris une amende pour des banderoles similaires, il est certain que l’Unia subira le même sort du fait de l’interdiction des contenus politiques.
Berlin amène une équipe presque inchangée à l’avant, mais renforcée du Britannique Liam Kirk, du Canadien Gabriel Fontaine (deux saisons à Lukko Rauma) et d’un gamin de 20 ans, le Tchèque Matěj Leden, formé à Liberec. Le club présente deux nouveaux défenseurs. Le Canadien Olivier Galipeau connaît sa première aventure européenne après 6 saisons en AHL/ECHL. L’Américain Mitch Reinke pose, lui aussi, ses patins en Europe après 280 parties d’AHL. Bref, l’équipe présente encore plus de force offensive.
De son côté, Serge Aubin est plutôt satisfait de son premier défi à Växjö (3-1) : « Bien sûr, je ne suis pas content du résultat. J’ai aimé notre début de match. Le tiers de départ était très serré. Au milieu du match, les unités spéciales ont joué un rôle important. Växjö a marqué deux buts en avantage numérique. Nous avons eu de bons moments où nous avions l’avantage, mais nous n’avons pas pu en profiter. Dans le dernier tiers, la dynamique était du côté des Lakers. » Mais l’entraineur québécois ne prend pas à la légère ce déplacement en Pologne : « Ce match est très important pour les deux équipes. Oswiecim joue de manière très compacte lorsqu’ils n’ont pas la rondelle. Mais dès qu’ils ont le palet, ils agissent à grande vitesse. Nous devons respecter notre plan de match à cinq contre cinq et garder le dessus sur les unités spéciales. »
Pour ce match, le back-up allemand Jonas Stettmer prend place devant les filets face au Suédois Linus Lundin. Et cela part à cent à l’heure, la vitesse est bien présente. La partie se déroule dans une patinoire ancienne, un véritable chaudron. La puissance des kops de représente un défi. Les supporters berlinois ont fait le déplacement à une bonne centaine d’individus.
Berlin prend d’assaut la cage polonaise et impose sa puissance. La défense de l’Unia est concentrée et Ackered coupe la passe/tir devant les cages. Oswiecim a du répondant et se projette vite vers l’avant. Mais on assiste à une rude bataille de conquêtes et de défis pour conserver la rondelle. La pression sur le porteur du palet est intense, personne n’est venu sur la glace pour rigoler. Associé à l’ambiance dans la patinoire, on a le sentiment que ce match « old school » va être un véritable combat. Sur une avancée rapide dans la zone offensive, Blaine Byron ajuste et trouve un espace pour placer le palet dans les flets (11’01 : 0-1, photo ci-dessous).
Ce but a pour conséquence de provoquer un temps fort berlinois, mais les Polonais sont bien en place et tiennent le choc. Manuel Wiederer est pénalisé pour un cinglage, et le power-play tourne vite. Olsson-Trkulja, pas attaqué, repique vers le slot, envoie sur Hampus Olsson, pas serré de près, qui pousse le palet dans les cages (18’55 : 1-1). Clairement, les deux équipes ont fait jeu égal.
Deuxième période, Berlin met, tout de suite, la pression. Les Eisbären jouent collectif dans l’enclave et le une/deux Tiffels-Bergmann, tout en mouvement, remet les pendules à l’heure (22’58 : 1-2). Les deux équipes sont bien place et ne laissent quasiment aucun espace pour jouer. Les duels se succèdent. Eric Hördler déborde sur le côté droit et place un revers qui est capté de la mitaine par Lundin (30’45). Après une faute de Ty Ronning, l’avantage numérique polonais provoque des chaleurs sur un duo avec Olsson-Trkulja et Marklund. Jonas Stettmer doit se coucher sur le palet pour éteindre l’incendie (33’42).
Dans la seconde moitié de tiers, Berlin impose plus de rythme encore et domine son sujet sans toutefois concrétiser. Le tir de Galipeau, d’assez loin, est dévié de la botte par Lundin. L’échec-avant polonais est toujours aussi puissant et provoque une erreur de Noebels avec un puck qui revient devant la cage. De l’autre côté du glaçon, les ours polaires se ratent sur une cage ouverte avec Yannick Veilleux placé au second poteau (36’54). Berlin pousse, mitraille la cage, mais avec des tirs pas toujours cadrés. Retour aux vestiaires : Serge Aubin a du boulot pour faire le break et Nik Zupančič peut espérer revenir au score.
Troisième round et c’est Oswiecim qui tente sa chance avec beaucoup de vitesse. Pour se donner des chances de provoquer du danger, le palet est envoyé à l’avant avec de longues passes. Mais c’est sur une de ces offensives que la contre-attaque allemande est foudroyante. Le 2 contre 1 est conclu par Marcel Noebels (47’27 : 1-3). Les Eisbären provoquent encore du danger en tournant autour de la cage de Lundin avec un tir de Jonas Müller. Les Polonais réagissent mais subissent un vent fort allemand. Pour l’Unia, Sôderberg envoie un puissant tir sur Stettmer (53’15). Dans une nouvelle phase en zone offensive, Müller hérite du palet, s’avance et tire dans le trafic (56’09 : 1-4). Même si Müller puis Galipeau sont pénalisés et leur offrent une double supériorité, les Polonais ne trouvent pas l’ouverture. La victoire est bien là pour les joueurs de Serge Aubin mais c’est un rude combat qu’il a fallu engager pour se sortir de la nasse polonaise.
photos du match : Jarosław Fiedor
Commentaires d’après-match :
Serge Aubin (entraîneur de Berlin) : « C’était un bon match et une victoire importante pour nous. Le tiers de départ était très équilibré. Mais au milieu du match, nous avons pris le contrôle et avons eu l’élan de notre côté. Notre jeu de transition a été très bon. J’ai aimé que nous soyons restés calmes dans le dernier tiers. Nous avons joué sur notre expérience et n’avons rien forcé. C’était passionnant de jouer dans une atmosphère bruyante. »
Jonas Müller (défenseur de Berlin) : « C’était un match très serré. Nous savions qu’Unia jouerait très fort et réaliserait un bon avantage numérique. C’est ainsi qu’ils sont parvenus à égaliser. Avec une nouvelle avance et un nouveau but, les choses sont devenues un peu plus faciles pour nous. Nous avons suivi notre système. Nous étions proches de nos adversaires, avons avancé rapidement et avons mis la rondelle à la cage. »
Unia Oswiecim – Eisbären Berlin 1-4 (1-1, 0-1, 0-2)
Samedi 7 septembre 2024 à 17h30 à Hala Lodowa Mosir. 3000 spectateurs.
Arbitres : Bartosz Kaczmarek et Krzystof Kozłowski assistés de Michal Gerne et Igor Dzieciolowski (tous POL)
Pénalités : Oswiecim 4′ (2’, 2’, 0’) ; Berlin 8’ (2’, 2’, 4’)
Tirs : Oswiecim 17 (5, 5, 7) ; Berlin 49 (8, 24, 17)
Évolution du score :
0-1 à 11’01 : Byron assisté de Reinke et Galipeau
1-1 à 18’55 : Olsson assisté d’Olsson-Trkulja et Ackered (sup. num.)
1-2 à 22’58 : Bergmann assisté de Tiffels et Galipeau
1-3 à 47’27 : Noebels assisté de Boychuk et Pfoederl
1-4 à 56’09 : Müller assisté de Wissmann et Ronning
Unia Oswiecim
Attaquants :
Łukasz Krzemień (-1, 2’) – Krystian Dziubiński (-2) – Kamil Sadłocha (-1)
Hampus Olsson (-1) – Ville Heikkinen (-1) – Henry Karjalainen (-1)
Anton Holm (-1) – Daniel Olsson Trkulja (-1) – Sam Marklund (-1)
Adrian Prusak (-1) – Radosław Galant – Sebastian Kowalówka (-1)
Défenseurs :
Peter Bezuška (-3) – Roman Dyukov (-3)
Jere Vertanen (-1) – Joonas Uimonen (-1)
Andreas Söderberg (2’) – Carl Ackered
Kacper Prokopiak – Miłosz Noworyta
Gardien
Linus Lundin
Remplaçant : Robert Kowalówka (G). Absents : Kalle Valtola, Erik Ahopelto, Jakub Loza.
Eisbären Berlin
Attaquants :
Leonhard Pföderl (+1) – Zachary Boychuk (+1) – Marcel Noebels (+1)
Liam Kirk (+2) – Blaine Byron (+2) – Ty Ronning (+2, 2’)
Frederik Tiffels (+1) – Gabriel Fontaine (+1) – Lean Bergmann (+1)
Erik Hördler – Manuel Wiederer (2’) – Yannick Veilleux
Matěj Leden
Défenseurs :
Kai Wissmann (+2) – Jonas Müller (+2, 2’)
Olivier Galipeau (+2, 2’) – Mitchell Reinke (+2)
Rio Kaiser – Erik Mik
Gardien
Jonas Stettmer
Remplaçant : Jake Hildebrand (G). Absents : Korbinian Geibel (blessé), Tobias Eder (tumeur maligne), Michael Bartuli.