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Responsabilité, pression et introspection : au cœur de la position de gardien

Plongée au cœur de la position de gardien de but de hockey, entre responsabilité immense, pression constante et introspection, qui forge une mentalité unique et à part sur la glace

Nicolas Puccio par Nicolas Puccio
jeudi 9 janvier 2025 - 9:00
dans Général France, Ligue Magnus
Temps de lecture: 40 mins
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1.5k
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Derrière le masque : les parcours extraordinaires des gardiens de but

Les gardiens de but en hockey sur glace, figures fascinantes et souvent énigmatiques, incarnent un rôle à part, exigeant une force mentale hors du commun et une concentration sans faille. Treize d’entre eux, issus de parcours variés, se livrent dans une série de témoignages où ils dévoilent leurs doutes, victoires et sacrifices, au-delà des clichés.

👉️ À lire ou à relire – Épisode I : Les derniers remparts : histoires de gardiens, des débuts aux sommets 👈️
👉️ À lire ou à relire – Épisode III : Les derniers remparts : histoires de gardiens, des débuts aux sommets 👈️

Qu’ils soient en Ligue Magnus, dans des divisions moins médiatisées, ou en reconversion, Quentin Papillon, Henri-Corentin Buysse, Clément Ginier, Sydney David-Thivent, Ronan Quemener, Isaac Charpentier, Florian Hardy, Lucas Mugnier, Florian Gourdin, Marek Rączka, Olivier Richard, Tom Aubrun, Franck Constantin partagent une passion commune pour ce poste unique. Leurs récits, empreints de résilience et de sensibilité, révèlent une humanité profonde derrière le masque.

Cette collection met en lumière les trajectoires singulières de ces hommes, démystifiant leur rôle tout en célébrant les défis et l’authenticité de leur aventure humaine, bien au-delà des performances sportives.

Épisode II – Responsabilité, pression et introspection : au cœur de la position de gardien

Derniers remparts sur la glace, les gardiens de but incarnent bien plus qu’un rôle stratégique : ils jonglent avec la pression, la concentration, et des émotions intenses. Entre préparation mentale, routines ancrées et gestion des erreurs, ces athlètes développent une force de caractère hors du commun. Leur communication, qu’elle soit avec leurs coéquipiers, adversaires ou arbitres, révèle un leadership parfois discret mais toujours essentiel. Découvrez leurs confidences dans ce deuxième épisode de la série « Derrière le masque : les parcours extraordinaires des gardiens de but » dédiée à un poste où chaque arrêt est une bataille mentale et émotionnelle.

I-Un rôle à haute responsabilité : le dernier rempart

Une responsabilité ingrate mais essentielle

Les gardiens sont unanimes sur l’importance cruciale de leur rôle dans l’issue d’un match. Ils endossent la double responsabilité d’être le héros ou le coupable en fonction de leurs performances. Comme l’explique Quentin Papillon : “Si ton gardien joue bien, il te donne une chance de gagner alors que s’il joue mal tu en as peu. Je voulais endosser cette responsabilité de donner une grosse chance de gagner à mon équipe… ou de perdre si je n’étais pas bon. Je voulais avoir un gros impact dès que je jouais”.

Cette responsabilité constante fait de ce poste un rôle à la fois lumineux et ingrat. Sidney David-Thivent décrit cette dualité avec lucidité : “Si le match se passe mal, c’est d’abord le gardien qu’on va pointer du doigt. (…) Si on gagne un match, ce n’est pas lui qu’on va féliciter en premier, ce sera toujours forcément les buteurs”. Le Lyonnais complète : “En grandissant en étant gardien, on va savoir qu’il faut être performant car on est le dernier rempart. Forcément, on est un peu l’élément majeur d’une équipe. On peut avoir une très bonne équipe mais si on a un mauvais gardien alors on n’aura pas de résultats. On doit donc être conscient de cette pression du résultat”.

Marek Rączka insiste sur l’injustice perçue dans la gestion des erreurs : “Être gardien, c’est avoir beaucoup de responsabilités, une erreur dans un match serré et tu te fais “bouffer” par ton équipe. Jamais on ne voit vraiment le travail du gardien”.

Si un attaquant ou un défenseur fait une erreur, on ne dira rien, par contre si cela arrive au gardien, c’est terminé, c’est inscrit sur le tableau des scores. (Marek Rączka)

Henri-Corentin Buysse met également en avant l’exposition immédiate aux erreurs : “Un joueur qui fait un mauvais match, ça ne va pas trop se voir, alors qu’un gardien qui est mauvais 2 secondes, ça fait but”.

La forteresse de solitude

2020 Angers Hardy Florian
Florian Hardy (par Anthony Mangeard)

Le rôle de gardien implique une préparation mentale et une gestion de la solitude que peu de joueurs de champ expérimentent. Cette spécificité renforce l’idée que les gardiens forment une communauté singulière, comme le décrit Florian Hardy : “L’entraînement est spécifique, l’équipement est spécifique, le temps de jeu est spécifique. La performance aussi. Tout est spécifique, donc oui nous formons une caste à part”. Cette solitude est un élément récurrent dans les témoignages. Florian Gourdin la décrit sans fard :

Dans notre cage nous sommes tous seuls. Nous n’avons personne à qui parler. Nous devons digérer nos erreurs ou les erreurs des joueurs. Si nous faisons une erreur, nous prenons un but, alors qu’une erreur d’un joueur est rattrapable. (Florian Gourdin)

Pour Clément Ginier, cette solitude renforce la singularité du poste : “Nous n’avons pas cette dimension d’entente comme des joueurs sur une ligne pour bien jouer. Nous sommes seuls dans notre travail. (…) Nous sommes dans un “petit monde” et lorsque nous ne sommes pas dedans, cela se voit de suite”.

Calme et risque : la personnalité atypique des gardiens

La perception des gardiens oscille entre l’idée de « bizarrerie » et une forme de normalité revendiquée. Florian Gourdin se distingue par son rejet de ce cliché : “On m’a souvent dit que les gardiens étaient souvent les “bizarres” de l’équipe. Et moi, pour le coup, on m’a toujours dit que j’étais l’un des gardiens les plus normaux qu’ils avaient côtoyés”.

Pour Henri-Corentin Buysse, l’image du gardien isolé et « fou » appartient au passé : “Je pense que ça date de l’ancienne génération. Quand j’étais plus jeune il y avait beaucoup de joueurs qui m’avaient dit que je n’étais pas comme les autres gardiens parce que je parlais dans le vestiaire. Je pense que ça a changé, les gardiens ne sont plus isolés comme avant, à ne pas dormir ou à psychoter tous seuls. (…) Maintenant ils sont plus inclus dans l’équipe. Ils ne sont plus aussi solitaires même s’il faut quand même un peu garder cet aspect parce que les gardiens n’ont pas la même pression que les joueurs”.

Cependant, d’autres embrassent cette singularité, Florian Hardy admet avec humour :

Nous sommes un peu fous pour être gardiens de but. Je peux comprendre les gens qui disent ça. J’ai toujours essayé d’être à peu près normal. (Florian Hardy)

Introspection et maturité précoce

Ronan Quemener souligne une introspection nécessaire et une maturité précoce : “Nous sommes obligés de gérer nos émotions. Le comportement différent des gardiens est dû à la maturité précoce dont doivent faire preuve les gardiens”. Le gardien de Caen renvoie même dans un éclat de rire la folie sur les joueurs de champ : “Fous les gardiens ? Peut-être dans le temps où ils jouaient sans casque. Maintenant c’est plutôt faire des block shot avec des équipements de joueurs et parfois sans visière qui est fou”.

Enfin, Quentin Papillon décrit cette « folie » comme un besoin de préparation mentale spécifique : “Ce qui peut paraître fou c’est la façon dont on se prépare notamment mentalement parce qu’on a un poste à responsabilité et qu’il faut être prêt sur la durée du match. Ce qu’un joueur n’a pas besoin de faire (…).”

Florian Gourdin résume cette complexité avec ses mots :

Pour faire ce poste il faut quand même aimer se faire mal, surtout dans la tête. (Florian Gourdin)

“Nous occupons un poste dont la responsabilité est majeure. Un gardien fait une grosse part dans les résultats d’une équipe, notamment à haut niveau. Je pense qu’il faut avoir ce petit côté ‘à l’écart’ (…) C’est pour ça qu’on peut nous trouver bizarres. Aussi le fait que nous sommes souvent plus calmes que tout le monde et que de fait nous sommes peut-être plus en retrait”.

II-Routines et préparation mentale : clés de la performance

L’importance de la préparation mentale pour les gardiens

La préparation mentale des gardiens avant un match est un aspect incontournable auquel il est naturel de s’intéresser. Désormais entraîneur au niveau fédéral, Florian Hardy accorde une importance capitale à cette dimension. Sa vision repose sur un équilibre entre préparation mentale, physique et technique. Il explique notamment les actions qu’il met en place pour accompagner notamment les jeunes gardiens du groupe France : “C’est ultra important pour préparer les gardiens et augmenter leurs performances. Le domaine mental est clé pour améliorer les performances. Ensuite, on amène de jeunes gardiens, parfois mineurs sur des Championnats du Monde avec de forts enjeux et il faut préparer les gardiens à faire face aux performances et aux possibles contre-performances. On met toujours un point d’honneur à recadrer les performances des gardiens. On a l’objectif que chaque gardien faisant partie du Groupe Performance ait une aide au niveau mental”.

Pour moi, c’est au même niveau qu’au travail technique et physique. Pour être un gardien et un athlète de haut niveau, il faut travailler tous les domaines. Il est difficile d’aller chercher des performances sans être mentalement préparé. (Florian Hardy)

Cela rejoint une tendance générale dans le sport de haut niveau : l’importance croissante accordée au coaching mental pour optimiser les résultats. Isaac Charpentier nous met en garde : “Je sais que ça devient de plus en plus populaire dans le sport en général et dans le hockey en particulier. C’est presque encore un peu tabou, personne ne dit trop s’il a recours à ça”. Malgré cela, plusieurs gardiens interrogés reconnaissent solliciter ou avoir sollicité une aide extérieure pour élaborer leur routine d’avant-match comme l’explique Quentin Papillon : “Ça fait un moment que je travaille avec un préparateur mental. Ça m’a aidé sur beaucoup de points et surtout pour atteindre une espèce de régularité dans tous les matchs afin d’être prêt à chaque début de match. Je travaille avec lui sur les problèmes que je rencontre, on cherche ensemble les solutions adaptées. On essaie plusieurs méthodes parfois jusqu’à trouver celle qui fonctionne ».

Actuellement, avant les matchs quand je suis dans les vestiaires je me répète un ensemble de phrases qui commencent par “je suis”, par exemple : “je suis confiant, je suis concentré, je suis préparé”. (Quentin Papillon)

“Juste avant le début du match lorsque je suis dans ma cage, je vais utiliser un ancrage mental, l’idée est d’ancrer une émotion, un état dans lequel tu te sens bien, en forme, prêt à tout éclater. Ensuite tu utilises cet ancrage mental pour retrouver ce même état de forme juste avant le début du match.”

Pour Henri-Corentin Buysse, la préparation mentale l’a aidé à passer un cap et limiter certains traits de caractère qui l’ont desservi en début de carrière : “J’étais un garçon très impulsif, sanguin. Ma réputation m’a suivi tout au long de ma carrière. J’ai travaillé avec une préparatrice mentale. Au final c’est plein de petites astuces. En plus je suis quelqu’un qui aime bien le changement”.

Les routines personnalisées : trouver sa méthode

Certains gardiens font appel à des techniques de visualisation mentale, comme Ronan Quemener :

Après l’échauffement je fais de la visualisation mentale dans le vestiaire. Je bouge tout mon corps avec les yeux fermés. Je sais que ça a marqué pas mal de mes coéquipiers. La 1re fois ça peut faire rire et puis ils s’y habituent. (Ronan Quemener)

“Je pratique cette visualisation après l’échauffement, parce que si je la fais avant l’échauffement et que je n’arrête pas un palet, je vais me sentir mal. Je préfère la faire juste avant le match, au dernier moment, ça me permet de me sentir en confiance”.

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Florian Gourdin (par Anthony Mangeard)

Florian Gourdin rentre un peu plus dans les détails : “(…) Le gros du travail je le fais entre warm-up et le match, je me mets dans le couloir. Je me parle un petit peu à moi-même, j’ai quelques phrases que je me répète et m’aident à des fois relâcher un petit peu la pression qu’il y aurait. Puis après je ferme les yeux et puis je m’imagine dans ma cage face aux différentes situations qui ont le plus de probabilité d’arriver : d’abord des shoots d’angle, ensuite de face avec des arrêts lorsque je suis en papillon, quand je suis debout, mitaine, bouclier, des deux-contre-un, en breakaway, ou quand je dois sortir derrière ma cage”. L’objectif du portier des Spartiates est ainsi de préparer son cerveau à ce qui va se passer sur la glace : “C’est juste des situations assez “basiques” qui ont de très grandes chances d’arriver dans le match”.

(…) je visualise ces situations avec des arrêts et cela conditionne mon cerveau à ne pas paniquer lorsque ces situations arrivent. Mon cerveau les a déjà vus plusieurs fois, il sait y faire. Et en plus de ça je ne panique pas. Dans ma tête j’ai déjà fait l’arrêt donc là dans la réalité, je vais encore faire l’arrêt. (Florian Gourdin)

Entre routine et superstition : un équilibre délicat

Comme le rappelle Florian Hardy : “Tous les gardiens ont une routine même ceux qui ne s’en rendent pas compte”, avec le risque que la mise en confiance se transforme en superstition coûteuse en énergie. L’ancien portier des Bleus avoue :

J’ai essayé de me battre pour ne pas être esclave de mes superstitions. (Florian Hardy)

Henri-Corentin Buysse confie sur le ton de l’humour quant au côté irrationnel qui peut gagner l’esprit des gardiens “(…) j’aimais bien me rendre à pied à la patinoire que ça soit à domicile ou à l’extérieur et je ne pouvais pas traverser un passage piéton si le feu piéton était rouge. Je me souviens d’un match avec l’équipe de France en Slovénie où le feu piéton devenait rouge tout le temps. Les joueurs finissaient par traverser mais pas moi. Au final je n’étais plus avec le groupe. Pareil si je descendais à la patinoire à vélo, il fallait absolument que je respecte la signalisation. Mais seulement les jours de match, les autres jours je serai passé. Pour s’équiper c’est pareil, comme Zidane dans la pub Volvic : patin gauche, botte gauche…Quand j’arrivais dans ma cage, je prenais de l’eau, je la crachais en arrière”.

Ça ne m’a pas apporté que de bonnes choses. J’avais tellement de routines que ça me prenait de l’énergie. Ça partait sur l’échauffement d’avant match. Si on avait gagné et si j’avais bien joué c’était grâce à ce que j’avais fait avant le match pour performer. Sauf que parfois pendant les matchs je me disais “j’ai oublié de faire mes dix montées de genoux”. Ça devenait très prenant. (Henri-Corentin Buysse)

III-Superstition ou préparation ? L’équilibre mental des gardiens

La tentation de la superstition face à l’incertitude

La tentation de basculer dans la superstition est d’autant plus grande lorsque les résultats s’en mêlent “lorsque j’étais aux États-Unis et que cela ne fonctionnait pas, j’avais tendance à être plus superstitieux, à faire certaines choses en espérant que le match se passe mieux. Cela n’a pas marché pour moi. J’essaie d’être le plus loin possible de la superstition, même si le côté humain revient parfois, en m’équipant notamment en me disant : “tiens je pourrais faire ça ou ça”, ça montre un peu une faiblesse mentale” comme l’explique Tom Aubrun. Il ajoute :

Je me rends compte que plus je suis posé et plus j’arrive à contrôler les petites voix dans la tête qui essaient de me faire peur. Ce n’est pas le fait de poser ma gourde de telle façon ou de mettre ma chaussette gauche en premier qui va contrôler ce qui va se passer en match. (Tom Aubrun)

Réduire l’impact des routines sur la fatigue mentale

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Olivier Richard (par Anthony Mangeard)

Olivier Richard abonde en ce sens “Ce que j’ai appris avec les années, c’est à minimiser ma routine [d’avant match]. Lorsque j’étais plus jeune, ma routine était très longue, j’étais un peu superstitieux. Cela me prenait beaucoup d’énergie. J’ai beaucoup travaillé cet aspect à Briançon avec le préparateur mental qui suivait l’équipe (…) Je sais que je serai prêt lorsque le palet sera pour moi, si je me fais confiance et pas parce que je lace le patin droit avant le patin gauche ou l’inverse (…) J’ai réussi à me sortir de tous ces rituels. Ce que je fais maintenant m’est utile : je pense à la visualisation ou l’échauffement physique. C’est des choses dont j’ai besoin et qui m’aident à me sentir prêt”. Le gardien de Cergy-Pontoise insiste sur la fatigue mentale qui peut le guetter et sur la nécessité de ne conserver que l’essentiel pour ne pas être usé mentalement avant même le début du match : “On doit rester concentré pendant plusieurs heures durant un match. Si on rajoute encore 3h de préparation avant le début du match où on doit également être concentré, à la fin, on est mort (…) Il y a 44 matchs dans une saison, la charge mentale et la fatigue mentale arrivent à fond. Tout gardien qui sort d’un match où il a été très bon, sait qu’il a joué sur son instinct, et ça qui compte : qu’il se fasse confiance. Et pas qu’il perde son énergie avant le match ».

L’adaptabilité : une force des gardiens

On remarque également que la plupart des gardiens se déclarant les moins attachés à une routine occupent souvent le rôle de substitut. Cela s’explique notamment par leur capacité à devoir se préparer rapidement, comme l’explique Isaac Charpentier : “Après, je ne suis pas trop superstitieux ou je n’ai pas pas une routine. Je n’ai pas besoin de toujours manger la même chose. Idem, que je fasse la sieste ou pas selon l’heure du match, peu importe ce qui arrive, ça ne va pas me perturber (…) Justement je préfère ne pas avoir de truc spécifique comme ça peu importe ce qui arrive, par exemple si le match est décalé ou si le gardien titulaire se blesse, je suis prêt dans toutes les circonstances. Je suis juste heureux de jouer, c’est tout”.

Contrôler l’essentiel pour éviter les distractions

Lucas Mugnier appuie : “Je fais à peu près toujours la même chose mais pas dans un ordre spécifique. Ça m’aide mais ce n’est pas obligatoire (…) Ça permet aussi de s’adapter aux aléas, par exemple si cela se passe mal sur le trajet et qu’on arrive juste avant l’heure de monter sur la glace, si tu n’as pas ta routine tu ne vas pas être bien”. Florian Gourdin partage également le même avis : “Ça peut être plus contre-productif qu’autre chose d’avoir trop de tocs et de superstitions (…) J’aime avoir une routine dans tout ce que je peux contrôler, mais seulement ce que je peux contrôler. Par exemple, le plat du midi d’avant match je n’en ai rien à faire parce que je sais que sur la route ce n’est jamais moi qui vais choisir (…) Ça serait trop bête qu’un sujet aussi futile me contrarie et me sorte de ma préparation de match”.

IV-Concentration en match : rester alerte face aux imprévus

Marek Raczka lors d'un stage à Lyon
Marek Raczka (par Mark Holdefehr)

La question de la concentration se pose également durant le match. Marek Rączka se confie sur la difficulté de rester concentré en phase de jeu : “Je ne cadrais pas vraiment avec le profil du gardien introverti et solitaire, j’étais extraverti et même un peu excité (rires). C’était dur de rester concentré sur une période de 20 minutes. On a fait des tests, je n’étais vraiment concentré que 5 à 6 minutes et la concentration diminuait en fin de période. On a vu que je ne correspondais pas au type habituel du gardien (sourire)”. Les gardiens sont quasi-unanimes : plus ils sont sollicités et plus il est aisé de rester focus comme le confirme Quentin Papillon : “On peut très bien ne rien avoir à faire pendant dix minutes et puis essuyer 15 tirs dans les minutes suivantes ou encore n’avoir que 4 tirs mais 4 grosses chances de scorer”. La nature ayant horreur du vide, s’il n’est pas occupé par des actions de jeu, l’esprit peut se remplir de pensées négatives contre lesquelles il faut lutter comme nous l’explique Tom Aubrun: “Beaucoup de gardiens diront préférer des matchs avec beaucoup de sollicitations plutôt que des matchs avec peu d’actions et tout d’un coup une action difficile. J’essaie de contrôler ces pensées négatives de me faire confiance : (…) ce que je peux faire par contre, c’est me contrôler, être calme et être dans la meilleure position pour faire le prochain arrêt”.

Quand cela fait 10 minutes qu’on a pas fait un arrêt, on peut commencer à cogiter, à stresser, c’est là où on peut laisser le puck rentrer. (Tom Aubrun)

D’où la lutte quasi-permanente entre le gardien et son esprit qui peut vite s’égarer selon les circonstances, comme le confie Ronan Quemener : “Garder la concentration pendant le match, c’est ce qu’il y a de plus difficile. C’est plus facile de rester concentré lorsqu’on reçoit beaucoup de tirs, on a pas le temps de réfléchir. Alors que lorsqu’on regarde le gardien d’en face multiplier les arrêts, on se dit qu’il ne faut pas se rater lorsque le jeu va venir de notre côté. Il faut être prêt et essayer de relativiser, de prendre un palet après l’autre. C’est plus facile à dire qu’à faire parce que notre cerveau à quand même tendance à divaguer. (…)”.

Le plus dur pour un gardien, c’est mentalement. Dès qu’il y a du doute ou que l’esprit s’échappe. C’est pour ça que lorsqu’on reçoit beaucoup de tirs, on a pas le temps de réfléchir. (Ronan Quemener)

Lucas Mugnier faisant un arrêt de la crosse
Lucas Mugnier (par Thierry Frechon)

Lucas Mugnier confirme : “[les matchs] où l’on va voir peu le palet on peut avoir la tête un peu ailleurs. Cela m’est déjà arrivé en plein match alors que le palet est dans la zone adverse de penser à des trucs qui n’ont rien à voir avec le hockey comme ce que j’allais faire le lendemain. Pour éviter ça, je reste focalisé sur le palet en me répétant d’être concentré et de rester dans le jeu”.

Isaac Charpentier et Quentin Papillon partagent les mêmes techniques. Le Spinalien raconte : “J’essaye de m’activer tout seul en suivant le palet comme s’il était près de moi alors qu’il peut être à l’opposé. Je bouge mes jambes. Je reste actif. Je ne reste pas dans mon but à regarder le match au loin. Je ne reste pas spectateur”. Quant au gardien de l’équipe de France :

Même lorsque le jeu se déroule de l’autre côté de mon but, j’analyse ce qu’il se passe. Mon cardio ne descend jamais sous les 140 pulsations minutes lorsque je suis sur la glace, c’est comme ça que je me maintient éveillé, même si je ne bouge pas. (Quentin Papillon)

À l’image de la préparation d’avant-match, chaque gardien a aussi ses routines pour rester ancré dans le match. Henri-Corentin Buysse raconte : “À chaque engagement, je soufflais par la bouche et je me répétais “le palet, le palet, le palet”.

Et lorsque je divaguais, je me visualisais en train de sortir les poubelles et j’y jetais mes mauvaises pensées. (Henri-Corentin Buysse)

Pour Olivier Richard, il faut revenir à l’essentiel, le plaisir tout simplement : “Je me parle beaucoup durant le match et surtout j’essaie de prendre du plaisir, de m’amuser”.

V-Gérer l’erreur : la résilience mentale des gardiens

Les défis de la concentration pendant un match

Si le travail du gardien est d’empêcher le plus de palets d’entrer dans son but, certains finissent quand même par passer. Plusieurs pensées et émotions peuvent traverser son esprit, souvent en une fraction de seconde. D’une manière générale, la maturité permet de contrôler la frustration : “Je me suis calmé avec le temps. Jeune, dès que je prenais un but j’avais envie de casser ma crosse contre le poteau et tout envoyer balader. Maintenant, je me dis simplement que si j’encaisse 5 buts et que mon équipe en a mis 6, ce n’est pas important, j’ai gagné” (Isaac Charpentier). Henri-Corentin Buysse ajoute également l’importance de la préparation mentale : “Quand j’étais jeune et qu’il se passait quelque chose qui ne me plaisait pas, je pouvais faire un match de merde. Je ne savais pas non plus comment réagir après un but, je n’arrivais pas à analyser la situation. J’étais un peu perdu, sans doute comme tous les autres enfants à cet âge là. La préparation mentale était encore toute récente. Justement après avoir travaillé avec ma préparatrice, elle m’a aidé à analyser chaque but”.

Lutte contre les pensées négatives et distractions

Et si la frustration est légitime (“En tant que gardien, nous encaissons tellement de buts qu’avec le temps nous sommes obligés de trouver une solution. C’est toujours une frustration lorsque le palet rentre. Je criais dans la tête cette frustration”, Florian Hardy), elle doit être contenue, au risque d’envoyer un mauvais signal et de risquer de déstabiliser l’équipe, comme le souligne Tom Aubrun : “Il est important de ne pas montrer sa frustration. J’estime être un gardien assez calme, je n’aime pas montrer mes émotions et je pense que c’est important pour l’équipe aussi. Elle ne doit pas avoir l’impression d’avoir un gardien en panique dans la cage. Que je prenne un mauvais but ou un bon but, ma réaction doit être la même : ce qui est fait est fait. Rejouer l’action dans sa tête en se disant “j’aurais dû faire ceci ou cela”, ne sert à rien”.

La prise d’expérience permet également une prise de recul nécessaire face à la situation comme l’explique Lucas Mugnier : “J’essaie de faire abstraction et que cela ne change pas mon jeu. Il y a un plan de match et il ne faut pas qu’un but remette tout en question”.

J’oublie le but, je fais comme s’il n’y en avait pas eu. J’ai aussi appris en prenant parfois 15 dans le match que ça ne devait pas m’atteindre. J’ai pris des milliers de buts dans ma vie, ce n’est pas un de plus qui va dicter mon jeu. (Lucas Mugnier)

Clément Ginier au centre durant le cri de guerre avant un match face à Roanne
Clément Ginier (par Mark Holdefehr)

Clément Ginier met en évidence cette capacité d’abstraction propre aux gardiens de très haut niveau : “Avec l’âge c’est plus facile de passer à autre chose : des buts, tu en encaisses et tu en as déjà encaissés. (…). Je pense que ce qui fait la différence entre un bon et un très bon gardien, c’est sa capacité à ré-attaquer le match après un but, cette capacité à switcher et se remettre dedans tout de suite. Un mauvais but peut rester un peu plus en tête, mais globalement je suis à me dire que je ne peux pas enlever le but, qu’il faut continuer car le match n’est pas fini.” Son coéquipier Sydney David-Thivent appuie : “(…) certains gardiens peuvent être déstabilisés sur un premier but et tout de suite derrière on voit les enchaînements, ils font une erreur et ils en prennent un deuxième. Alors que moi je suis toujours parti du principe que de toute manière, lorsque j’encaisse un but, et bien j’en prendrai encore d’autres (…) On ne s’arrête pas là-dessus parce que si on bloque sur une petite faute comme une erreur de main ou de relance, on ne pensera pas à la prochaine action, et on ne sera plus dans le match, on va perdre le fil (…).”

Olivier Richard synthétise bien ce combat entre une frustration légitime qui peut parfois être teintée de culpabilité – si la responsabilité du gardien est engagée sur le but – et la nécessité d’aller de l’avant : “C’est un peu le combat de chaque gardien. (…) Cela va dépendre du but, parfois il peut y avoir de la frustration, parfois de l’énervement. J’essaie de ne pas trop y penser, je vais boire un coup et m’y remettre dedans et me dire “allez, on continue”. Il peut y avoir des pensées qui reviennent sur le but, j’essaie de les virer et de rester concentrer sur le jeu en cours. J’essaie de laisser le but derrière moi, de penser à autre chose. C’est l’une des choses que j’ai le plus travaillée.”

Techniques et routines pour rester dans le match

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Quentin Papillon (par Anthony Mangeard)

Une qualité clé chez un gardien de (très) haut-niveau est ainsi leur capacité à se remettre rapidement d’une erreur pour rester performant dans l’instant comme nous l’explique Quentin Papillon. L’athlète est capable de procéder à une analyse rapide et lucide de la situation, lui permettant de comprendre immédiatement ce qui n’a pas fonctionné pour éviter de ressasser et de perdre sa concentration : “Rapidement, tu analyses le but pour comprendre ce qui s’est passé. Généralement, tu sais directement ce que tu as mal fait ou raté. Et puis je passe à autre chose. Je pense que c’est une de mes forces. Par exemple [plus tôt dans la saison] j’encaisse un très mauvais but que je n’aurais jamais dû prendre. Je discutais avec l’arbitre, je ne regardais pas le jeu, je pensais que le palet allait sortir de la zone et au dernier moment le joueur envoie un tir à la cage en aveugle et ça fait but”.

Plutôt que de s’attarder sur la frustration ou la colère, il choisit de se recentrer sur le moment présent : “À ce moment-là on aurait pu penser que j’étais en colère contre moi-même mais en fait je me suis dit “trop tard, t’as fait de la merde” et je suis passé à autre chose”.

Le plus important c’est que ça soit le dernier but encaissé de la soirée. (Quentin Papillon)

“[sur le fait de cogiter après un but :] Cela peut arriver mais c’est très négatif et j’ai l’impression d’être meilleur lorsque je n’ai pas ses émotions négatives. Je préfère être impliqué à 100% sur le moment présent plutôt que de penser à comment l’action aurait dû se passer”.

L’idée est ensuite de corriger ses erreurs après la rencontre et de ne pas avoir la tentation de la faire sur la glace “C’est à l’entraînement ou à la vidéo que tu peux corriger tes erreurs, pas sur l’instant en match”. Franck Constantin partage le même point de vue et il le répète à l’envie à ses jeunes gardiens : “Tout se travaille à l’entraînement. Tu n’inventes rien en match. Ce n’est pas en match que tu vas te dire “bon, j’ai pris but, je vais analyser”. Le match doit être la finalité de la semaine (…) donc si tu as fait tous les efforts, si tu as joué tous tes rebonds, si tu t’es déplacé après chaque arrêt, si tu en as encore fait plus, alors le match va bien se passer”.

Enfin, c’est au gardien de se concentrer sur l’objectif suivant – arrêter le prochain tir qui lui ait adressé – afin d’éviter que le but encaissé ne puisse pas avoir d’incidence sur les performances à venir “[un but “casquette” :] Oui c’est plus difficile, cela peut fragiliser pour la suite. Il faut revenir dans le présent, accepter d’avoir fait une erreur et puis essayer de garder la confiance et ne pas s’écrouler” (Florian Hardy).

Lorsqu’un gardien encaisse un but à cause d’une erreur manifeste d’un coéquipier, tous les gardiens interrogés s’accordent sur l’attitude à adopter. Ils refusent de fuir leurs responsabilités ou de blâmer les autres. Comme l’explique Ronan Quemener :

On est le dernier sur la ligne, s’il y a un but c’est qu’on aurait pu faire quelque chose. Si on pense que c’est toujours de la faute des autres alors on n’avance pas. (Ronan Quemener)

Sydney David-Thivent assis dans le vestiaire
Sydney David-Thivent (à gauche, par Mark Holdefehr)

Tous reconnaissent qu’il est contre-productif de se laisser emporter par la frustration. Isaac Charpentier résume bien cette approche : “Les joueurs savent qu’ils ont fait une bêtise. Leur crier dessus ne va pas les aider. Au contraire, ça risque de les sortir du match (…)”. Selon Sydney David-Thivent, la réaction peut varier selon le contexte : “Cela va dépendre de la physionomie du match. Si c’est tendu et qu’il y a une erreur d’un joueur qui provoque un but qui va coûter le match ou qui écourte une prolongation, sur le moment on peut avoir une phase d’énervement ou de frustration (…) C’est de la frustration sur l’instant t mais après je passe à autre chose (…) Il faut passer à autre chose : à l’action d’après, au match d’après”.

Cette capacité à passer rapidement à autre chose, qu’il s’agisse d’une erreur personnelle ou collective, est essentielle pour un gardien. Florian Hardy rappelle : “On doit être le patron de la défense et il faut savoir taper du poing sur la table lorsque cela ne va vraiment pas mais on ne peut pas reprocher à un défenseur qui a fait du mieux qu’il a pu pour défendre d’avoir fait une erreur”. Il insiste aussi sur le fait que

Le hockey est un jeu d’erreurs, tout le monde en commet. Si on n’accepte pas que ses coéquipiers puissent faire des erreurs, alors il faut aller jouer au tennis. (Florian Hardy)

L’importance du plaisir et de la positivité

Olivier Richard abonde dans ce sens et témoigne de son évolution personnelle : “Je ne suis pas du genre à gueuler sur mes défenseurs. Je l’étais un peu lorsque j’étais junior à Anglet où j’ai commencé à un peu trop m’affirmer là-dedans. Si un de mes défenseurs commettait une erreur et que le jeu partait en breakaway, j’étais déjà énervé contre mon défenseur alors qu’il n’y avait pas encore de but“.

J’en avais parlé avec ma femme qui m’avait rappelé que mon travail était justement de rattraper les erreurs des autres. Ça m’a ouvert les yeux sur quel était mon rôle. Le hockey est un jeu d’erreurs, nous ne pouvons pas tout contrôler. (Olivier Richard)

Enfin, tous s’accordent sur l’importance d’une communication constructive. Si des ajustements ou critiques doivent être formulés, cela se fait dans un cadre approprié, comme le souligne Ronan Quemener : “(…) si on a des choses à se dire, c’est dans le vestiaire, pas sur la glace”.

VI-Leadership discret : la communication des gardiens

En matière de communication sur la glace, les gardiens de but bénéficient, par leur position et les exigences de leur poste, d’une vision globale du jeu et des positions des joueurs. Parmi les gardiens interrogés, plusieurs profils se dégagent en termes de prise de parole sur la glace.

Leadership vocal

Certains gardiens prennent pleinement leur rôle de leader sur la glace en guidant leurs coéquipiers. Florian Hardy, par exemple, se définissait comme le chef de sa défense : “Dans le vestiaire avant les matchs, j’étais plutôt du genre renfermé. Je ne parlais pas trop. Par contre, une fois sur la glace j’étais très vocal. Le gardien doit être le patron de sa défense, dans les placements et replacements et dans les informations qu’il peut donner à ses coéquipiers. Le gardien doit être vocal pour aider ses coéquipiers le plus possible”. Aujourd’hui entraîneur, il veille particulièrement à cet aspect auprès des jeunes gardiens qu’il accompagne en équipe de France : “C’est un point d’attention envers les gardiens de but, leur façon de communiquer, les mots utilisés et à quelle fréquence ils communiquent”.

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Franck Constantin

Cette importance du leadership vocal est partagée par Franck Constantin, autre entraîneur, qui insiste sur l’évolution du rôle des gardiens : “Souvent on voit les gardiens qui ont du mal à parler parce qu’ils sont seuls dans leur cage. Avant on disait que le gardien était à part (…). Maintenant on veut des meneurs d’hommes.” Il encourage les jeunes gardiens qu’il forme au sein de sa structure à adopter ces réflexes dès leurs débuts : “(…) tu as le droit de dire ‘à gauche’, ‘à droite’ à ton défenseur s’il te gêne (…) Tu as un adversaire devant toi qui te gêne, tu as le droit de dire à ton défenseur de le pousser. C’est simple. Tu as le droit de parler, mais tu ne le fais pas la semaine, tu ne le feras pas le week-end”.

Parmi les gardiens en activité, Quentin Papillon incarne parfaitement ce rôle de leader vocal, avec une volonté claire d’aider ses coéquipiers : “Je parle énormément à mes défenseurs et ils aiment bien. De par ma position je vois mieux le jeu, j’essaie de leur donner le maximum d’informations pour leur faciliter la tâche. »

Marek Rączka, quant à lui, travaillait cet aspect de la communication en amont avec ses coéquipiers : “J’essayais de beaucoup communiquer avec des défenseurs. Avant le début de la saison j’aimais bien faire une petite réunion avec les défenseurs pour s’expliquer sur notre manière de jouer, par exemple comment ils doivent se placer si je sors derrière la cage pour faire un rim ou sur une situation de deux contre un. On travaillait également beaucoup sur vidéo”.

Pour Henri-Corentin Buysse, le rôle de meneur de la défense est également essentiel, à la fois sur la glace et dans le vestiaire :

J’étais extrêmement vocal, j’avais le lead de la défense. Et dans le vestiaire aussi, quand il fallait que ça sorte. (Henri-Corentin Buysse)

Cependant, il reconnaît que son niveau de communication peut varier selon son état et les circonstances du match : “D’ailleurs les matchs où je sentais que j’y étais pas, je ne parlais pas ».

La communication circonstancielle

Pour certains gardiens, la communication dépend de leur état de confiance ou de leur mental. Ronan Quemener illustre bien cette variabilité : “Ça dépend des jours, il y a des jours où je parle beaucoup, et d’autres beaucoup moins”.

Quand je suis en pleine confiance et que tout va bien, je suis capable de parler et puis les jours où c’est un peu plus difficile, j’essaye de me concentrer sur moi-même et je suis plus silencieux même si cela pourrait m’aider de parler. (Ronan Quemener)

Tom Aubrun se concentre d’abord sur sa performance avant d’interagir : “J’essaie [d’être vocal], mais je n’ai pas une voix qui porte beaucoup donc on me dit souvent qu’on ne m’entend pas (sourire). Je ne suis pas quelqu’un de très expressif, je reste dans ma zone, je reste concentré sur moi et j’essaie d’être irréprochable.”

Profils plus silencieux

Certains gardiens adoptent une approche plus discrète, misant davantage sur leur concentration personnelle que sur la communication. Olivier Richard préfère limiter ses interventions à des consignes simples : “Je ne suis pas très vocal. Certains gardiens le sont. Je vais parler à mes défenseurs pour leur dire s’ils ont le temps, si ça arrive… mais je ne vais pas faire plus que ça. En tant que gardien, je dois savoir en permanence où sont les cinq adversaires sur la glace et toujours voir le palet. Je ne peux pas dire à mes défenseurs, ‘toi, replace-toi là’, etc…”

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Isaac Charpentier (par Anthony Mangeard)

Isaac Charpentier, de son côté, admet qu’il pourrait être plus communicatif : “Je ne suis pas trop expressif, je reste concentré sur le match. Je sais que je devrais parfois parler plus. Je laisse plutôt les joueurs me donner des indications plutôt que prendre l’initiative”. De même, Florian Gourdin voit dans la communication un levier de progression : “À la base je suis plutôt calme et taiseux. Je ne parle que très peu sur la glace. C’est aussi un autre point qu’il faut que je travaille parce que cela peut être parfois d’une grande aide pour mes défenseurs. Je suis tellement concentré et sur le palet sur mon machin que j’en oublie d’appeler les jeux.”

VII-La gestion des provocations et du contact physique par les adversaires chez les gardiens

Élément clé des résultats de son équipe, le gardien de hockey, isolé dans sa cage, est une cible privilégiée pour les provocations et le contact physique des adversaires. Pour rester performant, il doit gérer ses émotions tout en maintenant sa concentration. Comme pour la communication sur la glace, les réactions face aux tentatives de déstabilisation varient selon les tempéraments.

Les gardiens combatifs : répondre pour s’imposer

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Henri-Corentin Buysse (par Pascal Enault)

Certains gardiens n’hésitent pas à aller au combat lorsqu’ils sont provoqués. Henri-Corentin Buysse, réputé pour son caractère volcanique, n’a jamais été réticent à répondre au défi physique : “J’ai eu deux phases. Jeune, j’étais capable de vriller de suite. Plus vieux, j’étais capable de maintenir la concentration et de ne pas m’en occuper. Je gardais ça dans un coin de ma tête et je savais qu’à un moment où à un autre j’allais le faire payer au joueur”.

 

J’attendais le bon moment, qu’il passe devant la cage et il allait prendre son petit coup de crosse derrière les genoux, bien placé ou dans la coquille. J’adore le côté physique, le côté agressif du sport mais ce que je n’aimais pas c’est quelqu’un qui parlait et qui n’assumait pas ses actes. (Henri-Corentin Buysse)

Cette approche old-school se retrouve également chez Marek Rączka, qui assume une attitude plus impulsive… parfois coûteuse en pénalités : “Je n’étais pas facile non plus. Je suis extraverti, si quelque chose m’énerve, je ne peux pas passer à côté, je le dis (…) avec la crosse, si quelqu’un m’avait dérangé… ben je prenais deux minutes”.

Quentin Papillon, quant à lui, estime que les arbitres ne protègent pas toujours suffisamment les gardiens, ce qui l’incite à réagir : “Quand des joueurs passent dans ma zone, généralement je réponds. Les arbitres ne sont pas toujours vigilants et c’est là qu’il y a beaucoup de coups qui sont échangés”.

Je ne veux pas me laisser faire et que les joueurs reviennent traîner dans ma zone, je n’ai pas trop le choix. Je prends des coups et j’en donne aussi. (Quentin Papillon)

Se servir des provocations à son avantage

D’autres gardiens parviennent à utiliser les provocations pour renverser la dynamique du match. Pour Florian Hardy, les provocations adverses étaient souvent un bon signe : “Ça dépendait des jours. Les matchs où cela se passait bien pour moi, je savais que les adversaires venaient pour essayer de trouver des solutions. Dans ces cas-là, je m’en amusais un peu. C’était plutôt bon signe. Cela montrait que l’adversaire perdait pied.” Dans des moments plus compliqués, l’ancien portier des Bleus savait aussi utiliser ces tentatives de déstabilisation pour réveiller son équipe et renverser une situation : “Les matchs où cela se passait moins bien, si certains joueurs venaient quand même me brasser, je pouvais essayer de m’en servir pour retourner la physionomie du match et provoquer une réaction chez mes coéquipiers. Mais globalement j’étais plutôt calme dans mes buts et je n’allais que rarement chercher les ennuis.”

Olivier Richard, de son côté, va parfois se nourrir des provocations et y voir une opportunité de stimuler une forme de compétition : “De moi-même, je ne vais jamais attaquer un joueur, cela n’est pas ma personnalité. Cela peut me faire entrer dans une forme de compétition. Il faut garder en tête que c’est un jeu et que si nous nous faisons défier par les attaquants adverses, nous pouvons répondre à leur défi.”

Isaac Charpentier adopte une posture plus neutre, sans provoquer mais prêt à réagir si nécessaire : “Cela ne m’est pas souvent arrivé, mais je suis capable de répondre. Je n’ai pas peur d’aller au contact. Je ne vais pas provoquer, mais si on me cherche, je saurais répondre. Si on vient me parler, ça ne va pas me déstabiliser ou me déranger.”

Ignorer pour mieux se concentrer

Pour certains gardiens, l’ignorance reste la meilleure stratégie face aux provocations. Clément Ginier et Sydney David-Thivent partagent cette approche, en relativisant ces moments de tension souvent anecdotiques voire même presque amusants : “Ce n’est pas très courant non plus. Ce sont des petits ‘trucs’ de match. Cela fait plus rire qu’autre chose.” (Ginier) “Les mecs qui viennent un peu parler dans le casque après un arrêt de jeu… Du coup, ça fait rire parce qu’au final, parfois on répond et ils finissent par répondre aussi. C’est plus drôle qu’autre chose. Mais la plupart du temps on ne réagit pas et le joueur en face n’a finalement pas ce qu’il souhaite.” (David-Thivent).

Tom Aubrun, bien que calme de nature, reconnaît qu’une pression continue peut finir par le faire réagir : “De base, je ne suis pas conflictuel. Il peut arriver que s’il y a eu un coup en trop que je n’ai pas apprécié, je peux sortir de mon caractère calme et de le faire savoir”. Le portier chamoniard reste toutefois fidèle à sa philosophie de ne rester concentré que sur les dimensions qu’il peut contrôler et de ne pas utiliser pas d’influx nerveux sur les éléments pour lesquels il n’a pas de prise : “(…) Mais cela fait partie des choses que je ne peux pas contrôler. Si un joueur passe à côté de moi et me met un petit coup de crosse, je ne peux pas courir après. Je peux en parler à l’arbitre et à mes joueurs, mais la meilleure manière pour moi de faire le prochain arrêt est de rester calme. Si je donne au joueur ce qu’il veut, c’est-à-dire de m’énerver et de sortir de mon match, la meilleure façon est de ne penser qu’à ça.”

Ronan Quemener avec le maillot de Caen
Ronan Quemener (par Pascal Enault)

Pour Ronan Quemener, l’ignorance est une clé essentielle pour rester performant : “C’est comme le langage. Si je commence à réagir c’est que je suis frustré sinon j’en ai vraiment rien à faire. Je sais que c’est fait pour me déconcentrer, si je ne réagis pas, on va finir par me laisser tranquille.”

Quant à l’idée de se venger d’un mauvais coup :

Cela fait une pensée négative, et plus il y a de pensées autres que celles liées au palet, plus on a de chance de se rater. J’évite toutes les interactions. J’ai fait mes meilleurs matchs en n’étant concentré que sur une seule chose. (Ronan Quemener)

Enfin, certains gardiens préfèrent déléguer ce type de conflits à leurs défenseurs. Lucas Mugnier résume cette approche : “Je ne suis pas très agressif de base, je laisse ça à mes défenseurs”. Même avis pour Florian Gourdin :

Si je commence à répondre, cela me sort de mon match. Je reste dans mon truc, mes défenseurs sont là pour faire le ménage. S’il y a un adversaire qui dérape, il prendra un ‘tarif’ par mes défenseurs. (Florian Gourdin)

Relations avec les arbitres : entre respect et stratégie

Des interactions avec les adversaires peuvent également naître des échanges avec un autre acteur majeur du jeu à savoir le corps arbitral. Entre interactions stratégiques, gestion des frustrations et respect mutuel, chaque gardien développe son propre style pour établir un dialogue avec les arbitres, tout en affirmant leur respect tant pour la personne derrière le sifflet, que la fonction.

Différents gardiens, différentes approches

Avec les arbitres comme les adversaires, Ronan Quemener adopte une approche pour le moins discrète en considérant les discussions avec les dépositaires des règles du jeu comme une distraction qui va le détourner de son objectif :

Pour moi, parler aux arbitres c’est se disperser. Quand je suis vraiment concentré, ça ne m’intéresse pas de discuter alors que parfois je sens que certains aimeraient bien échanger. Je vais leur donner le palet, mais chacun son métier : j’arrête les palets et eux arbitrent (rires). (Ronan Quemener)

“J’ai juste besoin de savoir si on joue en infériorité. Je n’ai pas besoin qu’on m’explique pourquoi une pénalité a été appelée. Si on se met à penser à l’arbitrage, on ne pense pas au palet. Je sais que certains gardiens aiment bien les interactions avec les arbitres ou chambrer les joueurs adverses. Moi c’est tout l’inverse, j’aime bien être tranquille.”

Florian Gourdin préfère également éviter la dispersion : “Il est très rare que je parle à un arbitre ou que j’exprime un mécontentement. Les seules fois où je peux argumenter avec un arbitre c’est lorsque la cage a bougé et que j’estime que cela n’était pas de ma faute. (…). Mais sinon la plupart du temps, même quand ils ont quelque chose à me dire et que ça me plaise ou non, je ne rétorque pas. J’évite d’y prêter trop attention (…). Ce n’est pas non plus leur but de nous déranger. La plupart du temps lorsqu’ils viennent nous parler c’est pour nous féliciter pour un arrêt.”

À l’inverse, Isaac Charpentier et Olivier Richard vont plutôt chercher les interactions positives et exprimer leur respect via leurs gestes. Le joueur de l’Hormadi précise : “Je reste poli, j’essaye de créer un peu d’interaction. Je ramasse le palet, notamment quand je suis au sol, ça me gêne qu’ils se plient pour ça. Lorsque je fais un arrêt, je leur donne le palet. Parfois ça m’arrange aussi, je ferme la mitaine quelques secondes de plus, ça me permet de souffler”. Le gardien des Jokers joue la carte de la complicité : “[J’ai] de très bonnes relations avec les arbitres. J’essaie de leur faire des blagues, des fois c’est eux qui m’en font. Je vais chercher les palets”.

Un brin taquin, Marek Raczka se souvient : “Je parlais beaucoup avec les arbitres, mais dans le bon sens. J’ai toujours ramassé le palet sur la glace pour leur donner… sauf s’ils m’énervaient (rires).” Dans le même esprit, Henri-Corentin Buysse se souvient avec malice :

J’étais plus à les brosser dans le sens du poil. S’ils me donnaient une pénalité je leur demandais pourquoi. Et je leur disais “oui tu as raison, ça méritait une pénalité” (rires). J’étais habile avec eux. J’ai compris qu’il fallait mieux être gentil avec les arbitres. (Henri-Corentin Buysse)

L’importance de la confiance et du respect mutuel

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Tom Aubrun (par Anthony Mangeard)

Tom Aubrun met en avant les bénéfices à entretenir de bonnes relations avec les arbitres : “Je pense avoir de bonnes relations avec les arbitres, ils m’appellent par mon prénom, nous discutons pendant les matchs. Un arbitre qui vous apprécie sera plus ouvert à la discussion sur une pénalité ou pour lui signaler qu’un joueur met des coups de crosse”. Pour Florian Hardy, développer un lien de confiance est également un atout pour obtenir une meilleure protection : “J’entretenais de bonnes relations avec le corps arbitral, c’est important pour un gardien de nouer un lien de confiance et d’échanges avec les arbitres. Ce n’est pas toujours simple, cela dépend aussi de l’arbitre et des décisions qu’il va prendre dans le match. Mais si tu crées ce lien de confiance, au bout du compte il te protégera des joueurs qui peuvent donner des coups et cherchent à te déstabiliser. Il prendra des décisions en ta faveur sur le long terme. C’est important de les respecter et c’est aussi comme ça que j’ai été élevé.”

La gestion de la frustration

Tom Aubrun rappelle que joueurs comme arbitres sont humains et qu’il est parfois compliqué de contenir les émotions en cas d’erreur : “Ils [les arbitres] sont là pour que le match se déroule dans les meilleures conditions possibles. Il faut travailler avec eux. Il peut parfois y avoir de la frustration selon le déroulement du match (…) Parfois lorsqu’il y a des injustices, c’est difficile de rester calme”. Clément Ginier et Sydney David-Thivent qui officient en D2 appuient : “On ne peut pas non plus être trop critiques. Ils ont un travail difficile (…) Le hockey est de plus en plus rapide et physique, ils ne sont pas professionnels. On ne peut pas exiger la perfection”.

Quentin Papillon de la crosse
Quentin Papillon avec le maillot de l’Équipe de France face aux États-Unis (par Emmanuel Giraudeaux)

Quentin Papillon va quant à lui adopter une position entre délicatesse et fermeté pour obtenir des explications ou marquer un désaccord. “Avec les arbitres en général j’essaie d’y aller avec délicatesse. Si on crie sur un arbitre, il va se braquer. Ça peut aussi m’arriver de crier pour que l’arbitre sache que je ne suis pas content parce qu’il s’est passé plusieurs faits de jeu. J’essaie de poser des questions pour lui demander s’il a vu telle ou telle action”. Officiant également en équipe de France, le gardien des Boxers note une différence dans l’application de certaines règles entre la Ligue Magnus et les compétitions internationales : “Au niveau international les règles sont mieux appliquées. Au dernier TQO, contre l’Ukraine [France-Ukraine : 7-2], un joueur a voulu passer entre le défenseur et moi et m’a un peu touché. Pour moi il n’y avait pas grand chose, ça ne m’a pas déséquilibré mais l’arbitre a sifflé directement 2 minutes. Alors que parfois en France je peux me faire faucher, ce qui peut être dangereux pour moi et pourtant je n’ai pas le coup de sifflet. C’est un peu frustrant. Alors qu’au niveau international la règle est mieux exécutée”.

Pour donner un autre exemple, aux derniers championnats du monde, contre les États-Unis, j’avais Brady Tkachuk qui était dans ma zone. Comme je savais que j’aurais du mal à le bouger, je lui ai mis des vrais coups de bouclier dans le dos pour lui faire mal et qu’il se pousse de lui-même. (Quentin Papillon)

“Le but n’est pas non plus de le ‘casser en deux’, mais qu’il n’ait pas envie de rester là. Il est quand même resté un peu, j’ai eu le temps de mettre trois coups. Pendant ce temps, l’arbitre voyait la situation et lui indiquait de sortir de la zone” [États-Unis – France : 5-0].

Au 3e coup, Tkachuk s’est retourné furax mais l’arbitre a sifflé un engagement en dehors de la zone. L’arbitre m’a dit que j’avais bien fait parce qu’il n’avait pas à être dans ma zone. Après ça, il n’est pas revenu parce que l’arbitre a réexpliqué la règle. (Quentin Papillon)

À travers ces témoignages, les gardiens de hockey dévoilent une facette méconnue de leur rôle, bien au-delà des arrêts spectaculaires. Entre responsabilités importantes, introspections profondes et routines bien rodées, ils incarnent une force mentale et une résilience nécessaires à leur performance. Derrière leur masque, ils révèlent une humanité sensible et déterminée, mettant en lumière les choix et les efforts qui façonnent leur parcours.

Dans le prochain épisode, nous aborderons une autre dimension du poste : la gestion de la concurrence entre gardiens, le défi du statut de remplaçant, et les particularités de la concurrence des gardiens en équipe de France. Comment ces joueurs, souvent en compétition mais aussi partenaires, parviennent-ils à gérer cet équilibre ? Une plongée dans les dynamiques concurrentielles d’un poste à la fois exigeant et singulier.

À lire ou à relire – Episode I : Les derniers remparts : histoires de gardiens, des débuts aux sommets

👉️ À lire ou à relire – Épisode III : Les derniers remparts : histoires de gardiens, des débuts aux sommets 👈️

 

Illustrations photo de couverture : montage réalisé à partir de photos de Mark Holdefehr, Anthony Mangeard, Pascal Enault, Nini Calimoutou.
Entretiens réalisés par l’auteur.
Remerciements : l’auteur remercie tous les gardiens qui lui ont accordé de leur temps pour réaliser les entretiens et pour la sincérité lors des échanges, Sébastien Bernard pour les précieuses mises en relations et les relectures, l’équipe de HockeyArchives pour le soutien ainsi que les photographes pour les illustrations.

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Nicolas Puccio

Nicolas Puccio

Nicolas est rédacteur pour 🏒 HockeyArchives depuis 2021. Passionné par le hockey sur glace, il découvre ce sport en Suisse, à Genève et Lausanne, avant de chausser lui-même les patins à l’âge de 40 ans. Suiveur attentif du hockey suisse 🇨🇭 et de l’équipe de Lyon 🦁, il contribue régulièrement à la couverture des championnats et à l’enrichissement du contenu éditorial du site. Son objectif : transmettre sa passion tout en apportant une information fiable, précise et documentée aux amateurs de hockey. Twitter : @LinusPacoOcci

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