Le passage 2025 allait-il sourire aux Gothiques, pour leur premier match de l’année au Coliseum ? C’était en tout cas ce qu’espéraient les supporters, après une fin d’année 2024 en dent de scie et avec des contre performances marquantes, tant dans le contenu que dans le résultat, à l’image de la lourde défaite à Rouen (4-1, le 28/12/2024) et d’une défaite aux tirs aux buts, face à Cergy (1-2, 30/12/2024). Les deux premiers matchs de l’année, à l’extérieur, ne semblaient pas montrer de signe d’amélioration : si Kozun aidait les siens à grappiller deux points à Nice (1-0 pr), les hommes de Mario Richer sombraient une nouvelle fois, deux jours plus tard, à Chamonix (5-1).
Jean-Luc Mention se voulait optimiste lors de ses traditionnels vœux aux abonnés, supporters et partisans, mais les membres du Kop ne s’y trompaient pas : une banderole « Ne gâchez pas tout, bougez-vous ! » avait été étendue au bas de la tribune L. On commençait d’ailleurs à questionner certains choix, comme la décision de conserver un Josh Brittain qui ne semblait pas apporter autant que souhaité, ou tout du moins qui répondait à lui seul à l’ensemble des critiques émises par Mario Richer après chaque match. Mais aussi les incessants changements d’alignements, remontant Roussel pendant quelques temps en attaque, redescendant Brittain, alors que le jeune Vanwormhoudt, annoncé comme une pépite, n’a toujours joué aucune minute en pro.
Quel meilleur adversaire pour se relancer que la lanterne rouge, miraculé de la Ligue Magnus depuis cinq ans, et qui n’arrive toujours pas à aligner les bons résultats. Si les trois points étaient importants, c’était aussi avec la manière que les Gothiques devaient se racheter.
Deux équipes sans inspiration
La rencontre avait du mal à se lancer, et si les Gothiques avaient le contrôle du palet et étaient installés en zone offensive, peu d’occasions franches ressortaient. Il fallait attendre quasiment cinq minutes, et une pénalité de Phelan (4’02, retenir la crosse) pour que Briançon pose la crosse sur le palet. Ce jeu de supériorité restait cependant stérile et Fouquerel était assez tranquille. En l’absence de Richards, le casque jaune de meilleur pointeur revenait à Lemay, qui n’était pas loin d’ajouter une unité à sa fiche personnelle : il récupérait un palet qui traînait à la bleue et se lançait en échappée. Le duel était remporté par le gardien amiénois.
En raison du faible niveau technique affiché ce soir par les deux équipes, tant au niveau du contrôle de palet que des transmissions, le jeu était brouillon et aucune des deux équipe n’arrivait à tirer le jeu à son compte. Les hommes de Mario Richer, en panne d’inspiration, répétaient le même schéma en boucle : entrée en zone en contrôle sur un côté, passe dans le centre à un joueur lancé qui tentait un tir ou un décalage. Dès lors que ce schéma variait, les Gothiques étaient alors capables de se procurer des « chances de compter ».
C’était Svanenbergs le premier qui, alors qu’il n’était pas attaqué, prenait tout son temps pour ajuster Outhouse. Ce dernier devait réaliser un superbe arrêt pour empêcher la rondelle de trouver le fond des filets (11’22). Puis, Ilies Djemel remportait le concours du raté de la soirée : après un superbe jeu en décalage entre Phelan et Bergeron, Le Franco-Algérien était servi dans le slot et n’avait qu’à pousser le palet dans les filets laissés déserts par Outhouse. Sa tentative n’était même pas cadrée et représentait à elle toute seule les lacunes affichées par les Gothiques ce soir (13’20).
De retour de blessure depuis peu, Besson était ensuite pénalisé et pouvait s’estimer heureux de n’écoper que d’une sanction mineure, tant sa charge était limite (14’16, projection contre la bande). Mais les Diables Rouges ne capitalisaient toujours pas. Pire encore, après un mauvais contrôle à la bleue de Maceachern, James Phelan récupérait le palet et se présentait face à Outhouse, qu’il effaçait d’un petit dribble bien senti (1-0, 14’49).
Si l’avant-garde samarienne n’était pas en réussite ce soir, ce n’était pas le cas de leur dernier rempart. Une fois de plus abandonné par sa défense, Clément Fouquerel devait réaliser un double arrêt décisif à trois minutes de revenir aux vestiaires, seul face à deux Briançonnais. Les deux équipes rentraient alors aux vestiaires après un bien terne premier acte, et on espérait qu’elles y retrouvent la confiance pour offrir un meilleur spectacle dans le deuxième tiers.
Briançon pousse
Malheureusement pour les spectateurs du Coliséum, ce souhait n’était pas exaucé. Si Matima, d’une action individuelle, se frayait un chemin dans la défense et tentait un revers stoppé par Outhouse (23’30), et que Barnaby n’était pas loin de remettre les équipes à égalité d’une lancer en lucarne, bien géré par Fouquerel (24’50), le rythme n’était pas au rendez-vous. D’autant que depuis le retour des vestiaires, les Gothiques n’avaient même plus le contrôle de la rondelle, et se retrouvaient à défendre la plupart du temps.
Fort heureusement, dans ce soir sans, les hommes de Mario Richer pouvaient compter sur leur bonne étoile. En infériorité numérique (Lepage, faire trébucher, 26’27), les Diables Rouges réussissaient à se procurer de grosses occasions, mais, bien que Fouquerel semblait battu, et à l’image de Djemel plus tôt, les lancers n’étaient pas cadrés.
À mi match, les Gothiques avaient la possibilité de sortir la tête de l’eau et d’accroître leur avance : Maceachern était pénalisé coup sur coup (30’38, cinglage, puis, à peine revenu sur la glace, 32’52, crosse haute) mais les quatre minutes de supériorité numérique étaient stériles. Les Diables Rouges en profitaient alors pour reprendre le momentum à leur compte et profitaient des erreurs amiénoises. Arrivé pour compenser les blessures, Brittain semblait créer autant de brèches qu’il en refermait : après un contrôle raté de ce dernier, Barnaby voyait une nouvelle fois sa tentative repoussée par la jambière d’un Fouquerel décidément dans un grand soir.
La fin de tiers ne pouvait pas arriver trop tôt pour les rouge et noir tant cette période était compliquée pour eux. Les visiteurs avaient senti la fébrilité des locaux mais n’avaient pas réussi à conclure la légère domination au tableau d’affichage.
La tension monte
À peine revenue des vestiaires, la lanterne rouge prenait un coup derrière la tête. Djemel se rattrapait de son raté du premier tiers en inscrivant le deuxième but de son équipe, d’un lancer croisé en entrée de zone (2-0, 40’42), qui ne semblait pourtant pas hors de portée d’Outhouse. À l’instar de la dernière rencontre au Coliséum, les esprits s’échauffaient, et les joueurs brassaient à chaque coup de sifflet, rendant le jeu haché.
Nommé MVP pour Amiens au terme de la rencontre, Fouquerel était bien décidé à conserver son blanchissage. Le dernier rempart amiénois était impérial dans chaque intervention, ne laissant quasiment pas de rebond et dégageant une confiance dans une défense qui le laissait pourtant très seul. Le contraste était d’ailleurs flagrant avec le Fouquerel de la saison dernière, dont le langage corporel et les bourdes avaient soulevé de nombreux doutes sur sa capacité à être le gardien titulaire.
Les Diables Rouges faisaient les frais de ce regain de forme, car même lorsqu’un décalage au deuxième poteau était crée, le one-timer ne trouvait pas le fond des filets mais bien le gardien amiénois qui avait très bien anticipé (44’10). Des nombreuses altercations résultait alors une bagarre entre Lepage et Matthews (46’21) et les deux hommes étaient envoyés en prison pour cinq minutes.
Roussel allait rejoindre son coéquipier sur le banc des pénalités quelques secondes plus tard (cinglage, 47’07), sans que cela ne profite aux hommes de Pierre Bergeron. Frustrés, les briançonnais montaient le niveau d’agressivité mais dépassaient parfois les limites : Barnaby (accrocher, 54’22), puis Outhouse (55’27, dureté) étaient pénalisés. Disposant alors de quasiment une minute de double supériorité, les Gothiques ne profitaient pas de cette opportunité pour augmenter leur avance au tableau d’affichage.
La coup de sifflet final approchait et l’étau se resserrait autour de la cage du portier amiénois. Ce dernier, anticipant un palet au niveau du cercle, laissait sa cage vide et tentait une passe pour un coéquipier, mais la ratait complètement. Le palet arrivait dans la crosse d’un Diable Rouge qui tentait sa chance, et Fouquerel devait réaliser un plongeon, mais le lancer était mal ajusté et ratait la cage de peu.
Pierre Bergeron, voyant les minutes s’écouler, décidait alors de prendre son temps mort et de faire sortir Outhouse (57’30). Les Gothiques étaient acculés dans leur zone mais Phelan récupérait et s’offrait un doublé en cage vide, pour sceller une bonne fois pour toutes une bien terne victoire amiénoise (3-0, 57’45).
Les Gothiques, portés par un grand Fouquerel, commençaient donc l’année à domicile de la meilleure des façons en prenant trois points contre la lanterne rouge. Ils n’ont néanmoins pas rassuré dans le jeu ni dans l’esprit. Nul doute que Mario Richer se satisfera du résultat, et de la reprise de la marche en avant en attendant la réception dimanche de Gap.
Amiens – Briançon 3-0 (1-0, 0-0, 2-0)
Vendredi 10 janvier 2025 à 20h15 au Coliséum. 2844 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Jérémy Rauline assistés de Joffrey Yssembourg et Hugo Maillard.
Pénalités : Amiens 13’ (4′, 2’, 7′) ; Briançon 15′ (2′, 4’, 9′).
Tirs : Amiens 29 (8, 8, 13) ; Briançon 27 (8, 10, 9).
Évolution du score :
1-0 à 14’49’’ : Phelan assisté de Fouquerel (inf. num.)
2-0 à 40’42’’ : Djemel assisté de Cepon et Maïa
3-0 à 57’45’’ : Phelan assisté de Fouquerel
Amiens
Attaquants :
Zachary Lavigne (C, +1) – Janis Svanenbergs – Gauthier Gibert
Ilies Djemel (+1) – James Phelan (+3) – Bastien Maïa (A, +1)
Rudy Matima – Julien Tessier (A) – Antonin Plagnat (+1)
Noa Besson – Raphaël Opoma – Paul Le Lem
Défenseurs :
Aleksandar Magovac (+2) – Kristjan Cepon (+3)
Justin Bergeron – Jordan Lepage (+1)
Josh Brittain – Guillaume Roussel
Gardien :
Clément Fouquerel
Remplaçant : Taran Kozun. Absents : Jesper Larinmaa (phase de reprise), Mathieu Mony (blessé), Ugo Tocquin (blessé), Anatole De Mali (choix)
Briançon
Attaquants :
Titouan Lanes – Fredrik Strömgren (A, -1) – Matthew Barnaby
Chase Dubois (-3) – William Lemay (-3) – William Persson (-1)
Benjamin Berard (-1) – Joran Reynaud – Gaëtan Villiot (-1)
Logan Gutierrez (-1) – Valère Vrielynck (A) – Yonis Penet (-1)
Défenseurs :
Dmitri Vozovik (-1) – Lukash Matthews
Conor MacEachern (C, -2) – Lucas Villain (-1)
Wayne Létourneau – Mathis Despatie
Gardien :
Griffen Outhouse
Remplaçant : Mathis Thirion (G). Absents : Lucas Bonnardel, Norbert Abramov, Quentin Fauchon, Sean Richards, Aurélien Chausserie-Laprée.