En cas de défaite aujourd’hui contre la Suède (qui a livré un beau match contre le Canada mais perdu en prolongation), la Finlande pourrait quitter ce tournoi organisé par la NHL avant même de s’apercevoir qu’il a eu lieu. Avec 11 défenseurs évoluant en NHL dont 3 blessés, le panel de joueurs avec lequel Antti Pennanen devait composer l’équipe était très limité. La défaite 6-1 contre les Américains est plus dure qu’elle n’en a l’air car ces lignes arrières qui étaient un choix par défaut n’ont pas explosé. Elles ont plutôt bien réduit les espaces et se sont plutôt bien déplacées. Néanmoins, l’équipe n’a pas tenu son effort sur 60 minutes, dont le gardien Juuso Saros a concédé quelques mauvais buts après deux bonnes périodes.
Pennanen a donc procédé à des changements. Le gardien champion du monde Kevin Lankinen a remplacé. Les lignes offensives ont été modifiées. Kaapo Kaako a remplacé Joel Armia contre un adversaire au profil moins physique que les États-Unis. En programmant cet unique affrontement européen à une heure plus précoce, la NHL a été avisée. Un match contre la Suède, quel que soit le contexte, intéresse toujours le public finlandais. Une diffusion un samedi soir à 20h (heure finlandaise) assure qu’il ne passe pas aperçu. Mais les téléspectateurs finlandais seront désarçonnés par le match qui commence 20 minutes après l’heure prévue, et par les innombrables encarts publicitaires qui s’affichent.
La Suède domine le début de match en maintenant la pression dans la zone finlandaise. Barkov sort le palet de la bande vers Olli Määttä qui rate son contrôle devant sa propre cage, sous la menace de William Nylander. Mika Zibanejad arrive alors et envoie le palet entrre les jambes de Lankinen (0-1). Mais il suffit que Rasmus Dahlin se fasse piéger un peu trop avancé pour qu’Eetu Luostarinen parte en 2 contre 1 avec Anton Lundell et lui serve le palet. Le tir à ras glace passe sous Filip Gustavsson (1-1).
Les deux dernières minutes de la première période sont les plus spectaculaires. Adrian Kempe effectue d’abord une feinte magnifique de la crosse vers son pied droit, ce qui élimine le défenseur Esa Lindell, mais il bute ensuite sur Lankinen. Puis, à 20 secondes de la fin, Victor Hedman commet une faute (faire trébucher). La Finlande, inefficace sur son premier jeu de puissance, s’installe cette fois très vite sur l’engagement. La passe transversale de Patrik Laine trouve to Mikko Rantanen seul dans la cercle droit : la reprise est peut-être un peu ratée mais le palet vole sur la tranche dans une trajectoire bizarre (2-1).
Piégé deux fois par des tirs sans puissance, Gustavsson ne remettra pas son masque. Il est remplacé pendant la pause par Linus Ullmark. Son coach expliquera qu’il ne se sentait pas bien.
La Suède réagit fort en deuxième période. Gustav Forsling donne le signal avec un lancer masqué de la ligne bleue qui frappe le haut de la barre transversale. Après cinq minutes, Kakko cède le palet en zone neutre et la Tre Kronor installe une possession à cinq où les positions ne comptent plus. L’attaquant Lucas Raymond tire du poignet de la ligne bleue, Joel Eriksson Ek sème la panique dans le slot en occupant Jokiharju et le défenseur Rasmus Dahlin a parfaitement lu l’action pour monter et égaliser dans la cage ouverte au rebond (2-2).
Les stars répondent donc présent. William Nylander, un peu discret jusqu’ici, élève son niveau. Il remonte le palet avec un beau patinage, fixe les deux défenseurs (Mikkola-Lundell) et sert une splendide passe levée du revers pour Erik Karlsson, dont le tir du poignet foudroyant laisse Lankinen sans réaction côté mitaine (2-3).
Une fois devant, la Suède se repose un peu sur son avance. La Finlande appuie alors à son tour. Barkov entre en zone, Rantanen fait un pivot rapide comme l’éclair sur passe pour se débarrasser de son défenseur et trouver la passe transversale géniale pour Olli Määttä, qui remet devant le but pour la déviation sur la crosse de… Kaapo Kakko, qui vient tout juste de remplacer Lehtonen sur cette première ligne (3-3)
Le résultat nul semble favoriser un jeu prudent des deux équipes en troisième période. Il faut attendre les cinq dernières minutes pour que le spectacle revienne, grâce à la Finlande. À cinq minutes de la fin, Granlund lance en contre Sebastian Aho, qu’Ekholm parvient à contraindre à un revers en angle. Hintz récupère le rebond et sert Laine arrivant directement du banc pour un gros lancer repoussé par Linus Ullmark. Une minute plus tard, Mikkola sort le palet du coin pour la reprise de Barkov seul devant la cage : arrêt d’Ullmark.
La Suède est toute proche de plier la prolongation en sept secondes. Mika Zibanejad remporte l’engagement avec l’appui de Lucas Raymond, qui fonce sur l’aile droite et centre au second poteau pour la reprise de l’attaquant des Rangers… et la parade du bout du patin gauche de Lankinen ! À la deuxième minute, le rapide Adrian Kempe met les gaz sur l’aile droite et est accroché par Mikael Granlund au moment de tirer. Les arbitres qui ont déjà oublié quelques fautes ne sifflent pas… et c’est ce même Granlund qui marque sur la contre-attaque, en faisant croire à la passe en 1 contre 1 pour mieux tirer entre les jambes grandes ouvertes d’Ullmark (4-3).
La Finlande a battu son rival historique et est de retour dans le tournoi. La ligne des trois L (Luostarinen-Lundell-Laine) a été très en vue. La première ligne composée de trois centres potentiels a moins fonctionné car la relation entre Abo et Hintz peine à s’établir, mais leur partenaire Mikael Granlund a finalement été le héros de la soirée. Les deux pays nordiques sont à 2 points et peuvent se qualifier en cas de victoire. Les Suédois pont le désavantage de jouer à chaque fois le pays-hôte (les États-Unis à Boston après le Canada à Montréal), au contraire de la Finlande qui a même les faveurs du public au vu de l’état des relations canado-américaines après les menaces de tout acabit de Donald Trump.
Finlande – Suède 4-3 après prolongation (2-1, 1-2, 0-0, 1-0)
Confrontation des Quatre Nations, deuxième journée.
Samedi 15 février 2025, 13h00, Centre Bell de Montréal, 21 105 spectateurs.
Arbitres : Wes McCauley (CAN) et Chris Rooney (USA) assistés de Scott Cherrey et Jonny Murray (CAN).
Pénalités : Finlande 4′ (2′, 0′, 2′, 0′) ; Suède 4′ (4′, 0′, 0′, 0′)
Tirs : Finlande 21 (4, 10, 6, 1) ; Suède 24 (8, 7, 7, 2)
Évolution du score :
0-1 à 08’35” : Zibanejad
1-1 à 10’58” : Lundell assisté de Luostarinen et Laine
2-1 à 19’46” : Rantanen assisté de Laine et Aho (sup. num.)
2-2 à 25’06” : Dahlin assisté d’Eriksson Ek et Raymond
2-3 à 30’32” : Karlsson assisté de Nylander
3-3 à 37’05” : Barkov assisté de Kakko et Määttä
4-3 à 61’49” : Granlund assisté de Mikkola
Finlande
Attaquants :
Artturi Lehkonen (-2) – Aleksander Barkov (C, 2’) – Mikko Rantanen (A, -1)
Roope Hintz – Sebastian Aho (A) – Mikael Granlund (A, +1)
Eetu Luostarinen (+1) – Anton Lundell (+1) – Patrik Laine (+1)
Teuvo Teräväinen (-1) – Erik Haula (-1) – Kaapo Kakko
Défenseurs :
Niko Mikkola (+1, 2’) – Esa Lindell
Olli Määttä (-1) – Henri Jokiharju (-1)
Urho Vaakanainen – Nikolas Matinpalo
Gardien :
Kevin Lankinen
Remplaçant : Juuse Saros (G). En réserve : Ukko-Pekka Luukkonen (G), Juuso Välimäki (D), Joel Armia (A)
Suède
Attaquants :
William Nylander (A, +1) – Mika Zibanejad (+1) – Rickard Rakell (+1, 2’)
Adrian Kempe (-1) – Elias Pettersson – Filip Forsberg
Jesper Bratt – Joel Eriksson Ek (+1) – Lucas Raymond (+1)
Gustav Nyquist (-1) – Elias Lindholm (-1) – Viktor Arvidsson (-1)
Défenseurs :
Victor Hedman (C, +1, 2’) – Jonas Brodin (-1)
Mattias Ekholm (A, -1) – Erik Karlsson (A)
Rasmus Dahlin (+1) – Gustav Forsling (+1)
Gardien :
Filip Gustavsson puis à 20’00” Linus Ullmark
Réservistes : Samuel Ersson (G), Rasmus Andersson (D), Leo Carlsson (A).