La première semaine de ces séries éliminatoires ou playoffs 2024/25 prend fin. Entre Ducs et Pionniers, le combat fait rage. Les quatre premières joutes de cette série n’ont pas décidé du vainqueur et, au-delà des résultats en eux-même, plusieurs choses ont retenu notre attention. Voici les principaux enseignements que nous avons tiré de ces quatre premiers matchs :
Sami Tavernier, à la faveur du printemps
Il l’a confié lui-même à la sortie du match 2, il lui a fallu, à titre individuel, plusieurs pénalités pour entrer dans ses playoffs. Depuis, comment qualifier le début de campagne de Sami Tavernier ? S’il a été dans l’ombre de Brady Shaw tout au long de la saison régulière, il est à coup sûr LA révélation des grands moments. Auteur d’un triplé en demi-finale de Coupe de France, élu homme du match lors de la finale à Bercy, il est l’homme des grands rendez-vous. Son profil est bâti pour les joutes printanières, sa ténacité, son intensité et sa polyvalence font de lui un attaquant clé dans le système Paredes. Si son but avait été le tournant du match 2, il a depuis enchaîné les soirs à plusieurs points, s’emparant assez logiquement d’un casque d’or qui lui va si bien. Etonnamment, les Ducs ont un riche contingent de joueurs capables de briller au cours de ces séries mais il est celui au potentiel le plus flou. Le talent ne fait aucun doute, il en faut pour porter le maillot finlandais, qui plus est chez les jeunes, c’est dans l’adaptation à un rôle offensif, qu’il n’a plus connu depuis ses années à Merrimack, que son potentiel est encore à découvrir, dans le bon sens du terme. Peut-il encore hausser son niveau de jeu et être l’homme de ces séries ? Ces quatre premiers matchs vont en ce sens, à lui de profiter de la faveur du printemps.
Nicolas Ritz, plus qu’un couteau suisse
Un jour, la question se posera quant au retrait du numéro 10 à Angers. S’il lui manque une Coupe Magnus pour l’inscrire définitivement dans l’histoire du club, il a prouvé à plus d’un titre qu’il est l’un des grands hommes de l’histoire récente du club. En plus de son implication sur et en dehors de la glace, de son comportement modèle et de son impact dans le jeu et dans le vestiaire (bien qu’il ait perdu son A cette saison), il brille qu’importe le rôle qu’on lui attribue. Véritable assurance tous risques au centre, il est aussi un défenseur plus que correct lorsque les rotations, diminuées par les absences et les choix du coach, l’imposent. A Chamonix pour les matchs 3 et 4, il a montré qu’il pouvait être le choix idoine pour remplacer au pied levé un défenseur du profil de Lucien Onno. Ses capacités de centre aux missions plutôt défensives, sa vélocité et sa capacité à se projeter tout en couvrant les espaces que ses débordements pouvaient libérer ont permis à Angers de s’offrir une solution interne “de luxe”. Voilà l’enseignement que l’on pourra tirer de ces quatres premiers matchs. S’il va de soi que ce choix pourrait être limité dans le temps, la question soulevée par nos confrères de Ouest-France concernant la défensive angevine pourrait trouver réponse dans les performances de l’ex-international français.
Rouhiainen/Cap, facteurs x
Critiquée sans doute à juste titre après le match 1, la défensive angevine a depuis retrouvé les clés du succès. Avec un seul but concédé en trois matchs, qui plus est, en double infériorité numérique, les Ducs ont trouvé leurs remparts.Éclipsé des yeux du grand public par la saison pleine bien qu’écourtée de sa paire, Lucien Onno, Jere Rouhiainen est monté d’un ton. Si son exercice régulier était réussi (5 buts, 20 assistances), force est de constater qu’il s’est imposé comme le véritable patron de la défensive angevine, en ce début de campagne printanière. Bien qu’il n’ait pu éviter aux siens la défaite inaugurale, il répond aux attentes placées en lui lors de son arrivée. Dans une défense clairsemée, Jere Rouhiainen est au four, au moulin et dans les champs. Défensivement toujours aussi propre, sans même s’occuper du tableau d’affichage où il n’est crédité que d’un but par la Ligue Magnus, son différentiel parle pour lui : +8, soit le meilleur total de ces playoffs. Pour parler de manière plus claire : il n’était sur la glace que sur un seul des 6 buts marqués par les Pionniers dans la série jusqu’ici.
A ses côtés, le discret mais efficace Ethan Cap prend lui aussi une autre dimension. Dans un rôle de défenseur “stay at home”, il n’a que peu pris la lumière tout au long de la saison régulière, or, il est à coup sûr, celui qui permet à ses coéquipiers de briller. Rares auront été les matchs au cours desquels il a été en difficulté tant il brille dans les petits détails. C’est à coup sûr grâce à lui que Matt Prapavessis a pu retrouver de sa superbe. En séries, il a lui aussi pris la dimension nécessaire pour permettre aux siens de verrouiller un secteur défensif qui semblait en difficulté ces dernières semaines. A l’instar de son compair finlandais, le natif de North Vancouver n’a concédé qu’un seul but en sa présence, l’autre ayant été accordé en double infériorité numérique. Au-delà de ça, lui aussi, a profité de l’absence de Vincent Llorca qui avait brillé en ce début de série, pour prendre de l’ampleur des deux côtés de la glace, avec deux assistances, un différentiel de +4 et peu d’erreurs à lui imputer, il est à coup sûr l’un des hommes à suivre du côté d’Angers ces prochains jours.
Unités spéciales : un déclic à modérer
Il existait un débat : les Ducs trouveront-ils le déclic pour performer en unités spéciales au cours de ces playoffs ? Si Jonathan Paredes a répété tout au long de la saison que le projet qu’il souhaitait mener à Angers n’en était qu’à l’an 1, la patience n’est pas forcément le point fort des suiveurs du hockey angevin. Alors, après un exercice régulier réussi et un triomphe en Coupe de France, la question du graal est revenue sur la table. Or, il va sans dire que pour y parvenir, les unités spéciales ont une importance capitale. Jamais une équipe non performante dans ce registre du jeu n’a soulevé la Coupe Magnus. Un registre de jeu qui n’a que peu souri aux angevins cette saison. Si l’accent a été mis, avec succès, sur le jeu à cinq contre cinq, les unités spéciales voyaient elles les Ducs dans le milieu de tableau. Pourtant, en ce début de séries éliminatoires, elles font en partie la différence : Les Ducs ont à la fois le plus petit nombre de supériorités numériques (8) et la deuxième équipe la plus pénalisée (14) tout en ayant le meilleur pourcentage en jeu de puissance (37,5%), le deuxième en infériorité (92,86%). Des statistiques flatteuses, certes mais qu’il faut tout de même modérer. En saison régulière, Chamonix affichait le 11ème bilan en supériorité, le 7ème en infériorité.. bilan peu convaincant lorsque les choses deviennent sérieuses. Ceci étant dit, la confiance engendrée par les séquences positives pourraient bel et bien les porter en cas de qualification… face à un potentiel adversaire, Bordeaux, quelques délicatesses à ce sujet. Maintenant, ces Ducs version 2024/25 doivent encore faire le plus dur : conclure.
Illustrations de Toine Bourge