Les Bleues débutent dimanche leur Mondial Division 1A en Chine, avec l’espoir de revenir en élite mondiale. Les Françaises ont d’ailleurs un sacré coup à jouer cette année car l’enjeu du tournoi est décuplé.
Deux mois après avoir voyagé jusqu’au Japon pour les qualifications olympiques, l’équipe de France féminine a rendez-vous en Chine pour le Mondial Division 1A. On repassera pour le bilan carbone mais il était prévu que la Chine accueille de nouveau un championnat du monde. Il y a deux ans, le Mondial D1A de Shenzhen avait connu un franc succès, beaucoup de publicité et de visibilité, et 4631 spectateurs en moyenne. La PWHL a redéfini les standards à bien des niveaux, la Tchéquie tentera d’obtenir un succès populaire pour son Mondial élite, et la Chine entend bien continuer à dynamiser la division inférieure.
Comme les années précédentes, les deux meilleures équipes du Mondial D1A accéderont à l’élite mondiale, et les Bleues seraient bien avisées d’en profiter cette année. À l’automne 2024, l’IIHF a validé plusieurs changements concernant les championnats du monde féminins, notamment le fait qu’une seule équipe sera reléguée du Mondial élite à partir de 2026. Autrement dit, si la France obtient sa promotion en 2025, elle aura davantage de chances de rester en élite et de pérenniser son rang, alors qu’elle était quasi condamnée à être reléguée quand elle a côtoyé l’élite en 2019 et 2023. En revanche, si les Tricolores loupent la promotion, la tâche sera clairement beaucoup plus compliquée les années suivantes avec un seul sésame en jeu. L’enjeu de ce Mondial D1A 2025 est donc bien plus important que les années précédentes.
France
Les Bleues n’ont donc pas pu se qualifier pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina, l’objectif a avorté dès le premier duel contre une équipe du Japon parfaitement préparée et qui ne s’est pas laissée surprendre. Pour autant, les Françaises ont ensuite obtenu des succès convaincants contre la Chine (4-1) et la Pologne (9-0) qui leur ont permis de terminer meilleures deuxièmes des trois groupes du TQO. Pour l’heure, on ne sait pas encore si les Tricolores bénéficieront ou non d’un repêchage pour les JO en tant que meilleures deuxièmes en cas d’exclusion de la Russie. Kirsty Coventry, qui a été élue nouvelle présidente du CIO le 20 mars dernier, est en tout cas opposée à l’idée d’exclure des pays quel que soit le motif, y compris politique, ce qui a redonné espoir aux athlètes russes, et réduit celui des Bleus et des Bleues.
Obtenir la promotion en élite mondiale avec les nouvelles règles IIHF à venir, voilà qui pourrait mettre sur de bons rails l’équipe de France féminine alors que les Jeux olympiques feront de toute façon partie du projet à l’horizon 2030, avec les JO dans les Alpes françaises.
Margaux Mameri, qui a connu une bonne saison en bleu, semblait avoir pris le dessus dans la hiérarchie. Justine Crousy Théode était partante au TQO contre le Japon mais a dû céder sa place après 4 buts encaissés, Mameri est ensuite parvenue à réaliser 21 arrêts dans cette partie, puis à conserver un pourcentage d’arrêts de 93% sur l’ensemble du tournoi. Elle semblait dans une bonne dynamique… jusqu’à la révélation de la liste pour le Mondial D1A qui a entériné son éviction. « Un choix sportif » confirmé par le staff conjugué à l’arrivée dans le groupe d’Alice Philbert, Québécoise de 28 ans naturalisée. Comme nous l’avons évoqué dans la présentation de la saison du championnat de France Division 2, Alice Philbert était au centre d’une nouvelle orientation prise par le staff de l’équipe de France, et cela a finalement poussé vers la sortie Mameri qui côtoyait la maison bleue depuis plusieurs années. Le rêve de Philbert de jouer les Jeux olympiques était dans la transaction avec la fédération mais toute l’ironie de l’histoire, c’est que la Québécoise est devenue éligible peu de temps après la fin des qualifications olympiques.
Le fait que la France ne dispose pas de manière marquée d’une titulaire depuis la retraite de Caroline Baldin, contrairement à des adversaires réguliers pour la promotion en élite, est la probable explication. À des périodes différentes, Mameri et Crousy Théode ont connu des difficultés en bleu, et Violette Pianel Couriaut représente l’avenir à long terme. La Hongrie, la Norvège, le Danemark, la Slovaquie ou l’Autriche ont également la particularité de disposer de gardiennes qui sont engagées dans des ligues féminines, en NCAA ou en Europe, ce qui leur confère davantage de compétition. Mameri et Crousy Théode sont raccrochées à des structures masculines, Meudon et Reims. Elles ne voient le haut niveau que de manière ponctuelle, et c’est un problème pour l’équipe de France.
Philbert réalise actuellement sa deuxième saison en France. Ses deux ans ont permis de fait son éligibilité en équipe de France. À ses faits d’armes, Alice Philbert est devenue championne universitaire du Canada en 2022, ce qui constitue une performance de premier plan dans la sphère du hockey féminin. Sur ses deux dernières années avec les Stingers, elle a conservé un pourcentage d’arrêts de 93%, 97,8% en playoffs pour le titre 2022, elle n’avait d’ailleurs encaissé aucun but en série finale. Des performances remarquables alors qu’elle officiait sous les ordres des deux légendes, Julie Chu et Caroline Ouellette, qui sont toujours coachs des Stingers.
Depuis, Philbert, comme Mameri et Crousy Théode, évolue au sein d’une structure masculine, celle de Wasquehal, à la différence qu’elle y joue un rôle de premier plan. Elle avait permis le retour de Wasquehal en D2 avec de nouvelles prestations solides… mais elle n’a pu empêcher la relégation un an plus tard. Précisons par ailleurs qu’Alice Philbert a été invitée au camp d’entraînement de l’équipe PWHL de Montréal en 2024, invitation qu’elle a déclinée pour se focaliser sur sa carrière en France. À 28 ans, elle arrive dans la maison bleue avec de bonnes références et de l’expérience, elle a d’ailleurs été entraîneure de gardiennes lors de camps organisés par Caroline Ouellette et Marie-Philip Poulin.
Les deux ans pour l’éligibilité passés, il se pourrait bien qu’elle ne reste pas plus longtemps dans le Nord, alors qu’elle a toujours la PWHL dans un coin de sa tête. En attendant, elle aura la pression de ce qui représente un coup de poker, alors que l’éviction de Margaux Mameri a dû en tout état de cause interpeller ses coéquipières, même si cette décision était brodée depuis quelques temps.
Le bloc défensif se consolide avec, en dehors des piliers Léa Villiot, Gabrielle De Serres, Marie-Pierre Pélissou et Sophie Leclerc, la doublette NCAA Elina Zilliox – Lucie Quarto qui évoluent ensemble à Lindenwood University. Et en attaque, la France pourra toujours compter sur Chloé Aurard, Estelle Duvin et Clara Rozier, meilleures marqueuses françaises du TQO. Aurard connaît une deuxième saison plus délicate en PWHL avec les New York Sirens avec 4 points en 27 matchs, mais elle reste un atout important pour les Bleues, dans les deux sens de la patinoire comme sur les unités spéciales. Clara Rozier s’est imposée comme une pointeuse redoutable pour sa première saison en Suisse avec au total 50 points en 34 matchs, elle a contribué au premier titre de Berne, tout comme sa complice Estelle Duvin. Duvin a dominé les marqueuses en saison régulière et en playoffs, et confirmé qu’elle est la meilleure attaquante évoluant en Suisse. La France s’en remettra encore à Aurard, Rozier et Duvin mais Julia Mesplède – qui a connu une meilleure saison à l’Université du Vermont – et Margot Huot-Marchand ont également connu beaucoup de réussite. Manon Le Scodan continue quant à elle de battre des records en Ligue collégiale du Québec, quatrième meilleure marqueuse de l’histoire et meilleure passeuse de l’histoire de la ligue alors que son club a connu une saison plus difficile. Jade Barbirati, ennuyée par les blessures cette saison et qui a connu un retour au jeu relativement récent, n’a pas été retenue. Anaïs Peyne-Dingival, qui aura 18 ans le 29 mai prochain, disputera quant à elle son premier championnat du monde. Juste avant ce championnat du monde, les Tricolores ont battu en match préparatoire l’Autriche 4-1.
Il y a un an, les Bleues avaient échoué de peu à une nouvelle accession en élite mondiale, un point exactement et une défaite contre la Hongrie en clôture de tournoi. La mission demeure plus que jamais dans les cordes de Lore Baudrit et ses coéquipières, avec un groupe qui se renforce et peut-être plus complet que les autres équipes en lice. La situation devant les filets et l’intégration de Philbert seront particulièrement déterminantes.
L’équipe de France féminine aura cinq matchs durant ce Mondial D1A de Shenzhen pour tenter d’obtenir l’un des deux sésames vers l’élite.
Dimanche 13 avril : Pays-Bas
Petite nation de hockey, les Pays-Bas disputeront tout de même un quatrième mondial consécutif en Division 1A féminine. L’année dernière, les Oranjes sont parvenues à se maintenir sans grande difficulté : une victoire essentielle contre la Corée du Sud, mais elles ont aussi mené la Norvège et l’Autriche au-delà des 60 minutes. Et lors des qualifications olympiques, les Néerlandaises ont remporté le tour intermédiaire à Sheffield avant de faire bonne figure au tour final en Suède, en concédant notamment une nouvelle prolongation aux Norvégiennes.
Pas de stars mais un groupe homogène avec les Savine Wielenga, Julie Zwarthoed, Kayleigh Hamers, Bieke van Nes ou Jet Milders. Ainsi qu’une gardienne de bonne facture avec Eline Gabriele, qui évolue en deuxième division néerlandaise avec les hommes. Les Pays-Bas ne font peut-être pas partie des grandes prétendantes à la montée (qu’elles ont tout de même frôlé en 2023) mais elles demeurent une équipe piège. Les Bleues devront s’en méfier car elles débuteront face à elles dimanche, ce fut déjà le cas en 2024 puisque les Oranjes étaient leurs premières adversaires, battues 5-1.
Lundi 14 avril : Slovaquie
Après un an en Division 1B, le troisième échelon mondial, la Slovaquie est de retour en D1A, un niveau plus acceptable pour cette nation de hockey. Chez les féminines, l’équipe slovaque est toujours dans une forme de statu quo, elle n’a jamais été en mesure de prétendre réellement à une montée en élite mondiale. Un changement important a eu lieu à la rentrée avec l’arrivée de Tomáš Pšenka au poste de Directeur général, il a succédé à Ľubomíra Kožanová qui occupait ce poste depuis de nombreuses années. Miroslav Mosnár, devenu entraîneur en chef de la sélection en 2023, a conservé son poste.
La promue slovaque parviendra-t-elle à contrarier ses adversaires ? Cette saison, les Slovaques ont tout de même essuyé quelques claques, 8-2 contre l’Allemagne et 7-0 contre la France. Les qualifications olympiques à Bremerhaven n’ont pas été plus convaincantes, les Slovaques ont été surclassées de nouveau par l’Allemagne 6-1 puis par l’Autriche 8-2. Mais attention, la Slovaquie avait deux matchs préparatoires avant ce tournoi contre la Norvège et l’Autriche… qu’elle a remportés.
C’est finalement sur la nouvelle génération que la Slovaquie fonde beaucoup d’espoirs. La sélection U18 a disputé un quatrième Mondial élite d’affilée, tournoi qui compte on le rappelle huit équipes et non pas dix comme chez les seniors. Nela Lopušanová est évidemment le talent numéro 1 de l’équipe, à désormais 17 ans, elle a une fois de plus été élue meilleure joueuse du Mondial U18 et commence à prendre ses aises avec les grandes. Elle disputera son premier championnat du monde senior. Lopušanová pourrait crever l’écran en Chine, et formera de toute façon un duo redoutable pour les années à venir avec Ema Tóthová, l’autre grand talent de la double croix. Les jeunes seront donc aux commandes d’une équipe qui veut grandir.
Mercredi 16 avril : Danemark
6238, le Danemark a atteint un record de licenciés, soit une augmentation de 31,5% entre 2015 et 2024. Et 1104 sont des licenciées, dont 627 ont moins de 18 ans. Voilà le fruit « d’un effort considérable de la part des clubs » comme le précisait la consultante en développement de la fédération Christina Benn. L’avenir s’annonce radieux pour le hockey danois, cependant l’équipe nationale féminine a joué à l’ascenseur ces dernières années : 2022 en élite, 2023 en D1A, 2024 en élite et 2025 en D1A.
Le plus dur est finalement de tourner définitivement la page Josefine Jakobsen, la meilleure joueuse danoise de l’histoire, contrainte de mettre un terme à sa carrière après des problèmes récurrents liés à une commotion cérébrale. Jakobsen, triple championne de Suède et dixième meilleure marqueuse de l’histoire de la SDHL, n’avait de toute façon disputé que trois matchs ces deux dernières saisons. Et le hockey danois n’en avait pas fini avec les désillusions puisque la même mésaventure est arrivée à Amalie Andersen. La sœur du gardien Frederik Andersen, et un maillon important de la défense danoise, a dû raccrocher les patins à seulement 25 ans. Une autre cadre de cette équipe danoise, Nicoline Søndergaard, qui a connu une très bonne saison avec Skellefteå, tentera de montrer le chemin. Elles sont d’ailleurs onze joueuses de cette sélection à évoluer, dont six à la ville voisine de Malmö ! La joueuse majeure de cette équipe demeure toutefois la gardienne Emma-Sofie Nordström, toujours aussi solide en NCAA (93,5% d’arrêts) après avoir excellé au Mondial élite 2024 et aux dernières qualifications olympiques. La dernière confrontation contre la France date de décembre dernier au tournoi d’Odense, les Bleues l’avaient emporté 1-0.
Jeudi 17 avril : Chine
Revoilà donc la Chine chez elle, qui avait déjà organisé le Mondial D1A en 2023 avec 4631 spectateurs en moyenne à Shenzhen… et qui en avait profité pour remporter le tournoi alors qu’elle était tout juste promue ! Initialement, la fédération chinoise avait conclu un contrat pluriannuel avec l’IIHF pour organiser les Mondiaux de Division 1 en Chine, accord qui a été mis de côté le temps que la Chine rejoigne l’élite mondiale en 2024… et redescende illico. Remporter de nouveau le Mondial D1A à la maison sera toutefois compliqué même si deux tickets seront en jeu pour la promotion.
Certes les Chinoises ont obtenu de bons résultats en élite l’année dernière, elles ont toutefois connu plusieurs déconvenues cette saison. Elles ont été surclassées par le Japon au Championnat d’Asie, échoué aux qualifications olympiques en terminant troisièmes du TQO et vu le Kazakhstan – en plus du Japon – lui passer devant aux Jeux Asiatiques d’hiver. Mais cette équipe de Chine en est toujours au stade de la construction avec beaucoup de jeunes éléments. Une certitude, la gardienne surdouée Jiahui Zhan (le deuxième meilleur pourcentage d’arrêts du Mondial élite en 2024) et la grande sœur et infatigable Baiwei Wu tenteront de montrer l’exemple. Les Bleues, qui n’avaient plus croisé la Chine depuis un moment, l’ont battue au TQO 4-1.
Samedi 19 avril : Autriche
Si le Mondial D1A 2024 de Klagenfurt a été un joli succès populaire, avec deux derniers matchs à plus de 2200 spectateurs, l’Autriche n’a pas été en mesure d’obtenir sa première promotion en élite mondiale, seulement quatrième du tournoi. C’est un objectif avec lequel les Autrichiennes flirtent depuis plus d’une décennie maintenant sans pour autant y arriver. Et elles n’ont toujours pas réussi non plus à obtenir une première qualification pour les Jeux olympiques. Au TQO de Bremerhaven, l’Autriche n’était pas bien loin de faire plier l’Allemagne (0-2) et encore moins la Hongrie (2-3 en prolongation). Et la sélection entraînée par le Suédois Alexander Bröms a remporté un tournoi en Norvège en battant l’équipe locale et la Hongrie.
Le talent, ce n’est pas ce qui manque à cette équipe autrichienne, qui demeure sur le papier une candidate à la promotion. Il y a évidemment l’increvable Anna Meixner, capitaine depuis plusieurs années et qui vit un rêve éveillé en jouant en PWHL à Ottawa même si elle n’a marqué qu’un seul but. Meixner demeure l’un des principaux dangers offensifs, tout comme l’autre « PWHLeuse », Theresa Schafzahl du Boston Fleet, les deux ont l’habitude de jouer sur le même trio. Lena Dauböck, Anja Trummer, Leonie Kutzer ainsi que les sœurs Luggin devant les filets sont de jeunes talents qui n’ont plus grand chose à prouver. Annika Fazokas a quant à elle passé réellement un cap depuis la saison dernière, à 27 ans elle est devenue la patronne de l’arrière garde autrichienne, au lancer redoutable. Fazokas était la meilleure marqueuse de l’Autriche au Mondial 2024 avec Shafzahl ainsi qu’au Tournoi de qualification olympique, et la deuxième marqueuse chez les défenseures en élite suisse. Les Bleues croiseront les Autrichiennes pour un final peut-être décisif.