L’équipe de France a attendu que la Ligue Magnus soit terminée pour organiser ses premiers matches de préparation. Elle dispose ainsi des nombreux Grenoblois et Angevins, même s’il manque encore la plupart des expatriés, et s’est entraînée une semaine au complet. Elle affronte néanmoins une équipe suisse plus rodée qui a déjà deux victoires dans son escarcelle contre la Slovaquie, et qui n’a pas encore intégré les joueurs éliminés en demi-finale de son championnat.
Le plus grand absent, c’est néanmoins Benoît Messin, qui devait être le médecin de l’équipe de France aux championnats du monde et qui est brutalement décédé il y a dix jours, laissant une femme et trois enfants endeuillés. Une minute de silence est décrétée pour le médecin grenoblois, dont le nom est chaleureusement applaudi par le public de Marseille qui a rempli le POMGE pour ce match international.
L’équipe de France subit très tôt le jeu, notamment en étant coincée plus d’une minute dans sa zone sur une séquence marquée par un tir dangereux du défenseur Tobias Geisser avancé entre les cercles. Au bout de la fatigue, Ritz et Bourgeois arrivent enfin à contrer Fazzini, et Baptiste Bruche sort le palet de la zone en cloche pour permettre à ses coéquipiers de changer. La domination suisse ne se dément pas. La défense bleue est prise en défaut de positionnement quand Grégory Hofmann fixe Louis Boudon et décale Sven Senteler absolument seul dans l’axe face à Quentin Papillon, qui signe un très bel arrêt.
Floran Douay charge le défenseur genevois Gincarlo Chanton contre la bande en allant un peu trop fort à l’échec-avant. Cette première infériorité numérique est l’occasion d’admirer le beau travail de Louis Boudon – capitaine en bleu pour la première fois – pour sortir le palet, couper les lignes de passe et gagner les mises au jeu. Le défenseur « local » des Spartiates, Fabien Bourgeois, a aussi récupéré et dégagé une rondelle précieuse depuis l’arrière de sa cage. L’équipe de France défend de mieux en mieux, mais ne fait presque que défendre. La seule exception est Anthony Rech qui accélère en zone neutre et dribble Geisser pour se présenter seul devant Ludovic Waeber, sans parvenir à le déjouer.
En fin de tiers, alors que Bourgeois est monté très haut batailler dans le coin de la zone suisse, le palet ressort pour Hofmann qui envoie en échappée Marco Lehmann. Le gardien Papillon tient encore l’équipe de France à bout de bras, et des jambières. Les Bleus seraient bien heureux de regagner les vestiaires à 0-0… mais ils vont faire mieux que ça. Fabian Ritzmann casse sa crosse sur un engagement en zone suisse et retourne au banc. Dans le même temps, Matias Bachelet vole le palet à Ludvig Johnson et Adel Koudri centre pour la reprise instantanée d’Aurélien Dair, déviée par la jambe de Bachelet venu se placer devant la cage (0-1). L’annonceuse dévoile le total des tirs de ce premier tiers-temps : 15 à 3. Hold-up face au pays des banques, réussi par un trio de braqueurs grenoblois !
La deuxième période reprend avec une allure similaire, à savoir une nette domination suisse. Kevin Spinozzi n’évacue pas du slot Thierry Bader, qui masque complètement Papillon lors du lancer dans l’axe de la ligne bleue de Luca Fazzini (1-1).
La Suisse déroule son jeu… peut-être un peu trop. Une passe du revers d’Axel Simic reste bloquée dans les patins de Boudon. Baptiste Bruche se saisit de l’opportunité et fonce en breakaway avec sa vitesse de patinage. Le gardien Ludovic Waeber fait l’arrêt, mais n’arrive pas à capter le puck que lui remet Marc Marchon. Une mésentente dont profite Enzo Carry qui a suivi et vient envoyer ce palet libre dans les filets (1-2). Exactement comme Matias Bachelet, le Basque de Bordeaux inscrit son premier but international ce soir à sa troisième sélection. La Nati accuse le coup et la France connaît un vrai temps fort dans les minutes suivantes.
Après un violent cinglage de Bruche, la France surmonte sa deuxième infériorité numérique grâce à un arrêt renversant et renversé de la mitaine de Quentin Papillon, qui a jeté les bottes sur un lancer en angle de Tyler Moy bien décalé par Marchon. De retour à 5 contre 5, après une longue séquence dans leur zone, les Bleus parviennent à changer. Les Grenoblois s’installent alors à l’offensive et Bachelet tente de volleyer du revers un rebond dans les airs après un tir en angle de Koudri. Waeber reste vigilant. Les hommes de Yorick Treille retournent encore aux vestiaires avec un résultat favorable, mais après vingt minutes bien meilleures dans le contenu.
La Suisse installe encore son cycling dans le camp français au début du troisième tiers. Elle égalise par un tir rasant de la ligne bleue d’Iñaki Baragano que Marc Marchon dévie devant la cage (2-2). L’attaquant de Berne a-t-il gêné Quentin Papillon avec un patin dans sa zone réservée ? C’est ce que demande le banc français en demandant aux arbitres de consulter la vidéo, ce qu’ils font pendant huit minutes… avant d’accorder le but. Selon le règlement, cela fait donc deux minutes pour « retard de jeu » (dénomination appropriée car tout le monde s’est refroidi) contre la France. La meilleure occasion de ce jeu de puissance est une reprise du cercle gauche de Luca Fazzini sur passe transversale de Hofmann, mais Papillon a bien réagi.
La France tient toujours un score nul flatteur, mais Quentin Papillon encaisse deux buts coup sur coup face à des joueurs laissés absolument seuls dans le slot. C’est d’abord Axel Simic qui fausse compagnie à Carry pour aller devant Papillon et est servi depuis la ligne bleue par Bader (2-3). Puis un mauvais dégagement de Charles Schmitt est intercepté plein axe par Marc Marchon. Celui-ci sert aussitôt sur un plateau Tyler Moy qui attire et fait descendre le gardien bordelais par sa maîtrise technique puis se décale pour lever le palet du revers (2-4).
Les Bleus n’abdiquent pas. Yorick Treille fait sortir Papillon et la France à 6 contre 5 intensifie sa présence devant la cage. Situation importante à exercer, et gagnante : Louis Boudon passe devant le gardien qui ne voit partir le tir de la bleue de Hugo Gallet (3-4). Cette phase de pressing a enthousiasmé le public marseillais, surtout quand Ludovic Waeber relâche un lancer de Spinozzi avec le héros local Paul Joubert à l’affût au poteau gauche. Sa crosse est bloquée par la botte du portier.
Bien sûr, c’est contre le cours du jeu que les Français ont longtemps mené au score. Mais comme les erreurs commises étaient assez attendues en début de préparation, le staff bleu pourra se raccrocher aux points positifs, qui existent, et aux progrès entrevus au cours de la soirée. Les propos du sélectionneur Yorick Treille seront pleins de lucidité.
La défense, sans les blessés importants que sont Yohann Auvitu et Enzo Cantagallo (celui que la rumeur annonce en futur Marseillais a été opéré de l’épaule dont il souffrait depuis le début de saison), inspire – comme souvent – le plus de craintes. Les renforts du championnat suisse Thomas Thiry et Enzo Guebey seront attendus pour remplacer certains éléments qui paraissent encore un peu légers pour le niveau international qu’ils connaissent trop peu.
Désignés joueurs du match : Quentin Papillon pour la France et Luca Fazzini pour la Suisse.
Commentaires d’après-match (FFHG) :
Yorick Treille (entraîneur de la France) : « Il y a énormément de choses d’un point de vue tactique à régler, et à mettre en place tout simplement. On a besoin d’un volume de matches pour commencer à le faire, c’est le début. On va se servir de ce match pour aller de l’avant. On manque d’automatismes, il y a encore beaucoup de confusion mais c’est normal. C’est le premier match face à une équipe de haut niveau qui joue avec beaucoup de vitesse. Il faut passer les cerveaux en mode 5G et pas en 3G. […] Si on joue cent fois ce type de match avec autant d’occasions et de temps libre à l’adversaire, on n’a quasiment aucune chance de le remporter. Le positif, c’est qu’il y a eu de la solidarité défensive et un gardien qui a tenu la baraque un long moment. La bonne nouvelle, c’est qu’on rejoue demain. Il faudra avoir les cerveaux prêts à faire tout plus vite et se mettre au niveau international. »
Louis Boudon (capitaine de la France) : « C’est sûr que c’est une grosse fierté, ce capitanat. Je ne m’y attendais pas forcément, il y avait quand même beaucoup de gars qui étaient là avant moi. J’ai fait de mon mieux pour représenter le groupe et pour aider. [Les Suisses] ont déjà fait deux matches, ils avaient un peu plus de rythme. On a réussi à se remettre un peu dedans au troisième tiers où c’était un peu plus égal. Premier tiers un peu compliqué, on a réussi quand même à manager la tempête. Les buts sont de la réussite mais c’est de la chance provoquée, on a réussi à mettre du trafic. On s’est créé de grosses occasions et on a réussi à patiner avec eux, il faudra reproduire ça demain. »
France – Suisse 2-4 (1-0, 1-1, 0-3)
Vendredi 18 avril 2025 à 20h00 au Palais Omnisports Marseille Grand Est. 5420 spectateurs.
Arbitres : Florian Baudry et Clément Gonçalves assistés de Nicolas Constantineau et Louan Robert.
Pénalités : France 10’ (2’, 4’, 2’) ; Suisse 8’ (0’, 2’, 0’).
Tirs : France 14 (3, 6, 5) ; Suisse 28 (15, 8, 5).
Évolution du score :
1-0 à 18’41” : Bachelet assisté de Koudri et Dair
1-1 à 25’33” : Fazzini assisté de Ramel et Bader
2-1 à 28’25” : Carry
2-2 à 44’00” : Marchon assisté de Baragano
2-3 à 47’50” : Simic assisté de Bader et Ramel
2-4 à 48’20” : Moy assisté de Marchon
3-4 à 58’23” : Gallet assisté de Douay et Rech
France (2’ pour retard de jeu)
Attaquants :
Guillaume Leclerc (-1) – Louis Boudon (C, +1) – Anthony Rech
Enzo Carry – Nicolas Ritz (-2) – Baptiste Bruche (-1, 2’)
Matias Bachelet – Adel Koudri (+1) – Aurélien Dair
Floran Douay (+1, 2’) – Kaylian Leborgne – Paul Joubert (2’)
Flavian Dair
Défenseurs :
Charles Schmitt (-2) – Hugo Gallet (+1)
Vincent Llorca – Kevin Spinozzi (-2)
Fabien Bourgeois – Yohan Coulaud (-1)
Axel Prissaint (+1)
Gardien :
Quentin Papillon [sorti de 31’12” à 31’49”, de 58’12” à 58’30” et de 58’45” à 60’00”]
Remplaçant : Martin Neckar (G). En réserve : Julian Junca (G).
Suisse
Attaquants :
Grégory Hofmann – Sven Senteler – Marco Lehmann
Fabian Ritzmann (-1) – Jonas Taibel – Marco Miranda (-1)
Marc Marchon (2’) – Tyler Moy – Dario Rohrbach (+1)
Mischa Ramel (+2) – Thierry Bader (+2) – Luca Fazzini (+1)
Axel Simic (-1)
Défenseurs :
Tobias Geisser (+1) – Rodwin Dionicio (+1)
Tim Berni (C) – Roger Karrer
Giancarlo Chanton – Iñaki Baragano
Ludvig Johnson – Dario Wüthrich
Gardien :
Ludovic Waeber
Remplaçants : Stéphane Charlin (G), Romain Loeffel (D). Absents : Leonardo Genoni (G, resté en Suisse), Attilio Biasca (A, parti du camp sur blessure).