Berlin a la possibilité d’être sacré à domicile dans ce match n°5 et rien ne semble perturber sa marche en avant. Pire, les joueurs de Cologne ont pris l’eau de toute part en encaissant 14 buts en deux matchs. Serge Aubin est heureux de retrouver son public : « Ce sera formidable de rejouer devant nos supporters. Mais nous savons que la dernière victoire est toujours la plus difficile. Nos supporters ont été exceptionnels toute la saison et nous aimerions remporter le championnat devant eux. »
Gabriel Fontaine est concentré : « Nous jouons très bien en ce moment, et les deux derniers matchs se sont bien déroulés. Mais il faut rester concentrés et ne pas trop se projeter. Comme récemment, il faut bien gérer les petits détails, c’est ce qui nous a permis de réussir. Cologne est au pied du mur. Il faut être prêts. Nous ne sommes pas encore qualifiés. Tout peut arriver en play-offs. »
La mise en chauffe de la salle est formidable, encore une fois, et le public chante à pleins poumons l’hymne des Eisbären : « Hey wir woll’n die Eisbär’n sehn » du groupe de rock de l’ex-RDA les Puhdys. Pour info, ils étaient le premier groupe de rock de l’Est à être autorisé à aller jouer en Allemagne de l’ouest, du temps d’avant la réunification.
Le coup d’envoi prend quelques minutes de retard avec une porte du banc des pénalités qui refuse de rester enclenchée en position de fermeture. On y va pour ce match où le droit à l’erreur sera interdit pour les joueurs de Kari Jalonen. Après un premier tir pour les visiteurs, Berlin reprend le contrôle de la rondelle et Lean Bergmann exécute un tour de cage rapide. Zach Boychuk traverse les espaces libres dans le slot et shoote. Veli-Matti Vittasmäki rate son contrôle et le palet est perdu. Le duel suivant est également perdu pour Cologne et Boychuk, toujours présent, fait la reprise dans le slot (2’52” : 1-0).
Pas le temps de respirer, les joueurs de Serge Aubin ne se reposent pas sur leurs lauriers. La remontée du palet est rapide et bouscule le repli défensif de Cologne trop lent. Gabriel Fontaine hérite de la rondelle et, seul, il ajuste le gardien (3’11” : 2-0).
Kari Jalonen est obligé de prendre un temps mort et fait rentrer Tobias Ancicka. Réaction, Josh Currie envoie une lourde charge dans la bande contre Adam Smith, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Berlin reprend son jeu collectif, Jonas Müller traverse le slot et envoie le palet sur le gardien. Ty Ronning est au rebond (7’51” : 3-0).
La domination des ours est totale, Cologne ne contrôle plus rien, pas même le puck. Les bleus déroulent. Après un tour de cage, le palet est renvoyé sur Ancicka, dont la rondelle traverse les jambières et va rouler le long de la ligne de but. Otso Rantakari le repousse du gant et tout le monde se jette sur le palet dans une forêt de joueurs. Après vérification vidéo les arbitres n’accordent pas de but. L’échec-avant berlinois est tellement puissant que les gris ne parviennent même plus à passer la ligne rouge. Ancicka relâche un tir qui a traversé le trafic et Marcel Noebels qui revient de derrière la cage conclut du revers (11’17” : 4-0).
Les fans de Cologne et Kari Jalonen sont sans voix dans cette situation catastrophique. Le public de Berlin chante et fait tourner les écharpes. Berlin a tout : la vitesse, le contrôle du puck, les gains dans les duels. Fin de période qui ne permet que peu d’espoir pour la suite.
On sent que la pression est retombée et Berlin joue son match sans réelle défiance adverse. Clairement, les Kölner Haie attendent dans leur zone. Et quand les palets arrivent on sent que la défense est à côté de son sujet. Sur un tir à la cage, Ancicka repousse des bottes, mais le palet est mal dégagé. La rondelle revient et près du gardien, Yannick Veilleux dévie le palet (23’45” : 5-0).
On sent Cologne résigné et sans force. Seul évènement de jeu à noter, Münzenberger qui vient charger Galipeau après un tir capté par Hildebrand (24’26”). On s’échange les poings et les deux joueurs se dirigent vers le banc. Seule occasion pour les visiteurs avec une reprise de Parker Tuomie à bout portant, mais Hildebrand se jette sur le palet (26’35). Cologne déroule le tapis rouge, Berlin n’en demande pas tant, les passes dans la zone offensive sont magnifiques et Zach Boychuk conclut près du poteau en s’avançant à la cage (29’21” : 6-0). Le match tourne à l’humiliation !
La tentative de loin de Maxi Kammerer s’écrase sur le poteau et est nettoyée par la défense berlinoise. Il s’agit de la seule occasion notable de cette période pour les gris et rouge. RAS pour la suite, tout le monde retourne au vestiaire.
Troisième période. Le jeu ne change pas de schéma, même si Cologne redonne un peu de vitamine à son jeu. Une contre-attaque à deux est conclue par Alex Grenier à pleine vitesse. La reprise est déviée par Hildebrand qui se jette (47’48”). Le temps passe, Berlin est en contrôle du jeu et bénéficie aussi des erreurs adverses dans le contrôle du palet. Adam Smith fait un flip pour Pföderl qui entre en zone. Le palet est transmis à Frederik Tiffels, qui a pris de vitesse Gregor MacLeod. Il est seul devant le gardien (53’52” : 7-0).
Déjà une minute avant la sirène, c’est l’explosion de joie pour les joueurs et le public, avec ce nouveau titre de champion. Cologne sort laminé de cette finale. Le KEC vient d’encaisser 21 buts en trois matchs, sans avoir scoré une seule fois. C’est un fait qui va rester dans l’histoire du hockey allemand – et mondial !
Clairement, si les Kölner Haie ont fait le match n°2 parfait à domicile pour revenir dans la série (2-1 a.p.), pour le reste, Berlin a dominé son sujet de la tête et des épaules et n’a rien laissé à son adversaire. Mais comment espérer gagner une rencontre avec autant d’erreurs de maniement de la rondelle, de largesses défensives, de patinage trop lent ? La défense a pris l’eau de toutes parts et le repli défensif a été défaillant.
On sort tout de même frustrés de cette finale qui n’a tourné que dans un sens. Nous avions assisté à deux beaux défis très challengés lors des deux éditions précédentes avec Ingolstadt et Bremerhaven. Ici, Cologne a fait un beau parcours en play-offs et à dû s’arracher pour passer les tours un à un. Mais en finale, Cologne n’a pas fait illusion très longtemps.
Berlin est LE MAÎTRE en Allemagne et le club qui domine le hockey allemand. Précédemment, on a connu la maîtrise et le succès de Munich avec l’illustre Don Jackson. Maintenant, Serge Aubin peut rentrer au Panthéon des plus grands entraîneurs-chefs.
La fête commence avec Kai Wissmann, qui rejoint ses coéquipiers avec le maillot mais sans les patins, car il n’a pu revenir en santé après sa blessure à la main. Marco Nowak, autre blessé, monte sur la glace, brandit le maillot de « Tobi Eder », et célèbre cette victoire en sa mémoire. L’équipe communie cette victoire avec le public. Jonas Stettmer puis Serge Aubin traversent le kop de supporters avec la coupe. Ensuite, tous les joueurs traversent le kop dans les tribunes.
Berlin est une très grande ville de hockey et le berceau du hockey allemand. Les fans consacrent cette victoire de leur club de légende qui fête ses 70 bougies avec 11 titres de champions de DEL, et 16 titres de l’ex-RDA. Les supporters communient et aiment à rappeler que leur club, c’est le Dynamo/Eisbären qui se situe… à l’est de Berlin.
Réactions d’après match :
Serge Aubin (entraîneur-chef de Berlin) : « C’est fantastique. Je suis incroyablement fier de mes joueurs. Nous avons affronté tant d’adversité tout au long de la saison. Nous voulions vraiment gagner avec Tobi. Nous l’avons fait aujourd’hui. C’est formidable d’avoir remporté le championnat devant nos supporters. »
Kai Wissmann (capitaine de Berlin) : « Je suis heureux que tout se soit bien passé et que nous ayons remporté le championnat aujourd’hui. C’était incroyablement difficile de ne pas avoir joué les derniers matchs à cause d’une blessure. Mais mes coéquipiers m’ont beaucoup facilité la tâche. Nous avons encore mieux joué défensivement en séries éliminatoires. Nos attaquants ont également été constants. Nos gardiens ont réalisé des arrêts incroyables. Gagner trois finales d’affilée 7-0 paraît surréaliste. Sportivement, c’était une excellente saison. Mais en dehors du hockey, ce fut une année très difficile pour nous tous. Je pense que cela nous a soudés. »
Ty Ronning (attaquant de Berlin, MVP des play-offs) : « Je suis fier de notre équipe et de ce qu’elle a accompli. Sans mes coéquipiers, je n’aurais jamais pu réaliser une aussi bonne saison. Nous avons eu une année très difficile. Pour nous, ce n’est pas seulement le titre. »
Parker Tuomie (attaquant de Cologne) : « Nous pouvons être fiers de notre saison, même si la douleur est profonde en ce moment ! Bien sûr, nous ne voulions pas terminer la saison ainsi, mais dans l’ensemble, nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli. Au final, il faut tirer notre chapeau aux Eisbären, champions d’Allemagne à juste titre. »
Kari Jalonen (entraîneur-chef de Cologne) : « Bien sûr, nous ne sommes pas satisfaits des résultats des derniers matchs, mais félicitations à Berlin, ils ont été tout simplement exceptionnels. L’équipe, les joueurs et les entraîneurs ont tous été brillants et méritaient d’être champions. »
Berlin – Cologne 7-0 (4-0, 2-0, 1-0)
Vendredi 25 avril 2025 à 19h30 à Uber Arena. 14 200 spectateurs.
Arbitres : Andre Schrader et Sean MacFarlane (USA) assistés de Patrick Laguzov et Jan Philipp Priebsch.
Pénalités : Berlin 8’ (0’, 4’, 4’) ; Cologne 6’ (0’, 4’, 2’)
Tirs : Berlin 28 (13, 9, 6) ; Cologne 12 (4, 6, 2).
Évolution du score :
1-0 à 02’52” : Boychuk assisté de Noebels
2-0 à 03’11” : Fontaine assisté de Veilleux et Geibel
3-0 à 07’51” : Ronning assistés de Müller et Pföderl
4-0 à 11’17” : Noebels assisté de Galipeau et Wiederer
5-0 à 23’45” : Veilleux assisté de Kirk et Fontaine
6-0 à 29’21” : Boychuk assisté de Mik et Müller
7-0 à 53’52” : Tiffels assisté de Pföderl et Smith
Eisbären Berlin
Attaquants :
Frederik Tiffels (+2, 2’) – Leonhard Pföderl (+2) – Ty Ronning (+2)
Liam Kirk (+2) – Gabriel Fontaine (+2) – Yannick Veilleux (+2)
Eric Hördler – Blaine Byron – Lean Bergmann (2’)
Marcel Noebels (+3) – Zach Boychuk (+3) – Manuel Wiederer (+3)
Défenseurs :
Jonas Müller (+3) – Erik Mik (+2)
Korbinian Geibel (+3) – Adam Smith (+3)
Olivier Galipeau (+2, 2’) – Norwin Panocha (+1)
Matej Leden [3 présences]
Gardien :
Jake Hildebrand
Remplaçant : Jonas Stettmer (G). Absents : Absents : Markus Niemeläinen (blessé), Marco Nowak (épaule), Mitch Reinke (épaule), Kai Wissmann (main gauche), Maxim Schäfer (surnuméraire).
Cologne
Attaquants :
Justin Schütz (-2) – Gregor MacLeod (-2) – Alexandre Grenier (-2)
Maximilian Kammerer (-3) – Juhani Tyrväinen (-2, 2’) – Frederik Storm (-3)
Parker Tuomie (-1) – Josh Currie (-2) – Marco Münzenberger (-1)
Robin Van Calster (-1) – Tim Wolgemuth (-1) – Kevin Niedenz (-1)
Défenseurs :
Veli-Matti Vittasmäki (-3) – Otso Rantakari (-3)
Brady Austin (-3) – Moritz Müller (-3, 2’)
Jan Luca Sennhenn (-1) – Adam Almquist (-1, 2’)
Maximilian Glötzl (2’)
Gardien
Július Hudáček puis à 3’11” Tobias Ancicka
Absents : Louis-Marc Aubry (genou), Andreas Thuresson (jamais remis d’une commotion), Håkon Hänelt et Elias Lindner (surnuméraires).