Blanchie trois fois en quatre rencontres, l’Allemagne a connu un début de préparation mondiale difficile. La mise à l’écart de onze joueurs, principalement des jeunes, a été assez naturelle. On en aurait presque attendu plus… Alexander Ehl était le seul attaquant à avoir marqué jusqu’ici, des joueurs à vocation offensive comme Luis Schinko et Josh Samanski (qui a signé récemment un contrat NHL-AHL de deux ans avec Edmonton) n’ont pas donné beaucoup d’arguments pour leur confier un rôle de titulaire.
Mais, si quatre joueurs d’Ingolstadt ont été ajoutés (Hüttl, Wagner, Krauß et Stachowiak), seul un joueur de champ de Mannheim a été appelé, Marc Michaelis. Une baffe pour un club qui a longtemps recruté les meilleurs joueurs allemands. Pour ce qui est de Tom Kühnhackl, il s’agit de raisons personnelles. Mais les autres ? Pas trace de Daniel Fischbuch, qui a fait les quatre derniers Mondiaux, toujours pas de Mathias Plachta, qui n’a pas les faveurs du sélectionneur Harold Kreis, et pas non plus du défenseur offensif Leon Gawanke, qui a fini les play-offs avec une fiche catastrophique de -10. Cela symbolise bien le déclin des Adler. La surprise vient de la convocation de Phillip Sinn, jeune arrière de Munich qui débute en équipe nationale.
Il y a tout de même un second représentant de Mannheim avec le jeune gardien Arno Tiefensee, titularisé pour le match à Zell am See en Autriche. Pas si simple. L’équipe locale vient de se payer les Tchèques, elle a incorporé neuf nouveaux joueurs, et elle poursuit sur son élan avec deux tirs consécutifs d’Oliver Achermann à bout portant, ou encore un lancer du cercle droit de Lucas Thaler, servi par Paul Huber qui a intercepté une relance douteuse de Colin Ugbekile. Plutôt dominée, l’Allemagne met pourtant deux buts juste avant la mi-match : un lancer lointain de Fabio Wagner pendant que Nico Krämmer masquait la vue du gardien David Kickert, puis un rebond de Marc Michaelis après un tir de Maxi Kastner en avantage numérique.
Devant les tribunes pleines de Zell am See, les Autrichiens surmontent cette mésaventure. Paul Huber – qui était en prison sur le deuxième but allemand – marque son quatrième but de la préparation… une seconde avant la sirène de fin du deuxième tiers ! L’Allemagne revient sur la glace décidée à protéger son avance. Très compacte dans son enclave, elle ne concède rien sinon des tirs lointains. Un verrou défensif parfait… à condition de ne pas prendre de pénalité. Or, un accrochage est sifflé contre Filip Varejcka à cinq minutes de la fin. Cela permet à Clemens Unterweger d’égaliser sur une puissance reprise directe. Ce score nul de 2-2 est assez mérité… mais une minute plus tard c’est bien l’Allemagne qui s’impose, grâce à Wojciech Stachowiak au rebond d’un tir en pivot d’Ehl.
Deux jours plus tard, les deux équipes se retrouvaient de l’autre côté de la frontière, en Bavière. Plus précisément à Rosenheim, ville natale du gardien Philipp Grubauer. Après une saison difficile en NHL, ce dernier avait coché depuis des semaines cette date sur son calendrier : un match en équipe nationale à la maison, devant 5000 supporters qui l’idolâtrent. En face, l’Autriche tient… un tiers-temps. Mais sur une action, Grubauer se fait très peur quand un tir du cercle de Benjamin Baumgartner le transperce au niveau de la mitaine et tombe derrière lui. Le gardien sauve le palet juste avant sa ligne avec un gogo-gadgetobras (il dira que son « bras s’est allongé de trois mètres » sur cette action). Grubauer fera remarquer que ce n’est pas si facile de voir un tir décoché depuis une surface peinte en noir. Ah, les publicités des glaces allemandes !
Chez lui, Grubauer a tout simplement la baraka : il est sauvé deux fois par sa transversale (lancer de Lebler avant la seconde pause et tir de près de Felix Maxa au retour des vestiaires) et une fois par son poteau (lancer de Thimo Nickl). Il a aussi bénéficié des tirs bloqués par sa défense, solide et impliquée. Devant, l’Allemagne s’est débloquée en infériorité numérique quand Stachowiak a lancé Maximilian Kastner en contre-attaque, puis par un but de Nico Krämmer, toujours sur jeu de transition. Krauß et Ehl ont marqué deux fois dans les minutes qui ont suivi la transversale de Maxa, et Samanski a porté le score final à 5-0 sur une superbe passe d’Ugbekile.
Ce match devait servir de sentence finale pour la sélection autrichienne : les attaquants Felix Maxa et Maximilian Rebernig ont été éliminés pour laisser entrer Marco Kasper (Detroit Red Wings) et Vinzenz Rohrer (ZSC Lions) à partir de mercredi. Le gardien réserviste Benedikt Oschgan laissera la place au naturalisé Atte Tolvanen. L’Autriche sera ainsi au complet (avec même deux joueurs en trop conservés au cas où).
L’Allemagne accueillera aussi ses ultimes renforts mercredi : Dominik Kahun (Lausanne), Lukas Reichel (Chicago) et le très important défenseur Moritz Seider (Detroit).
Commentaires d’après-match
Harold Kreis (entraîneur de l’Allemagne) : « À partir de la dixième minute bous avons joué direct vers l’avant et pratiqué un bon forechecking. Nous avons réduit les espaces et joué les duels dans la bande avec l’agressivité nécessaire. Nous avons tiré le match à nous et nous ne l’avons pas lâché. C’était une forte performance collective. L’équipe a juste fait son job changement après changement. Le 5-0 est le résultat du travail et d’une manière de jouer disciplinée. »
Roger Bader (entraîneur de l’Autriche) : « La victoire de l’Allemagne est normale. Il fait le reconnaître. D’un autre côté le résultat est trop lourd, il ne reflète pas la performance que nous avons montrée. Nous aurions mérité des buts, nous avons eu trois poteaux. Une des raisons est Grubauer. J’aurais pu accepter un ou deux buts de différence. Ce match était un cut, ce ne sera pas le cas du match contre le Canada. Nous jouerons avec la formation qui jouera aussi le premier match de championnat du monde. »
Match 1
Autriche – Allemagne 2-3 (0-0, 1-2, 1-1)
Jeudi 24 avril 2025 à 19h00 à Zell am See. 2296 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Kristijan Nikolic et Christian Ofner assistés de David Nothegger et Wolfgang Puff.
Pénalités : Autriche 10’ (2’, 4’, 4’) ; Allemagne 6’ (0’, 4’, 2’).
Tirs : Autriche 26 (9, 10, 7) ; Allemagne 34 (9, 13, 12).
Évolution du score :
0-1 à 27’07” : Wagner assisté de Hager
0-2 à 28’26” : Michaelis assisté de Kastner (sup. num.)
1-2 à 39’59” : P. Huber assisté de Haudum et Zwerger
2-2 à 55’30” : Unterweger assisté de Lebler (sup. num.)
2-3 à 56’52” : Stachowiak assisté d’Ehl et Rieder
Match 2
Allemagne – Autriche 5-0 (0-0, 2-0, 3-0)
Samedi 26 avril 2024 à 17h00 à Rosenheim. 5022 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Marian Rohatsch et Christopher Schadewaldt assistés de Yannik Koziol et Tobias Züchner.
Pénalités : Allemagne 6′ (2′, 4′, 0′) ; Autriche 6′ (2′, 2′, 2′).
Tirs : Allemagne 25 (14, 6, 5) ; Autriche 29 (10, 9, 10).
Évolution du score :
1-0 à 25’13” : Kastner assisté de Stachowiak (inf. num.)
2-0 à 31’47” : Krämmer assisté d’Ehl et Hager
3-0 à 42’35” : Krauß assisté de Varejcka et Sinn
4-0 à 43’29” : Ehl assisté de Stachowiak
5-0 à 52’09” : Samanski assisté d’Ugbekile (sup. num.)
Composition des équipes
Autriche
Attaquants :
Dominic Zwerger (+1, 2’) puis au match 2 Lucas Thaler (-1) – Lukas Haudum – Brian Lebler
Thomas Raffl (C, -1) – Benjamin Baumgartner (-1) – Peter Schneider (-2, 2’)
match 1 : Paul Huber (+1, 2’) – Oliver Achermann – Lucas Thaler
match 2 : Maximilian Rebernig (-1) – Leon Wallner (-1) – Luis Lindner
Nikolaus Kraus (-3, 4’) – Lukas Kainz (-1) puis au match 2 Felix Maxa (-1) – Nico Feldner (-4)
Défenseurs :
Clemens Unterweger (+1) puis au match 2 Ramon Schnetzer (2’) – Bernd Wolf (-1)
Dominique Heinrich (-2, 2’) – Thimo Nickl (-2)
Gregor Biber – David Maier (-1)
Paul Stapelfeldt (-3) – Patrick Söllinger (-3, 2’)
Gardien :
David Kickert [sorti à 58’23” au match 1]
Remplaçant : Florian Vorauer (G). En réserve : Benedikt Oschgan (G).
Allemagne (4’ pour deux surnombres)
Attaquants :
Tobias Rieder (+2) – Wojciech Stachowiak (+4) – Alexander Ehl (+3)
Nicholas Krämmer (+2) – Patrick Hager (C, +2) – Maximilian Kastner (+2)
Philipp Krauß puis au match 2 Yasin Ehliz (2’) – Marc Michaelis – Luis Schinko
Tim Brunnhuber (-1) puis au match 2 Philipp Krauß (+1) – Joshua Samanski – Filip Varejcka (2’)
Défenseurs :
Lukas Kälble (+1, 2’) – Tobias Fohrler (+2)
Fabio Wagner (+3) – Leon Hüttl (+3)
Colin Ugbekile – Dominik Bittner
Phillip Sinn – Mario Zimmermann (2’)
Gardien au match 1 :
Arno Tiefensee
Gardien au match 2 :
Philipp Grubauer
Remplaçant : Maximilian Franzreb (G). En réserve : Mathias Niederberger (G, en reprise après une blessure).