Quoi de mieux pour ouvrir un championnat du monde que le remake de la dernière finale. Les hasards du calendrier donnent lieu à une revanche entre Tchèques et Suisses. Dimanche dernier, les mêmes adversaires s’étaient adonnés à une répétition générale à Brno, où l’entraîneur tchèque Radim Rulík avait étonné en déclarant que la Suisse était la favorite des championnats du monde. Une opinion iconoclaste au vu des forces annoncées.
La Suisse a entre-temps récupéré ses joueurs NHL… sauf un, Kevin Fiala, annoncé mais pour le moment absent pour raisons personnelles. Le dernier renfort tchèque Martin Nečas a en revanche débarqué hier à l’aéroport… mais les mains vides. « Je suis allé le chercher en personne, content qu’il soit déjà arrivé », a expliqué Jiří Šlégr, le manager de l’équipe nationale. « Quand il est sorti et que j’ai vu qu’il n’avait pas son sac, ce fut une énorme déception. J’ose dire que British Airways nous a terriblement déçus. On envoie un billet de business class aux joueurs, tout ça pour qu’il n’ait pas son équipement pour un jour si crucial… Il devrait être prioritaire, malheureusement ce n’est pas le cas. » Nečas s’est dit prêt à jouer si ses patins arrivaient même une heure avant le match, mais le bagage resté à l’escale de Londres n’est toujours pas là. L’attaquant de Colorado est donc en tribune.
Cela part très fort. Apès vingt secondes, la passe par la balustrade de Tyler Moy élimine Filip Hronek et sert Nico Hischier qui accélère le long de l’aile gauche. Le défenseur restant Jakub Krejčík doit se coucher parfait pour bloquer de la crosse sa passe sur ce 2 contre 1. Puis, à la deuxième minute, Christian Marti, le défenseur défenseur de Zurich qui a marqué en moyenne 2 buts par an dans sa carrière, a soudain l’idée d’envoyer un tir improbable en feuille morte vers la cage, d’une position très excentrée tout à gauche : le palet passe au-dessus de l’épaule de Karel Vejmelka qui ne pouvait imaginer pire départ que ce but-casquette (1-0). Un but « Ylönen à Lillehammer » pour une référence olympique fameuse qui parlera aux plus anciens.
La Suisse patine vite, très vite. Sixième minute. Nouvelle transition rapide après un gros arrêt de Genoni sur un tir de l’enclave de Lukáš Sedlák. Sandro Schmid dribble Jiří Ticháček en entrant en zone offensive, s’infiltre en diagonale en conservant le palet malgré le retour de Pastrňák, déplace Vejmelka et marque en angle (image ci-dessous). Une action individuelle qui aurait mérité de compter pour le débutant au Mondial… mais qui est annulée après appel à la vidéo pour un hors-jeu de quelques centimètres.
Les Tchèques reprennent leurs esprits après cette bourrasque. Ils remettent la pression en zone offensive. Genoni doit faire une belle parade du gant face au défenseur Tomáš Kundrátek qui a suivi le rebond de son propre lancer, parti dans la balustrade et revenu au ras du poteau. Les blancs aussi savent partir en conte-attaque : sur un engagement gagné en zone offensive par Nico Hischier, Michael Fora se fait devancer par Matěj Stránský (son coéquipier à Davos !) qui pousse le palet pour envoyer Ondřej Beránek en échappée. L’attaquant est empêché de tirer par un cinglage de Christian Marti : c’est un pénalty, que tente de convertir la star David Pastrňák… mais le vétéran Genoni est resté compact et n’a laissé aucun espace pour que son tir le transperce.
Un tournant ? 32 secondes plus tard, un lancer excentré de Siegenthaler fait résonner le poteau et Damien Riat vient prendre le rebond du revers dans la cage vide (2-0). Ce score idéal est remis en cause par une crosse haute de Timo Meier, puis quand Fora met sa crosse entre les jambes de Pastrňák : la Nati se retrouve à 3 contre 5. Placé dans le cercle gauche, Matěj Stránský contrôle la passe de Pastrňák puis place parfaitement son tir entre les jambes de Genoni (2-1). La sirène arrive juste à temps pour sauver les Suisses, tout proches de craquer aussi à 4 contre 5. Le retour sur la glace en infériorité numérique leur pose moins de problèmes, et Andrighetto est même menaçant en volant le palet à Hronek dans sa zone.
Le rythme de la deuxième période est moins fou, mais c’est parce que les Tchèques campent dans la zone offensive. Une forte pression logiquement concrétisée. Pendant que Daniel Voženílek pose sa carcasse dans le slot et occupe Siegenthaler, Filip Zadina sur jette sur le rebond d’un lancer de la bleue de Krejčík (2-2, image ci-dessous).
Les vagues offensives blanches se succèdent. Sur une nouvelle séquence installée, Voženílek campe encore et toujours devant le gardien, et Fora est aussi impuissant que Siegenthaler à le faire bouger. Leonardo Genoni ne voit donc absolument pas partir le tir du poignet de la ligne bleue de Filip Pyrochta (2-3). La Suisse subit complètement le jeu et peut s’estimer heureuse que la crosse de Fora au visage de Lauko ait échappé aux arbitres, au contraire du cross-check de David Špaček dans le dos de Moy à 13 secondes de la seconde pause.
Une pénalité extrêmement importante. Dès le début du troisième tiers, Sandro Schmid en profite pour rediriger du patin dans la cage grande ouverte le centre de . Le patin était parfaitement orienté pour le bon ricochet, mais sans poussée du pied. Son but ne sera pas annulé cette fois, et Schmid le mérite pour son oeuvre du premier tiers (3-3). La Suisse enchaîne à 5 contre 5 et Damien Riat a une occasion gargantuesque, face à la grande cage ouverte au rebond d’une tentative de Malgin… mais l’attaquant de Lausanne – peut-être contrée par la crosse de Jakub Krejčík – tire au-dessus !
Le momentum est redevenu suisse, les rouges tirent de tous les côtés. Après une mise au jeu en zone offensive, Sven Andrighetto reçoit le palet au niveau de la ligne bleue en pivotant faire le but, se défaisant du marquage de Pastrňák. L’attaquant des ZSC Lions tire un coup de fusil dans le haut du filet (4-3). Les offensives n’arrêtent pas. En 2 contre 1 avec Riat, Denis Malgin choisit le tir… directement dans la mitaine de Vejmelka.
Bertschy provoque une faute de Kodýtek, qui le fait trébucher en zone neutre. La Suisse domine toujours mais n’en profite pas. Et puis, voilà Malgin propulse un palet par-dessus le plexi. Deux minutes pour retard de jeu. Juste ce qu’il ne fallait pas avec la vitesse de transmission du powerplay tchèque. Roman Červenka centre pour la déviation à bout portant de Lukáš Sedlák, qui volleye son propre rebond dans les airs (4-4).
La prolongation est digne du match, le jeu va d’une cage à l’autre. Après une occasion de Nico Hischier, David Pastrňák relance le jeu dans l’autre sens, réussit une magnifique ramasse face à Kukan, puis sert Roman Červenka et va faire écran sur le tir en lucarne de son collègue (5-4). C’est ça, être une star : Pastrňák n’a pas fait un bon match, son jeu sans palet a été douteux et son pénalty franchement médiocre… mais il a décidé de la victoire en une action !
C’était un lancement idéal pour le championnat du monde. Les deux équipes ont chacune eu leur période, et elles n’ont pas utilisé les mêmes atouts. Quand elle arrive à imposer son rythme de patinage effréné, la Suisse est vraiment très difficile à arrêter. Mais quand les Tchèques parviennent à contrôler le jeu et à s’installer, ils peuvent imposer leurs qualités de passe, aidées par la puissance physique de Daniel Voženílek, qui ne compte certes aucun point sur la feuille de match mais est le principal acteur de deux buts.
Désignés joueurs du match : Sandro Schmid pour la Suisse et Filip Zadina pour la Tchéquie.
Suisse – Tchéquie 4-5 après prolongation (2-1, 0-2, 2-1, 0-1)
Vendredi 9 mai 2025 à 16h20 à la Jyske Bank Boxen de Herning. 10500 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Tobias Björk (SUE) assistés d’Onni Hautamäki (FIN) et Anders Nyqvist (SUE).
Pénalités : Suisse 6’ (4’, 0’, 2’, 0’) ; Tchéquie 4’ (0’, 2’, 2’, 0’).
Tirs : Suisse 18 (7, 3, 8, ) ; Tchéquie 28 (8, 15, 5, ).
Évolution du score :
1-0 à 01’34” : Marti assisté de Hofmann et Fora
2-0 à 17’50” : Riat assisté de Siegenthaler et Kukan
2-1 à 19’41” : Stránský assisté de Pastrňák et Červenka (double sup. num.)
2-2 à 26’01” : Zadina assisté de Krejčík et M. Špaček
2-3 à 35’33” : Pyrochta assisté de Zadina et D. Špaček
3-3 à 41’21” : Schmid assisté de Moy et Hofmann (sup. num.)
4-3 à 49’00” : Andrighetto assisté de Marti et Malgin
4-4 à 56’13” : Sedlák assisté de Červenka et Hronek (sup. num.)
4-5 à 62’30” : Červenka assisté de Pastrňák et Vejmelka
Suisse
Attaquants :
Timo Meier (2’) – Nico Hischier (C, -1) – Tyler Moy (+2)
Sven Andrighetto (A, +2) – Denis Malgin (+1, 2’) – Damien Riat (+1)
Grégory Hofmann – Ken Jäger (+1) – Christoph Bertschy
Sandro Schmid (-1) – Nicolas Baechler (-1) – Simon Knak (-1)
Andres Ambühl
Défenseurs :
Jonas Siegenthaler – Dean Kukan (-1)
Tim Berni – Andrea Glauser (A)
Christian Marti (+1) – Michael Fora (+1, 2’)
Janis Moser
Gardien :
Leonardo Genoni
Remplaçant : Stéphane Charlin (G).
Tchéquie
Attaquants :
Roman Červenka (C, +1) – Lukáš Sedlák – David Pastrňák (A)
Ondřej Beránek – Petr Kodýtek (-1, 2’) – Matěj Stránský
Filip Zadina (-1) – Michael Špaček – Daniel Voženílek
Jakub Lauko – Jáchym Kondelík – Jakub Flek
Défenseurs :
Jakub Krejčík – Filip Hronek (A, +1)
Libor Hájek (-2) – Tomáš Kundrátek (-3)
Filip Pyrochta (+1) – David Špaček (+2, 2’)
Jiří Ticháček
Gardien :
Karel Vejmelka
Remplaçant : Daniel Vladař (G).