Les États-Unis viennent de jouer leur match référence face aux Tchèques : ils ont donc conservé les mêmes lignes, et le même gardien titulaire, Jeremy Swayman, qui aurait pu être contesté par Daccord jusque là. Mais la Finlande n’est pas à un adversaire facile : elle a remporté 4 quarts de finale à 1 dans son histoire face aux Américains. Son gardien Juuse Saros est revenu à son meilleur niveau ces derniers jours et est capable de voler un match.
La qualification du Danemark oblige de plus les États-Unis à se déplacer à Stockholm, où on s’attend à des sièges occupés par les supporters finlandais très festifs. Ce n’est pas vraiment le cas. L’ambiance est beaucoup moins enflammée qu’en poule lundi face au Canada. Ces fans des Leijonat, qui ne savaient pas où jouerait leur équipe, avaient programmé leur voyage pour des affiches « sûres » et sont repartis. On recense beaucoup de maillots jaunes en tribune : des Suédois qui ont acheté des places à la journée pour les deux quarts de finale et qui attendent la soirée en observant, sans un bruit, leurs meilleurs ennemis.
Le round d’observation entre deux équipes bien en place s’arrête dès la cinquième minute quand Juuso Pärssinen accroche Drew O’Connor. À 5 contre 4, les Américains marquent un but techniquement parfait de bout en bout : la remontée de palet de Zach Werenski qui attire la défense en entrée de zone et écarte sur la gauche, la passe levée de Logan Cooley contrôlée avec une maîtrise fantastique par Conor Garland dans le cercle droit et le tir croisé parfaitement exécuté au poteau opposé (1-0).
Encaisser un but si vite contrarie certainement le plan de jeu de la Finlande, qui joue ensuite de malchance. Le palet envoyé à la cage par Matinpalo atteint en plein visage le malheureux centre Jan-Mikael Järvinen. Le long du chemin qu’il emprunte pour rentrer aux vestiaires, il faut nettoyer la glace des tâches de sang. À partir de cet instant, les Leijonat ne tourneront plus essentiellement qu’à trois lignes…
Au tour de Mikey Eyssimont de prendre deux minutes de prison pour avoir accroché Patrick Puistola au passage de la ligne bleue. La Finlande est avant-dernière de ce championnat du monde en avantage numérique… et cela se voit. Pressée haut par les Américains, elle n’arrive pas à franchir proprement la ligne bleue. À 5 contre 5 non plus, les blancs ne semblent trouver aucune solution pour se dépêtrer du forechecking adverse.
Sur une action anodine en zone neutre, Logan Cooley fait cadeau d’une pénalité en soulevant la rondelle sur sa palette, direction les tribunes. Juho Lammikko gagne encore l’engagement à 5 contre 4, la différence est que la Finlande maintient cette fois le jeu de puissance installé. Un tir de Teuvo Teräväinen frappe la hanche de Lammikko et le palet arrive du côté opposé sur Eeli Tolvanen qui tire avant que Swayman ait pu localiser le puck et se replacer (1-1).
Alors que la Finlande semblait sous cloche depuis le but, les États-Unis doivent reprendre un peu plus de risques. Werenski en prend trop et offre un 2 contre 1 mais la mitaine de Swayman rassure en captant le tir de Teräväinen.
Clayton Keller est sanctionné pour obstruction alors que les Américains font tourner le palet en zone offensive… mais Mikko Lehtonen l’est aussi tandis que son équipe remonte le palet en zone neutre. Les arbitres établissent leurs normes, loin des absences de sifflet parfois vues en phase éliminatoire. À 4 contre 4, une passe-abandon de Logan Cooley est récupérée par Teuvo Teräväinen qui fonce dans l’autre sens, mais Alex Vlasic, qui sort opportunément du banc, se positionne bien pour bloquer le 2 contre 1.
En deuxième période, la Finlande marque sur un tir en angle de Mikael Pyyhtiä, mais Jeremy Swayman se plaint d’avoir été bousculé auparavant par Erholtz. Il s’est relevé mais n’était pas encore tout à fait replacé. Les entraîneurs américains se ruent au bout du banc pour voir la vidéo et demandent le challenge, accepté par l’arbitre. On en reste à 1-1.
La Finlande ne s’en laisse pas compter et domine maintenant le jeu. Un réflexe de la botte gauche de Swayman détourne en particulier un centre de Lammikko qu’Atro Leppänen est tout près de reprendre au second poteau. Frank Nazar retient Seppälä dans le coin et les Leijonat, qui avaient inscrit 1 but en powerplay en 7 rencontres, en inscrivent 2 en une moitié de match : Patrik Puistola se recule entre les cercles pour réceptionner le centre de Teräväinen et tirer du poignet dans la lucarne droite (1-2).
Deux jours après leurs 56 tirs qui avaient tant épaté face aux Tchèques en panne de discipline, les États-Unis en comptent seulement 7 après trente minutes. Ils se mettent alors à élever le rythme…
Le défenseur Zeev Buium – universitaire de 19 ans qui a délogé le titulaire de NHL Lohrei du poste de septième défenseur sans la moindre discussion – a des jambes de feu et est fait trébucher Puistola à la faute : pénalité différée et jeu à 6 contre 5. Zeev Buium – encore et toujours lui – décale Matty Beniers pour une reprise dans le cercle droit puis va prendre le rebond en cage ouverte (2-2, photo ci-dessus).
Une discussion s’ensuit avec le banc finlandais. Un challenge pour la présence de O’Connor dans la zone bleue semblerait risqué avec la pénalité qui pend déjà au nez. Conclusion : pas de challenge, le but est accordé… et la pénalité contre Puistola prend aussi effet ! Que s’est-il passé ? Au ralenti, on voit que le bras de l’arbitre s’était élevé deux secondes avant la faute de Puistola, pour sanctionner une obstruction de Seppälä sur O’Connor dans le slot, loin du jeu. La seconde faute avait ensuite été signalée par l’arbitre le plus éloigné. Tout s’explique.
Tous les malheurs du monde s’abattent alors d’un coup sur les têtes finlandaises pendant l’infériorité numérique qui suit : alors que Juuse Saros a perdu son bâton quand Logan Cooley a attaqué la cage, puis un palet ramené par Garland dans le slot est contré par les crosses des deux défenseurs finlandais (Matinpalo et Seppälä) et lobe Saros (3-2). La Finlande, qui contrôlait la partie et était peu en danger, se retrouve menée en l’espace de moins de deux minutes… Il lui faudra une bonne pause pour s’en remettre !
On se souvient combien la Finlande était en difficulté quand elle courait après le score en début de match. Au troisième tiers, elle entre bien plus facilement en zone, toujours en débordant par les ailes. Les Américains s’évertuent à bloquer l’axe et les positions préférentielles de lancer. Après une belle combinaison collective, ils savent mettre en revanche mettre Shane Pinto en bonne position de tir : copie conforme de l’ouverture du score, mi-hauteur côté plaque de Saros (4-2).
Une crosse haute est sifflée contre Kesselring dans ce qui semble un peu la pénalité de la dernière chance pour la Finlande. Il faut 35 secondes pour trouver une ligne de tir pour Teräväinen, et ensuite, plus rien, sinon un hors-jeu de ligne bleue. Les États-Unis reviennent au complet et mangent le chronomètre par leur protection de palet dans les coins.
Le temps presse, Björninen est obligé d’aller presser derrière la cage américaine… et accroche Peeke. Deux minutes à défendre (de très belle manière), il n’en reste plus que quatre… et Saros quitte déjà sa cage !
Remonter deux buts en jouant sans gardien ? Oui, la Finlande l’a fait contre les Français. Mais les Américains ont plus de métier, ils gardent chacun leur position et leur crosse active, sans la moindre once de panique. Pinto contre Leppänen et Clayton Keller vise la cage vide depuis sa zone (5-2). Pennanen demande à Saros de rester sur le banc jusqu’au bout – même pendant une mise au jeu à 18 secondes de la fin ! – malgré l’écart rédhibitoire, sans que cela ne change rien.
Tour à tour, chaque équipe qui menait au score a semblé contrôler la situation et étouffer son adversaire. Assez bloqué à 5 contre 5 entre deux adversaires vigilants, le match s’est décidé sur les situations spéciales. Les deux pénalités annoncées à une seconde d’intervalle par les deux arbitres ont coûté la victoire à la Finlande et renversé la partie. La discipline reste une clé face à cette équipe américaine. Les Suisses n’avaient pris que deux pénalités quand ils l’ont battue.
Désignés joueurs du match : Eeli Tolvanen pour la Finlande et Conor Garland pour les États-Unis.
Trois meilleurs Finlandais du tournoi : Mikko Lehtonen, Juuse Saros et Teuvo Teräväinen.
Commentaires d’après-match :
Antti Pennanen (entraîneur de la Finlande) : « Jusqu’à ce moment de la deuxième période, 2-1, nous étions l’équipe dominante. Puis sont venues les pénalités, que je n’approuve pas. Cela a changé le match. Nos adversaires ont un excellent powerplay et ils ont été efficaces dans ce secteur. Les choses se passent vite dans ce tournoi. J’espère que Jan-Mikael Järvinen va bien. »
Conor Garland (attaquant des États-Unis) : « Ce deuxième but encaissé a été réveil pour nous, j’ai bien aimé notre jeu dans les trente dernières minutes. Gros match de la ligne de McCarron, cela a dicté le tempo. Excitant d’avoir une autre opportunité de remporter cette médaille d’or que les États-Unis attendent depuis longtemps. »
États-Unis – Finlande 5-2 (1-1, 2-1, 2-0)
Jeudi 22 mai 2025 à 16h20 à l’Avicii Arena de Stockholm. 9642 spectateurs.
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Mikael Holm (SUE) assistés d’Albert Ankerstjerne (DAN) et Ludvig Lundgren (SUE).
Pénalités : États-Unis 10’ (6’, 2’, 2’) ; Finlande 8’ (4’, 2’, 2’).
Tirs : États-Unis 28 (6, 8, 14) ; Finlande 22 (8, 8, 6).
Évolution du score :
1-0 à 04’50” : Garland assisté de Cooley et Werenski (sup. num.)
1-1 à 12’58” : Tolvanen assisté de Lammikko et Teräväinen (sup. num.)
1-2 à 27’46” : Puistola assisté de Teräväinen et Lehtonen (sup. num.)
2-2 à 34’53” : Buium assisté de Beniers et Werenski
3-2 à 36’04” : Garland assisté de Thompson et Cooley (sup. num.)
4-2 à 45’52” : Pinto assisté de Smith et Gauthier
5-2 à 57’15” : Keller assisté de Pinto (cage vide)
États-Unis
Attaquants :
Clayton Keller (C, +2, 2’) – Logan Cooley (+1, 2’) – Conor Garland (A)
Drew O’Connor (+1) – Matty Beniers (+1) – Tage Thompson (+1)
Mikey Eyssimont (2’) – Michael McCarron – Frank Nazar (2’)
Cutter Gauthier (+1) – Shane Pinto (+2) – Will Smith (+1)
Josh Doan [4 présences]
Défenseurs :
Zach Werenski (+2) – Jackson LaCombe
Brady Skjei (A, +1) – Andrew Peeke (+1)
Alex Vlasic – Michael Kesselring (+1, 2’)
Zeev Buium (+1)
Gardien :
Jeremy Swayman
Remplaçant : Joey Daccord (G). En réserve : Hampton Slukynsky (G), Mason Lohrei (D), Isaac Howard (A).
Finlande
Attaquants :
Eeli Tolvanen (-1) – Juho Lammikko (-1) – Teuvo Teräväinen (A, -1)
Patrik Puistola (-1, 2’) – Juuso Pärssinen (2’) – Lenni Hämeenaho (-2)
Mikael Pyyhtiä – Jan-Mikael Järvinen [blessé à 05’41”] – Eemil Erholtz (-1)
Harri Pesonen – Hannes Björninen (A, -1, 2’) – Waltteri Merelä (-2)
Joona Ikonen [6 présences au 2e tiers]
Défenseurs :
Mikko Lehtonen (C, -1, 2’) – Vili Saarijärvi
Atro Leppänen (-2) – Nikolas Matinpalo (-1)
Jesper Mattila (-1) – Mikael Seppälä (-1)
Rasmus Rissanen
Gardien :
Juuse Saros [sorti de 56’15” à 57’15” et de 57’33” à 60’00”]
Remplaçant : Emil Larmi (G). En réserve : Justus Annunen (G), Robin Salo (D), Ahti Oksanen (A). Substitués sur blessure : Tony Sund (D, genou, remplacé par Mattila), Mikael Ruohomaa (A, remplacé par Pyyhtiä).