Le 13, ça porte bonheur ou ça porte malheur ? Les États-Unis vont bientôt avoir la réponse à cette question, eux qui restent sur une incroyable série de 12 défaites en demi-finale des championnats du monde. Des défaites bien réparties, jamais plus de deux fois jusqu’ici contre le même adversaire ! C’est la troisième fois qu’ils affrontent la Suède, qui joue cette année devant son public à Stockholm.
Dès le premier duel dans la bande, William Karlsson donne un coup de poing à Conor Garland qui avait essayé d’enlever son casque dans le coin : première faute en zone offensive après 27 secondes ! Les Américains essaient des entrées de zone à pleine vitesse car ils aiment bien le jeu de mouvement en avantage numérique, mais les Suédois les bloquent bien. Le jeu ne s’installe que dans les trente dernières secondes de la pénalité, mais en obtenant deux lancers très dangereux : Matty Beniers côté gauche, pour une parade du bras droit de Jacob Markström, et Cutter Gauthier côté droit avec la cage grande ouverte, pour un réflexe désespéré du bras gauche du gardien suédois.
Au sortir de la première pause publicitaire, à la septième minute, Shane Pinto remporte l’engagement dans la zone offensive et sert à la ligne bleue Brady Skjei, dont le tir finit dans la lucarne de Markström, totalement masqué par le trafic (0-1).
Il faut attendre plus de dix minutes pour comptabiliser le premier tir suédois. Mike McCarron aide ce léger mieux par une obstruction sur Zibanejad en zone offensive. Aucun tir scandinave dans ce jeu de puissance qui tourne en vain et une seule occasion : Elias Lindholm, seul au poteau gauche, n’arrive pas à reprendre la passe de William Karlsson.
La Tre Kronor n’y est pas et une mauvaise passe de Simon Edvinsson est interceptée en zone neutre par Will Smith, pour une transition rapide, un décalage de Cutter Gauthier et un nouvel arrêt déterminant de Markström, d’un beau réflexe de la botte gauche. Le gardien des New Jersey Devils finit par encaisser un mauvais but quand Gauthier prend un palet traînant et tire en pivot sous sa jambière droite (0-2) mais il ne peut pas tout faire derrière une équipe imprécise mais surtout dépassée en intensité…
En deuxième période, ce sont les Américains qui prennent une pénalité d’entrée, quand Conor Garland accroche Sandin. Ce devrait être l’occasion pour les jaunes de prendre cette fois le momentum, mais Rasmus Andersson voit une mystérieuse taupe de glace faire sauter le palet par dessus sa crosse à la ligne bleue, ce qui permet à Shane Pinto de partir seul en contre-attaque, sans succès.
Retour au complet. Le public scande en chœur « Sverige, Sverige » et réclame un réveil de son équipe. Elle répond avec deux passes-abandons à une touche de palet de Marcus Johansson puis d’Alexander Wennberg en zone neutre qui envoient Isac Lundeström face à la cage, mais il perd son face-à-face avec Jeremy Swayman. La physionomie du jeu a changé, la Tre Kronor déroule désormais son jeu de possession, rondelle collée à la crosse ou envoyée avec précision dans la palette d’un coéquipier.
Les Américains sont maintenant dominés, mais marquent sur leur troisième tir de la deuxième période. Un palet envoyé dans l’enclave file derrière les jambes de Markström qui a raté son intervention, et Conor Garland a les millisecondes d’avance nécessaires pour venir le mettre au fond (0-3). Les tribunes sont redevenues silencieuses… sauf pour commencer à sifflet la Tre Kronor.
Quand l’annonceur demande en anglais « Avicii Arena, are you still here ? » lors d’une pause, la réponse des spectateurs est pour le moins timide. Mettre la musique fort couvre la gêne. Embarras aussi sur la glace… Le trio Johansson-Carlsson-Zibanejad est au niveau de la ligne de fond sur une offensive et les États-Unis partent dans l’autre sens à 4 contre 2 : passe transversale de Matty Beniers pour son coéquipier de Seattle, Mikey Eyssimont, dont le tir passe sous la mitaine de Markström (0-4).
Que peut faire Sam Hallam à la pause ? Déjà, remplacer Markström par Samuel Ersson, qui avait commencé à s’échauffer après le quatrième but. Le coach suédois aborde aussi le troisième tiers-temps en alignant un trio inédit Carlsson-Zibanejad-Raymond. Un coaching qui lance une bonne dynamique. Cooley perd le palet derrière sa cage sous le pression de Zibanejad qui remet à Leo Carlsson, obligeant Swayman à un premier arrêt après trente secondes. À la cinquième minute, pour la seconde fois du match, Elias Lindholm est servi au poteau gauche devant le but vide : la passe de Jonas Brodin lui passe entre les jambes et sa crosse frappe encore dans le vide.
La Suède continue de mettre la pression. La défense américaine laisse William Nylander démarqué qui n’a plus qu’à viser la cage ouverte sur une belle passe de Rasmus Andersson (1-4). Une minute plus tard, Isac Lundeström récupère le palet derrière la cage en mettant en échec McCarron, puis vient se placer en écran devant le gardien pour faciliter le but d’Elias Lindholm (2-4). Ryan Warsofsky utilise son temps mort pour remettre son équipe dans le bon sens. Mais les gradins sont revenues à la vie et les vagues offensives suédoises se succèdent : ce n’est plus le même match !
Et puis, pendant une action installée de la Suède, Frank Nazar intercepte le palet dans la bande et passe du revers au défenseur Jackson Lacombe qui se projette à l’avant et marque dans la lucarne proche au-dessus du bouclier d’Ersson (2-5). Après ce but, le fol élan semble passé. Les possessions suédoises revenues stériles, maintenues dans la balustrade par une équipe américaine qui a colmaté ses trous d’air.
Comme contre la Finlande en quart de finale, les Américains sont impitoyables de précision quand leurs adversaires sortent leur gardien tôt : Shane Pinto tire au centre de la cage vide depuis l’autre côté de la patinoire (2-6).
Pour la première fois depuis 1934, les États-Unis remportent une demi-finale de championnat du monde. Ils ont élevé leur niveau depuis une semaine et exploitent pleinement leurs qualités de vitesse. La Tre Kronor, elle, est totalement passée à côté du match qui devait décider de sa réconciliation avec son public. La rupture est consommée. Jacob Markström prend la responsabilité sur lui, mais la vérité est qu’il a sauvé autant de buts qu’il n’a ensuite encaissé de buts évitables. Ce n’est pas lui qui a craqué le premier. Et ce n’est pas lui qui a craqué après, avec un Sam Hallam irrité qui s’agace des questions pénibles de la télévision dans une séquence très tendue…
Désignés joueurs du match : Rasmus Andersson pour la Suède et Shane Pinto pour les États-Unis.
Trois meilleurs Suédois du tournoi : Jonas Brodin, Lucas Raymond et Elias Lindholm.
Trois meilleurs Américains du tournoi : Conor Garland, Frank Nazar and Logan Cooley.
Commentaires d’après-match :
Rasmus Andersson (capitaine de la Suède) : « La première période n’était pas assez bonne. Nous étions à plat, quelle qu’en soit la raison. C’est juste très décevant de finir comme ça. On a le sentiment d’avoir laissé tomber beaucoup de gens aujourd’hui. »
Jacob Markström (gardien de la Suède) : « Quatre buts sur quatre que j’encaisse, j’aurais pu les arrêter. C’est triste que je n’ai pu être au niveau où je le devrais dans un match comme celui-ci. Je dois être meilleur. Alors nous aurions eu une meilleure chance de gagner. [Le moment du changement de gardien] Ce n’est pas ma décision. Je serai dans le but aussi longtemps que l’entraîneur veut que j’y sois. Je suis déçu et je pense beaucoup dans les tribunes le sont aussi. J’attendais de jouer pour l’or demain. »
Mikael Backlund (attaquant de la Suède) : « Nous n’avons pas bien joué et c’est toujours triste de se faire huer à domicile. Ce n’est pas quelque chose dont on veut faire partie. Nous portons ce maillot avec fierté et nous faisons de notre mieux, donc c’est triste d’être hués. Mais les gens payent beaucoup d’argent et attendent beaucoup de nous. Malheureusement, nous n’avons pas pu gagner. »
Michael McCarron (attaquant des États-Unis) : « Quand la foule a commencé à huer la Suède… C’était vraiment agréable à entendre. C’est ce qu’on veut à l’extérieur. Mettre l’aréna au silence. »

Suède – États-Unis 2-6 (0-2, 0-2, 2-2)
Samedi 24 mai 2025 à 14h20 à l’Avicii Arena de Stockholm, 12 530 spectateurs.
Arbitres : Michael Campbell (CAN) et Andre Schrader (ALL) assistés de Daniel Hynek (TCH) et Tarrington Wyonzek (CAN).
Pénalités : Suède 2’ (2’, 0’, 0’) ; États-Unis 4’ (2’, 2’, 0’).
Tirs : Suède 29 (3, 12, 14) ; États-Unis 28 (13, 7, 8).
Évolution du score :
0-1 à 06’52” : Skjei assisté de Pinto
0-2 à 17’13” : Gauthier assisté de Pinto et Smith
0-3 à 31’07” : Garland assisté de Cooley et Skjei
0-4 à 37’03” : Eyssimont assisté de Beniers et Lacombe
1-4 à 46’32” : Nylander assisté d’Andersson et Karlsson
2-4 à 47’13” : Lindholm assisté de Wennberg
2-5 à 51’09” : Lacombe assisté de Nazar
2-6 à 55’53” : Pinto (cage vide)
Suède
Attaquants :
Lucas Raymond (-1) – William Karlsson (+1) – William Nylander (2’)
Filip Forsberg (-1) – Mikael Backlund (A, -1) – Elias Lindholm
Marcus Johansson (-1) – Leo Carlsson (-3) – Mika Zibanejad (A, -2)
Emil Heineman (-2) – Isac Lundeström (-1) – Alexander Wennberg (-2)
Défenseurs :
Rasmus Sandin (-1) – Jonas Brodin
Simon Edvinsson (-1) – Rasmus Andersson (C, -3)
Marcus Pettersson (-1) – Adam Larsson (-1)
puis à 20’00” Erik Gustafsson (-1)
Gardien :
Jacob Markström puis à 40’00” Samuel Ersson [sorti de 55’35” à 55’53”]
Remplaçant : Jesper Fröden (A). En réserve : Arvid Söderblom (G), Max Friberg, Anton Bengtsson (A)
États-Unis
Attaquants :
Clayton Keller (C) – Logan Cooley – Conor Garland (A, 2’)
Tage Thompson (+1) – Matty Beniers (+2) – Frank Nazar (+1)
Cutter Gauthier (+2) – Shane Pinto (+3) – Will Smith (+2)
Mikey Eyssimont (+1) – Michael McCarron (-1, 2’) – Drew O’Connor (+1)
Josh Doan [5 présences]
Défenseurs :
Zach Werenski (+4) – Jackson LaCombe (+4)
Brady Skjei (A, +1) – Andrew Peeke (+1)
Alex Vlasic (-1) – Michael Kesselring (-1)
Zeev Buium [4 présences]
Gardien :
Jeremy Swayman
Remplaçant : Joey Daccord (G). En réserve : Hampton Slukynsky (G), Mason Lohrei (D), Isaac Howard (A).















































