Amiens retrouvait son Coliséum porté par une dynamique enfin positive. Trois victoires consécutives (face à Anglet et Gap en championnat, puis contre Cergy en Coupe de France) avaient redonné de la confiance à un groupe plus discipliné, mais toujours en quête de justesse offensive. L’enjeu était clair : boucler ce premier quart de saison avec un bilan positif et valider la montée en puissance entrevue ces dernières semaines.

En face, Marseille se présentait avec l’assurance d’un collectif bien huilé. Quatrièmes au classement, les Spartiates restaient sur deux démonstrations offensives (8–0 contre Chamonix, 6–0 contre Roanne en Coupe) et affichaient la meilleure supériorité numérique de la ligue (30,4%). Un défi de taille pour Amiens, d’autant que les Picards figuraient parmi les équipes les plus pénalisées du championnat (134 minutes), mais étaient en tête du classement des infériorités numériques (87,5%). Tout laissait donc présager un affrontement placé sous le signe des unités spéciales : entre rigueur défensive et efficacité dans les moments clés.

Mistral d’entrée, réponse du Nord
Marseille entrait dans le match pied au plancher. Dès la première minute, la pression s’abattait sur la cage de Kozun, contraint de s’employer sur plusieurs lancers rapprochés. Le tempo élevé imposé par les Spartiates était rapidement récompensé : Thompson, bien installé dans le cercle gauche, servait Colotti dans le slot, dont le tir précis trouvait la lucarne (0–1, 1’32).

Bousculés, les Gothiques ne tardaient pourtant pas à réagir. Amiens reprenait progressivement le contrôle du palet et installait son jeu en zone offensive. Izacky et Coulaud s’échangeaient quelques coups à la suite d’un contact appuyé, écopant chacun d’une pénalité mineure sans conséquence sur le rapport de force.

Le danger restait néanmoins constant des deux côtés. Kozun devait sortir la mitaine avec autorité sur un tir du cercle de Dair (5’34), tandis qu’Amiens s’offrait une première occasion franche en contre : Matima débordait sur la droite, servait Plagnat à deux contre un, mais ce dernier manquait le cadre de peu. Dans la foulée, Gibert, tout juste sorti du banc, se présentait seul face à Kasik. Son tir semblait le battre, mais le gardien marseillais réalisait un arrêt inouï du bout de la botte (8’20).

Les deux équipes jouaient à haut rythme, alternant les temps forts dans une rencontre ouverte et engagée. Kozun devait s’employer à nouveau après une sortie derrière sa cage mal maîtrisée, sans frais pour Amiens. Et c’est finalement dans un de ces temps forts que les locaux trouvaient l’ouverture. Craig, combatif contre la bande, récupérait le palet dans la crosse d’un défenseur et servait Cepon dans l’enclave : tir instantané, mi-hauteur, et égalisation (1–1, 17’04).

Le Coliseum n’avait pas fini de s’enflammer. À peine une minute plus tard, un engagement gagné par Lemay débouchait sur une rondelle libre devant la cage. L’attaquant amiénois réagissait plus vite que tout le monde pour glisser le palet au fond (2–1, 18’23).

Svanenbergs rejoignait le banc de pénalité pour cinglage (18’41), offrant une première opportunité à la redoutable supériorité marseillaise. Les visiteurs trouvaient le poteau sur une déviation malheureuse, mais le score ne bougeait plus. Amiens rentrait au vestiaire en tête, porté par un sursaut d’orgueil et un réalisme retrouvé en fin de période.

Maîtrise sans impact
Amiens repartait sur le même tempo que lors de la fin du premier acte, solide défensivement et discipliné. L’infériorité héritée des dernières secondes était parfaitement gérée, avec un Kozun vigilant sur les quelques tentatives marseillaises. Le penalty kill amiénois, premier de la ligue, confirmait sa fiabilité.

À peine revenu à cinq contre cinq, le match basculait à nouveau. Rusuu écopait d’une pénalité (projection contre la bande, 21’23), et le jeu de puissance picard se mettait en marche. Les transmissions étaient fluides, les intentions claires, mais il manquait le geste juste pour tromper Kasik. Jusqu’à cette action lumineuse : Izacky déboulait plein centre à pleine vitesse et laissait pour Mony qui avait suivi. Le défenseur, fauché en plein mouvement, parvenait tout de même à glisser la rondelle vers Craig, oublié au premier poteau, qui ajustait le gardien d’un tir court côté (3–1, 24’43).

Le Coliseum à peine remis de son explosion que Marseille répliquait dans la foulée. Profitant d’un relâchement collectif, les Spartiates installaient la pression et maintenaient Amiens dans sa zone pendant près d’une minute. En sortie de banc, Dufek héritait du palet après une récupération haute de Coulaud et plaçait un tir précis mi-hauteur qui trompait Kozun (3–2, 26’47).

Les minutes suivantes voyaient un net regain marseillais. Plus agressifs sur les duels, les visiteurs imposaient un long temps de possession, mais leurs offensives manquaient de tranchant. Kozun, bien épaulé par sa défense, captait tous les rebonds dangereux. Bergeron, lui, sortait les muscles : sa mise en échec appuyée sur Joubert (28’50) calmait les ardeurs adverses et relançait l’intensité physique du duel.

Les Picards conservaient leur avance à la sirène, malgré la possession stérile des hommes de Luc Tardif.
Montagnes russes
Marseille revenait sur la glace avec les mêmes intentions offensives, mais cette fois avec plus de tranchant dans les duels et une présence accrue autour du filet. L’égalisation ne tardait pas. Sur un lancer anodin de Dufek, Kozun repoussait du casque, mais le rebond heurtait Cépon avant de franchir la ligne (3–3, 42’56). Cruel pour le défenseur, jusque-là impeccable, et pour un gardien jusque-là irréprochable.

Dans la foulée, Amiens réagissait avec la même intensité. Richards, toujours juste dans sa lecture du jeu, interceptait une passe à la bleue et partait seul en break. Sa première tentative était repoussée du patin, mais il suivait son action et expédiait le rebond au fond (4–3, 53’22).

Mais Marseille ne lâchait rien. Bergeron écopait d’une pénalité sévère (54’38, faire trébucher), et la meilleure supériorité numérique du championnat s’installait. Kozun réalisait alors l’arrêt du match : une mitaine fulgurante sur un tir à bout portant de Dufek, pour maintenir Amiens devant. Le Coliseum retenait son souffle. Pourtant, juste après le retour à égalité numérique, la défense amiénoise, encore en réajustement, se faisait surprendre : Joubert, oublié dans le slot, trouvait la faille d’un tir précis (4–4, 57’06).

Le scénario virait à la tension pure. Matima était envoyé en prison à une minute du terme (59’00), et la sanction tombait aussitôt : Dufek pensait donner la victoire au siens (4–5, 59’21). Amiens semblait condamné. Mais dans la foulée, le banc picard jouait le tout pour le tout en sortant son gardien. En cage vide, Svanenbergs, servi dans le trafic, surgissait pour égaliser, montrant une fois de plus la caractère des hommes de Kévin Bergin (5–5, 59’44).

Un tiers d’une intensité folle, où Amiens avait tout connu : la malchance, la résistance, la justesse et la résilience. Rien n’était encore joué, mais les Gothiques venaient de prouver, une fois de plus, qu’ils avaient retrouvé ce qui fait leur force : l’orgueil et le refus de céder.

De quoi nourrir des regrets
Le tempo retombait lors de la prolongation. Marseille avait la possession de la rondelle mais jouait avec le frein à main. On comprenait alors pourquoi certaines instances réfléchissent à mettre en place des règles pour forcer les équipes à prendre des risques lors de ces cinq minutes à 3 contre 3, car les Spartiates n’en prenaient aucun. Le porteur du palet préférait revenir derrière sa cage pour permettre un changement de ligne, et les cinq minutes s’écoulaient sans fait marquant.

Les tirs au but montraient l’ampleur des lacunes offensives des Gothiques : sur quatre tentatives, pas une seule n’était marquée, et certaines n’étaient même pas cadrées. Les visiteurs marquaient par deux fois (Colotti et Lavoie) et repartaient avec un point de plus.

Fin de série donc pour les Gothiques et coup d’arrêt après un premier quart en demi teinte. De bonnes choses ont été entrevues et l’avenir semble plutôt prometteur, mais il faudra être plus constant et être plus prompt dans le dernier geste. Possibilité de repartir de l’avant dès dimanche, à Marseille.
Meilleur joueur du match : Kieran Craig pour Amiens et Jan Dufek pour Marseille

Amiens – Marseille 5–5 (2–1, 1–1, 2–3, 0–0) / 0-2 aux tirs au but
Vendredi 24 octobre 2025 à 20h15, au Coliséum d’Amiens. 3 220 spectateurs.
Arbitres : Jérémy Métais et Yann Furet, assistés de Hugo Maillard et Pierre Mercier-Landry.
Pénalités : Amiens 8’ (4′, 0′, 4′, 0′) ; Marseille 4’ (2’, 2’, 0′, 0′).
Tirs : Amiens 28 (11, 7, 10, 0) ; Marseille 38 (16, 13, 13, 1).
Évolution du score :
0–1 à 01’32’’ : Colotti assisté de Thompson et Lavoie
1–1 à 17’04’’ : Cepon assisté de Craig
2–1 à 18’23’’ : Lemay assisté de Svanenbergs et Richards
3–1 à 24’43’’ : Craig assisté de Mony et Izacky
3–2 à 26’47’’ : Dufek assisté de Bouvet et Tavernier
3–3 à 42’56’’ : Strömberg assisté de Dufek et Corvez
4–3 à 53’22’’ : Richards assisté de Magovac et Cepon
4–4 à 57’06’’ : Joubert assisté de Strömberg et Bourgeois
4–5 à 59’21’’ : Dufek assisté de Thompson et Lavoie (sup. num.)
5–5 à 59’44’’ : Svanenbergs assisté de Izacky et Craig (cage vide)
Tirs au but :
Amiens : Djemel (manqué), Izacky (manqué), Matima (manqué), Craig (manqué).
Marseille : Colotti (réussi), Dufek (manqué), Lavoie (réussi), Thompson (manqué).
Amiens
Attaquants :
Bastien Maïa (A) – Kieran Craig (+1) – Jakub Izacky (+1, 2′)
Antonin Plagnat (-2) – Rudy Matima (-1, 2′) – Ilies Djemel (-1)
Sean Richards (+2) – Janis Svanenbergs (+3, 2′) – William Lemay (+1)
Virgile Gauffriau – Matéo Bussat – Gauthier Gibert
Défenseurs :
Aleksandar Magovac (C, +1) – Kristjan Cépon
Justin Bergeron (A, +1, 2′) – Mathieu Mony
Guillaume Roussel – Félix Larose
Gardiens :
Taran Kozun (64’51, 5 buts, 37 arrêts)
Remplaçant : Clément Fouquerel (G)
Marseille
Attaquants :
Kalle Myllymaa – Tyler Welsh – Flavian Dair
Brett Thompson – Fabien Colotti (C) – Alexandre Lavoie
Paul Joubert (+1) – Kim Strömberg – Jan Dufek (+1)
Emil Tavernier (-2) – Maurin Bouvet – Noa Nsonsa Kitala (-2)
Défenseurs :
Yohan Coulaud (A, 2′) – Elias Ruusu (+1, 2′)
Maxime Corvez (+2) – Fabien Bourgeois (+1)
Nathan Cal (-2) – Bobbo Petersson (A, -2)
Gardien :
Libor Kasik (65’, 5 buts, 23 arrêts)
Remplaçant : Florian Gourdin (G)









































