Amiens recevait ce dimanche au Coliséum l’Hormadi d’Anglet avec pour objectif de lancer sa saison à domicile. Malgré des intentions claires et un contenu souvent consistant, les Gothiques manquaient de justesse dans la finition et de rigueur dans leur zone défensive. Face à des adversaires de haut de tableau comme Grenoble, Angers ou Rouen, l’équipe de Kévin Bergin avait pourtant montré par séquences sa capacité à rivaliser. Mais les détails — transitions mal gérées, pertes de marquage, pénalités évitables — continuaient de leur coûter cher.
En face, Anglet abordait le déplacement avec confiance. Les Basques restaient sur une large victoire face à Chamonix (7–0), un succès éclatant qui traduisait un regain d’efficacité offensive. Huitièmes au classement avec le même bilan qu’Amiens (neuf points, trois victoires et cinq défaites), les Basques voulaient confirmer cette dynamique face à un adversaire en quête de libération devant son public.

Cepon ça !
Privés d’Izacky, les Gothiques avaient choisi de réorganiser leurs lignes pour retrouver un peu de justesse offensive. Bergin tentait une alchimie nouvelle : Svanenbergs centrait Richards et Lemay, tandis que Gibert glissait à l’aile de Matima et Plagnat. Djemel prenait la place laissée vacante par Izacky et De Mali réintégrait l’alignement. Ces ajustements semblaient libérer Amiens dès les premières minutes. Le palet circulait bien, la présence physique s’imposait dans le camp angloy, et la première pénalité était logiquement provoquée après une séquence de possession appuyée (3’22, Khovanov, obstruction).

Le jeu de puissance, plus fluide et mieux structuré qu’auparavant, faisait bonne impression. La mobilité de Richards et le travail de Svanenberg dans le coin permettaient à Craig d’offrir un service précis à Djemel, seul dans le slot, mais le palet était stoppé de la botte par Caron. Ce premier arrêt ne décourageait pas les Amiénois, qui poursuivaient leur domination territoriale. Larose s’échappait dans l’axe, mais Caron sortait le gant pour préserver les siens. Le gardien basque, déjà très sollicité, retardait l’inévitable.

La délivrance venait à mi-tiers : sur un tir de Cepon depuis la bleue, parfaitement masqué par le trafic devant la cage, le portier angloy ne voyait rien et était battu (1-0, 8’16). Cette ouverture du score concrétisait le bon début de match des locaux et Cepon récoltait son premier point de la saison pour l’occasion. Le but était ensuite accordé à Craig qui avait certainement dévié la rondelle.

Amiens ne relâchait pas la pression. Craig, décalé par Mony à la ligne bleue, testait encore Caron d’un tir tendu. Anglet, acculé dans sa zone, subissait et s’en remettait à des contres isolés ou était poussé à la faute. Khovanov retrouvait la prison (12’20, obstruction) et offrait une nouvelle supériorité aux Picards, sans succès malgré plusieurs bons enchaînements.

Les cinq dernières minutes voyaient un léger relâchement. Trop joueurs, les Gothiques s’exposaient. Une sortie de zone mal assurée par Mony manquait d’offrir une occasion à Anglet, heureusement sans conséquence. Les visiteurs retrouvaient alors un peu de rythme et profitaient d’une supériorité en toute fin de période pour s’installer, sans véritable danger (18’41, Maïa, accrocher). À la sirène, Amiens menait logiquement, porté par une première période pleine de conviction, mais laissait poindre la question de la constance et de la rigueur défensive.

Caron, mur porteur
Amiens repartait avec la même intensité qu’en début de match, bien décidé à capitaliser sur son avance. L’infériorité héritée de la fin du premier acte était parfaitement gérée : un bloc compact, une bonne lecture des trajectoires, et un Kozun attentif sur les rares tirs cadrés.

Une fois revenus à cinq, les Gothiques relançaient la machine. Djemel, actif à la bleue, tentait sa chance, mais son lancer était contré par Quattrone, qui s’échappait seul vers Kozun (25’30). Le portier amiénois fermait l’angle et sortait la botte au bon moment pour préserver le score. Sur la relance, Richards héritait du palet dans le cercle droit et armait un tir sec, directement sur le buste de Caron (26’10). Le gardien basque multipliait les interventions décisives, véritable mur pour maintenir les siens en vie.

Le momentum restait amiénois, jusqu’à la pénalité de Lemay (26’23, cinglage), ce qui offrait une bouffée d’air à Anglet. Les Hormadi installaient enfin leur jeu de puissance, mais la défense locale fermait toutes les lignes de passe. Le tir lointain de Sredl était bloqué par Richards en fin d’infériorité. Ce dernier prenait possession de la rondelle et partait seul en contre. Son dribble sur la gauche trompait presque Caron, auteur d’un arrêt spectaculaire du patin droit.

Le match basculait à nouveau dans une phase dominée par Amiens. Craig, à la manœuvre, trouvait Maïa sur l’aile opposée. L’ailier tentait de remettre en retrait vers Bergeron, mais le palet, mal contrôlé, était repoussé dans le slot (29’50). Bergeron insistait, sans parvenir à forcer le verrou. Les vagues rouges et noires se succédaient, et Caron tenait encore bon, étirant sa silhouette à chaque séquence.

Mais la pression devenait intenable. Mony armait de la bleue, le palet dévié ricochait dans le trafic, et Bussat, bien placé, le poussait entre les jambières du gardien (2–0, 36’13). Une récompense logique tant cette rencontre était dominée par Amiens, qui buttait encore et encore sur Caron qui réalisait un match exceptionnel.

Toujours dominateurs, les Amiénois frôlaient le break décisif : Richards d’abord, intenable, se présentait seul mais butait encore sur Caron ; puis Lemay, dans les dernières secondes, voyait son tir stoppé par le portier angloy.

À l’instar du premier tiers, Amiens concluait ce deuxième acte en infériorité (39’45, Matima, faire trébucher). Les quinze secondes restantes n’offraient pas d’ouverture aux Basques, mais laissaient présager d’une reprise délicate pour les Gothiques dans le dernier vingt.
Amiens souffle
Le jeu de supériorité d’Anglet, amorcé à la fin du deuxième tiers, ne donnait rien. Les Gothiques, bien organisés autour de leur gardien, faisaient preuve d’une rigueur défensive retrouvée. Kozun, peu sollicité jusque-là, s’imposait sur les rares tirs cadrés et calmait le jeu par des arrêts sûrs. Ce penalty kill maîtrisé confirmait la sérénité d’un collectif qui semblait enfin avoir trouvé son équilibre.

Le match s’équilibrait ensuite. En tirant de l’arrière, Anglet prenait plus d’initiatives offensives, ouvrant davantage d’espaces. Les transitions devenaient plus franches, le palet filait d’un but à l’autre, et le spectacle gagnait en intensité. Kozun répondait alors à Caron, son vis-à-vis, multipliant les arrêts décisifs.

Le tournant du match survenait à la suite d’un contre angloy : un 2 contre 0 mené tambour battant après une perte de palet en zone neutre. Les deux attaquants s’échangeaient la rondelle avec justesse, mais Djemel, revenu en urgence, plongeait pour intercepter la dernière passe et sauver un but tout fait.

Quelques minutes plus tard, Craig écopait d’une pénalité (49’48, crosse haute), donnant à Anglet une nouvelle occasion de réduire l’écart. L’infériorité amiénoise, à l’image du reste de la soirée, restait exemplaire. La défense bloquait les lignes de tir, tandis que Kozun, infranchissable, se chargeait du reste. Les Picards tenaient leur match, collectivement, sans panique ni précipitation.

Anglet accentuait la pression, sortait son gardien à trois minutes du terme pour jouer le tout pour le tout (56’57). Le Coliseum retenait son souffle. Les Gothiques, solides sur leurs appuis, tenaient le siège. Kozun repoussait les tentatives, avant que Lemay et Richards ne s’échappent en contre, manquant de peu la cage vide. La sirène libérait enfin Amiens : victoire 2–0, construite sur la discipline et la solidarité.

Les Gothiques signaient là leur premier succès à domicile de la saison, sans doute le plus maîtrisé depuis le début du championnat. Si l’efficacité offensive restait perfectible, la prestation collective, elle, ne souffrait guère de contestation. Les unités spéciales avaient rempli leur mission, et Kozun s’était montré impérial dans les moments-clés, répondant parfaitement à son homologue. Le score aurait pu (et dû ?) être plus être plus sévère, mais l’essentiel était là.

Ce succès valait plus que trois points : il apportait une bouffée d’air et de confiance à un groupe souvent frustré. Reste désormais à confirmer cette dynamique face à des adversaires d’un autre calibre — mais pour une fois, Amiens avait trouvé la bonne recette : rigueur, patience et solidarité. Un socle à entretenir.
Élus joueurs du match : Taran Kozun (Amiens), Mathieu Caron (Anglet).

Amiens – Anglet 2–0 (1–0, 1–0, 0–0)
Dimanche 12 octobre 2025 à 18h00, au Coliséum d’Amiens. 2 365 spectateurs.
Arbitres : Adrien Ernecq et Kylian Martin assistés de Thomas Simon et Pierre Mercier-Landry
Pénalités : Amiens 8’ (2’, 2’, 4’) ; Anglet 4’ (4’, 0’, 0′).
Tirs : Amiens 36 (12, 18, 6) ; Anglet 25 (6, 7, 12).
Évolution du score :
1–0 à 08’16’’ : Craig assisté de Magovac et Cepon
2–0 à 36’13’’ : Bussat assisté de De Mali et Mony
Amiens
Attaquants :
Bastien Maïa (A, +1) – Kieran Craig (+1) – Ilies Djemel (+1)
Sean Richards – Janis Svanenbergs – William Lemay
Gauthier Gibert – Rudy Matima – Antonin Plagnat
Matéo Bussat (+1) – Virgile Gauffriau (+1) – Anatole De Mali (+1)
Défenseurs :
Aleksandar Magovac (C, +1) – Kristjan Cépon (+1)
Justin Bergeron (A, +1) – Mathieu Mony (+1)
Guillaume Roussel – Félix Larose
Gardien :
Taran Kozun (60 min, 25 arrêts)
Remplaçant : Comé Soghomonian (G). Absent : Jakub Izacky (blessé)
Anglet
Attaquants :
Rudolfs Polcs (-1) – Samuel Rousseau – Fabien Kazarine
Alexey Polodyan (-1) – Timothé Quattrone (-1) – Nikita Jevpalovs (-1)
Julien Munoz – Thomas Suire – Jake Gagnon (A)
Hugo Baron (-1) – Anton Vasilev (-1) – Aleksandr Khovanov (-1)
Défenseur :
Samuel Duerr – Baptiste Manciot
Arnaud Faure (C, -1) – Ivan Esipov (-1)
Jamie Eyre (-1) – Matthew Sredl (-1)
Gardien :
Mathieu Caron (56’57, 34 arrêts)
Remplaçant : Nathael Fleuret (G). Absents : Jimi Jalonen (départ), Théo Frémond (ligament croisé antérieur), Dominik Volejnicek (scaphoïde).









































