Uwe Krupp dit aborder ce dernier championnat du monde de son mandat avec un sentiment de nostalgie. L’Allemagne se remémore avec émotion ses exploits de l’an passé à domicile, mais il faut repartir de zéro cette année. Le premier adversaire est de très haut niveau avec la Russie, qu’elle n’a jamais battue en 87 antécédents. Hébergés dans un hôtel situé rue Gagarine (ce même cosmonaute qui donne son nom à la coupe de champion KHL remportée par Bykov, Radulov & co à Oufa), les Russes espèrent se mettre vite sur orbite…
Très vite, le match diffère du scénario attendu. Très bien en place dans leur zone, les Allemands maintiennent leurs adversaires dans le périmètre. Au contraire, la défense russe, qui a pourtant joué toute la saison internationale dans cette composition (hormis l’absence de Grebeshkov non titularisé a priori sur blessure), est souvent défaillante au marquage. Elle s’en remet à Evgeny 1Nabokov qui valide la confiance reçue de son entraîneur par une prestation solide.
Les Allemands se créent les meilleures occasions, à la surprise générale, en particulier un André Rankel intenable. C’est donc étonnamment logique si Thomas Greilinger ouvre le score en deuxième période, d’un tir du poignet placé sous le bras de Nabokov. Après 40 minutes d’hibernation, l’ours russe quitte sa tanière au dernier tiers-temps, mais sans lien collectif. Les actions sont vaines comme les efforts de patinage d’un Afinogenov. Nabokov est sauvé par son poteau sur une contre-attaque de Kai Hospelt, mais finit par s’incliner dans un face-à-face avec Patrick Reimer, qui signe une feinte à la fois jolie et efficace. Tout ce qui aura manqué aux Russes aujourd’hui…
La Russie, qui s’inquiétait de la forme de son gardien Nabokov, a vite reporté son attention ailleurs : sur son attaque mutique. Cela faisait sept ans qu’elle n’avait pas été stérile à un match de championnat du monde. Le benjamin de l’équipe Vladimir Tarasenko a sans doute proposé les meilleurs lancers à Endras. Aleksandr Radulov a eu des occasions, mais plutôt par son activité individuelle que par sa coordination avec ses partenaires inhabituels Denis Zaripov et Sergei Zinoviev, tous deux imprécis dans leurs passes. La séparation controversée du trio de Kazan (Zaripov-Zinoviev-Morozov) n’a clairement pas porté ses fruits et on peut s’attendre à de profonds remaniements.
L’Allemagne n’est donc pas repartie de zéro, elle est repartie… à zéro, comme son nombre de buts encaissés. Dennis Endras, qui avait connu une saison bien plus difficile dans son club d’Augsbourg, a soudain retrouvé sa forme de l’an dernier, comme s’il suffisait que le championnat du monde commence pour que la magie reprenne.
Désignés joueurs du match : Dennis Endras pour l’Allemagne et Sergei Zinoviev pour la Russie.
Commentaires d’après-match :
Aleksei Morozov (attaquant de la Russie) : « Nous n’avons pas réussi à trouver un moyen de percer la défense allemande, qui s’accrochait fermement dans sa zone. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé en nous l’enthousiasme ou la motivation qui nous auraient permis de faire tourner le match en notre faveur. Notre ligne a eu des occasions, mais il y avait toujours un manque de compréhension mutuelle. Le fait qu’Ilya Kovalchuk n’ait jamais joué avec Kaigorodov a eu un effet. Je reste quand même convaincu que ce n’est pas la Russie qui a mal joué, mais l’Allemagne qui a bien joué. Cette équipe s’améliore constamment. Il est temps pour nous de faire de même. »
Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : « On a pris une gifle. Il est temps de se réveiller. Les Allemands jouaient mieux au hockey que nous. Mais notre équipe avait l’air trop académique, et les occasions créées en attaque n’étaient pas celles dont nous avions besoin. Le caractère académique a finalement ruiné toute la vivacité qui apparaissait de temps à autre dans l’attaque. Nous avions trop confiance en nous-mêmes. Le désir de marquer le plus joliment possible a aussi joué un rôle cruel, alors que des buts banals durement gagnés étaient nécessaires. »
Uwe Krupp (entraîneur de l’Allemagne) : « Aujourd’hui tout s’est déroulé en notre faveur. Mais nous avons joué un bon match, pleinement concentrés et engagés. Les joueurs avaient le bon dosage d’agressivité et de discipline. Dennis Endras a bien sûr encore été un énorme soutien pour nous. Mais compliment à toute l’équipe, il faut réussir à tenir le temps face à la Russie. Notre objectif est toujours la qualification au second tour et nous avons fait un grand pas dans cette direction. Il nous reste néanmoins encore beaucoup de travail. […] Le tournoi est long et dur, et notre autre gardien Dmitri Pätzold aussi a mérité de jouer le prochain match par ses performances. »
Patrick Reimer (attaquant de l’Allemagne, photo ci-dessous) : « Il m’est passé par la tête que mon action pouvait décider du match. Heureusement, je n’ai pas trop réfléchi et j’ai fait un de mes mouvements favoris. Je suis heureux d’avoir pu aider pour mes débuts aux Mondiaux. C’était un sentiment désagréable d’avoir été pénalisé juste avant, mais l’équipe a fait un boulot fantastique pour se sortir de cette situation. Nous jouons depuis quatre ans ensemble à Düsseldorf avec Daniel Kreutzer. En plus, Alexander Barta est un type de joueur similaire à Rob Collins. Cela passe parfaitement. »
Allemagne – Russie 2-0 (0-0, 1-0, 1-0)
Vendredi 29 avril 2011 à 16h15 à la Ondrej Nepala Arena de Bratislava. 9049 spectateurs.
Arbitres : Darcy Burchell et Brent Reiber (CAN) assistés de Chris Carlson et Kiel Murchison (CAN).
Pénalités : Allemagne 6’ (2’, 2’, 2’) ; Russie 4’ (2’, 0’, 2’).
Tirs cadrés : Allemagne 27 (12, 10, 5) ; Russie 31 (8, 11, 12).
Évolution du score :
1-0 à 24’19” : Greilinger assisté de Braun
2-0 à 57’53” : Reimer
Allemagne
Attaquants :
André Rankel – Kai Hospelt – Michael Wolf (C)
Marcel Müller (+1, 2’) – Christoph Ullmann (A, +1) – Thomas Greilinger (+1)
Philip Gogulla (+1) – Felix Schütz – John Tripp
Daniel Kreutzer (A, 2’) – Alexander Barta (+1) – Patrick Reimer (+1, 2’)
Défenseurs :
Robert Dietrich – Justin Krueger (+1)
Constantin Braun (+2) – Korbinian Holzer
Frank Hördler – Kevin Lavallée (+1)
Nikolai Goc (2’)
Gardien :
Dennis Endras
Remplaçant : Dimitri Pätzold (G). En réserve : Jochen Reimer (G).
Russie
Attaquants :
Ilya Kovalchuk (A, -1) – Aleksei Kaïgorodov (-1) – Aleksei Morozov (C, -1)
Danis Zaripov (-1) – Evgeni Zinoviev (-1) – Aleksandr Radulov (A, -1, 2’)
Evgeni Artyukhin – Aleksei Tereshchenko – Maksim Afinogenov
Nikolaï Kulyomin – Konstantin Gorovikov – Vladimir Tarasenko
Défenseurs :
Nikolaï Belov – Ilya Nikulin (-1)
Fedor Tyutin (-1) – Vitali Atyushov (-1)
Dmitri Kalinin – Konstantin Korneev
Dmitri Kulikov (-1) – Aleksei Emelin (2’)
Gardien :
Evgeni Nabokov [sorti à 57’53” à 59’13” et de 59’44” à 60’00”]
Remplaçant : Konstantin Barulin (G).