Le monopole du caoutchouc

Pour l’instant, l’Allemagne a pris des points contre tout le monde… sauf contre les Tchèques où ils avaient encaissé un but dès la première minute. Et devinez ce qui se passe dans ce quart de finale si important ? Le bis repetita. En trente secondes, un lancer de Martin Thörnberg est dévié dans les filets par la cuisse du malheureux défenseur Robert Dietrich (1-0).
Mener au score est le scénario idéal pour la Suède face au bloc défensif allemand. Mais quand sa quatrième ligne entre en jeu, elle le gâche par une passe en retrait douteuse en zone offensive de Mikael Backlund. Elle est coupée par Marcus Kink qui laisse le palet à Frank Mauer. Celui-ci envoie une longue passe levée par-dessus les Suédois en zone neutre (Ekman-Larsson essaie vainement de l’intercepter du gant) vers Alexander Barta qui part seul au but et envoie un tir en pleine lucarne (1-1).

Dans les deux dernières minutes, Fasth arrête encore un tir entre les cercles de Philip Gogulla et permet à son équipe de rester en tête à la pause. La Suède a cependant décliné tout au long de ce premier tiers face au gros travail dans les bandes des Allemands, qui auraient mérité un meilleur score.
Pour ne plus être mise en danger, la Suède adopte une ligne directrice claire au retour sur la glace : l’exclusivité de l’exploitation du caoutchouc ! Son hégémonie sur le palet est appuyée par les exceptionnelles qualités de relance du joker David Rundblad et d’Oliver Ekman-Larsson. Ce dernier trouve une longue passe diagonale vers Robert Nilsson qui centre pour Niklas Persson seul face à la cage. L’attaquant de Nijnekamsk veut dribbler le gardien, mais le palet s’échappe de sa crosse… et file lentement entre les jambières du gardien Endras, victime de cette feinte involontaire (3-1). L’écart est rendu irrémédiable par un cinglage de Hospelt. Alors que la pénalité se termine, Loui Eriksson reprend sur le côté de la cage le rebond d’un tir de la ligne bleue de David Rundblad (4-1).

Décidée à clore le débat, la Suède part encore vite au troisième tiers-temps. Robert Nilsson dépasse Justin Krueger qui le fait trébucher. Les Scandinaves poursuivent leur offensive au-delà de l’avantage numérique, et Marcus Krüger tape dans la plaque d’Endras qui s’était posée sur le palet. L’arbitre valide le but dans un premier temps, puis le refuse après concertation car son collègue avait interrompu le jeu avant par un coup de sifflet.
Le destin de la défaite allemande n’est que retardé. Denis Reul perd d’abord le palet dans sa zone face à Niklas Persson, qui décale Robert Nilsson, mais Dennis Endras s’est déplacé et fait un bel arrêt de la jambière. Le gardien d’Augsbourg ne peut cependant rien quand le tir de Patrik Berglund offre un rebond à l’opposé à Martin Thörnberg (5-2).

Les Suédois, qualifiés avec beaucoup de maîtrise, devront tout de même ajouter d’autres qualités pour aller plus loin dans la compétition : il faudra plus de physique, plus de patinage, plus d’intensité à tous les niveaux en somme, pour s’opposer à une équipe tchèque aussi douée en contrôle du palet et en relance, mais pour l’instant plus impressionnante en défense.
Comme la Suisse l’an dernier, les Allemands se sont rendu compte qu’une première semaine idéale n’augurait pas forcément d’une seconde semaine très réussie en championnat du monde. Ils ont certes la capacité de faire douter leurs adversaires avec son système défensif, mais ils sont moins à même de renverser le cours d’un match contre une équipe aussi sûre d’elle que la Suède, surtout lorsque le gardien adverse est dans un bon jour. Malgré un bon premier tiers-temps, le score défavorable ne leur a pas permis de rêver. Uwe Krupp ne gardera pas un grand souvenir de son dernier match aux commandes de l’équipe d’Allemagne… mais est-ce vraiment son dernier match ? Plusieurs ex-internationaux de renom ont demandé qu’il reste l’an prochain, et un groupe Facebook pour réclamer son maintien a rassemblé 5000 personnes en quelques jours.
Désignés joueurs du match : Viktor Fasth pour la Suède et Michael Wolf pour l’Allemagne.
Commentaires d’après-match
Uwe Krupp (entraîneur de l’Allemagne) : « C’était un match très difficile pour nous. Nous avons travaillé dur. Nous n’avons jamais lâché, c’était un bon tournoi dans l’ensemble. Nous avons beaucoup de choses à construire dans le hockey allemand. Les deux dernières années ont été exceptionnellement bonnes, mais la forme normale de nos joueurs ne suffit pas à aller plus loin. Atteindre les quarts de finale n’a rien d’automatique. Nous ne devons pas être euphoriques. »
Suède – Allemagne 5-2 (2-1, 2-1, 1-0)
Mercredi 11 mai 2011 à 20h15 à la Ondrej Nepala Aréna de Bratislava. 8986 spectateurs.
Arbitres : Jyri Petteri Rönn (FIN) et Vladimír Šindler (TCH) assistés d’Anton Semionov (EST) et Jussi Terho (FIN)
Pénalités : Suède 8’ (0’, 6’, 2’) ; Allemagne 14’ (2’, 4’, 8’).
Tirs : Suède 46 (14, 13, 19) ; Allemagne 37 (18, 12, 7).
Évolution du score :
1-0 à 00’27” : Thörnberg assisté de Berglund
1-1 à 02’01” : Barta assisté de Mauer et Kink
2-1 à 15’46” : Berglund assisté de Thörnberg et Fasth
3-1 à 24’30” : Persson assisté de Nilsson et Ekman-Larsson
4-1 à 28’10” : Eriksson assisté de Rundblad et Nilsson
4-2 à 38’44” : Wolf assisté de Rankel et Holzer
5-2 à 48’54” : Thörnberg assisté de Berglund et Svensson-Pääjärvi
Suède
Attaquants :
Martin Thörnberg (+2) – Patrik Berglund (A, +2, 2’) – Magnus Svensson-Pääjärvi (+2)
Loui Eriksson (+2) – Niklas Persson (+2) – Robert Nilsson (+2)
Mattias Tedenby (2’) – Marcus Krüger – Jakob Silfverberg
Mikael Backlund (-1) – Rickard Wallin (C, -1, 2’) – Mattias Sjögren (-1)
Jimmie Ericsson
Défenseurs :
Carl Gunnarsson (+2) – David Petrasek (A, +2)
David Rundblad – Staffan Kronwall (-1)
Daniel Fernholm (+1, 2’) – Tim Erixon (+2)
Oliver Ekman-Larsson
Gardien :
Viktor Fasth
Remplaçant : Erik Ersberg (G). Absents : Anders Nilsson (G), Nicklas Grossman (ligaments du genou), Andreas Jämtin (surnuméraire).
Allemagne
Attaquants :
André Rankel – Kai Hospelt (-1, 2’) – Michael Wolf (C)
Marcel Müller (-1) – Christoph Ullmann (A, 2’) – Patrick Reimer (-1)
Philip Gogulla (-2) – Felix Schütz (-3) – John Tripp (A, -3)
Marcus Kink (+1, 2’) – Alexander Barta (+1) – Frank Mauer (+1)
Défenseurs :
Robert Dietrich (-2) – Justin Krueger (-2, 2’)
Constantin Braun (-1, 2’) – Korbinian Holzer (-1, 2’)
Frank Hördler (-2) – Kevin Lavallée (-1)
Nikolai Goc (+1, 2’) – Denis Reul (+1)
Gardien :
Dennis Endras
Remplaçant : Dimitri Pätzold (G). En réserve : Jochen Reimer (G), Daniel Kreutzer, Thomas Greilinger.








































