Un premier accroc pour les Gamyo…
En l’emportant samedi à Trimolet (4-2), les Gamyo n’ont pas seulement signé leur dix-septième victoire en dix-neuf journées. Ils ont également détrôné le leader gapençais, revenant à égalité de points (45) avec des Rapaces qu’ils dépassent désormais à la faveur d’un meilleur goal-average particulier.

La patinoire la plus imprenable du hockey français (Cacciotti et ses amis y sont invaincus depuis maintenant trois mois et demi) ne demande, il est vrai, qu’à s’enflammer. Encore faut-il que les Gamyo ne tombent pas dans le piège tendu par ces Brestois blanchis à l’aller (0-3), mais donnant actuellement la pleine de mesure de leurs possibilités.
Forts de leur meilleur contingent depuis les années « Père Dodu », les Albatros (qui disposent pourtant du plus petit budget du championnat) semblent donc portés par un courant ascendant. Ayant petit à petit fait leur nid, ils ont même volé de victoires en succès pour faire un bond de géant au classement. Une progression qui devrait permettre aux Bretons, désormais solidement installés parmi les six premiers, d’éviter cette poule de maintien promise par de nombreux observateurs en début de saison.
Signe 
Doté d’excellents portiers, Sébastien Oprandi prône l’alternance devant le filet. Aussi Léo Bertein, remplaçant à Rouen, se voit-il préféré au « régional de l’étape » Antoine Bonvalot. Un vrai gage de sûreté pour les Finistériens, qui doivent beaucoup à ce jeune gardien apparu si souvent décisif l’an passé. Mais Bertein est loin d’être le seul atout des Bretons, qu’on sent déterminés à jouer le coup à fond.
Dès les premières secondes de jeu, les Gamyo (toujours privés de Moisand) se montrent pourtant dangereux. Ken Ograjenšek remisant sur Anže Kuralt, qui voit s’ouvrir une belle fenêtre de tir. Mais au moment d’armer son tir du poignet, l’ailier slovène se voit poke-checké par Landry. Ce premier assaut repoussé fait reculer les Spinaliens, qui en perdent le contrôle du palet. Kuralt, pressé par Quesnel, s’en débarrasse derrière sa cage au profit de Dian… qui remet aussitôt sur un Vondráček n’ayant plus qu’à fusiller Hočevar de près (0-1 à 00’39 »).
Une vaine course-poursuite

Sous l’impulsion d’Hordelalay, le troisième trio spinalien trouve toutefois la solution. Le Blond, après avoir combiné avec Hordelalay, sert Peca bien placé, mais l’ex-Caennais ne cadre pas (01’44 »). L’action, qui se poursuit, voit ensuite Matthieu Le Blond hériter d’une excellente situation devant Léo Bertein, qui s’interpose à bout portant (01’50 »).
Cette grosse intervention achève de rassurer ses coéquipiers, combatifs à souhait et très présents défensivement. Les Albatros, qui mettent beaucoup de cœur à l’ouvrage, coupent chaque ligne de passe et marquent « à la culotte » chaque adversaire dans la zone de vérité. Ils anticipent ainsi parfaitement et remportent tous leurs duels face aux attaquants, déployant une intensité leur permettant de récupérer un nombre incalculable de palets (qu’ils ressortent d’ailleurs très proprement).
Défendant plus qu’ils n’attaquent vraiment, les Finistériens tirent au but dès qu’ils en ont l’occasion. Quentin Berthon tente ainsi sa chance, de loin, et voit Andrej Hočevar s’y reprendre à deux fois pour contrôler son rebond (02’13 »). Rien de bien dangereux toutefois.

La précision fait désespérément défaut aux Gamyo. Au slap de Klimíček, dévié à côté (06’40 »), s’ajoute cette énorme occasion d’Hordelalay, à l’affût d’un palet perdu… qu’il envoie au-dessus (06’54 »).
Peinant à régler la mire pour cadrer leurs lancers, les Spinaliens connaissent autant de difficultés à faire vivre le palet. Il faut dire que les Bretons, plus fougueux, harcèlent continuellement le porteur du palet, tant derrière que devant où les Vondráček, Avenel et autres Romand ne lésinent pas sur le patinage en échec-avant. Le travail de sape des attaquants manque de s’avérant payant sur une récupération de Michal Dian permettant à Roman Vondráček, tout en vivacité, d’expédier une frappe non cadrée (11’25 »). Hočevar, qui n’avait pas réagi, semblait battu…

Solide de près comme de loin, Léo Bertein parvient donc à garder sa cage inviolée, bien aidé il est vrai par l’imprécision d’attaquants réussissant rarement à cadrer. C’est alors qu’un gros temps fort brestois va s’exercer, impulsé par un Martin Hujsa trouvant d’abord Mathieu Gagnon en angle fermé (17’30 ») avant de prendre sa chance, d’un tir à mi-hauteur heurtant la mitaine de l’homme masqué (17’46 »). Hočevar garde la porte fermée en sortant trois gros arrêts – en grand écart – devant ce diable d’Hujsa, parvenu à s’emparer du rebond consécutif à un slap de Gagnon (18’15 »).
Le navire tangue dangereusement. Les tirs pleuvent sur la cage, où l’orage fait rage. Mais comme souvent, le brio d’Andrej Hočevar maintient les Gamyo à flot. Des Spinaliens tout près de perdre pied en cette fin de premiers tiers outrageusement dominée par des Bretons animés de bien meilleures intentions.

Forcés de s’en remettre à leur solide gardien, les Spinaliens s’en tirent donc très bien. C’est d’autant plus vrai qu’un surnombre « bête et méchant » coupe Brest dans son élan (23’34 »). Les « orange » retrouvent alors des couleurs, sans pour autant réussir à venir à bout d’un Bertein décidé à ne rien laisser passer. L’ex-Amiénois s’impose, en deux temps, devant Le Blond qui s’est jeté au rebond (25’24 ») avant d’être miraculeusement sauvé sur un débordement rageur de Cacciotti, parvenu à le prendre à contre-pied. Promu capitaine en l’absence de Moisand, l’Italo-canadien (après avoir repiqué au centre) avait pourtant bien glissé son revers au ras du montant (26’35 »)…
Un but aurait pourtant fait le plus grand bien aux Vosgiens, sérieusement malmenés par des Brestois qui se battent comme des morts de faim sur tous les palets. Une envie doublée d’une grosse rigueur tactique. Le système de trappe quasiment déployé depuis le début de la partie ne perdant pas son efficacité. Seules de rares incursions mettent ainsi Bertein à contribution, comme sur ce déboulé de Le Blond parachevé d’un tir trop croisé (28’54 »). Une surdose d’agressivité en échec-avant vaut, toutefois, à Martin Hujsa d’être sanctionné (29’35 »). Le Slovaque, pour avoir contesté la décision, écope en prime d’une méconduite.

Ne voyant toujours rien venir, Poissompré commence à désespérer. Même le duo Kuralt-Ograjenšek, d’ordinaire si complémentaire, n’arrive plus à combiner. Les Gamyo, totalement neutralisés par un adversaire ne montrant aucun signe d’essoufflement, tombent dans un faux rythme. Moins impliqués, ils se font même contrer, laissant Jaroslav Prošvic se hisser ligne de fond, d’où il remet sur Christian Ouellet. Lequel reprend de volée, dans un angle trop fermé (32’53 »). Hočevar, qui couvre bien son premier poteau, éprouve ensuite plus de difficultés à se saisir d’une rondelle frappée par Aubé (33’06 »).
Les minutes vont ainsi défiler, sans qu’Épinal parvienne à se révolter. Le piège, tant redouté, semble même s’être refermé. Une montée d’adrénaline devant la cage de Bertein, qui aura poussé les esprits à s’échauffer, va expédier Landry et Offret sur le banc des pénalités (37’45 »). Le défenseur québécois se voit infliger un 2’+2’ (au grand dam de son capitaine Jaroslav Prošvic, qui conteste activement cette décision… et écopera d’une méconduite) mais c’est bien le numéro 5 (celui de Vondráček) qui est annoncé et noté par la table de marque. D’où l’incompréhension suscitée, en tribune, par l’apparition de l’ancien Gapençais. Ce malentendu n’influera pas sur la suite des événements, l’ICE s’étant une nouvelle fois avérée incapable d’exploiter cette énième supériorité…

Bien soutenus par Léo Bertein, ils défendent bec et ongles leur maigre butin. Hugo Vinatier, profitant d’un palet mal ressorti par Christian Ouellet, va ainsi buter sur ce solide portier, parvenu à proprement le poke-checker (45’44 »). Les espaces, qui se libèrent, permettent même à Ján Plch d’imparablement décaler Tomáš Klouček. Un espoir vite douché : le tir de l’ex-NHLer, trop peu appuyé, ne perce pas le cinquième trou (48’18 »)…
Un mur nommé Bertein
La menace semble toutefois se préciser, amplifiée par une pénalité de banc mineur infligée aux visiteurs (48’47 »). Une infériorité encore une fois parfaitement défendue par des Albatros qui n’hésitent pas à se sacrifier pour bloquer les lancers, à l’image de Charles Landry (49’18 ») ou Alexandre Quesnel (49’32 »), qui s’est jeté à la bleue pour empêcher Ken Ograjenšek de frapper. Et lorsqu’un tir parvient à être déclenché, il revient inlassablement sur Bertein, qui détourne une puissante reprise de Kuralt (49’42 »), bloque de la mitaine un slap voilé de Klouček (50’07 ») et garde les bottes bien fermées devant Le Blond (50’58 »).
S’érigeant en muraille infranchissable devant le filet, Léo Bertein frustre un à un des Spinaliens qui finissent par se faire contrer. Une échappée envoie Martin Hujsa dans un tour de cage illicitement stoppé par Florian Sabatier, qui le fait trébucher (52’48 »). Ne se faisant pas prier pour prendre d’assaut la zone des Gamyo, le jeu de puissance brestois assiège la cage, poussant notamment Hočevar à doublement s’employer face aux frères Avenel (54’46 »). Mais alors que la pénalité vient d’être tuée, le lancer frappé de Charlie Doyle, excentré à hauteur du banc vosgien, s’engouffre, dans un enchevêtrement de crosses et de jambes, au fond des filets (0-2 à 54’55 »). Un slap dévié semblant sonner le glas des espoirs lorrains…

Il fallait bien cela pour réveiller Poissompré et remettre en selle des Spinaliens désormais survoltés. Les « orange », qui ont retrouvé tout leur jus, mettent une pression d’enfer sur les Bretons. Edgars Dīķis, le défenseur letton, passe néanmoins bien près d’envoyer son lointain dégagement au fond d’une cage vidée de son occupant.
Faute d’inscrire ce troisième but libérateur, les joueurs de la Cité du Ponant seront poussés, jusqu’au bout, dans leurs derniers retranchements. Jetant leurs dernières forces dans la bataille, les Vosgiens font le forcing. Mais celui-ci restera vain. Bertein gardant le fort devant Sabatier et consorts, voyant le vétéran Hujsa intervenir à point nommé pour éloigner un rebond inopportun (57’46 »)…
Bertein et les siens auront donc tenu bon jusqu’au bout, tuant au courage ces trois dernières minutes d’infériorité avant que le gong ne vienne les délivrer. Un exploit au goût de déjà-vu pour les hommes d’Oprandi, un an après leur « opération commando » réussie à Poissompré. On peut même parler de bis repetita pour les Brestois, apparus tout aussi rigoureux et performants défensivement qu’en février dernier, où ils avaient également pu compter sur un excellent portier. Autant d’ingrédients qui leur ont permis de l’emporter aux dépens de Spinaliens restant pourtant sur huit succès d’affilée.
À l’ivresse des victoires succède donc l’amertume de la défaite. Il fallait pourtant bien s’attendre à voir un jour l’ICE tomber à Poissompré. Mais plus que le résultat, c’est la manière qui déçoit. Car ce soir, les Vosgiens en voulaient clairement moins que leur adversaire finistérien…
Réactions d’après-match (dans Vosges-Matin) :
Stéphane Barin (entraîneur d’Épinal) : » On savait que l’on n’avait pas trop de marge et cela s’est vu ce soir. Quand on bosse, on parvient à gagner ce genre de match, et là, cela n’a pas été le cas. Je ne suis pas déçu du résultat mais plutôt du comportement et de la manière de jouer. C’est un jour sans mais je l’ai senti arriver en entendant les gars un peu parler dans le vestiaire. »
Sébastien Oprandi (entraîneur de Brest) : « On a marqué les premiers et c’était très important. Ensuite, les deux équipes se ressemblent et elles se sont un peu neutralisées. On a très bien défendu en infériorité avec des gars qui se sont sacrifiés pour l’équipe en se jetant sur les palets. C’est un peu l’ADN de notre équipe. »
Épinal – Brest 1-2 (0-1, 0-0, 1-1)
Mardi 19 janvier à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1 684 spectateurs.
Arbitrage de Benjamin Gremion et Damien Bliek, assistés d’Aurélien Smeeckaert et Sébastien Geoffroy.
Pénalités : Épinal 6’ (0’, 4’, 2’) ; Brest 36’ (4’, 8’+2×10’, 4’)
Tirs : Épinal 41 (11, 13, 17) ; Brest 30 (12, 11, 7)
Évolution du score :
0-1 à 00’39 » : Vondráček assisté de Dian
0-2 à 54’55 » : Doyle assisté de J. Avenel et Bastien
1-2 à 56’46 » : Fujerik assisté de Klimíček et Ograjenšek
Épinal
Attaquants :
Anže Kuralt – Dominik Fujerik – Ken Ograjenšek
Steven Cacciotti (C) – Florian Sabatier – Ján Plch (A)
Dorian Peca – Matthieu Le Blond – Pierre-Charles Hordelalay
Anthony Rapenne – Hugo Vinatier – Yannick Offret (A)
Défenseurs :
Martin Charpentier – Tomáš Klouček
Jiří Klimíček – Vojtěch Kloz
Gašper Sušanj – Thibaut Farina
Gardien :
Andrej Hočevar [sorti de sa cage de 56’35 » à 56’46 », de 57’13 » à 58’36 », puis de 58’54 » à 60’00 »]
Remplaçants : Lucas Savoye (G), Maxime Martin, Damien Bégel. Absent : Maxime Moisand (hématome à la cuisse)
Brest
Attaquants :
Alexandre Quesnel (A) – Roman Vondráček – Michal Dian
Martin Hujsa – Jaroslav Prošvic (C) – Christian Ouellet
Jonathan Avenel – Graham Avenel – Quentin Berthon [puis Romand]
Gaëtan Cannizzo – David Bastien – Jérémie Romand [puis Berthon]
Défenseurs :
Mathieu Gagnon – Charles Landry
Charlie Doyle – Doug Jessey
Edgars Dīķis – Aurélien Gréverend (A)
Florent Aubé
Gardien :
Léo Bertein.
Remplaçants : Antoine Bonvalot (G), Dimitri Motreff. Absent : Nicolas Motreff.
 
			 
                                





























 
			










