La victoire de l’espoir…
La course aux points bat son plein dans ce championnat très serré et rien n’est encore joué. Cette avant-dernière journée, truffée d’enjeux, pourrait toutefois sonner le glas des maigres espoirs brestois. Les Albatros, en perdant devant Caen (0-4, le 31 janvier dernier) le match qu’il fallait absolument gagner, se sont condamnés à l’exploit du côté de Poissompré.

Mais l’ombre des play-down, toute menaçante qu’elle soit, ne saurait faire oublier que les Bretons, en bons outsiders qu’ils sont, peuvent être de sacrés empêcheurs de tourner en rond. Capables d’exploits sur leurs terres (n’ont-ils pas surpris l’ogre rouennais fin janvier ?), les joueurs du Finistère avaient su faire regretter aux Gamyo leurs nombreuses occasions manquées lors du match aller (3-2 a.p.).
Voir l’histoire se répéter, à Poissompré, ne serait assurément pas pour déplaire à Benjamin Breault, pour qui ce long voyage vers la Cité des Images revêt un caractère très particulier. Et pour cause, le Québécois, actuel meilleur buteur et pointeur brestois, est un ancien « Dauphin » qui n’aura pas démérité, l’an passé, sous le maillot spinalien.
Pilier d’une attaque bretonne muette depuis deux journées, Breault avait depuis longtemps coché ce rendez-vous à Poissompré. C’est dire si cet attaquant apportant énormément défensivement (tout en se montrant performant offensivement) est désireux de briller sous ses nouvelles couleurs, au sein d’un groupe privé, depuis déjà quelques semaines, de son capitaine Jaroslav Prošvic (blessé au poignet à Chamonix le 28 décembre dernier).

Aucun « bobo » n’est en revanche à déplorer chez les autres internationaux mobilisés la semaine passée (Ograjenšek et Baazzi), ni du côté de Maxime Ouimet, qui n’avait pas été en mesure d’affronter les Diables rouges à Briançon le 31 janvier dernier. Un lointain déplacement qui tourna à la périlleuse expédition. Entre mauvaises conditions météorologiques, circulation chaotique et avaries mécaniques ayant grandement retardé l’arrivée des Spinaliens à René-Froger… d’où ils sont repartis blanchis (0-2), dans la nuit de dimanche à lundi, à bord du bus transportant habituellement les joueurs briançonnais ! L’embrayage de l’autocar vosgien, qui avait rendu l’âme samedi en début de soirée, n’avait pas pu être remplacé dans les meilleurs délais…
Les Albatros n’ont heureusement pas éprouvé de telles difficultés pour rallier Poissompré. Une patinoire archi-remplie, appelée à très prochainement vibrer au rythme d’un derby (puisqu’Épinal devrait hériter de l’Étoile noire de Strasbourg au premier tour des séries éliminatoires). Mais qui des Lorrains ou des Alsaciens récoltera suffisamment de points pour s’octroyer cette fameuse huitième place synonyme d’avantage de la glace ?
Bonsoir tristesse…

Une mission largement accomplie par les hommes de Sébastien Oprandi, qui vont rapidement tisser leur toile en zone neutre et ainsi parvenir à totalement neutraliser le jeu spinalien (il est vrai très stéréotypé) en bloquant parfaitement les côtés. L’attaquant du centre, au lieu de presser très haut, se positionnant à l’entrée de la zone neutre, attendant le porteur du puck pour mieux le rabattre sur le côté. L’assaillant, en s’excentrant, se retrouve aussitôt enfermé par l’ailier… puis dépossédé du palet par un défenseur se chargeant de relancer (ou d’écarter le danger) ! De quoi rendre inoffensifs des Spinaliens déjà peu transcendants, qui n’auront de cesse d’aller s’empêtrer dans cette trappe, véritable piège ne demandant qu’à se refermer…
La zone défensive brestoise, toute difficile d’accès qu’elle soit, n’est pourtant pas impénétrable. Mais lorsqu’ils franchissent ce rideau, les Gamyo, en mal d’automatismes et de vitesse, se retrouvent pris dans un étau. La défense bretonne, bien regroupée, faisant bonne garde devant un Léo Bertein se montrant solide de près comme de loin.
Les minutes défilent durant ce premier tiers très peu spectaculaire, sans qu’aucun Gamyo ne sorte véritablement du lot. Entre un Ján Plch vieillissant qui accuse le poids des ans et un Michal Petrák pas plus inspiré qu’à l’accoutumée, les cadres apparaissent défaillants. Ken Ograjenšek, très discret au côtés d’Aziz Baazzi et Nicolas Leonelli, semble pour sa part souffrir de l’absence d’Anže Kuralt, qui aurait apporté sa vitesse et son dynamisme à la manière d’un Michal Dian côté brestois.

Puni d’un accrocher dans sa lutte pour le rebond, Gašper Sušanj (06’43 ») laisse ses coéquipiers affronter, pour la toute première fois, le powerplay brestois. Un jeu de puissance emmené par les frères Avenel, qui gravitent dans le slot auprès de Vikhaël Tô-Landry et d’un Benjamin Breault affecté aux mises au jeu et chargé de ressortir les palets sur Edgars Dīķis, posté à la pointe. Le défenseur letton y va d’un slap dévié à côté et d’un tir non cadré (8e) avant que la deuxième escouade ne prenne le relais. Une phalange emmenée par un Michal Dian s’emparant d’un rebond orienté sans parvenir à marquer, dans un angle il est vrai très fermé (07’56 »). Jérémy Romand, oublié devant la cage, va lui dévier l’offrande d’Alexandre Quesnel à côté du filet (08’47 »).
Pauvre en jeu et en occasions, cette première période ne déchaîne pas les passions. Profitant d’une ouverture côté droit, Ján Plch va toutefois s’engouffrer dans la brèche pour s’en aller défier Léo Bertein (11’43 »). Mais sans succès pour le vétéran spinalien, frustré par ce jeune gardien au potentiel certain qui, l’an passé, rongeait son frein chez les Gothiques d’Amiens (11’43 »). Un portier manquant d’être surpris par un slap dévié de Beron (14’39 ») et apparaissant plus exposé que jamais après les pénalités simultanément récoltées par Michal Dian et Maxime Ouimet (tout près d’en venir aux mains près du gardien vosgien, 16’37 »).

… bonjour l’ennui !
Ainsi s’achève un premier tiers-temps peu emballant, plutôt bien géré par des Albatros parvenus à fermer le jeu. Une tendance qui se poursuit au retour des vestiaires, avec des Spinaliens retombant rapidement dans leurs travers. Un palet dégagé du revers par Grégory Beron revenant à la bleue sur Bryce Reddick. Le défenseur canado-américain (fils d’un ancien gardien de NHL de la fin des années 80) expédie aussitôt la rondelle en direction d’un Andrej Hočevar lâchant un gros rebond devant Jonathan Avenel, qui remet à sa gauche sur son frère (Graham). Lequel n’a plus qu’à glisser le palet, du revers, dans une cage grande ouverte (0-1 à 21’03 »)…
Loin d’être imméritée, cette ouverture du score brestoise ne va pourtant pas inciter les Gamyo à se se révolter. Les locaux essayent pourtant, mais sans faire preuve d’une grande conviction, ce qui leur vaut de perdre un nombre incalculable de palets. Comme sur cette récupération permettant à Michal Dian de s’échapper. Un boulevard s’ouvre devant l’ailier slovaque, qui rate toutefois son duel singulier en cherchant la lucarne gauche… sans parvenir à la trouver (24’32 ») !

Brest, pour l’instant, fait le match parfait. Toujours aussi bien organisés (avec cette fameuse trappe), les Albatros ne baissent pas leur garde et font bloc devant leur jeune gardien. Ils tuent sans coup férir leur première pénalité (29’19 »), bien aidés, il est vrai, par les ratés répétés d’un powerplay spinalien déjà pas réputé pour être un modèle d’efficacité. De quoi susciter l’impatience de Poissompré, qui ne voit rien venir et commence timidement à huer ses protégés. Des Gamyo n’étant plus que l’ombre de ce qu’ils étaient en début de saison…
Difficile, dans ces conditions, de croise en la résurrection des coéquipiers de Grégory Beron, parvenu à se faufiler dans cette défense resserrée pour faire illusion (33’08 »). Une action entachée d’une pénalité (33’16 ») permettant aux visiteurs de reprendre position aux abords de la cage spinalienne, sans que Michal Dian, à la baguette, ne trouve véritablement la solution. À tel point qu’un mauvais contrôle d’Alexandre Quesnel profite à Peter Valier, qui ne manque pas de s’échapper. L’ex-ailier dijonnais, qui ne brille pas par sa vision du jeu, s’en allant vendanger ce deux-contre-un en choisissant de tirer malgré l’angle fermé par Léo Bertein (34’56 »). Un gardien se rattrapant ensuite d’un gros rebond en poke-checkant parfaitement Michal Petrák (35’57 »), puis en sortant plusieurs parades salvatrices à bout portant (36e) avant qu’un revirement ne permette à Vikhaël Tô-Landry d’obtenir une nouvelle pénalité. L’ailier québécois se montre trop rapide pour Petrák en provoquant l’obstruction du Tchèque (39’22 »).
Une chance, pour Épinal, que le powerplay brestois ne soit pas une machine à scorer, sans quoi ce match insipide (il faut bien l’avouer) serait d’ores et déjà plié. Les Albatros ne sont nullement à l’abri d’un retour spinalien, qu’un petit but suffirait à relancer. Mais encore faut-il que les Gamyo se montrent réellement dangereux devant Léo Bertein, qui capte de la mitaine les tentatives (plus précises que puissantes) de Michal Petrák (42’01 ») et Alain Goulet (42’42 ») et s’impose devant Vincent Kara, parvenu à se frayer un chemin (44’07 »).
S’il participe activement à l’effort collectif, Benjamin Breault ne crève pas vraiment l’écran pour son grand retour à Poissompré. Le Québécois se procurera toutefois une excellente occasion en interceptant une passe mal assurée en zone neutre pour s’en aller défier Hočevar… qui remporte son duel en bloquant ce petit revers entre ses jambières (44’56 ») ! Une intervention décisive qu’il lui faut rapidement réitérer, en se détendant parfaitement devant Tim Hartung, imparablement décalé au second poteau par Michal Dian (45’20 »). La seule véritable opportunité des hommes d’Oprandi durant ce double avantage numérique, qu’ils n’auront su mettre à profit.
Un réveil beaucoup trop tardif

La sirène sonne comme une délivrance pour les Brestois, qui laissent éclater leur joie après ce court mais précieux succès les relançant totalement dans la course au maintien. Pour eux, tout se jouera vendredi, lors de la réception des Ducs de Dijon. Les coéquipiers de Benjamin Breault, revenus à égalité de points avec Lyon et Caen, devront impérativement s’imposer, tout en comptant sur un faux-pas des autres mal classés… sous peine d’être amenés à prochainement devoir jouer leur survie parmi l’élite du hockey français ! Une bataille contre la relégation qui aurait sûrement concerné les boys du Boz’ si ceux-ci, auteurs d’un excellent début de saison, n’avaient pas amassé autant de provisions…

L’ancien gardien des Dauphins (de 2003 à 2010) aura pu s’étonner du manque d’envie et de combativité d’une formation censée monter en puissance à l’approche des play-offs. Un groupe pas dépourvu de talents, mais bien plus limité qu’il n’y paraît offensivement avec un duo Plch-Petrák n’étant définitivement plus ce qu’il était et d’autres leaders supposés (Beron, Ograjenšek et Goulet) n’apportant pas autant qu’ils le devraient.
Philippe Bozon, qui s’est encore mis à dos les référés en allant leur expliquer sa façon de penser sitôt le match terminé, devrait lui être suspendu pour le prochain déplacement à Grenoble, pour l’ultime répétition générale avant le grand début des phases finales…
Réactions d’après-match (dans Vosges Matin)
Philippe Bozon (entraîneur d’Épinal) : « C’est une très grosse déception, surtout par rapport à l’attitude et à l’investissement des joueurs. C’est très inquiétant à une semaine des play-offs. C’est le jour et la nuit par rapport à ce que je voulais voir. Il va falloir très vite se remettre en question pour jouer Strasbourg en play-offs. On s’est réveillé quand on a été menés 2-0 et ce n’est pas en jouant vingt minutes qu’on va y arriver. »
Benjamin Breault (attaquant de Brest) : « Cela fait vraiment du bien d’avoir gagné et ce n’est pas trop tôt de gagner enfin à l’extérieur. On voulait gagner pour avoir encore une chance de jouer les play-offs. Quand on a mené 2-0, on se méfiait car on sait qu’Épinal ne lâche jamais et que cette équipe est toujours capable de revenir. »
Épinal – Brest 1-2 (0-0, 0-2, 1-0)
Mardi 10 février à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 1 500 spectateurs.
Arbitrage de Nicolas Barbez assisté d’Anne-Sophie Boniface et Sébastien Geoffroy.
Pénalités : Épinal 12′ (4′, 4′, 4′) ; Brest 6′ (2′, 2′, 2′).
Tirs : Épinal 38 (10, 13, 15) ; Brest 28 (11, 8, 9).
Évolution du score :
0-1 à 21’03 » : G. Avenel assisté de J. Avenel et Reddick
0-2 à 27’16 » : G. Avenel assisté de Gréverend et Romand
1-2 à 54’18 » : Kara assisté de Plch et Kloz
Épinal
Attaquants :
Ken Ograjenšek – Aziz Baazzi – Nicolas Leonelli
Grégory Beron (-2) – Michal Petrák (A, -1) – Ján Plch (A, -1)
Vincent Kara (+1) – Matthieu Le Blond – Peter Valier
Anthony Rapenne – Pierre-Charles Hordelalay – Maxime Martin
Défenseurs :
Vojtěch Kloz (+1 ) – Maxime Moisand (+1)
Gašper Sušanj (-1) – Alain Goulet (-1)
Maxime Ouimet (C, -1) – Peter Slovák (-1)
Gardien :
Andrej Hočevar (sorti de sa cage à 57’55 »)
Remplaçants : Pierre Mauffrey (G), Martin Charpentier. Absents : Anže Kuralt (malade), Yannick Offret (côte cassée), Nathan Ganz.
Brest
Attaquants :
Alexandre Quesnel (-1) – Quentin Berthon (-1) – Michal Dian (-1)
Jonathan Avenel (+2) – Graham Avenel (+2) – Jérémie Romand (+2)
Vikhaël Tô-Landry – Nicolas Motreff – Benjamin Breault
Sébastien Delemps
Défenseurs :
Vladimir Holík (-1) – Tim Hartung (A, -1)
Aurélien Gréverend (A, +2) – Bryce Reddick (+2)
Jason Crossman – Edgars Dīķis
David Hennebert (C)
Gardien :
Léo Bertein
Remplaçants : Arnaud Goetz (G), Dimitri Motreff, Gaëtan Cannizzo. Absent : Jaroslav Prošvic (fracture du scaphoïde).









































