C’est le choc majeur des quarts de finale entre deux des favoris potentiels du tournoi, mais dans une patinoire qui sonne creux. Les deux équipes ont fini deuxièmes de leur poule ; le Canada a échappé aux barrages et la Finlande a peu tremblé contre la Corée. Différence d’approche : Willie Desjardins a confirmé ses lignes, et rend sa place prévue de titulaire à son gardien Ben Scrivens, tandis que Lauri Marjamäki a changé tous ses trios pour essayer de produire un peu plus de jeu.
La Finlande montre effectivement un nouveau visage en se montrant très active d’entrée en zone offensive. Elle domine la possession du palet avec une bonne implication de tous dans le jeu collectif. Cet avantage ne se traduit toutefois pas par des occasions marquantes car la défense canadienne est bien en place.
Lorsque Genoway est sanctionné pour une crosse haute, le jeu de puissance finlandais, qui tourne à 42% de réussite depuis le début du tournoi, est limité à un lancer de la ligne bleue de Sami Lepistö, que Scrivens pare de la mitaine. Les deux équipes sont vigilantes et la seule erreur est la passe transversale en zone défensive de Marc-André Gragnani, interceptée par Joonas Kemppainen. Pour tenter de rattraper sa boulette, l’arrière canadien accroche Sakari Manninen. La pénalité est vite annulée par une obstruction de Petri Kontiola sur Chris Kelly.
Le Canada part beaucoup plus fort en deuxième période en mettant une très forte pression sur la cage adverse pendant trois minutes. Mais sur la première incursion finlandaise, Eric O’Dell charge Savinainen qui atterrit sur Ben Scrivens : le gardien canadien reste au sol, souffrant apparemment du cou et de l’épaule, et doit être remplacé peu après par Kevin Poulin.
Brandon Kozun charge dans le dos Juuso Hietanen qui heurte violemment la bande (et ne reviendra plus au jeu). Il prend deux minutes de pénalité. Le jeu de puissance finlandais s’organise avec Sami Lepistö à la pointe, Eeli Tolvanen dans le cercle droit et Petri Kontiola dans celui de gauche. La passe transversale du junior est reprise de volée par Kontiola, mais Kevin Poulin capte ce palet bas avec la mitaine. Malgré la supériorité numérique, Mikko Koskinen a chaud quand un lancer en angle d’Andrew Ebbett ricoche sur son masque.
La Finlande maintient ensuite sa dynamique offensive à cinq contre cinq. Même si elle ne prend pas toujours ses chances, Kevin Poulin ne reste pas froid très longtemps. Le powerplay canadien est à son tour tenu en échec par une boîte finlandaise regroupée, mais là aussi, l’avantage numérique donne un élan qui se prolonge dans les minutes suivantes. Les joueurs à la feuille d’érable sont dominateurs en fin de tiers mais échouent sur Koskinen. Dans les vingt dernières secondes, Tolvanen et Lepistö se procurent quand même deux lancers dangereux.
Chaque équipe a eu ses bonnes phases mais le match reste toujours assez fermé. Il faudrait peut-être un but pour débloquer la situation. Et justement, à la première minute de la troisième période, Eric O’Dell remporte une mise au jeu en zone offensive face à Petri Kontiola et le slap de Maxim Noreau transperce alors Koskinen côté plaque (1-0).
Le jeu s’anime effectivement. La Finlande passe à l’action, avec notamment une grosse occasion pour un Sami Lepistö très en vue et très utilisé. Elle fait le jeu et s’installe maintenant régulièrement en zone offensive, mais elle est mise à l’épreuve sur son point faible habituel, le manque d’imagination et de talent en attaque.
Le talent, Miro Heiskanen n’en manque pas. Le défenseur junior a eu tout au long du match la volonté de participer à l’offensive et ses montées à pleine vitesse avec le palet impressionnent dans ce troisième tiers. Mais la Finlande ne concrétise pas. Une entrée en zone en dribble de Jonas Enlund permet à Marjamäki de sortir son gardien pour jouer à 6 jouer 4 à l’avant-dernière minute. Les derniers tirs de Tolvanen ou de Lepistö restent vains.
Les Finlandais sont blanchis, malgré le talent aperçu de leurs juniors. C’est la fin d’une série de quatre médailles olympiques consécutives. La fin d’une génération, aussi ?
Commentaires d’après-match
Lasse Kukkonen (capitaine de la Finlande) : « Nous avions un plan clair et un objectif. Mais, comme on l’a vu, les marges sont étroites dans un match. Cela se joue sur un engagement et un lancer. Nous avons eu le même nombre d’occasions. Félicitations à nos adversaires. On a tout donné, c’était un privilège de faire partie de cette équipe. La défaite est amère. Nous avons du mal à croire que c’est fini, mais ce n’était pas notre jour. Cela fait partie du hockey. »
Canada – Finlande 1-0 (0-0, 0-0, 1-0)
Mercredi 21 février 2018 à 21h10 au Gangneung Hockey Centre. 2265 spectateurs.
Arbitrage d’Antonin Jerabek (TCH) et Konstantin Olenin (RUS) assistés de Gleb Lazarev (RUS) et Henrik Pihlblad (SUE).
Pénalités : Canada 6′ (4′, 2′, 0′), Finlande 4′ (2′, 2′, 0′).
Tirs : Canada 30 (4, 18, 8), Finlande 21 (5, 10, 6).
Évolution du score :
1-0 à 40’55 : Noreau assisté de O’Dell
Canada
Attaquants :
René Bourque – Derek Roy (A) – Gilbert Brûlé
Rob Klinkhammer – Eric O’Dell (+1) – Maxim Lapierre (+1)
Wojtek Wolski – Linden Vey – Andrew Ebbett
Mason Raymond – Chris Kelly (C) – Brandon Kozun (2′)
Christian Thomas (+1)
Défenseurs :
Chris Lee (A) – Mat Robinson
Chay Genoway (+1, 2′) – Maxim Noreau (+1)
Marc-André Gragnani (2′) – Cody Goloubef
Karl Stollery
Gardien :
Ben Scrivens puis à 24’17 Kevin Poulin
En réserve : Justin Peters (G), Stefan Elliott, Quinton Howden.
Finlande
Attaquants :
Julius Junttila (-1) – Petri Kontiola (A, -1, 2′) – Eeli Tolvanen (-1)
Mika Pyörälä – Joonas Kemppainen – Sakari Manninen
Veli-Matti Savinainen – Jarno Koskiranta – Jonas Enlund
Oskar Osala – Jani Lajunen – Marko Anttila (2′)
Défenseurs :
Miro Heiskanen – Sami Lepistö (A, +3)
Miika Koivisto (-1) – Mikko Lehtonen (-1)
Atte Ohtamma – Lasse Kukkonen (C)
Juuso Hietanen
Gardien :
Mikko Koskinen [sorti à 58’30]
Remplaçants : Karri Rämö (G), Jukka Peltola. En réserve : Juha Metsola (G), Tommi Kivistö, Teemu Hartikainen.