La chance de qualification de la Slovénie repose sur un scénario mince mais pas impossible : elle doit battre la Norvège dans le temps réglementaire ce soir, avec un écart significatif, puis espérer que le pays-hôte ait assez d’orgueil pour battre le Danemark dimanche, histoire de priver ce rival de sa première participation olympique.
Aucune des deux équipes n’a changé de gardien, et c’est une petite surprise dans le cas de la Slovénie. Gašper Krošelj était coupable sur certains buts face aux Danois, mais la hiérarchie reste inchangée avec Gračnar sur le banc et Pintarič en tribune.
Jan Drozg fait tomber crosse de Sondre Olden par un cinglage sur la mise au jeu : pénalité sifflée en trois secondes. La Slovénie se condamne à subir face à des Norvégiens au patinage très dynamique. Même si l’avantage numérique n’est pas exploité, les locaux conservent cet allant dans un début de match très rythmé, tout le contraire du Danemark-Corée de l’après-midi.
Cette belle première impression est concrétisée par la quatrième ligne après une entrée de zone rapide d’Erlend Lesund. Martin Røymark tire à la cage puis, après un effort d’Eirik Salsten sur le rebond, bat Krošelj qui a laissé une nette ouverture entre son bras et son poteau (1-0). La Norvège continue, s’installe en zone offensive et double la mise par un lancer ouvert de la ligne bleue de Christian Kåsastul, sans le moindre écran (2-0).
Un Matjaž Kopitar apparemment très énervé utilise son temps mort et engueule son équipe. Mais a-t-il fait le bon choix de gardien ? Il fait alors rentrer Luka Gračnar mais ce n’est pas un cadeau pour le nouveau gardien de Crimmitschau. Chose impensable, c’est son fils, la star de NHL Anže Kopitar, qui se troue complètement à la ligne bleue pendant un avantage numérique. Mats Rosseli Olsen surgit, part à 2 contre 1 et offre une cage ouverte à Ken André Olimb. La Slovénie est une fois de plus menée 3-0, encore plus vite qu’hier !
Mais comme hier, ce n’est pas pour autant qu’elle baisse les bras. Anže Kopitar tente de rattraper sa grosse erreur et tire sur le poteau. Une pénalité d’Andreas Martinsen (faire trébucher) relance la partie. Un lancer de la bleue de Blaž Gregorc passe au-dessus de la botte droite de Henrik Haukeland (3-1). À peine 80 secondes plus tard, Anže Kopitar décale parfaitement Robert Sabolič sur la droite pour une reprise dans le haut du filet (3-2). Les Slovènes sont aussi revenus dans le match beaucoup plus rapidement que face au Danemark.
La Slovénie rate néanmoins aussi son début de deuxième période, et ça commence à faire beaucoup. En situation de 4 contre 4, Jan Urbas plonge en zone neutre pour faire trébucher Ken Andre Olimb parti en contre-attaque. Les arbitres n’accordent pas seulement deux minutes, ils sifflent un pénalty en jugeant qu’Olimb, qui s’est relevé et a tiré, a été privé d’une échappée plus franche ! Mats Zuccarello est patient pour tirer ce pénalty précisément entre les bottes de Gračnar (4-2).
Les bleus n’ont pas encore tiré à la cage dans ce tiers (contre cinq tirs norvégiens) et sont de nouveau à bonne distance. Mais ils réagissent fort à la mi-match à la faveur d’une pénalité d’Espeland pour cinglage. Jan Drozg bute plusieurs fois sur Henrik Haukeland au rebond, et Robert Sabolič hérite du palet à droite du but sans plus de succès. L’avantage numérique est bêtement interrompu quand Anže Kuralt donne un coup de poing revanchard par-derrière.
Les Slovènes essaient d’intensifier le forechecking mais se font assommer dans les deux dernières minutes avant la pause. Le néo-Amiénois Klemen Pretnar couvre Mathis Olimb dans l’enclave sur une passe de Mats Rosselli Olsen et se rend ensuite vers le coin où Ken Andre Olimb est seul pour aller chercher le palet. Mais les autres Slovènes ne viennent pas s’occuper de Mathis qui reste seul au second poteau pour convertir la passe de son frère (5-2). Mats Rosselli Olsen domine physiquement Miha Zajc pour marquer du revers au rebond d’un lancer de Ken Andre Olimb (6-2).
Le dernier tiers-temps paraît sans intérêt car il faudrait que la Slovénie marque 5 buts pour revenir dans la course. Mais très rapidement, Johannes Johannesen est pénalisé pour retenir et Pretnar sert Sabolič dans le cercle droit pour un one-timer (6-3). Seulement 45 secondes plus tard, c’est au tour de l’ex-Niçois Kristjan Čepon – rentré à l’Olimpija Ljubljana cette saison – de décocher un lancer gagnant, du cercle gauche cette fois (6-4). Les bleus continuent de pousser et Martinsen effectue un second séjour en prison pour avoir accroché Jan Drozg. Bien consciente qu’il faut arrêter l’hémorragie, la Norvège travaille bien en infériorité numérique et se dégage fréquemment.
Cette pénalité tuée brise la remontée slovène. La Norvège s’offre de longues séquences en zone offensive dans les dix dernières minutes, emmenées par les frères Olimb comme toujours insolents dans ce jeu. La meilleure défense, c’est la possession ! Sur un engagement gagné en zone offensive par Michael Haga (le seul centre norvégien positif aux mises au jeu avec le substitut Salsten car les autres ont été mangés par Kopitar), le défenseur Christian Kåsastul s’offre un doublé personnel avec un tir du poignet de la ligne bleue que Gračnar ne voit pas partir (7-4).
Le public du Jordal Amfi applaudit son équipe pendant toute la dernière minute et scande des « Norge » joyeux. Son équipe lui a fait plaisir. Mats Zuccarello, qui avait perdu la finale de Coupe Stanley 2014 contre les Kings de Kopitar, a pris une revanche ce soir. Il a été étincelant, mais les Olimb et Rosseli Olsen aussi. Le derby de dimanche soir contre le Danemark, avec le billet olympique en jeu, s’annonce grandiose car les deux équipes semblent en grande forme.
Désignés joueurs du match : Mats Rosseli Olsen pour la Norvège et Anže Kopitar pour la Slovénie.
Commentaires d’après-match
Erlend Lesund (défenseur de la Norvège) : « Maintenant nous avons le match que nous voulions. Et c’est à nous de jouer. »
Andreas Martinsen (attaquant de la Norvège) : « Depuis mon premier match en équipe nationale, nous nous battons toujours avec les Danois. Je pense que leur équipe actuelle est la meilleure de leur histoire, ce sera un gros test et c’est ce que nous voulions, une finale contre eux. »
Matjaž Kopitar (entraîneur de la Slovénie) : « Nous avons passé beaucoup de temps pour nous assurer que nous ferions un meilleur match. Nous avons concédé deux buts faciles et nous devions marquer. Nous avons changé de gardien, ce qui n’a pas payé. Les Norvégiens sont une équipe vraiment forte, nous avons perdu trop de duels et fait trop d’erreurs, surtout sur les deux buts à la fin du deuxième tiers. Mais il est trop tard maintenant pour pleurer. Nous devons montrer notre dignité, notre caractère et prendre sérieusement notre dernier match contre la Corée du Sud. C’est une équipe qui sera notre adversaire aux championnats du monde l’an prochain et nous devons montrer qui est le patron. »
Norvège – Slovénie 7-4 (3-2, 3-0, 1-2)
Vendredi 27 août 2021 à 21h00 au Jordal Amfi d’Oslo. 2490 spectateurs.
Arbitres : Lassi Heikkinen (FIN) et Peter Stano (SVK) assistés de Nicolas Constantineau (FRA) et David Obwegeser (SUI).
Pénalités : Norvège 14′ (6′, 4′, 4′), Slovénie 10′ (4′, 4′, 2′).
Tirs : Norvège 31 (15, 10, 6), Slovénie 21 (6, 7, 8).
Évolution du score :
1-0 à 06’04 : Røymark assisté de Salsten et Lesund
2-0 à 06’57 : Kåsastul assisté d’Olden et Zuccarello
3-0 à 09’04 : K.A. Olimb assisté de Rosselli Olsen (inf. num.)
3-1 à 12’34 : Gregorc assisté d’Ograjenšek et Jeglič (sup. num.)
3-2 à 13’54 : Sabolič assisté de Kopitar et Drozg
4-2 à 24’37 : Zuccarello (tir de pénalité)
5-2 à 38’04 : M. Olimb assisté de K.A. Olimb et Rosselli Olsen
6-2 à 39’33 : Rosselli Olsen assisté de K.A. Olimb et M. Olimb
6-3 à 43’04 : Sabolič assisté de Pretnar et Kopitar (sup. num.)
6-4 à 43’49 : Čepon assisté d’Ograjenšek et Logar
7-4 à 55’48 : Kåsastul assisté de Martinsen et Haga
Norvège
Attaquants :
13-8-36 Sondre Olden – Mathias Trettenes (A) – Mats Zuccarello (A, +2)
51-46-50 Mats Rosseli Olsen (+3) – Mathis Olimb (C, +2) – Ken Andre Olimb (+3)
27-85-93 Andreas Martinsen (4′) – Michael Haga – Thomas Valkvæ Olsen
22-18-19 Martin Røymark (+1) – Tobias Lindström (-1) – Eirik Salsten (+1)
11 Samuel Solem
Défenseurs :
9-4 Emil Lilleberg (-1, 2′) – Johannes Johannesen (2′)
5-17 Erlend Lesund (+2, 2′) – Stefan Espeland (+1, 2′)
49-43 Christian Kåsastul (+4) – Max Krogdahl (+2)
Gardien :
33 Henrik Haukeland (2′)
Remplaçants : 38 Henrik Holm (G), 21 Daniel Bøen Rokseth. En réserve : Jonas Arntzen (G), Kristian Østby (D), Patrick Thoresen (A, blessé).
Slovénie
Attaquants :
55-11-13 Robert Sabolič (-1) – Anže Kopitar (C, -1) – Jan Drozg (+1, 4′)
26-8-91 Jan Urbas (A, -1) – Žiga Jeglič (-2) – Miha Verlič (-1)
18-24-92 Ken Ograjenšek (-1) – Rok Tičar (-3) – Anže Kuralt (-1, 4′)
19-88-45 Žiga Pance (-1) – Miha Zajc (-1) – Luka Maver (-1)
Défenseurs :
14-7 Matic Podlipnik (-1) – Klemen Pretnar (A, -1)
15-4 Blaž Gregorc (-1) – Aleksandar Magovac (-1)
76-44 Kristjan Čepon (-1) – Miha Logar (-2)
95-17 Aljoša Crnovič – Žiga Pavlin (2′)
Gardien :
32 Gašper Krošelj puis 35 Luka Gračnar à 06’57
En réserve : Matija Pintarič (G), Nik Simšič (D), Gregor Koblar (A).