La France poursuit son tournoi avec un deuxième match a priori abordable : les Pays-Bas. Laminées 7-1 par la Norvège, les Néerlandaises, promues, semblent à la portée d’une équipe de France qui les a battu la semaine dernière en préparation 4-2. La prudence est de mise, mais après la superbe prestation contre la Slovaquie, tout autre résultat qu’une victoire ferait tâche… Et plus encore avec le résultat du match de l’après-midi – victoire de l’Autriche sur la Norvège. Dans une patinoire copieusement garnie et tout acquise à leur cause, les coéquipières de Caroline Baldin sont prêtes à relever le défi.
Côté Pays-Bas, ce 27 avril est le jour de la fête du Roi : en ce jour de fête nationale, nulle doute que les joueuses auront envie de briller…
Une montée en puissance
La France entame le match prudemment. La possession est favorable aux joueuses de Grégory Tarlé, mais loin de la cage adverse et le compteur de tirs ne grimpe guère. Il faut attendre la cinquième minute pour un premier arrêt d’Eline Gabriele, sur un lancer venu de la bleue. Anouck Bouché ne parvient pas à s’emparer du rebond.
Les minutes défilent sans occasion, jusqu’à un surnombre des Bleues. La défense ne lâche rien, à l’image d’Estelle Duvin qui confisque le palet. De retour au complet, les Tricolores menacent enfin la gardienne avec un tir dangereux de Marion Allemoz au cercle gauche. Les Pays-Bas prennent confiance et Caroline Baldin doit intervenir sur un centre vicieux à travers son enclave.
Petit à petit, le jeu bascule dans le camp néerlandais, sous l’impulsion du trio Aurard-Allemoz-Baudrit. L’attaquante de Northeastern tente ainsi sa chance au cercle droit, et Allemoz est trop courte sur le rebond.
Le duo de jeunes enchaîne. Jade Barbirati et Julia Mesplèdes font tourner la défense en bourrique, et Barbirati lance en hauteur en angle fermé… le palet rebondit sur Michelle van Ooij, ce qui piège la gardienne en hauteur (1-0). Les arbitres, un peu perdues, donnent tout d’abord le but à Anouck Bouché avec une assistance d’Athéna Locatelli… cela sera corrigé pendant la pause.
Un but qui libère les Françaises. Estelle Duvin réalise un festival et manque de doubler la mise, cherchant le tir entre les jambières. Puis, Chloé Aurard part en échappée dans le dos de la défense, et perd son duel. Les occasions s’enchaînent : Betty Jouanny s’échappe et, accrochée, obtient un tir de pénalité. Marion Allemoz s’avance, tente de fixer la gardienne mais Eline Gabriele ferme la porte (17’52). Dans la dernière minute, Aurard déborde à droite et son centre trouve Baudrit en deuxième rideau. L’attaquante de MoDo voit son tir repoussé. Un seul but d’avance à la pause, pour des Bleues peu inquiétées en défense, et qui montent progressivement en température en attaque.
La France creuse l’écart
Les Bleues entament pied au plancher : sur l’engagement, Aurard s’infiltre et Allemoz dévie, pour un double arrêt de Gabriele. Une minute plus tard, un jeu de puissance est appelé, et Gabriele est sous pression dans son enclave avec à l’origine des tirs la capitaine tricolore. La deuxième partie de ce jeu de puissance est cependant inoffensive.
Malgré tout, le match est à sens unique. La première ligne continue son travail de sape et le centre de derrière le but d’Allemoz trouve Baudrit plantée dans le slot, pour un nouvel arrêt de la gardienne de La Haye. Les Bleues commencent à étouffer leur adversaire. Les récupérations se font de plus en plus hautes. Mesplèdes, lancée à droite, trouve encore Gabriele sur sa route…
Sur une rare action offensive néerlandaise, Caroline Baldin concède deux minutes pour crosse haute. Le jeu en infériorité tricolore se met en action… et manque de se faire piéger. Zwarthoed s’échappe sur une mise au jeu et son tir, dévié par Baldin, file à côté, puis c’est le poteau qui sauve la gardienne de Zürich.
Les Françaises reviennent au complet. Manon Le Scodan, pour une de ses premières présences du Mondial, ouvre vers Barbirati, qui perfore la défense en force et manque de doubler la mise. Peu après, Zoe Barbier percute violemment la bande sur une action anodine, et doit être aidée pour rentrer au vestiaire.
Ce moment inquiétant coupe un peu l’élan de ce match, et Estelle Duvin commet un accrocher. La défense tient le choc avec l’aide d’une Baldin solide sur sa ligne, avant de contrer un tir. Allemoz décolle, et son lancer frappe le masque de Gabriele. La France non seulement tue la pénalité, mais exploite la sortie de Duvin. Aurard et Rozier démarrent un trois contre deux, et Duvin finit le travail lorsque son centre vers Aurard termine au fond des filets (2-0).
Après ce but, la France recule un peu et Baldin continue à dominer son sujet. À trois minutes de la pause, Locatelli est sanctionnée derrière son but pour un accrochage et la défense doit encore travailler. Malheureusement, Zwarthoed fixe bien la défense au centre et ouvre au cercle droit pour Kayleigh Hamers, qui expédie une volée puissante à travers le trafic (2-1). Fin de la série sans encaisser de buts pour la cerbère française.
Sur l’engagement, Allemoz est accrochée. Milders file sur le banc des pénalités et laisse 1’16 aux Bleues avant la sirène. C’est suffisant. Quatre secondes, Allemoz gagne l’engagement et Léa Parment nettoie la lucarne (3-1). Sur le fil, une relance longue de Baldin trouve Duvin pendant un changement de ligne adverse. Elle distille une passe parfaite pour Rozier seule dans l’axe… mais Gabriele sauve son camp sur la sirène. La France est devant 3-1 mais devra retrouver sa discipline pour s’éviter des désagréments. Grégory Tarlé a bien senti que quelque chose ne convenait pas : ses lignes ont été modifiées, avec une Jade Barbirati promue, et Lisa Cédelle et Morgane Rihet cantonnées au banc notamment.
Un troisième tiers accroché
Les Pays-Bas tentent leur chance dès la reprise. Baldin capte un tir lointain et la défense bleue nettoie les abords de l’enclave avec un peu trop d’énergie. Les esprits s’échauffent, et Léa Parment concède deux minutes. La France ne lâche aucune occasion et repart à l’attaque.
Mais les joueuses de Marco Kronenburg n’abdiquent pas. Bieke van Nes obtient une occasion dangereuse et Baldin sort un double arrêt à bout portant. La gardienne sort aussi un deux-contre-un fini par Nicky Tjin-A-Ton. Côté Bleues, une montée de Villiot fait encore briller Gabriele…
À neuf minutes de la fin, la première ligne française appuie encore. Aurard en tour de cage, Allemoz au rebond trouvent encore les bottes de Gabriele pour une énorme occasion. La gardienne de La Hague est en feu. À sept minutes du terme, Aurard encaisse une charge illégale de Hamers et le jeu de puissance s’installe. Il y a encore la panique dans l’enclave sur un tir de loin, finalement dégagé. Gabriele sauve ensuite devant Baudrit lancée en sortie de banc. Les Bleues tournent autour de la cage, cherchant des solutions dans l’enclave, sans succès.
Les Pays-Bas survivent et demandent un temps mort à 2’41 de la sirène. Gabriele laisse sa place à une attaquante, et Anouck Bouché concède deux minutes : c’est un 6 contre 4. Estelle Duvin bloque une relance en entrée de zone neutre et part vers le but vide avec Aurard, lui offrant généreusement le quatrième but (4-1).
Mission accomplie pour les Françaises, avec cette deuxième victoire en deux matchs. Elle fut longue à se dessiner tant les attaquantes se sont heurtées à une Eline Gabriele remarquable, notamment Allemoz (8 tirs) et Aurard (9 tirs). La prestation d’ensemble fut malgré tout moins convaincante qu’au premier match. Les Tricolores, plus indisciplinées, ont paru gênées par le jeu physique et très défensif de leur adversaire, peinant parfois à développer leur jeu de transition. Des éléments à corriger impérativement avant la rencontre face à l’Autriche jeudi.
Désignées joueuses du match : Julie Zwarthoed (Pays-Bas) et Léa Parment (France)
Commentaires d’après-match :
Grégory Tarlé (entraîneur de la France) : « Le contrat est rempli. C’est un match que nous avons su gérer à l’expérience, en marquant au bon moment. Oui, il y a toujours à améliorer, mais gagner 4-1 et compter six points… Nous suivons le plan, et nous allons encore progresser au fil du tournoi. Les Autrichiennes ont pris des points, mais cela ne change pas notre ligne directrice, gagner les quatre matchs. Nous les avons analysées et nous savons à quoi nous attendre et quoi faire demain. Les modifications de ligne ? L’objectif était de mettre les joueuses qui apportaient le plus ce soir dans les meilleures conditions. Nous avons eu beaucoup de chances de marquer et le score aurait pu être beaucoup plus lourd sans leur gardienne, et si les arbitres avaient sifflé un peu plus pour protéger les joueuses. Mais dans tous les cas, nous restons très bien placés et il ne faut pas se tromper d’objectif. »
Clara Rozier (attaquante de la France) : « C’est une équipe piège, qui joue très physique. Nous avons mis du temps à rentrer dans le match. Nous avons pris trop de pénalités mais notre défense a réussi à tenir. Ce sont surtout des pénalités de frustration à la fin. Le head est une arbitre finlandaise que je connais bien et je la déteste ! (rires). Il faudra que l’on soit plus disciplinées demain, même si nous avons un bon penalty-kill. On doit faire de meilleurs déplacements pour ne pas prendre de pénalités. Pour notre jeu de puissance, il faut que l’on amène plus de mouvement pour faire bouger la défense et trouver des lignes de passe. »
Léa Villiot (défenseure de la France) : « Le rôle de la défense c’est d’appuyer l’attaque et de la soutenir, c’est ce que j’ai essayé de faire ce soir. Je suis plutôt une défenseure offensive, et ce soir j’ai eu pas mal d’occasions… Je rate une échappée, aussi. Physiquement c’était une équipe difficile à bouger, il y a eu beaucoup de pénalités. Nous étions frustrés que l’arbitre ne siffle pas certaines choses. Demain, il faudra se concentrer et mettre le coup de patin de plus pour accrocher la crosse et pas la joueuse. »
Les 3 buts des Françaises 🇫🇷 (en plus du but en cage vide) au crédit de Jade Barbirati, @estelled12 & @LeaParment.#WomensWorlds #missionbleue pic.twitter.com/VUSNt1b0kz
— Nicolas Jacquet (@Nico_Jt_) April 27, 2022
France – Pays-Bas 4-1 (1-0, 2-1, 1-0)
Championnats du monde de Division 1A femmes, 2468 spectateurs.
Arbitrage de Henna Aberg (FIN) et Brandy Dewar (CAN) assistées de Erika Greenen (USA) et May Lack (GBR)
Pénalités : France 12′ (2′, 6′, 4′), Pays-Bas 6′ (0′, 4′, 2′)
Tirs : France 43 (11, 19, 13), Pays-Bas 21 (4, 10, 7)
Récapitulatif du score
1-0 à 14’03 : Barbirati assistée de Mesplèdes et Villiot
2-0 à 34’55 : Duvin assistée de Aurard et Rozier
2-1 à 38’28 : Hamers assistée de Milders (sup. num.)
3-1 à 38’49 : Parment assistée de Allemoz (sup. num.)
4-1 à 59’00 : Aurard assistée de Duvin (inf. num., cage vide)
France (2′ pour surnombre)
Attaquantes
Chloé Aurard (+2) – Marion Allemoz (C) – Lore Baudrit (A)
Lara Escudero [puis Barbirati] – Estelle Duvin (2′, +2) – Clara Rozier (2′, +1)
Anouck Bouché (2′, +1) – Julia Mesplède (+1) – Jade Barbirati (+1) [puis Escudero ou Jouanny]
Lisa Cedelle – Morgane Rihet (A) – Betty Jouanny
Manon le Scodan
Défenseures
Athéna Locatelli (2′, +2) – Léa Villiot (+2)
Marie-Pierre Pelissou – Lucie Quarto
Léa Parment (2′, +1) – Gwendoline Gendarme (+1)
Mia Väänänen
Gardienne :
Caroline Baldin (2′)
Remplaçante : Margaux Mameri
Pays-Bas
Attaquantes
Maree Dijkema (-2) – Savine Wielenga (C, -2) – Julie Zwarthoed (2′, -3)
Zoe Barbier (-1) – Esther de Jong (-1) – Kimberly Collard (-1)
Isabelle Schollaardt – Bieke van Nes (A) – Nicky Tjin-a-Ton (-1)
Larissa Haverkorn – Roos Karst
Défenseures
Jet Milders (2′, -1) – Kayleigh Hamers (2′, -2)
Michelle Noe (-1) – Michelle van Ooijen (-1)
Hilde Huisman – Emily Even (A)
Britt Wortel – Mandy Flink
Gardienne :
Eline Gabriele
Remplaçante : Claudia van Leeuwen (G)