C’est le grand jour : les Bleus lancent leur tournoi, avec un calendrier infernal. Ils vont devoir assumer quatre matchs en cinq jours, dont leurs rivaux directs pour le maintien. À commencer par l’Autriche, au destin étrangement similaire au leur. Reléguée en 2019, comme la France, elle a dû patienter avant de remonter en raison de la crise sanitaire, avant de bénéficier de l’exclusion de la Russie et Biélorussie pour revenir en élite l’an dernier.
La préparation autrichienne a été plutôt solide, ponctuée par une victoire contre la Slovaquie.
Côté bleu, la perte de Pierrick Dubé en préparation est un coup dur que Philippe Bozon regrette déjà (lire l’interview d’avant-tournoi), mais il faudra faire avec. Le doute a été entretenu jusqu’au matin sur l’identité du gardien partant. Le staff a privilégié l’expérience avec Sébastian Ylönen, le seul des trois sélectionnés à avoir disputé des rencontres de Mondial élite (Suisse, Allemagne et Canada en 2022).
La France débute plutôt bien. Active à l’échec-avant, elle verrouille bien la neutre et provoque des revirements. La transition rapide sur les côtés amène le jeu dans le camp adverse. Il n’y a guère d’occasion cependant. Justin Addamo fait trébucher Haudum en zone offensive et offre à l’Autriche sa première séquence dans le camp français après trois minutes.
L’équipe spéciale tricolore ne concède qu’un tir en angle fermé, et envoie Addamo en échappée dès la sortie du banc. Il se présente contre David Kickert, le fixe d’une feinte mais n’arrive pas à rabattre son palet suffisamment vers la cage.
La France reprend son jeu collectif, avec des passes rapides. Tim Bozon et Alexandre Texier combinent et ce dernier trouve Lucien Onno monté aux avant-postes. Le tir du défenseur est bien bloqué par Kickert. Sur l’engagement, Dylan Fabre teste le gardien à son tour d’un tir inattendu et le gardien repousse.
Les dix premières minutes françaises sont de qualité. Le pressing provoque des revirements, mais cela manque encore de tranchant. Défensivement, les Bleus concèdent peu d’actions, forçant le jeu sur les extérieurs. Il faut attendre dix minutes pour le premier arrêt difficile d’Ylönen, qui étire la jambière sur un tir de Mario Huber après une mise au jeu.
La France repart bien et Charles Bertrand protège bien son palet, pivote et envoie vers la cage. Louis Boudon et Anthony Rech chassent le rebond, que Kickert finit par geler, avec difficulté. Les revirements sont nombreux dans la neutre, forcés par les Français qui exploitent une nouvelle opportunité avec un tir sec de Tim Bozon plein axe, bloqué par Kickert. Puis, Kevin Bozon est à l’origine d’une nouvelle séquence de qualité, avec un tir qui force Kickert à étirer la jambe.
La France continue son bon travail. Texier, derrière la cage, trouve Gallet avancé au cercle. Le tir est bon, et Reinbacher est puni pour avoir fait trébucher Addamo dans la foulée. La France s’installe, peinant à trouver des lignes de tirs. Mais Wolf brise la crosse de Texier et le cinglage, évident, offre 42 secondes de cinq-contre-trois. L’attaquant de Columbus chauffe sa nouvelle crosse avec un lancer, capté de la mitaine par Kickert.
L’Autriche voit un joueur revenir après quelques banderilles bleues, mais pas le deuxième. Texier et Chakiachvili s’échangent en haut des cercles et le défenseur oriente vers Claireaux, qui lance non pas vers le but, mais vers Tim Bozon au deuxième poteau. L’attaquant de Lausanne reprend sans contrôle en angle fermé (1-0). Malgré une ultime chance autrichienne, les joueurs de Philippe Bozon rentrent au vestiaire avec un 1-0 largement mérité (12 tirs à 6).
C'est beau! 🇫🇷 @Hockey_FRA
A beautiful goal with a beautiful celly!😍Tim Bozon gets the game going with a powerplay goal!🚨
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La France reprend avec les mêmes intentions : une solidarité défensive sans faille pour des relances propres, un échec-avant pour provoquer des revirements. Quelques occasions en découlent, sans grand danger pour l’instant. L’Autriche a peu d’armes en retour, à l’exception d’un lancer de David Maier de la bleue, bien bloqué par Ylönen.
L’Autriche joue quand même plus haut qu’au premier tiers. Une rare mauvaise relance aboutit sur Zwerger, qui bloque à la bleue et trouve encore Ylönen sur sa route. Le jeu est donc plus équilibré, avec encore de beaux mouvements tricolores, dont ce slalom de Perret ponctué d’un tir du revers après six minutes.
Le danger se rapproche sur le but d’Ylönen, qui sort deux arrêts importants, sur Zwerger en un-contre-un avec Onno, puis sur Huber, une situation chaude devant la cage où tout le monde se replie pour dégager.
The movement here from Sebastian Ylonen!👏😮@Hockey_FRA are doing everything to keep the puck out that net!🇫🇷🙅#IIHFWorlds #FRAAUT pic.twitter.com/SXxEMTGyEe
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Wolf lance ensuite de la bleue avec Ganahl en écran. Le portier français est encore là. La France réplique vers un beau mouvement Boudon-Bertrand, sans parvenir à décocher. Fabre et Perret font ensuite parler leur vitesse pour libérer Claireaux, qui attaque la cage du revers, sans réussite. Oliver Achermann commet alors une charge dans le dos de Chakiachvili, contre la bande, et offre aux joueurs de Philippe Bozon un jeu de puissance.
L’Autriche obtient la première chance en contre-attaque, lorsqu’un rebond sur la balustrade profite à Wukowits. Il sert Ganahl sur ce deux-contre-un mais l’attaquant rate complètement sa reprise. Le reste de l’avantage ne permet pas d’obtenir de solutions franches, tout en replaçant la France dans un temps fort. Boudon, dans l’enclave, cherche deux déviations de suite, sans réussite, et la France conserve son petit but d’avance à la pause.
La reprise est plus délicate côté bleu, avec quelques tirs lointains de l’Autriche. Après un peu plus de trois minutes, Texier se rend coupable d’un cinglage et déséquilibre son adversaire. L’attaquant français poursuit son action avec une charge sur un joueur en situation vulnérable. Les officiels consultent la vidéo et confirment la décision : cinq minutes de pénalité et Texier rentre au vestiaire avec une méconduite de match.
L’infériorité bleue effectue un bon travail pour tuer les deux premières minutes, dégageant le palet sereinement. Puis, Ylönen sort un gros arrêt face à un tir dans l’axe. La défense tient bien, mais craque alors qu’il reste 1’44 d’infériorité. Schneider fixe deux joueurs et décale sur sa gauche Raffl, isolé, qui attaque la cage et bat Ylönen du revers (1-1).
THE CAPTAIN TIES THE GAME🇦🇹
@hockeyaustria Thomas Raffl backhand scoops it to the top shelf!🚨 1-1#IIHFWorlds #FRAAUT pic.twitter.com/dtDlu40yI1
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La France résiste sur le reste de la supériorité, sans concéder d’occasion franche, et revient enfin au complet. Et le match devient crispant, les deux équipes ne prenant guère de risque. L’Autriche tient le palet en attaque quelques temps, puis les Bleus prennent l’ascendant, décalant Gallet pour un bon tir. Ce qui finit par pousser Marco Rossi à la faute, avec un cinglage sur la main de Claireaux à 1’37 de la sirène. Philippe Bozon pose son temps mort.
Rech tente une volée, puis Chakiachvili se fait charger par Ganahl le long de la bande : nouvelle pénalité autrichienne. Il reste 52 secondes et la France joue à 5 contre 3. Les Bleus s’installent avec Chakiachvili à la mène. Deux palets frôlent la cage – un rebond de Treille, un essai de Rech – et la sirène retentit. L’Autriche s’en sort bien, mais jouera le début de prolongation en infériorité.
Scrambles in the final moments of the third period and we are heading to overtime!😮@Hockey_FRA @hockeyaustria #IIHFWorlds #FRAAUT pic.twitter.com/WLCnuKP6HF
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Les Bleus campent à 5 contre 3 et Tim Bozon lance… sur le poteau.
OFF THE POST! SO CLOSE🇫🇷 @Hockey_FRA #IIHFWorlds #FRAAUT pic.twitter.com/U1EF70U2GF
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L’Autriche l’a échappé belle et retrouve un des punis, passant le match à 4 contre 3. Florian Chakiachvili endosse le costume de héros avec un tir en plaine lucarne, exploitant l’écran de Sacha Treille, qui dévie devant le gardien (2-1).
AN OVERTIME SHOWDOWN🇫🇷👏 @Hockey_FRA take the win!
Captain Sacha Treille with the overtime winner on the power play🚨
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Désignés joueurs du match : Sébastian Ylönen (France) et Thomas Raffl (Autriche)
Commentaires d’après-match :
Jules Boscq (défenseur de la France) : « C’est plein d’émotions, surtout avec la victoire. Il fallait gagner, et même si c’est après prolongation, chaque match compte. Je me suis sentis bien dans le match, j’ai joué simple. C’était mon premier match de Mondial, je me suis dit qu’il fallait revenir aux bases pour ne pas stresser. J’ai abordé le match comme un match normal, car je suis du genre à faire mon meilleur match quand je ne suis pas stressé. J’ai pris du plaisir aujourd’hui, tout va plus vite car on joue face à de meilleurs joueurs, mais aussi avec de meilleurs. »
Sacha Treille (capitaine de la France) : « Les sensations sont plutôt bonnes, j’ai bien aimé la façon dont on est rentrés dans le match. Nous sommes entrés très forts, avec de l’énergie et une super attitude. On jouait une très belle équipe d’Autriche, surtout au deuxième tiers. Nous avons travaillé pour reprendre la main et aller vers l’avant. Nous avons bien construit les choses pour avoir ce but en overtime. La défense était en place, c’est le mot que j’utiliserai. Il y a eu quelques passages à vide, mais nous étions bien notre système et notre identité. C’est encourageant. le premier tiers est presque parfait, il faudra construire là-dessus pour le deuxième match. La pénalité ? Oui, elle a fait tourner le momentum. Le hockey est un sport où il faut prendre les décisions très vite et là, ce n’était pas la meilleure décision de mettre en échec. Mais il faut être prêt à tous les scénarios, et gérer les cinq minutes en fait partie. Ils n’ont finalement marqué qu’un but car notre jeu en infériorité a été très bon. Le Danemark ? Un Mondial, c’est long, toutes les situations sont possibles, donc avant tout il faut bien récupérer, manger, se reposer et être d’attaque dès demain. »
Philippe Bozon (sélectionneur de l’équipe de France) :
On connaît l’importance des trois premiers matchs. C’est une victoire importante. J’avais dit aux joueurs que le jeu de puissance pourrait gagner le match, mais le penalty-kill aussi. On est un peu malheureux sur le but mais on n’a rien donné globalement sur ces cinq minutes. Les unités spéciales ont fait la différence, des deux côtés. Depuis Kosice, on a réglé des choses. Le groupe vit admirablement bien. On a de plus en plus de bonnes choses dans le jeu. Cet esprit solidaire est présent, chacun se bat avec les autres et pour les autres. Il faut aussi féliciter notre gardien, qui a été très bon au deuxième tiers quand on a eu du mal. Il nous a tenu, puis nous avons repris le momentum.
Le jeu de transition ? c’est ce qu’on essaie de travailler. Avoir une première passe propre pour pouvoir jouer dans la profondeur, c’est ce jeu de transition qui permet de créer de l’offensive.
La discipline ? Sur des matchs couperet, on veut toujours rester discipliné. Les duels ne se gagnent plus forcément au physique, mais avec d’autres aspects techniques. On progressait bien sur ce plan. Là, c’est un geste malheureux, qui aurait pu nous coûter plus cher. Mais tuer la punition a remobilisé le banc. On ne sait pas encore si Texier jouera demain, nous attendrons la décision de l’IIHF.
L’absence de Thiry ? Il le sait depuis la Norvège, les autres ont été plus performants jusque là. Onno a fait un bon match pour une première.
Le gardien demain ? Nous allons voir avec Sébastien Beaulieu, voir physiquement aussi car Ylönen a peu de matchs ces dernières semaines et c’est un back-to-back.
Demain, j’attends une équipe revancharde, car j’ai encore en travers la gorge le match de l’an dernier où on pouvait faire mieux. J’attends de la hargne et de la volonté. »
Florian Chakiachvili (défenseur de la France) : « C’est mon quatrième but en overtime de l’année, soit la moitié de mes buts… Je vais arrêter de jouer à cinq-contre-cinq je crois ! Je ne sais pas si Sacha la touche, mais peu importe [le but est finalement attribué à Sacha Treille sur déviation]. Je suis content qu’on ait gagné, c’était l’un des matchs que l’on avait coché parmi les plus importants. On aurait aimé récupérer un point supplémentaire, on aurait peut-être pu prendre les trois points. Nous avons eu nos temps forts, eux aussi, mais je suis content qu’on ait bien tenu en penalty-kill, nous avons peu concédé de tirs. Les matchs en back-to-back, on a l’habitude, sur les stages, mais ce sera surtout le deuxième du tournoi qui sera difficile, car nous avons trois premiers matchs très importants. »
Justin Addamo (attaquant de la France) : « C’était un match intense, ça jouait bien des deux côtés. Le premier tiers nous a été plus favorable, eux ont eu le deuxième. Le match se joue sur les détails, la pénalité aurait pu nous coûter cher mais nous avons bien défendu. Notre jeu de puissance a fait le travail. C’est une très bonne prestation. Pour moi, ça s’est bien passé, j’étais plutôt excité, pas vraiment de pression. Je suis content de représenter mon pays, c’est une très bonne première expérience. J’ai l’habitude dans mon championnat des matchs très rapprochés. L’expérience est importante, chacun sait comment son corps doit se comporter pour cela. C’est un groupe très proche, on va à la bataille tous ensemble, les uns à côté des autres. Le hockey est un jeu collectif, on va dans la même direction. Les 5 minutes ? Elles font mal dans notre rythme, mais on ne peut rien y changer. Le penalty-kill a été très bon, ils ont fait un gros boulot pour tenir le score. C’est une situation qu’on aimerait éviter c’est sûr, mais là on sait maintenant comment aborder ces situations. »
France – Autriche 2-1 après prolongation (1-0, 0-0, 0-1, 1-0)
Samedi 13 mai 2023, 12h20. Nokia Arena de Tampere, Finlande. 7626 spectateurs.
Championnats du monde, groupe A.
Arbitres : Mads Fransen (DAN) et Sirko Hunnius (ALL) assistés de Simon Synek (SVQ) et Tarrington Wyonzek (CAN)
Pénalités : France 27′ (2′, 0′, 5’+20′, 0′), Autriche 10′ (4′, 2′, 4′, 0′)
Tirs : France 28 (12, 8, 6, 2), Autriche 28 (6, 10, 12, 0)
Récapitulatif du score :
1-0 à 19’29 : T. Bozon assisté de Claireaux et Chakiachvili (sup. num.)
1-1 à 46’56 : Raffl assisté de Schneider et Rossi (sup. num.)
2-1 à 60’39 : S. Treille assisté de Chakiachvili et T.Bozon (sup. num.)
France
Attaquants :
Tim Bozon – Justin Addamo (2′) – Alexandre Texier (5’+20′)
Dylan Fabre – Valentin Claireaux (A) – Jordann Perret
Anthony Rech – Louis Boudon – Charles Bertrand
Kevin Bozon – Nicolas Ritz (A) – Sacha Treille (C)
Guillaume Leclerc
Défenseurs :
Jules Boscq – Hugo Gallet
Florian Chakiachvili – Vincent Llorca
Pierre Crinon – Lucien Onno
Enzo Guebey
Gardien :
Sébastian Ylönen
Remplaçant : Julien Junca (G). Réserviste : Quentin Papillon (G).
Autriche
Attaquants :
Manuel Ganahl (A, 2′) – Lukas Haudum – Henrik Neubauer
Thomas Raffl (C) – Benjamin Nissner – Peter Schneider
Dominic Zwerger – Marco Rossi (2′) – Mario Huber
Ali Wukowits – Oliver Achermann – Paul Huber
Défenseurs :
Bernd Wolf (2′) – Thimo Nickl
Dominique Heinrich (C) – Kilian Zundel
Nico Brunner – David Reinbacher (2′)
Steven Strong – David Maier
Gardien :
David Kickert
Remplaçant : Bernhard Starkbaum (G). Réserviste : David Madlener (G).