Quatrième match en cinq jours pour des Bleus qui ont déjà paru émoussés la veille face à la Hongrie. Et ce soir sera sans doute le match le plus difficile du tournoi…
La Finlande, à domicile, avec un jour de repos, et qui a besoin de points après avoir perdu deux matchs ? Le tout avec un calendrier fou, la perte de Jordann Perret blessé, l’absence du capitaine Sacha Treille, au repos après avoir pris un coup la veille, et un gardien remplaçant qui découvre le Mondial ? Face au Champion olympique et du monde en titre ?
Trop facile !
La France remanie forcément ses lignes, puisque Loïc Farnier n’est pas encore arrivé. Peter Valier est officiellement inscrit et intègre la quatrième ligne, Dylan Fabre remontant à la place de Perret. Philippe Bozon n’a plus que douze attaquants, il choisit donc d’aligner huit défenseurs, en relançant Lucien Onno. Et Julian Junca débute pour son premier match de Mondial élite… C’est le cinquantième pour Florian Chakiachvili, alors que Valentin Claireaux est doté du « C » de capitaine.
Le seul match de Mikko Rantanen contre la France a eu lieu en 2017 : les Bleus avaient alors gagné 5-1 avec un backup, Florian Hardy, dans le but. Alors, qui sait !
Pas de changement côté finlandais, et, devant 12.000 spectateurs, l’ambiance devrait être au rendez-vous. La presse et les photographes ont déjà choisi leur camp : ils se massent du côté de l’attaque finlandaise, et il n’y aura pas grand monde pour capturer les éventuels buts tricolores…
Ils ratent du coup le premier but du match. Un gros échec-avant de Boudon et Texier installe les Bleus, avec un premier tir de l’ailier de Columbus juste à côté. Mais le palet reste en possession française, et Chakiachvili s’avance depuis la bleue jusqu’à la ligne de fond. Il centre devant la cage et le palet trouve un chemin improbable à la surprise générale (0-1).
🇫🇷🥳 @hockey_fra GET THE GAME GOING!@FloChak is able to sneak it through a tiny gap! @DragonsdeRouen #IIHFWorlds #FINFRA pic.twitter.com/Lf1yUjaicV
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Et, morts de faim, les Français continuent, avec une percée de Dylan Fabre qui attaque la cage. Texier et Boudon travaillent ensuite au fond, et résiste aux charges adverses. Texier attaque lui aussi la cage, et Larmi tient bien son poteau. Puis, Bertrand dévie, sur la barre.
Ce gros début tricolore prend un coup lorsque la Finlande égalise. Un tir de l’aile à travers le trafic est repoussé par la jambière de Junca, mais Pesonen esseulé s’empare du rebond, cage ouverte (1-1).
La France ne se démobilise pas : un centre dévié par un défenseur fait passer un frisson dans le public, avant un tir de la ligne bleue repoussé par le trafic. Junca chauffe pour sa part son bouclier sur un tir de Kaapo Kakko, et étire sa mitaine sur un essai de Ohtamaa, servi par Rantanen. Le trio Texier-Boudon-Tim Bozon harcèle la défense et se procure une nouvelle chance.
On joue depuis dix minutes lorsque le banc français est puni pour un surnombre. La défense bleue réalise un superbe travail pour tenir le jeu à l’extérieur, dégager et s’offrir des changements. Junca est même aidé par sa barre sur un rare tir finlandais. De retour au complet, le trio de Texier reprend son pressing et récupère, offrant encore un tir de Chakiachvili.
Ce temps fort s’annule encore : intense à l’échec-avant, la France est punie lorsque Addamo fait trébucher Pesonen dans la neutre, excessif à l’échec-avant. Les Bleus défendent plutôt bien, ne lâchant qu’un tir de Rantanen, sur lequel Junca se déplace rapidement.
Le meilleur trio bleu revient sur la glace et Texier, libre en bas de cercle, trouve Larmi sur sa route. La Finlande, de son côté, tente d’imposer son physique dans les bandes. La défense bleue résiste bien aux duels, limitant les chances sur Junca. Le gardien tricolore réagit bien sur un ultime lancer très lointain de Rantanen : la France rentre au vestiaire sur un 1-1 mérité, à l’issue d’un tiers magnifique.
La Finlande presse haut d’entrée et fait tourner la défense tricolore, contrainte au dégagement interdit. Ce début de période est plus délicat : les Bleus peinent à conserver le palet et font le dos rond en cantonnant le jeu dans les bandes. Malheureusement, encore faut-il y gagner les duels : Guebey et Bertrand n’arrivent pas à sortir le palet et Anttila le remise sur Oksanen, qui lance en hauteur en angle fermé et touche le masque de Junca (2-1).
Junca se rattrape avec un arrêt difficile sur Hartikainen, servi en retrait dans le slot. Le gardien est de plus en plus sollicité, alors que la France n’arrive plus à se dégager. Elle échappe même au pire avec un but refusé sur un face-off joué trop vite par la Finlande…
Junca tient sa ligne sur un tour de cage de Pesonen, alors que son équipe cherche de l’air. Et c’est sur une présence monumentale de Guillaume Leclerc que les Bleus climatisent la patinoire. Il tourne tout autour de la défense pendant que ses coéquipiers changent, passe derrière le but, remonte et résiste à la bleue avant de décaler Gallet. Le défenseur trouve Addamo planté dans le slot, qui dévie entre les jambes du gardien (2-2). À la mi-match, la France est plus que jamais dans le coup !
🇫🇷WE ARE BACK LEVEL🇫🇷
2-2 @hockey_fra @JustinAddamo #IIHFWorlds #FINFRA pic.twitter.com/4FaKq5i2xU— IIHF (@IIHFHockey) May 17, 2023
Le capitaine finlandais sonne la charge. Le géant Markko Anttila percute plein axe, feinte Llorca et décoche un tir puissant que Junca laisse passer sous le bras, avant de manquer détruire les plexiglas lors de sa célébration ! (3-2)
Marko Anttila, the Giant Killer, has made it 3-2 for Finland. Big goal from a fan favorite. #IIHFWorlds pic.twitter.com/7vvu0I4gjQ
— Steven Ellis (@SEllisHockey) May 17, 2023
La France enchaine avec son premier trio. Texier de loin, puis Gallet à la bleue, testent Larmi. Un peu pus tard, c’est le tour du duo Bertrand-Claireaux, avec deux tirs.
Malgré tout, la défense a beaucoup de travail : Kakko en tour de cage ne passe pas, avec un sauvetage énorme de Chakiachvili dans le slot. La France termine en supériorité lorsque Björninen accroche Valier dans la neutre. Malgré les efforts de Texier et Bozon, le score reste à 3-2.
Il reste 1’07 de supériorité à la reprise. Texier lance deux fois en haut du cercle droit, et Larmi sauve. La Finlande revient au complet. La France est bien dans son match et tente de plus jouer vers l’avant, reprenant son forechec : Fabre et sa ligne, puis le premier trio. Malheureusement, Leclerc est puni de deux minutes pour avoir chargé Björninen contre la bande.
La sanction ne tarde pas, avec une volée cinglante de Hartikainen au cercle sur un service de Manninen (4-2).
Les joueurs de Philippe Bozon reçoivent un autre jeu de puissance sur un cinglage de Anttila. Le deuxième bloc, avec Rech, Leclerc, Bertrand, Gallet passe l’intégralité des deux minutes en zone offensive, multipliant les tirs. Et reste en zone au retour à cinq de la Finlande, changeant des joueurs, avec encore un tir de Texier. Au bout de cette présence longue durée, Chakiachvili déniche Bertrand dans le slot (4-3).
🇫🇷 @Bert33C @Hockey_FRA pulls one back! 4-3#IIHFWorlds #FINFRA pic.twitter.com/DZpJJyx057
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Les Bleus n’ont peur de rien, continuent à défendre, et lancent encore de l’aile, par Kévin Bozon. En face, Joel Armia échappe à la défense et attaque la cage, sans battre Junca. Il reste alors 5’31…
La France ne lâche rien et un échec-avant payant de Fabre derrière le but permet de trouver Claireaux entre les cercles… le palet touche l’épaule de Larmi et glisse au ras du poteau !
Il reste 2’19 et Philippe Bozon pose son temps mort, sur une mise au jeu défensive. Junca sort à 1’43 de la fin. Les Bleus travaillent fort au fond, mais le palet est finalement perdu et dégagé dans la neutre, où le jeu à une touche libère Manninen devant la cage vide (5-3).
Les victoires morales ne rapportent aucun point : ce sera la leçon du jour. Les Bleus ont mis ce soir le rythme et l’intensité que leurs supporters auraient aimé voir contre la Hongrie. Comme s’ils n’était jamais aussi forts que lorsque personne ne les attend… Ce match de très haut niveau doit avant tout servir de match référence. Il reste la Suède, les États-Unis et l’Allemagne. Avec le niveau affiché ce soir, quelques correctifs, qui sait ?
Désignés joueurs du match : Markko Anttila (Finlande) et Tim Bozon (France)
Réactions d’après-match
Julian Junca (gardien de la France) : « On aurait pu mieux faire ! C’était une grosse bataille et j’ai pris beaucoup de plaisir. C’était le mot d’avant-match, se faire plaisir et s’amuser. Tirer le score le plus longtemps possible au premier tiers, et on l’a fait. Tout va plus vite c’est sûr, nous affrontons des joueurs de calibre NHL. Il y a beaucoup de positif ce soir, et il faudra voir ce qu’il faut améliorer, forcément. Affronter Rantanen ? Sur le coup on n’y pense pas trop, ce qui m’a surtout marqué c’est le public. »
Valentin Claireaux (attaquant de la France) : « Oui, c’est la première fois que j’ai le C au Mondial. Ce soir nous avons joué notre identité, c’est dommage que ça n’ait pas été le cas hier c’est sûr. Mais on sait maintenant que cet effort, il faut le reproduire tous les soirs. Ce match est rassurant, mais je reste déçu car on n’aurait pas volé un point. Cela aura le mérite d’effacer quelques petits doutes. Mon occasion en fin de match ? Si je pouvais revoir les images… Je pense avoir sorti la meilleure solution, mais il y avait peut-être de la place de l’autre côté… Ça va tellement vite à ce niveau qu’on a pas trop le temps de réfléchir. Les deux jours de repos à venir ? L’an dernier nous avions eu du mal, là nous allons voir avec le staff et tout faire pour rester sharp (affûtés). »
Philippe Bozon (entraîneur de la France) : « On a dit aux joueurs que jouer un match de Championnat du monde à la maison, devant un tel public, c’était une opportunité que plein de joueurs de hockey français aimeraient avoir. Et donc, qu’il fallait jouer notre jeu, jouer à fond. On aurait aimé être récompensé au bout. Notre but c’était de jouer à fond tous les matchs, ce qui peut parfois nous coûter. Mais c’est passé pas loin ce soir, ça se joue à un save de leur gardien en fin de match et on aurait été récompensés. Il y a très peu d’équipes de France qui ont secoué la Finlande comme cela, donc je suis fier de la qualité, fier des joueurs. On fait tout cela depuis un moment en préparation, avec quelques pépins, et on ne lâche rien.
*Vu que nous avions perdu deux attaquants et que la Finlande devait gagner, on savait que ce serait un gros match de leur part. L’idée c’était de tourner à huit défenseurs pour contenir le tempo. On a tenu ainsi jusqu’à la moitié du match comme ça, puis, suivant le plan on a réduit un peu le banc. Tout le monde a montré qu’ils étaient bien là, on a amélioré la transition. C’est un match référence même s’il n’y a pas le résultat. Cela montre que si on se présente, pourquoi pas.
*Les deux jours de coupure ? Cette année c’est venu des joueurs, ils ont conscience de la situation par rapport à l’an dernier. Ils ont prévu une activité de groupe demain. On a besoin d’énergie, c’est comme cela qu’on est capables de jouer contre les gros. Les joueurs le savent et le discours est en fonction.
*Par rapport à hier, au niveau des jambes, il n’y a jamais de vérité ! Ce matin, il y avait la déception à digérer, mais tout le monde s’est remobilisé. On ne voulait pas être sur le reculoir, et notre entame est incroyable. La Finlande a été en difficulté sous la pression. Texier, Boudon et Tim Bozon ont été dominants sur le premiers tiers. Cela prouve qu’on est capables de jouer à ce niveau et que ça se joue à peu. On a montré que si on joue notre jeu, on peut inquiéter les gros. Je n’avais pas de doute sur notre vitesse depuis l’an dernier, et que si on l’utilisait on pourrait inquiéter les meilleures défenses du monde. Tactiquement, je ne me voulais pas reculer contre cette équipe, déjà parce qu’on ne sait pas faire. Donc il fallait y aller, et arrivera ce qui arrivera. On était tout proche sur cette action de Valentin Claireaux.
*Dans notre histoire, pour faire de gros résultats, il a toujours fallu un grand gardien et de l’opportunisme contre les grandes nations. Là, Junca a joué son premier match, il a fait son travail même si un ou deux buts feront partie de son apprentissage. On a besoin qu’il grandisse. C’est une jeune équipe, y compris dans les buts et on travaille là-dessus, pour que chacun donne son maximum. Il n’y a rien de décidé dans les cages, tout est possible. Sébastien Beaulieu a d’habitude un plan, mais pas cette année.
*Texier ? Il aime les challenges, ces rencontres. Il retrouve le niveau NHL, c’est excitant pour lui. Il est dans son niveau et s’éclate, il a le talent pour. Il s’est créé de grosses occasions ce soir, hier aussi, et avec sa qualité il va y arriver.
*Demain, on va couper complètement, une activité entre eux, puis un petit entraînement. Nous avons de longues journées devant nous avec les matchs à 20h, et il faudra se montrer intelligents dans la récupération. Nous avons besoin de cette énergie, de recharger les batteries tout en ne perdant pas nos jambes et notre explosivité. »
Finlande – France 5-3 (1-1, 2-1, 2-1)
Mercredi 17 mai 2023, 20h20. Nokia Arena de Tampere, Finlande. 11.638 spectateurs.
Championnats du monde, groupe A.
Arbitrage de Tobias Bjork (SUE) et Sean Fernandez (USA) assistés de Brett Mackey (CAN) et Davis Zunde (LET)
Pénalités : Finlande 4′ (0′, 2′, 4′), France 6′ (4′, 0′, 2′)
Tirs : Finlande 32 (11, 11, 10), France 22 (8, 5, 9)
Récapitulatif du score
0-1 à 01’04 : Chakiachvili assisté de T. Bozon et Texier
1-1 à 04’37 : Pesonen assisté de Pokka et Lammiko
2-1 à 23’35 : Oksanen assisté d’Anttila et Friman
2-2 à 28’31 : Addamo assisté de Gallet et Leclerc
3-2 à 31’36 : Anttila assisté de Matinpalo
4-2 à 45’22 : Hartikainen assisté de Manninen et Rantanen (sup. num.)
4-3 à 49’08 : Bertrand assisté de Chakiachvili et T. Bozon
5-3 à 58’58 : Manninen assisté de Rantanen et Määttä
Finlande
Attaquants :
Teemu Hartikainen – Sakari Manninen (+1) – Mikko Rantanen (A, 2′, -1)
Joel Armia (-1) – Jere Sallinen (-2) – Kaapo Kakko (-1)
Harri Pesonen (+1) – Juho Lammiko (+1) – Kasperi Kapanen (+1)
Ahto Oksanen (+2) – Hannes Björninen (2′, +1) – Marko Anttila (C, +1)
Défenseurs :
Mikko Lehtonen (-1) – Atte Ohtamaa (-1)
Olli Määttä (A, -1) – Mikka Koivisto (-1)
Ville Pokka (+1) – Mikael Seppälä (+1)
Niklas Friman (+2) – Nikolas Matinpalo (+2)
Gardien :
Emil Larmi
Remplaçant : Jussi Olkinuora (G). Non alignés : Christian Heljanko (G), Antti Suomela (A)
France (2′ pour surnombre)
Attaquants :
Tim Bozon – Louis Boudon – Alexandre Texier (-1)
Anthony Rech – Justin Addamo (2′) – Guillaume Leclerc (2′, +2)
Charles Bertrand (-1) – Valentin Claireaux (C, -1) – Dylan Fabre (-1)
Kevin Bozon (-1) – Nicolas Ritz (A, -1) – Peter Valier (-1)
Défenseurs :
Florian Chakiachvili (A) – Vincent Llorca (+1)
Thomas Thiry – Hugo Gallet (+1)
Jules Bosq – Enzo Guebey (-1)
Pierre Crinon (-1) – Lucien Onno (-1)
Gardien :
Julien Junca (sorti de sa cage de 58’19 à 58’58)
Remplaçant : Quentin Papillon (G). Non alignés : Sébastian Ylönen (G), Jordann Perret (A, blessé pour le reste du tournoi), Sacha Treille (A, a pris un coup, repos)