Avec cinq victoires en cinq matchs, les États-Unis sont en passe d’égaler le meilleur départ de leur histoire au Mondial : six victoires de suite, établi en 2018.
La France a souvent du mal contre la sélection américaine, qui compte onze victoires en douze confrontations – un 3-1 en 1998 étant la seule victoire bleue au Mondial. Le dernier match, en 2019, s’était terminé sur le score de 7-1…
Et compte tenu des pépins physiques et maladies des Bleus, on peut craindre le pire. Alexandre Texier est forfait, tout comme Nicolas Ritz, dont le tournoi est sans doute terminé. Finalement, les absents de la veille sont bien là : Enzo Guebey et Sacha Treille reviennent au jeu. Mais dans quel état ?
Sébastian Ylönen est relancé, peut-être dans l’optique de lui redonner du rythme avant le match contre l’Allemagne. Quentin Papillon est son remplaçant, après sa bonne prestation hier contre la Suède.
En face, les Américains reposent leur capitaine Nick Bonino et la jeune pépite Lane Hutson en défense. Luke Tuch revient au jeu, tout comme Ronnie Attard. Cal Petersen débute dans les cages, avec Drew Commesso en remplaçant – le vétéran Casey DeSmith, probable n°1, étant en repos, sans doute en vue du choc alléchant contre la Suède mardi soir.
La première chance revient aux Américains. Installés en zone offensive, ils parviennent à faire tourner le palet le long des bandes, d’un côté à l’autre, jusqu’à gagner le duel qui ouvre la porte à Matt Coronato. Sébastian Ylönen ferme bien son premier poteau. Les États-Unis enchaînent une séquence similaire pour servir en retrait Cutter Gauthier, pour un tir dangereux.
Le premier tir bleu survient sur une mise au jeu gagnée par Valentin Claireaux. Le capitaine Sacha Treille reçoit le palet et décoche immédiatement : Cal Petersen s’en sort.
Ylönen reste concentré et repousse un revers de Conor Garland dans l’enclave, mais ne peut rien dans la continuité. Garland contourne la cage et sa passe à travers l’enclave trouve Drew O’Connor, dont la volée finit au fond des filets (1-0).
Garland skates around the net and finds Drew O'Connor🚨🇺🇸 1-0@penguins @usahockey #IIHFWorlds #USAFRA pic.twitter.com/mfbr90APDf
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Après ce gros temps fort américain, les joueurs de David Quinn ralentissent un peu. Les Bleus commencent timidement à sortir de leur défense et jouer sur leur vitesse. Tim Bozon lance Dylan Fabre, qui n’arrive pas à redresser son revers. Anthony Rech se démène dans les deux sens du jeu, sauvant un 2 contre 1 de Coronato, puis contrant un palet pour lancer lui-même un jeu offensif, se jetant pour centrer le palet vers Bozon.
Mais les Américains savent aussi jouer dans la profondeur. Une passe de Scott Perunovich avec l’aide de la bande prend Florian Chakiachvili dans son dos. Cutter Gauthier file en échappée, et bat Ylönen de près (2-0).
Exploiter les revirements fait aussi partie de leurs armes. Pierre Crinon, isolé, relance mal et son palet est pris par Gauthier à la bleue. Tynan en profite pour filer en échappée et bat Ylönen en hauteur (3-0).
TJ Tynan flawlessly sends the puck home to put @usahockey up 3-0 👀🤌@ontarioreign #IIHFWorlds #USAFRA pic.twitter.com/Lt7VnMSFRQ
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L’efficacité américaine est impressionnante, fidèle à ce qu’ils ont montré au cours des cinq victoires précédentes. Seule une mauvaise passe permet à Charles Bertrand de s’échapper, et Petersen sauve le tir. Puis, Tim Bozon percute et se présente seul devant Petersen, qui repousse. Dans la continuité, un tir de de la bleue d’Enzo Guebey dévié est dégagé de justesse dans l’enclave américaine, et le palet levé touche Dylan Fabre au visage, qui rentre au banc. Il ne jouera plus le reste du match.
La fin de tiers est difficile, la défense bleue peinant à contenir la vitesse de jeu américaine dans les bandes. Le score de 3-0 est un moindre mal. C’est presque une démonstration des États-Unis, fidèle à leur schéma de jeu. Dominant dans les bandes, présent dans le slot, attentif aux revirements pour aller vite vers l’avant. Les Bleus ont eu quelques contre-attaques sans concrétiser, et ont tant subi que les présences moyennes de certains joueurs dépassent la minute.
Quentin Papillon entre dans les cages françaises pour le deuxième tiers. Un tiers qui commence mal, avec une faute de Justin Addamo en zone offensive, dans un duel dans le coin sur le rebond de son tir. Le jeu de puissance sert Cutter Gauthier au cercle droit, et son tir ras glace à travers un défenseur trompe Papillon entre les jambes (4-0).
🇺🇸 @GauthierCutter is on a roll! His second of the game👀🔥 @usahockey 4-0 @BC_MHockey #IIHFWorlds #USAFRA pic.twitter.com/G9KKcdXhMN
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Les Bleus patinent fort, travaillent, mais se créer une occasion reste si difficile face à une équipe aussi mobile et rapide. Sacha Treille obtient un bon tir, le cinquième du tiers, alors que les Américains ont un peu desserré leur étau. Toutefois, une présence offensive tenue dans les bandes pousse Chakiachvili à la faute et le jeu de puissance revient en jeu. Les lancers américains ne sont pas cadrés, sauf un repoussé par Papillon dans le filet protecteur.
La supériorité change de camp lorsque Luke Tuch commet une obstruction sur Tim Bozon. Le jeu de puissance bleu concède un revirement et Anders Bjork s’échappe : Papillon sauve le tir de la mitaine. La France, maladroite, n’obtient finalement qu’un tir.
Les Bleus bataillent, résistent le plus possible dans les bandes et parviennent à se créer quelques chances lointaines, dont un tir de Gallet à travers le trafic à cinq minutes de la pause.
Contenir les gabarits américains n’est pas chose aisée. Les longues présences fatiguent la défense. Alex Tuch, au gabarit dominant, tourne dans la défense, puis derrière la cage, et remise en haut des cercles sur le défenseur Henry Thrun, qui ajuste son tir… sur la barre ! Papillon enchaine avec deux arrêts, dont un sur une déviation de O’Connor. Un seul but encaissé dans le tiers : les Bleus se sont battus défensivement, et Papillon réussit une bonne entrée.
Le jeune gardien tricolore enchaine dès la reprise, repoussant un tir de Grimaldi, puis résiste à Coronato qui traverse le slot, avant d’être sauvé par son montant devant Grimaldi, encore. L’attaquant de Nashville obtient ensuite deux minutes, mis au sol par Addamo.
Papillon suit bien le déplacement du palet et repousse une volée de Gauthier, lequel est puni en cherchant le rebond pour faire trébucher. Le 4 contre 4 est fatal aux Bleus. Drew O’Connor échappe à Peter Valier et se présente seul devant Papillon, devance le poke-check et le bat entre les jambes (5-0).
Sur la présence suivante, Grimaldi, encore lui, lance du cercle et trouve la mitaine de Papillon. Les Bleus sont de plus en plus en retard. Un duel perdu le long de la bande ouvre la porte à Coronato, qui renverse vers Perunovich, tout seul au cercle gauche. Il a tout le temps pour ajuster Papillon en lucarne (6-0).
La galère continue lorsqu’un tir de loin de Perbix termine sur le plexiglas derrière le but. Le rebond retombe sur Coronato, qui reprend vers la cage. Le palet frappe le dos de Papillon et rentre (7-0).
La France obtient tout de même une occasion sur un revirement. Leclerc lance un 2 contre 1 et trouve Addamo dans l’enclave… Petersen se couche bien. Et laisse sa place à Drew Commesso, histoire de faire jouer tout le monde…
Les États-Unis ne ralentissent pas. Un revirement envoie Tynan sur le côté. Sa passe en retrait ne pose pas de problème à Garland, qui reprend en force, en lucarne (8-0).
🇺🇸What a shot for Conor Garland! @usahockey 8-0#IIHFWorlds #USAFRA pic.twitter.com/l7vL37qdRa
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Les Français ont du mal à suivre le rythme et subissent le jeu. Un tir de Cutter Gauthier en angle fermé retombe sur le dos de Papillon, et l’espoir des Flyers signe un triplé (9-0).
Cutter Gauthier has his first career #IIHFWorlds hat-trick, and six goals total as USA leads 9-0. Philadelphia has a good one there. #IIHFworlds pic.twitter.com/04MFXT1u4J
— Steven Ellis (@SEllisHockey) May 21, 2023
On ne lève jamais le pied côté États-Unis, c’est une question de principe. Et l’attaque continue, inlassable. Bjork percute Papillon, et concède deux minutes, bouffée d’air frais pour la défense bleue… Le jeu de puissance n’arrive pas à s’installer : passes approximatives, pour des aller-retour en défense.
De retour au complet, les hommes de David Quinn continuent à camper dans la zone française, et Mackey trouve Papillon de loin. Le 10e but au buzzer ne va pas compter… Rebond sur la balustrade encore, et tir en angle fermé… Le ralenti sauve les Bleus : le palet est juste avant la ligne à 00:00…
Une déroute française, donc. Ce n’est pas la première ces dernières années, et elle était presque prévisible compte tenu des circonstances. Cela ne rend pas les choses plus faciles à encaisser, à deux jours de la fin du tournoi…
Désignés joueurs du match : Cutter Gauthier (États-Unis) et Kévin Bozon (France)
Commentaires d’après-match :
Sacha Treille (attaquant de la France) : « C’est très compliqué. Je suis déçu de notre prestation. On a montré de belles choses depuis le début du tournoi. Ce soir, ce n’est pas suffisant de la part de tout le monde. On va travailler demain pour finir le tournoi comme on l’a commencé. La vitesse américaine ? La vitesse, on l’a, certes on est pas au complet ce soir, mais ça fait partie du jeu. On a donné de notre mieux, mais on a fait beaucoup de grosses erreurs. On est capables de jouer contre ces grosses équipes, on l’a montré contre la Finlande, et la Suède pendant deux tiers, mais on manque de constance sur soixante minutes contre ces nations-là. Contre l’Allemagne, il faudra prendre des points, car ils sont tous intéressants pour le futur. Donc oui, je suis déçu. Pour ma santé ? J’ai eu des soucis au haut du corps, c’est dur de jouer avec la blessure, mais ça fait partie de notre sport. Il y a un peu la fatigue, le tournoi est long, mais c’est pareil pour toutes les équipes, ce n’est pas une excuse. On doit donner plus. »
Philippe Bozon (sélectionneur de la France) : « Trop vite… Oui, pour l’équipe alignée ce soir. Il y a des limites à perdre des joueurs. Certains blessés ont joué quand même, sinon nous n’avions que neuf attaquants. On a perdu des joueurs qui avaient la vitesse qui permettent de rivaliser dans les matchs précédents. Les limites, on les a atteintes ce soir.
*Dylan Fabre ? Il a eu la lèvre recousue et une partie du nez après un palet au visage. On va voir s’il y a une commotion ou non. Il va être rééxaminé demain, au niveau des dents et pour le reste. Il était très sonné.
*Les choses qu’on essaie d’enseigner pour réussir au haut niveau, ce sont des matchs comme celui-ci et la Suède qui font progresser sur plein d’aspects, sur les chantiers initiés.
*Nous n’avons pas les joueurs toute l’année, il y a trop peu de temps dans les stages avec l’équipe finale pour travailler et s’améliorer. C’est un processus que chaque joueur doit initier dans son club, le jeu sans palet, le puck management. On est pas en train de se balader en Magnus. On paie cher les erreurs, et chaque joueur doit engager le processus toute l’année s’il veut prétendre à l’équipe de France et aux Championnats du monde. »
*Depuis le début du tournoi, j’insiste sur le fait que les quarts ne sont pas réalistes. Il faut arrêter de vendre du rêve. Si on a Stéphane Da Costa, Yohann Auvitu, Pierrick Dubé… on peut prétendre à de bones choses, car ça redescend tout le monde à sa place dans l’alignement. Au complet, oui, on peut faire mieux, et demander mieux. Mais il faut les avoir pour prétendre à cela.
*Depuis 2019, il y a eu beaucoup d’améliorations, le jeu rapide, les transitions. Mais on a plus de mal sur la durée, et en plus on perd des joueurs, donc on a du mal à reproduire cela régulièrement. Cela passe par la profondeur de banc. On doit continuer ce qu’on a initié, car il y a plein de bonnes choses.
*Si on inverse le scénario en jouant les gros au début, on serait sans doute plus positif, ou moins abattu ! On sait où on en est dans le jeu. On avance, mais pour prétendre à quelque chose contre la Finlande, la Suède et les États-Unis, l’attention aux détails est importante, j’insiste là-dessus depuis ma prise de fonction. On a besoin de cela pour faire le step en avant. Des nations comme la Suède sont un point de repère et c’est pourquoi on continue d’enseigner. Ce soir, face à du mouvement, des joueurs qui croisent, qui ont constamment le puck, et bien c’est pour cela qu’on enseigne le jeu sans palet par exemple.
*Quand on est fatigués ou moins bien, les lacunes reviennent. C’est l’apprentissage, nous avons une jeune équipe et le meilleur pour apprendre, c’est le haut niveau. Ce sont des matchs comme ça, même si on prend une volée. Il reste l’Allemagne, le tournoi n’est pas fini, ce sera le mot à rappeler aux joueurs. »
États-Unis – France 9-0 (3-0, 1-0, 5-0)
Dimanche 21 mai 2023, 20h20. Nokia Arena de Tampere, Finlande. 6539 spectateurs.
Championnats du monde, groupe A.
Arbitrage de Christoffer Helm (SUE) et Liam Sewell (GBR) assistés de Brett Mackey (CAN) et Emil Yletyinen (SUE)
Pénalités : États-Unis 6′ (0′, 2′, 4′), France 6′ (0′, 4′, 2′)
Tirs : États-Unis 44 (12, 14, 18), France 13 (4, 7, 2)
Récapitulatif du score
1-0 à 06’03 : O’Connor assisté de Garland
2-0 à 11’34 : Gauthier assisté de Perunovich
3-0 à 13’53 : Tynan assisté de Gauthier
4-0 à 21’31 : Gauthier assisté de Perunovich et Tynan (sup. num.)
5-0 à 42’22 : O’Connor
6-0 à 45’01 : Perunovich assisté de Coronato et Bjork
7-0 à 47’07 : Grimaldi assisté de Coronato et Perbix
8-0 à 48’36 : Garland assisté de Tynan
9-0 à 53’48 : Gauthier assisté de Tynan et Garland
États-Unis
Attaquants :
Rocco Grimaldi (+1) – Matt Coronato (+2) – Alex Tuch (C, +1)
Michael Eyssimont (+1) – Drew O’Connor (+2) – Conor Garland (A, +4)
Cutter Gauthier (+4) – TJ Tynan (A, +4) – Carter Mazur (+2)
Anders Bjork (2′, +1) – Patrick Brown – Sean Farrell
Luke Tuch (2′, +1)
Défenseurs :
Dylan Samberg (+2) – Nick Perbix (+4)
Tyker Kleven (+2) – Scott Perunovich (+4)
Henry Thrun (+3) – Connor Mackey
Ronnie Attard (+1)
Gardien :
Cal Petersen puis Drew Commesso à 47’49
Réservistes : Casey DeSmith (G), Lane Hutson (D), Nick Bonino (A). Substitué sur blessure : Sammy Walker (A, blessé à l’épaule).
France
Attaquants :
Tim Bozon (-1) – Louis Boudon (-1) – Dylan Fabre [blessé en fin de 1er tiers]
Anthony Rech (-2) – Justin Addamo (2′, -2) – Guillaume Leclerc (-2)
Charles Bertrand (-4) – Valentin Claireaux (A, -2) – Sacha Treille (C, -2)
Kevin Bozon (-2) – Peter Valier (-3) – Loïc Farnier (-2)
Défenseurs :
Jules Boscq (-2) – Hugo Gallet (-2)
Florian Chakiachvili (A, 2′, -2) – Vincent Llorca (-2)
Pierre Crinon (-3) – Lucien Onno (-1)
Enzo Guebey (-3) – Thomas Thiry (-1)
Gardien :
Sébastian Ylönen puis Quentin Papillon à 20’00
Réservistes : Julien Junca (G), Nicolas Ritz (A, blessé), Alexandre Texier (A, malade). Substitué sur blessure : Jordann Perret (A, gros coup derrière le genou).